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La Baguette magique

Photo du rédacteur: AnneAnne

Dernière mise à jour : il y a 5 jours





Symbolisme :


Dans le Dictionnaire des Symboles, Mythes, Rêves, Coutumes, Gestes, Formes, Figures, Couleurs, Nombres (Éditions Seghers, 1969) Jean Chevalier et Alain Gheerbrant proposent la notice suivante :


BAGUETTE : 1. Comme le bâton, la baguette est symbole de puissance et de clairvoyance, soit d'une puissance et d'une clairvoyance venues de Dieu, soit d'une puissance et d'une clairvoyance magiques, dérobées aux forces célestes ou reçues du démon : la baguette du magicien, de la sorcière, de la fée. Sans une baguette mantique, le devin ne peut tracer le cercle, sur terre, où il s'enferme pour évoquer les esprits ; ou, au ciel, le carré dans lequel il encadre les oiseaux, dont il interprétera le vol. La baguette, surtout celle de coudrier, servait à découvrir, autrefois, non seulement les sources, mais aussi les gisements de minerais ou des dépôts de certaines matières. Une baguette magique est l'attribut d'Asclépios, le dieu guérisseur, fils d'Apollon ; le nom même du dieu signifierait, d'après A, Carnoy, celui qui prend en main la baguette magique.

Le caducée, symbole de la médecine, n'est autre qu'une baguette magique, composée d'une verge autour de laquelle s'enroulent deux serpents ; ce qui évoque des cultes très anciens, dans le bassin égéen, de l'arbre et de la terre, nourricière des serpents. C'est encore une baguette magique qu'Apollon promit en cadeau à Hermès, en échange de la lyre que le jeune dieu venait d'inventer et de confectionner avec une carapace de tortue, une peau et des nerfs de bœuf, une baguette merveilleuse d'opulence et de richesse, en or et à triple feuille : elle, te protégera, dit Apollon à Hermès, contre tout danger en faisant s'accomplir les décrets favorables, paroles et actes que je déclare connaître de la bouche de Zeus. (Hymne homérique à Hermès, 5, 529-532,). Cette baguette merveilleuse possède, entre autres privilèges, celui d'endormir et de réveiller les hommes. Cette baguette est tellement liée au dieu que, sous la forme du Kerykeion, elle sera l'insigne des héros et des messagers, qui se réclament de son patronage, c'est-à-dire du patronage d'Hermès (Mercure).


2. La baguette est aussi, chez les Celtes, l'instrument de magie par excellence. La baguette est le symbole du pouvoir magique du druide sur les éléments. Il suffit au druide d'Ulster Sencha d'agiter sa baguette pour obtenir le plus complet silence de tous ceux qui l'entourent. Mais plus souvent un druide ou un file touche un être humain de sa baguette pour le transformer en un animal quelconque, généralement oiseau (cygne) ou porc (sanglier). Dans la hiérarchie à sept degrés des filid irlandais, le docteur ou ollamh avait droit à la baguette d'or, le file de deuxième rang ou anruth à la baguette d'argent, les cinq autres degrés à la baguette de bronze. Il existe aussi des baguettes de coudrier servant en magie. Chez les Francs et les premiers Capétiens, les hérauts d'armes portaient une baguette sacrée, qui était la marque de leur dignité, mais qui, surtout, représentait le pouvoir de leur souverain.


3. La palomancie est l'art de prédire l'avenir en utilisant de petits bâtons ou des baguettes. Elle était pratiquée dans tout l'Orient ancien, chez les Chinois, mais aussi chez les Germains. Habituellement, on écorce une baguette et on en conserve une dont on garde l'écorce, puis on s'en sert comme à pile ou face ; ou bien une baguette choisie à l'avance a un sens favorable, une autre un sens défavorable : si, en tombant, l'une se place sur l'autre, la signification de la première l'emporte.

Palomancie, rabdomancie, radiesthésie relèvent sans doute de la même origine lointaine : baguettes et bâtons venant de l'arbre, leur utilisation n'est-elle pas, sur le plan humain, celle du doigt de Dieu ? Il suffit à Dieu de toucher quelque chose pour lui donner forme ou le créer. De même la baguette magique transforme ce qui existe : les hôtes de Circé devenaient des pourceaux au contact de sa baguette, la citrouille du jardin de Cendrillon un somptueux carrosse, etc. La baguette magique est l'insigne du pouvoir des hommes sur les choses, quand ils détiennent ce pouvoir d'une origine surhumaine.


4. La baguette servît à une sorte d'apparente palomancie dans un récit des Nombres. Lors de la traversée du désert, le peuple hébreu murmurait contre Moïse et indirectement contre Yahvé, en raison des privations et des souffrances que la longue marche lui imposait. Sur l'ordre de Yahvé, chaque famille patriarcale remit un rameau à Moïse ; celui-ci inscrivit le nom du chef de famille sur le rameau et il suivit les instructions de Yahvé : Tu les déposeras ensuite dans la Tente de Réunion, devant le Témoignage où je me rencontre avec toi. L'homme dont le rameau bourgeonnera sera celui que je choisis ; ainsi je ne laisserai pas monter jusqu'à moi les murmures que les enfants d'Israël profèrent contre vous. Moïse parla aux enfants d'Israël, et tous leurs princes lui remirent chacun un rameau, douze rameaux pour l'ensemble de leurs familles patriarcales ; parmi eux était le rameau d'Aaron. Moïse les déposa devant Yahvé dans la Tente du Témoignage. Le lendemain, quand Moïse vint à la Tente du Témoignage, le rameau d'Aaron, pour la maison de Lévi, avait bourgeonné : des bourgeons avaient éclos, des fleurs s'étaient épanouies et des amandes avaient mûri. Moïse reprit tous les rameaux de devant Yahvé et les apporta à tous les enfants d'Israël ; ils constatèrent et chacun reprit son rameau. Yahvé dit alors à Moïse : Remets le rameau d'Aaron devant le Témoignage où ii aura sa place rituelle, comme un signe pour ces rebelles. Il dissipera leurs murmures qui ne monteront plus jusqu'à moi, et ils ne mourront pas. Moïse fit comme Yahvé le lui avait commandé. Il fit ainsi (Nombres ; 17, 19-26).

Le rameau symbolise ici un groupe et une personne, à qui il s'identifie ; si le rameau bourgeonne, c'est la famille qui est censée fleurir. D'autre part, une fois marqué par son bourgeon, il symbolise le choix de Dieu et l'autorité dont ce choix investit la famille élue. Cette autorité fait de l'élu le médiateur entre Yahvé et le peuple : les murmures ne monteront plus jusqu'à Dieu et en conséquence Dieu ne châtiera pas les récalcitrants. Le rameau, ou la baguette, symbolise cette médiation de celui qu'il a désigné et qui désormais l'a repris et le porte à la main.

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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend :


Baguette magique : Comme le bâton, la baguette magique est le signe du pouvoir de son possesseur mais il peut s'agir « soit d'une puissance et d'une clairvoyance venues de Dieu, soit d'une puissance et d'une clairvoyance magiques, dérobées aux forces célestes ou reçues du démon : la baguette du magicien, de la sorcière, de la fée. »

Les Chaldéens utilisaient une baguette magique qui était « aimantée intérieurement ». Asclépios, dieu grec de la Médecine, avait pour attribut une baguette magique ; Apollon promit à Hermès une baguette qui devait le protéger de tout danger, et qui permettait d'endormir et de réveiller les hommes. Chez les Celtes également, la baguette, qui était « l'instrument magique par excellence », symbolisait le pouvoir du druide sur les éléments.

La baguette magique a le pouvoir de transformer ce qu'elle touche : avec sa baguette, Circée transforme ses hôtes en pourceaux ; la citrouille de Cendrillon se transforme d'un coup de baguette magique en carrosse.

Devins et magiciens utilisent une baguette pour tracer le cercle magique dans lequel ils s'enferment pour évoquer les esprits. La baguette sert également à écarter esprits et démons. Utilisée par des sorciers, son pouvoir est redoutable : Françoise Sécrétain (condamnée au bûcher en 1598) provoquait la mort des animaux en les touchant de sa baguette. Avec la sienne, une autre sorcière provoqua la mort d'un enfant en le frappant doucement sur le dos.

Comme la baguette divinatoire, la baguette magique doit être en bois de noisetier. Voici, selon le Grand grimoire (Nîmes, 1823), le secret de la fabrication de la verge foudroyante, ou baguette magique grâce à laquelle les sorciers peuvent opérer des prodiges : La veille de la grande entreprise, vous irez chercher une baguette ou verge de noisetier sauvage, qui n'ait jamais porté, et qu'elle soit précisément semblable à celle que vous voyez ci-contre ; ladite baguette devant faire fourche en haut, c'est-à-dire du côté des deux bouts : sa longueur doit être de dix-neuf pouces et demi ; après que vous aurez trouvé une baguette de même forme, vous ne la toucherez que des yeux, attendant jusqu'au lendemain, jour de l'action, que vous irez la couper positivement au lever du soleil ; et alors vous la dépouillerez de ses feuilles et petites branches, si elle en a, avec la même lame d'acier qui a servi à égorger la victime, qui sera encore teinte de son sang, attendu que vous devez faire attention de ne point essuyer ladite lame, en commençant à la couper quand le soleil commencera à paraître sur cet hémisphère, en prononçant les paroles suivantes :

« Je te recommande, ô grand Adonay, Eloim, Ariel et Jehovam ! de m'être favorable, et de donner à cette baguette que je coupe la force et la vertu de celle de Jacob, de celle de Moïse et de celle du grand Josué ; je te recommande aussi, ô grand Adonay, Eloim, Ariel et Jehovam ! de renfermer dans cette baguette toute la force de Samson, la juste colère d'Emmanuel et les foudres du grand Zariatnatmik, qui vengera les injures des hommes au grand jour du jugement. Amen. »

Après avoir prononcé ces grandes et terribles paroles, et ayant toujours la vue du côté du soleil levant, vous achèverez de couper votre baguette, et l'emporterez dans votre chambre ; ensuite vous chercherez un morceau de bois, que vous rendrez de même grosseur que les deux bouts de la véritable, que vous porterez chez un serrurier pour faire ferrer les deux petites branches fourchues avec la lame d'acirr qui a servi à égorger la victime, faisant attention que ls deux bouts soient un peu aigus lorsqu'ils seront posés sur le morceau de bois. Le tout étant ainsi exécuté, vous retournerez à la maison, et mettre laite ferrure vous-même à la véritable baguette, en prononçant les paroles suivantes :

« Par la puissance du grand Adonay, Eloim, Ariel et Jehovam, je te commande d'unir et d'attirer toutes les matières que je voudrai ; par la puissance du grand Adonay, Eloim, Ariel et Jehovam, je te commande, par l'incompatibilité du feu et de l'eau, de séparer toutes matières, comme elles furent séparées le jour de la création du monde. Amen. »

Ensuite vous vous réjouirez en l'honneur et gloire du grand Adonay, étant sûr que vous possédez le plus grand trésor de lumière : le soir ensuite, vous prendrez votre baguette, votre peau de chevreau, votre pierre ématille et deux couronnes de verveine, de même que deux chandelier, et deux cierges de cire vierge, bénits et faits par une fille vierge. Vous prendrez aussi un battefeu neuf, deux pierres neuves avec de l'amadou pour allumer votre feu, de même qu'une demi-bouteille de brandevin, et une portion d'encens bénit, avec du camphre, aussi bien que quatre clous qui aient servi à la bière d'un enfant mort et ensuite vous vous transporterez à l'endroit où doit se faire le grand œuvre, et ferez exactement ce qui suit, en imitant, de point en point, le grand cercle cabalistique [...].

Pour d'autres, « la baguette magique est un bâton d'une longueur de 0.40 m environ, recouverte de soie ou de moire, ornée en son milieu de deux bagues, l'une de métal blanc, l'autre de métal jaune, argent ou or, zinc ou cuivre, et portant, à chacune des ses extrémités, une boule aimantée, l'une positivement et l'autre négativement. La baguette sert à rassembler les coagulats électriques et les agglomérats de force astrale : c'est un instrument de polarisation fluidique » (René Schawabké, Problème du mal).

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Omraam Mikhaël Aïvanhov, auteur du Livre de la magie divine (Collection Izvor N°226, Éditions Prosveta S.A., 1996) consacre un chapitre entier à cet objet :


La Baguette magique : Qu'est-ce qu'une baguette magique ? Un simple bâton, mais ce bâton a une fonction bien spéciale : celle de lier les deux mondes, le monde d'en haut et le monde d'en bas.

Une baguette magique est en général faite avec une branche d'amandier ou de noisetier de l'épaisseur d'un doigt et longue d'une coudée (du coude à l'extrémité des doigts). Après s'être préparé, le mage la coupe le matin avant le lever du soleil en prononçant certaines formules, il enlève l'écorce, il ajuste aux deux extrémités deux petits capuchons, l'un en or, l'autre en argent, sur lesquels sont gravés certains mots ou certains symboles, et enfin il la consacre au Ciel. Après quoi, il peut se servir de cette baguette pour réaliser de très bonnes choses.

Mais il ne suffit pas, comme s'imaginent certains, de tenir une baguette à la main pour être un mage et commander aux esprits. On ne commande pas si facilement aux esprits. Certains ont entendu parler des soixante-douze Génies planétaires, et voilà, armés d'une baguette magique, ils vont leur donner des ordres ! Mon Dieu, qu'ils sont ignorants ! Et que leur demandent-ils ? De les aider à faire du bien à toute l'humanité, à travailler pour la paix et la lumière ? ... Malheureusement, non. Ils veulent commander aux soixante-douze Génies pour qu'ils leur procurent l'argent, l'amour, la réussite, sans faire le moindre effort pour développer des facultés, des vertus. Eh bien, il faut qu'ils sachent qu'ils entrent ainsi dans la Loge noire, car c'est la Loge noire qui leur inspire le désir de commander aux esprits avant d'en être dignes, avant d'être de véritables fils de Dieu.

Il est sacrilège de vouloir mettre les esprits lumineux au service des convoitises humaines. Et puis, il faut savoir que ce ne sont pas des êtres qui obéissent comme ça au premier venu. Vous devez tout d'abord atteindre une certaine stature dans le monde spirituel, sinon les esprits verront tout de suite à qui ils ont affaire et ils vous laisseront patauger tout seul. Les soixante-douze Génies ne sont pas obligés de venir satisfai1re vos caprices. Pour leur donner des ordres, vous devez avoir développé une grande pureté, une grande volonté, une grande maîtrise ; il ne suffit pas de connaître leurs noms et de les prononcer pour obtenir des résultats.

Il faut donc comprendre que la véritable baguette magique n'est pas seulement un bâton, mais un lien intérieur vivant que l'homme a d'abord su créer entre le monde d'en haut et le monde d'en bas. C'est en lui-même que le véritable mage doit posséder cette petite tige qui fait le lien entre la Terre et le Ciel.

Le rôle de la baguette magique est de permettre un branchement pour que les énergies circulent entre les deux mondes. Il y a quelque part en haut une centrale électrique qui donne du courant, mais pour que la lampe s'allume en bas, il faut la brancher, introduire la prise. Et la baguette magique, justement, c'est la prise. Donc, quand le mage possède cette prise dans sa tête, dans son cœur, dans son âme, dans son esprit, et que de plus il tient à la main la baguette magique qui représente cette prise dans le plan physique, il peut faire passer les forces du monde divin au monde physique. Voilà le symbole de la baguette magique.

Et quand Jésus p1riait en disant : « Que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel », il créait ce lien entre le haut et le bas, ce lien qui est symbolisé par la baguette magique. Il voulait dire que tous les êtres humains ont, eux aussi, un rôle magique à jouer : attirer d'en haut la pureté, la lumière, l'harmonie afin que la terre devienne un reflet du Ciel, un tabernacle pour la Divinité. Le seul moyen de réaliser cet idéal est de se lier au Ciel, de maintenir sans arrêt, de tout son être, le contact avec le Ciel, afin de faire circuler le courant. La centrale électrique se trouve en haut dans les régions sublimes, et pour faire circuler le courant, allumer les lampes et tous les appareils qui sont en nous, il faut brancher la prise.

La baguette magique est donc comme une prise qu'on branche en premier lieu avec le Ciel. Mais il faut savoir que nous avons en nous plusieurs baguettes, oui, une dans chaque plan : dans le plan atmique pour lier notre esprit à !'Esprit de Dieu ; dans le plan bouddhique pour lier notre âme à l' Ame universelle ; dans le plan mental pour lier notre intellect à l'Intelligence cosmique ; dans le plan astral pour lier notre cœur à l'Amour désintéressé ; et enfin, dans le plan physique, il y a ce petit bâton appelé baguette magique. Mais il y a aussi notre main. Oui, la main est une baguette magique, et on peut dire que la baguette est le prolongement de la main. Si vous n'avez pas de baguette, vous pouvez lever le bras - voilà votre baguette - et prononcer quelques paroles. A ce moment-là, si vous êtes pur, lumineux, en harmonie avec le Ciel, les forces de la nature vous comprennent, vous obéissent, vous écoutent, vous exaucent. Sinon, vous pouvez tendre le bras pendant des années, vous n'obtiendrez rien ... ou peut-être vous attirerez-vous seulement quelques gifles de la part des entités célestes qui vous diront : « Pourquoi t'amuses-tu comme ça ? Tu nous déranges ! » Eh oui, on ne doit pas jouer avec le monde invisible.

En réalité, on peut dire que la véritable baguette magique, c'est l'être humain qui est lui-même comme un intermédiaire entre la terre et le Ciel. C'est pourquoi il doit toujours se mettre en contact avec le Ciel pour agir bénéfiquement sur la terre. Les véritables Initiés ne se servent pas de baguette magique, ils sont eux-mêmes des baguettes magiques.

[...]

Il existe deux catégories de mages : ceux qui pratiquent la magie à l'aide d'un instrument, le plus souvent une baguette, et ceux qui la pratiquent par la seule puissance du Verbe. Ces derniers sont plus évolués parce que leur instrument magique est leur bouche : il n'est pas séparé d'eux, il ne les quitte pas, tandis que les autres sont obligés d'avoir une baguette à la main, et la baguette reste toujours extérieure à eux. Le caducée est l'attribut de Mercure, dieu de la magie, et Mercure régit à la fois la bouche, la parole et les mains.

[...]

Celui qui sait dire les mots qui inspirent, qui vivifient, possède une baguette magique dans sa bouche. Et il ne prononce jamais ces mots en vain, parce qu'il y a toujours dans la nature un des quatre éléments, la terre, l'eau, l'air ou le feu qui est là, attentif, attendant le moment de participer à la réalisation de tout ce que vous exprimez. Il arrive aussi que la réalisation se produise très loin de celui qui en a donné les germes et on ne peut donc pas la voir. Mais sachez qu'elle se produit. Comme le vent emporte les graines et les sème au loin, de même vos bonnes paroles s'envolent et vont produire loin de vos yeux des résultats magnifiques.

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Symbolisme celte :


Robert-Jacques Thibaud, auteur d'un Dictionnaire de Mythologie et Symbolique celte (Éditions Dervy, 1995) propose une notice à l'entrée qui nous occupe :


Baguette : instrument très répandu dans les mythes et légendes celtes où elle est utilisée par les fées et les druides, la baguette est à la fois instrument rituel, support divinatoire (ogams et Runes) et ustensile pratique, permettant aussi bien de déchiffrer les événements que d'utiliser les énergies naturelles. Ce que les Romains nommaient accomplir des prodiges. C'est ainsi que grâce à sa baguette magique, Sencha, druide de Conchobar, parvint à tempérer l'agressivité du peuple des Ulates. C'étaient principalement les druides, les bardes et les filid (poètes sacrés) qui utilisaient les baguettes, bien que les fées et quelques sorcières s'en soient servi occasionnellement. le bois dont était faite la baguette déterminant le rang spirituel (et social) d'un officiant, de sorte qu'en or la baguette montrait un ollamh, en argent un arruth, tandis qu'en bronze elle n'avait qu'une signification commune, sans spécificité. Lorsqu'elle était en noisetier, la baguette montrait un maître accompli car cet arbre sacré et magique était celui de la Connaissance.

Dans le cycle de Llaw Llew Gyffes, c'est en subissant l'épreuve de la virginité avant son mariage avec Math, qu'Arianrod, fille de Don (grande Déesse), en passant au dessus de la baguette magique, mit au monde un petit garçon blond, que l'on appela né de la vague, Dylan, et un second que le magicien Gwydion (ou Gwyddyon) éduqua, le héros Llew Llaw Gyffes. De même, c'est avec la baguette de Curoi Mac Daeré, le dieu de la mort des Tuatha De Danann qu'Art put réaliser son périple vers l'Île Merveilleuse.

 

Michèle Bortoluzzi, autrice de Perrault sur les traces de Ma Mère l'Oye (Bibliothèque Municipale de Rouen -1997) évoque la baguette magique des fées des contes :


  Et dans ce même conte [Peau d'âne], c'est sous terre que la marraine-fée fait voyager la cassette contenant les trois robes, couleur de Temps, de Soleil et de Lune, grâce à la baguette qu'elle confie à sa filleule. Car il n'y a pas de fée sans baguette magique, souvenir de celle qu'utilisaient les prêtresses gauloises, jadis détentrices de secrets thérapeutiques. C'est avec elle que la septième fée touche les habitants du château, pour qu'ils rejoignent la Belle dans son sommeil de cent ans (5). C'est grâce à elle que la fée-marraine de Cendrillon transforme la citrouille en « beau carrosse tout doré », les souris en chevaux, le rat en cocher, les lézards en laquais, et les haillons de Cendrillon « en des habits de drap d'or et d'argent tout chamarrés de pierreries ». La baguette de la fée est l'instrument magique par excellence, qui a prise sur l'essence de la matière, et permet la métamorphose. Elle permet aussi à la fée de prodiguer ses dons. Dans les contes, si les fées sont aussi les animatrices de la nature, elles sont avant tout dispensatrices de dons et de bienfaits.

Elles ont gardé les prérogatives divines qu'elles avaient comme déesses des destinées humaines. En cela, elles sont bien la survivance des trois Parques romaines, transposition latine des Moires grecques qui présidaient à la destinée des hommes : Clotho, du fuseau de laquelle naît le fil de la vie, Lachésis qui, à l'aide de sa baguette le mesure, et Atropos « celle à qui l'on ne peut échapper », qui le coupe avec ses ciseaux.

Si l'on retrouve chez les fées le fuseau et la baguette, on ne les voit, par contre, jamais en possession des ciseaux, car les fées sont des divinités de la vie.

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