Étymologie :
EUPHORBE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Ca 1256 eufourbe (A. de Sienne, Régime du Corps, p. 87, 19 ds T.-L.). Empr. au lat. impérial euphorbea, euphorbia « id. » du nom d'Euphorbus, médecin du roi de Mauritanie Juba (iers. apr. J.-C.), d'apr. Pline (TLL).
Autres noms : Euphorbia helioscopa - Herbe aux verrues - Herbe ès verrues - Petite éclaire - Réveille-matin -
Botanique :
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Euphorbe réveille-matin :
Usages médicaux. — Le suc de cette plante un peu acide a été prescrit par les anciens incorporé dans la pulpe de figue sèche ; on l'a prescrit dans les accidents syphilitiques à la place du mercure à la dose de 2 grammes. Il est rubéfiant et vésicant et peut être employé aussi pour détruire les verrues.
Les feuilles écrasées rougissent et enflamment la peau ; on peut s'en servir pour faire des exutoires.
Usages traditionnels :
Pour Joseph Roques, auteur de Phytographie médicale, histoire des substances héroïques et des poisons (Vol. 3. B. Cormon & Blanc, 1835) :
Ses fruits et son feuillage sont très âcres, et purgent violemment. Le nom vulgaire de réveille-matin qu'on lui a imposé annonce son action irritante sur les yeux, qualité qu'elle partage avec toutes les autres espèces. On a vu l'application imprudente de cette herbe sur les paupières ou sur le visage être suivie de douleur et d'inflammation érysipélateuse, quelquefois même d'accidents beaucoup plus graves. J'ai dégusté plusieurs euphorbes ; cette espèce m'a paru une des plus corrosives. Le lait qui coule de sa tige blessée a d'abord un goût fade et visqueux ; mais, après quelques instants, une chaleur cuisante et douloureuse s'empare de toutes les parties de la bouche, et persiste, malgré tous les gargarismes, pendant dix ou douze heures.
Selon Benoît-Édouard Dutoit, auteur d'une thèse intitulée Histoire naturelle, médicale et pharmaceutique, de la famille des euphorbiacées. (Rignoux, imprimeur de la faculté de médecine de Paris, 1848) :
Euphorbia helioscopia, L. Cette espèce, connue sous le nom de réveil-matin, est très commune le long des haies, et c'est elle qui est la plus souvent employée contre les verrues, les poireaux. Le Dr Nonne prétend que le suc de cette espèce (et des Euphorbia cyparissias et esula), donné à la dose de 2 grammes en plusieurs fois dans les vingt-quatre heures, convient dans la syphilis, dans les cas où le mercure ne peut être administré sans inconvénient ; à l'extérieur, on en applique sur de la charpie. Le nom français de cette plante vient de ce qu'en s'en frottant les yeux avec son suc, il en résulte de la douleur, de l'inflammation, qui cause l'insomnie ; et le nom grec nasos, soleil, et de ..., "je vois", parce que les anciens croyaient que son feuillage se tournait vers le soleil.
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Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Le petit cyprès et d'autres euphorbes que j'ai entendu vanter, Euphorbia cyparissias [Euphorbe petit-cyprès], helioscopia, etc., ne peuvent être employées que dans un but nuisible, car ils provoquent une violente inflammation de l'estomac et des intestins.
Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
En Basse-Bretagne, on arrache sur un chemin des morts, c'est-à-dire sur un sentier de traverse sur lequel un convoi funèbre a passé, sans être vu de personne, un pied d'euphorbe réveil-matin (Euphorbia helioscopa) que l'on vient de découvrir par hasard, on presse la plante et on laisse tomber sur chaque verrue une goutte de son suc laiteux .
Selon Jean-Paul Clébert, auteur d'un Herbier provençal (Éditions Rivages, 1985) :
L'euphorbe réveille-matin ou herbe aux verrues, écrasée sur la peau, provoque des cloques comme le feraient des ventouses et passe pour avoir les mêmes effets. En général, les euphorbes chassent les taupes,
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Symbolisme :
Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
RÉVEIL MATIN OU EUPHORBE - AGITATION.
Cette plante est peu variée dans les nuances de sa fleur ; on prétend qu'il suffit de s'en frotter les yeux, pour éprouver des démangeaisons qui empêchent de dormir. De là serait venu son nom.
Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :
Euphorbe : Réveille-matin ; J'ai perdu le repos.
Si l'on se frotte les paupières le soir avec le suc de cette plante, on éprouve des démangeaisons qui rendent le sommeil impossible.
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