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La Coquelourde des jardins

Dernière mise à jour : 11 avr.




Étymologie :


  • COQUELOURDE, subst. fém.

Étymol. et Hist. 1539 « anémone » (Est.). Orig. obscure. Étant donné que coquelourde désigne au moyen âge une personne niaise (ca 1328 ms. B.N. fr. 12483 fol. 147 vods Romania, t. 56, p. 291 et Ch. d'Orléans, éd. Champion, CXLVI, 5) ainsi qu'une sorte de gobelet (xve s. Miracles Ste Geneviève, éd. Jubinal, Mystères inédits du XVe s., t. 1, p. 270) et qu'il désigne encore des fleurs de types tout à fait différents, il est difficile de dire s'il se rattache à coq1* (comme les noms de plantes coqueret1*, coquerelle*, coquelicot* et les termes dépréciatifs cocard*, coquardeau* « niais »), v. FEW t. 2, p. 859 a et b) ou à coque* (+ l'adj. lourd, -e [Dauzat 1973]); cf. les var. du type cloquelourde, notamment en Normandie et le néerl. Klockenblom [Sain, Sources t. 2, p. 325]; cf. aussi herbe aux cloques pour coqueret* [Roll. Flore t. 8, p. 117] qui semblent révéler un rapprochement entre coque et cloque*.


  • LYCHNIDE, subst. fém.;

Étymol. et Hist. 1562 bot. lichnis sauvage (Du Pinet, Pline, XXV, 10 ds Gdf. Compl.) ; 1789 lychnide (Encyclop. méthod. ds DG). Empr. au lat. d'époque impériale lychnis « sorte de rose couleur de feu, coquelourde » transcr. du gr. λ υ χ ν ι ́ ς, -ι ́ δ ο ς « id. » formé sur λ υ ́ χ ν ο ς « lampe », le calice de cette plante étant en forme de lampe (v. André Bot.).


  • SILÈNE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1. 1765 bot. subst. masc. (Encyclop.) ; 2. 1791 « nom d'un papillon, du genre satyre », « nom d'un macaque » (Valm.). Du lat. sc. mod. silene, silenus « id. », du lat. Silenus « Silène, demi-dieu ventru, fils de Pan, père nourricier et compagnon de Bacchus », parce que la fleur a un calice gonflé comme le ventre de Silène.


Lire également les définitions de coquelourde, lychnide et silène afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Silene coronaria - Lychnis coronaria (L.) Desr. - Couronne des champs - Fleur de Jupiter - Grosse nielle - Lychnide fleur de Jupiter - Lychnide rose du ciel - Œil-de-Dieu - Œillet de Dieu - Silène coronaire -


A savoir : en français, le terme vernaculaire "coquelourde" désigne également d'autres plantes :

  • l'anémone pulsatille (Pulsatilla vulgaris) ;

  • la silène Rose-du-ciel (Silene coeli-rosa) appelée alors coquelourde rose du ciel ;

  • la fritillaire pintade (Fritillaria meleagris).

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Botanique :


Selon Suzanne Amiguès, autrice d'un article intitulé "Quelques légumes de disette chez Aristophane et Plutarque." (In : Journal des savants, 1988, n° pp. 157-17) la coquelourde était déjà connue des Grecs de l'Antiquité :


Lychnis coronaria se rencontre aujourd'hui encore à l'état sauvage dans les montagnes de Grèce (cf. Halàcsy, Conspectus florae graecae, t. I (1901), p. 151). C'est une très belle plante à fleurs pourpres et feuillage couvert de poils argentés ; aussi était-elle cultivée déjà du temps de Théophraste.











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Usages traditionnels :


Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :


Le pansement des plaies récentes se fait avec les feuilles couvertes d'un duvet épais, telles que celles du Lychnis flos-Jovis, [...]. Elles agissent comme isolant.




Symbolisme :


Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la coquelourde :


COQUELOURDE - VOUS ÊTES SANS PRÉTENTION.

La Coquelourde, qu'on appelle aussi fleur de Jupiter, ou Couronne des Champs, est une plante duveteuse, molle et blanchâtre dans toutes ses parties ; elle se couvre durant tout l'été d'un nombre infini de jolies fleurs pourprées qui ressemblent à de petits Œillets ; elle aime l'ombre et ne demande aucun soin ; souvent elle se sème d'elle-même.

 

Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :


Coquelourde - Sans prétention.

La coquelourde vient sans soins dans les champs, qu’elle décore, sans paraître s’en douter, de ses belles fleurs pourpres.


Lychnise dioïque - Ivrognerie.

Parce que sa fleur répand une odeur de vin aigri.

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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


OEILLET DE DIEU - CRAINTE DE DIEU.

Qu'il est grand celui qui a trouvé la sagesse et la science ! Mais il n'est pas au-dessus de l'homme qui craint le Seigneur. La crainte de Dieu surpasse toutes choses. Heureux l'homme qui a reçu le don de la crainte de Dieu ! celui qui la possède à qui sera-t-il comparé !

Ecclésiastes : XXV, 13-15 .

L'œillet de Dieu ou agrostème est une très belle plante couverte sur toutes ses parties d'un duvet blanc, épais, cotonneux, au milieu duquel brillent des fleurs élégantes, rouges dans leur milieu, blanches à leur contour et quelquefois tout à fait rouges ou blanches ; elles sont très rapprochées et resserrées presque en ombelles. Elle croit dans les prairies élevées, sur les montagnes, dans les contrées méridionales. Au rapport de Villars les feuilles de cette plante sont employées par les paysans des Alpes en place de charpie pour étancher le sang des blessés.


MAXIMES.

Celui qui a la crainte du Seigneur est semblable à une ville bâtie sur un roc élevé entouré de remparts inexpugnables, et dont le seul aspect déconcerte et fait trembler les ennemis.

(SAINT EPHREM, Discours ascétiques.)

Il n 'y a de vraie liberté et de joie solide que dans la crainte de Dieu et une bonne conscience.

(L'Imitation de J.-C. IV, 18. )

Il faut craindre Dieu par amour et non pas l'aimer par crainte.

(Esprit de St François de Sales.)

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Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :


Lychnide - Coquelourde - Sans prétention.

La coquelourde vient sans soins dans les champs qu'elle décore de ses belles fleurs pourpres On la connait sous les noms de lychnide fleur de Jupiter, lychnide rose du ciel ou grosse nielle. Avant son épanouissement ses fleurs sont gracieusement penchées sur leur tige.

 

Michèle Fruyt, dans un article intitulé "Lexique et conscience linguistique en latin : la motivation." (In : Mélanges François Kerlouégan. Besançon : Université de Franche-Comté, 1994. pp. 255-268. (Annales littéraires de l'Université de Besançon, 515)) étéblit une correspondance symbolique entre la coquelourde et la flamme de Jupiter :

Les deux dimensions de la motivation : Ainsi la motivation est-elle un phénomène jouant sur deux plans : a) au plan du signifiant, sur la segmentation du mot en unités morphologiques plus petites ; b) au plan sémantico-référentiel, sur le sens perçu par le sujet parlant, sur la fonction référentielle du mot ou de l'expression.

En général, ces deux éléments, formel et référentiel, sont associés de manière concomitante dans le même mot, comme on le voit dans le phytonyme : Jouis flamma (André 1985 : 132 ; Plin. 27, 44), qui désigne peut-être la coquelourde des jardins, plante à fleurs rouges. Les deux "mots" de cette expression désignative ne forment en réalité qu'une seule unité de désignation, une lexie, analysable sur le plan formel en deux éléments clairement associables à des lexèmes autonomes (gén. de Jupiter et flamma). Sur le plan sémantico-référentiel, la métaphore de la flamme pour désigner des fleurs rouges est également

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