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Autres noms : Newbouldia laevis - Tulipier du Gabon -
Botanique :
Cossi Aristide Adomou, Gbèwonmèdéa Hospice Dassou, Hounnankpon YEDOMONHAN et al. dans un article intitulé "Analyse des connaissances traditionnelles et des déterminants relatifs à l’utilisation de Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seemann ex Bureau (Bignoniaceae) au Sud-Bénin." (In : Afrique Science, 2018, vol. 14, no 1, pp. 194-205) proposent une courte description de la plante :
L’Hysope africaine (Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seemann ex Bureau) est une plante pérenne de la famille des Bignoniaceae. Elle représente la seule espèce du genre Newbouldia et se distribue dans les formations forestières denses entre la Guinée et le Congo. Au Bénin, l’Hysope africaine est retrouvée dans les forêts denses humides, jachères et champs enzones guinéo-congolaise et guinéo-soudanienne. Elle est une espèce anthropophile, régulièrement rencontrée dans les habitations et serait indicatrice d'anciens lieux visités par l’homme dans les forêts naturelles. La plante peut avoir le port d’un arbuste ou d’un petit arbre de 3 à 15 m de hauteur. Ses feuilles sont composées généralement imparipennées avec 3 à 6 paires de folioles dentées montrant deux glandes à la base du pétiole ; elles peuvent atteindre 20 cm de long et 10 cm de large. L’inflorescence de N. laevis est une panicule terminale constituée de grandes fleurs de couleur rose blanchâtre. Sa floraison a lieu de décembre à janvier et la fructification se produit en mars. Les fruits sont des siliques de 25 cm de longueur portant des valves trinervées contenant des graines ailées de 3 cm de longueur. L’Hysope se reproduit par graines mais le mode de reproduction le plus utilisé par les populations est le bouturage car il est beaucoup plus rapide. L’espèce est plus utilisée dans la délimitation des maisons. On attribue à l’Hysope essentiellement les propriétés antimicrobiennes.
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Usages traditionnels :
Dans "L'art et la pharmacopée des guérisseurs Ewondo (Région de Yaoundé)." (In : Recherches et études camerounaises n°6, numéro spécial; 1961) de Pierre-Jean Cousteix et L. P. Aujoulat on peut lire :
MBIKAM : newbouldia laevis, BIGNONIACEAE.
Sert à soigner la « toux de tsoo (Ekoa Tsoo, cf. EKOG) et surtout les crachats sanglants qui l'accompagnent. On mélange dans de l'eau les écorces pilées du MBIKAM avec la sève du MIAN (costus afer), du sel de cuisine et du piment. On obtient une potion à prendre à faible dose 2. C.A.S.) car elle est toxique.
Les vieillards dont les dents se déchaussent préparent une décoction d'écorces de MBIKAM et de NSOK LEN (sorte de palmier), avec laquelle ils se rincent la bouche.
Après leur description botanique [cf. ci-dessus], Cossi Aristide Adomou, Gbèwonmèdéa Hospice Dassou, Hounnankpon YEDOMONHAN et al. dans un article intitulé "Analyse des connaissances traditionnelles et des déterminants relatifs à l’utilisation de Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seemann ex Bureau (Bignoniaceae) au Sud-Bénin." (In : Afrique Science, 2018, vol. 14, no 1, pp. 194-205) exposent les vertus de l'Hysope africaine :
Connue pour sa richesse en flavonoïdes, tannins, terpènes, glycosides stéroïdiens et cardiotoniques, elle possède les activités bactéricides expliquant son utilisation dans le traitement des affections telles que : les douleurs abdominales, la diarrhée, la dysenterie et les helminthiases ont révélé ses effets contractiles sur la paroi utérine pour faciliter l’accouchement chez la femme. Enfin, ont mentionné son usage dans le traitement de quelques maladies infantiles notamment le paludisme et la drépanocytose. L’Hysope africaine est donc une espèce végétale importante pour les populations. Face à l’accroissement démographique sans cesse croissante (3,51 %) (INSAE, 2013) associé à l’ampleur de l’urbanisation et aux modes d’utilisation des terres, le défi à relever est de renforcer la valorisation et la gestion durable des espèces anthropophiles à haute valeur socioculturelle en documentant les connaissances traditionnelles relatives à elles et en les intégrant dans les systèmes de reboisement. Le cas de l’Hysope africaine est très pertinent car malgré son importance pour les populations, aucun document n’a mentionné clairement des données scientifiques relatives à ses utilisations au Bénin surtout dans un contexte d’érosion de connaissances endogènes. Par ailleurs, son degré de domestication qui fournirait aux gestionnaires une bonne appréciation de ses menaces n’est jusque-là pas connu. Dans le cadre de la valorisation des espèces d’intérêt du Bénin, la présente étude, effectuée au Sud-Bénin, a consisté en une synthèse et analyse des connaissances traditionnelles et des déterminants de l’utilisation de Newbouldia laevis. [...]
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Symbolisme :
Selon Albert de Surgy, auteur d'un article intitulé "Le « culte des ancêtres » en pays evhé." (In : Systèmes de pensée en Afrique noire, 1975, no 1, pp. 105-128) :
Parfois les défunts se contentent d’être servis sur le sol. Dans ce cas on dépose sur le sol de la cour en guise d’autel, une, deux ou trois brassées de feuilles aviayiañgba (provenant de l’arbre newbouldia laevis ou jatropha curcas).
Si les défunts préfèrent être servis au fond d’un trou, on dépose ces mêmes feuilles au fond du trou et on place encore par-dessus une écuelle. On peut, de plus, entourer le trou de tissu blanc. Généralement on fait un peu plus loin un second trou, de façon à pouvoir y offrir séparément le sang et la nourriture sacrificielle aux « mauvais morts » qui ne doivent jamais être servis en compagnie des morts ordinaires.
Enfin, les défunts peuvent demander à être servis contre le mur de la case. Dans ce cas, au-dessus de deux ou trois tas de feuilles aviayiañgba, on épingle, contre ce mur, un linge blanc. Il faut mettre premièrement toutes les offrandes (boisson, sang, nourriture) en contact avec ce linge (cela généralement en deux ou trois points) avant qu’elles ne coulent ou ne tombent en bas sur les feuilles.
Selon les exigences des ancêtres, les cérémonies peuvent débuter et s’achever le même jour, ou débuter le soir, se poursuivre par une veillée, et s’achever le lendemain ou même le surlendemain.
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L'article de Cossi Aristide Adomou, Gbèwonmèdéa Hospice Dassou, Hounnankpon YEDOMONHAN et al., intitulé "Analyse des connaissances traditionnelles et des déterminants relatifs à l’utilisation de Newbouldia laevis (P. Beauv.) Seemann ex Bureau (Bignoniaceae) au Sud-Bénin." (In : Afrique Science, 2018, vol. 14, no 1, pp. 194-205) se termine sur la valeur symbolique de la plante :
Plusieurs appellations locales sont connues pour N. laevis dans les aires ethniques prospectées au Sud-Bénin. Cette diversité de noms témoigne de sa parfaite intégration au système culturel de ces groupes ethniques et par ricochet explique les potentielles et diverses formes d’utilisations faites de l’espèce au sein des populations rurales. Les utilisations sous forme de palissade et médico-religieuse sont les plus connues au Sud-Bénin. En réalité, la première forme d’utilisation traduit les difficultés financières notées dans les milieux ruraux qui amènent les populations à faire usage des plantes pour délimiter leurs propriétés (maisons, fermes et parcelles) et protéger les cultures. En dehors de N. laevis, plusieurs autres plantes sont sollicitées. On peut citer : Draceana arborea, Spondias mombin, Thevetia neriifolia, Jatropha curcas, etc. Par la présence de N. laevis dans les propriétés, les populations profitent de son pouvoir purificateur très étendu. D’où sa grande valeur médico-religieuse. Selon les utilisateurs, l’espèce est très réputée pour désenvouter les individus affectés par les maladies psychiques. Ainsi, les populations préfèrent avoir au moins un pied de l’espèce à proximité pour faciliter son utilisation dans les cas d’urgence de lutte contre les esprits maléfiques.
Ce travail a aussi identifié les diverses maladies traitées par N. laevis avec une prédominance du paludisme et de la fièvre. Le traitement du paludisme par la plante a été déjà indiqué par A. S. KOUCHADE, A. C. ADOMOU, G. M. TOSSOU, H. YEDOMONHAN, G. H. DASSOU, A. AKOEGNINOU (Uterine contractile effects of the aqueous and ethanol leaf extracts of Newbouldia Laevis (Bignoniaceae) in vitroIndian, 28 (2) (2016) pp. 4418-4438) dans leur étude sur les maladies infantiles dans la même aire géographique. Etant donné que la fièvre constitue l’un des symptômes du paludisme, on comprend l’usage de la plante pour son traitement. Dans un processus de valorisation de la plante, les études phytochimiques, pharmacologiques et cliniques sont recommandées afin de rechercher l’efficacité de la plante dans le traitement des maladies et symptômes recensés. Toutefois, les études de C. J. S. GBEMAVO, C. P. GNANGLE, E. A. ASSOGBADJO. L. R. GLELE KAKAÏ, (Analyse des perceptions locales et des facteurs déterminant l’utilisation des organes et des produits du Jatropha curcas linn. (Euphorbiaceae) au Benin, 26 (1) (2014), pp. 69 -79) ont révélé l’importance des tanins des feuilles de N. laevis dans l’inhibition du processus de migration larvaire chez Haemonchus contortus, un helminthe rencontré chez les ruminants.
L’importance mellifère de N. laevis signalée dans la zone d’étude n’avait jamais été révélée dans les études apicoles en zone guinéenne au Bénin malgré la naturalisation de l’espèce dans les formations végétales. Néanmoins, H. YEDOMONHAN, ("Plantes mellifères et potentialités de production de miel en zones guinéennes et soudano-guinéennes au Benin", Thèse de doctorat, Université d’Abomey-Calavi, Benin (2009) 273 p.) dans ses recherches sur les plantes mellifères à Ewè (zone Guinéo-Soudanienne) l’a révélé comme une plante nectarifère. Les observations permettent de souligner que l’importance mellifère de N. laevis serait certainement due à des particularités au niveau de ses fleurs. Plusieurs auteurs ont indiqué l’existence de certains déterminants physiques (couleur, odeur, conformation) à l’origine de la visite ou l’attractivité des abeilles au niveau des fleurs. ont remarqué que les fleurs de couleurs rouge, rose, blanche sont les plus visitées. Chez N. laevis, la fleur présente une couleur rose-blanche cumulant ainsi deux types de couleur plus attractifs. Aussi, la forme de doigt de gant des fleurs pourrait-elle influencer l’attraction des abeilles mellifiques du fait du site d’atterrissage parfait créé. Il en est de même pour le particulier parfum dégagé par la fleur de l’espèce.
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Flora Sylvie Houndjrebo, Roch Apollinaire. Houngnihin, Paulin Aoulou, Yves T. Barogui, Ghislain Emmanuel Sopoh, Gabriel Diez, Roch Christian Johnson, auteurs de "Phytothérapie et soins des ulcères chroniques dans les communes de Zè et Ouinhi au sud du Bénin" (Médecine et Santé Publique (Numéro spécial 2019) N°15, 1er semestre 2019) relie l'hysope africaine à des pratiques religieuses ancestrales :
Hysope : Newbouldia laevis (kpatin man ouhoun man)
C’est une plante très sollicitée pour sa vertu purificatrice, c’est à ce titre qu’elle interviendrait presque toujours dans la composition des remèdes de soins de plaies chroniques car la plupart de ces plaies selon les tradithérapeutes seraient issues des envoutements. De même le malade porteur d’une plaie est une personne ‟ouverte” c’est-à-dire beaucoup plus exposée aux esprits maléfiques. D’où la nécessité de l’hysope pour sa purification ou son désenvoutement.
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Les cueillettes de certaines feuilles sont soumises à des interdits. Les conditions de la cueillette d’une même plante varient selon l’usage qui en sera fait. Les feuilles d’hysope (Newbouldia laevis), pour le traitement de l’UC sont cueillies au coucher du soleil mais pas à la tombée de la nuit, elles doivent être cueillies de l’arbre planté à côté de la divinité ‟Gou”, et au moment de la cueillette, il faut déposer quelques pièces jaunes devant la divinité.
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Roland Portères, auteur d'un article intitulé "Le caractère magique originel des haies vives et de leurs constituants (Europe et Afrique occidentale)." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 12, n°4-5, Avril-mai 1965. pp. 133-152) rappelle le caractère magique de l'hysope africaine :
Newbouldia laevis Seem.
Peut-être l'arbuste le plus répandu dans les haies et clôtures de la zone forestière de l'Ouest-Africain, sans jamais ou rarement dominer. Le bouturage par plançons et piquets en est très facile, comme avec la plupart des espèces de Bignoniacées.
Chez les Yoruba du Sud de la Nigeria elle est l'objet de superstitions. La feuille est placée sur la tête d'un nouveau chef mais l'arbre doit être obligatoirement coupé à la hache et doit être consommé comme combustible ; on le trouve communément autour des bosquets sacrés et des autels.
Les Ibo de Nigeria, considèrent cette plante comme plus ou moins sacrée ou symbolique et la distribuent souvent en petits bosquets devant la maison des chefs (Basden).
Parmi les Ekoi et les Ibibo de Nigeria, le Newbouldia est un symbole de divinités ; une bouture ou un bâton de cet arbre est toujours apporté de l'ancien village en abandon au nouveau en édification. (En ce qui concerne la Nigeria, extrait de Dalziel, Usef. PL W Africa, d'après P. A. Talbot, In the Shadow of the Bush, Londres, 1912 (p. 266) et Some Nigerians Fertility Cults, Oxford 1927, p. 101 ; sous l'appellation « Odundum » Mrs D. A. Talboti, Woman Mysteries of a primitive People ; Londres 1915.) Dans ces références, notre arbuste est donné comme étant un Dolichodendron, appellation pour un genre de Bignoniacées de l'Inde ; selon Dalziel, la description in P. A. et D. A. Talbot correspondrait à Markhamia tomentosa dans l'esprit des Auteurs, alors qu'il s'agirait plutôt de Newbouldia laevis.
A. Aubréville (Flore Forest. Côte d'Ivoire, III. (1936), p. 21), suggère que cette espèce des franges et bosquets forestiers s'est introduite au sein de la région forestière (abondante dans les jeunes recrus), surtout autour des villages et dans leurs palissades, à cause de ses emplois médicinaux.
Toutefois, les rapports venant de Nigeria montrent qu'elle est considérée comme un attribut ou une représentation de la déesse de la Terre, tenant à son renouveau facile après une mort apparente constatable dans la confection des haies vives et dans les piquets et poteaux reprenant vie, même après écorçage (poteaux télégraphiques, poteaux de maisons, etc.).
Dans la religion nigérienne et chez les Ewe de la Côte de Guinée, le « dieu de la petite vérole », Shokpona (= Sakpana), offre le caractère de divinité de la Terre, d'Etre chtonien, de fétiche du sol (Le Hérissé, p. 128). Or, au Dahomey, ce « dieu de toute la croûte terrestre » (M. Quenum, Au pays des Fons, Paris, 1938, p. 76) possède des prêtres officiants ayant de bonnes notions sur la petite vérole, la tuberculose et la lèpre. Pour la variole même, ils paraissent avoir connu la vaccination du type jennerien ; l'inoculation était même obligatoire dans le Nord de l'actuel Ghana (Rattray, Tribes of the Ashanti hinterland, p. 65). Dans l'Inde, il y avait aussi une déesse de la variole, Mariamma, à laquelle étaient consacrées les feuilles de la Meliacée Azadirachta indica Juss. (« Neem »). Pour soigner la lèpre, les officiants cités plus avant employaient la racine et les feuilles du Newbouldia laevis dont on trouve des réserves dans la plupart des temples et sanctuaires des zones forestières et préforestières dans l'intérieur de la Côte de Guinée (Geoffrey Parrinder, La Religion en Afrique occidentale, Paris, Payot 1950, p. 65 ; éd. angl., London, Epworth, 1949).
Chez les Kissi de Sierra-Leone et de Guinée, le Newbouldia semble devoir être connu comme pouvant apaiser la colère des ancêtres, soustraire les vivants à la hargne occasionnelle, sinon permanente, des mânes de nos aïeux.
Dans la région de Kissidougou-Gueekedou, le cadavre du premier enfant que perd un couple, quel que soit l'âge du mort, est l'objet de rites particuliers. Selon Denise Paulme (Les Gens du Riz, Paris, Pion, 1954, p. 128), le cadavre nu est seulement enveloppé de feuilles de Pambae (Newbouldia) ou de bananier, « puis jeté « sans aucune cérémonie en dehors du village, « dans un coin de « forêt réservé à cet usage et désigné du nom de l'arbre dont les « feuilles servent de suaire. Avec les feuilles du pembae prélevées « sur le même lieu, on évente les cadavres ; là enfin est jetée toute « eau qui a servi à une toilette funéraire... — Parfois aussi, tous « les morts néfastes, sans distinction : foudroyés, lépreux, étrangers, infirmes...) sont enterrés côte à côte auprès des premiers « morts dans le pembae ». Par la suite, ces morts sinistres n'ont pas droit aux offrandes destinées aux ancêtres.
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