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La Couronne boréale





Étymologie :


Étymol. et Hist. A. 1. a) 1remoitié xe s. corona « symbole de pouvoir », ici par dérision (Passion, éd. D'A.S. Avalle, 247) ; ca 1100 curune « insigne du pouvoir royal » (Roland, éd. J. Bédier, 388) ; b) 1215-30 hérald. corone (Lancelot propre, iii, 421 ds Brault) ; 2. a) 1172-75 corone « ensemble des terres soumises au pouvoir royal ; domaine royal » (Chr. de Troyes, Chevalier charrette, éd. W. Foerster, 2909) ; b) 1remoitié xiiie s. corone « pouvoir royal » (G. Le Clerc, Tobic, 228 ds T.-L.) ; 3. 1130-40 corone as martirs (Wace, Ste Marguerite, éd. E. A. Francis, 358) ; ca 1175 corone « récompense accordée en reconnaissance d'un mérite » (Chr. de Troyes, Chevalier Lion, éd. W. Foerster, 6359) ; 4. 1181-90 corone « parure pour la tête » (Id., Perceval, éd. W. Roach, 6681). B. P. anal. de forme 1. ca 1100 corone « tonsure » (Roland, 3639) ; 2. fin xiie s. à la corone « disposées en forme de cercle (de personnes) » (Richeut, 17 ds Nouv. recueil de fabliaux, éd. Méon, t. 1, p. 38) ; ca 1560 « anneau, cercle » (J. Du Fouilloux, Vénerie, éd. G. Tilander, chap. 34, 4, p. 76 : couronnes de brandes) ; [1600 O. de Serres d'apr. FEW t. 2, p. 1210 a] ; 1690 (Fur. : Couronne... se dit d'un meteore qui paroît autour du Soleil & de la Lune, quand leur lumière est refleschie sur des nuées mediocrement espaisses) ; 1600 vétér. « partie osseuse située entre le pied et le paturon du cheval » (O. de Serres, 300 ds Littré) ; 1690 (Fur. : Couronne ... est une marque qui demeure à un cheval qui s'est si fort blessé aux genoux, que le poil en est tombé) ; 1728 couronne « partie supérieure de la dent » (Le Chirurgien Dentiste ou Traité des Dents, Paris, t. I, p. 7 ds Brunot t. 6, p. 575) ; 1846 « reconstitution artificielle de cette partie de la dent » (Ph. Boyer, Maladies chirurg., V, 269-70 − 5eéd. − ds Quem. Fichier). C. Se dit d'un objet frappé d'une couronne 1. ca 1340 couronne « pièce de monnaie`` (Dialog. fr.-flam., fo7ads Gdf. Compl.) ; 2. 1680 (Rich. : Couronne. Papier in folio qui a pour marque une couronne). Du lat. class. corona 1. ornement « parure (pour la tête) », « ornement pour la tête accordé en reconnaissance d'un mérite » − d'où « récompense accordée en reconnaissance d'un mérite » et en lat. chrét. « gloire de martyr » (Iers. ds TLL s.v., 985, 39) − « ornement pour la tête, symbole de pouvoir » − d'où le lat. chrét. corona spinea (ive s., ibid., 984, 31) et p. ext. en lat. médiév. corona « pouvoir royal » (1119 ds Nierm.) et « domaine royal » (1190, ibid.) − 2. ce qui rappelle la forme de la couronne « cercle d'hommes » ou « cercle de choses », « auréole d'un astre », également attesté comme terme d'archit. et d'art vétér., puis en b. lat. « coiffure en forme de couronne » (ves. ds TLL s.v., 988, 19-20), « tonsure » (vie s. ds Nierm.). Le lat. est prob. empr. au gr. κ ο ρ ω ́ ν η « corneille » puis « tout objet recourbé », entre autres « sorte de couronne » (ve s. av. J.-C. ds Frisk) et possède toutes les acceptions du gr. σ τ ε ́ φ α ν ο ς.


ÉTYMOL. ET HIST. − 1495 borealle (Jeh. de Vignay, Mir. hist., XXV, 85, édit. 1531 dans R. Hist. litt. Fr., 1898, p. 297). Empr. au b. lat. borealis (ives. Avienus dans TLL s.v., 2130, 53).


Lire également la définition des termes couronne et boréal afin d'amorcer la réflexion symbolique.

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Symbolisme celte :


Michel-Gérald Boutet, auteur de Les druides et l'astrologie, Origine et fondements de l'astrologie celto-druidique De la préhistoire au Moyen Âge (Éditions Edilivres, 2014) évoque la couronne boréale :

Dans les Vaticinations de Merlin, on retrouve des précisions sur ce que les anciens tenaient pour « planètes visibles » et « plans invisibles » :

  • Visible : le soleil radieux, Mercure d’Arcadie et son bouclier, Mars et son casque, Vénus, Jupiter, Saturne, la Lune et son chariot et l’Apollon océanique fouettant les nuages.

  • Invisible : Adriana (1) (Couronne boréale ou couronne de Thétis) derrière une porte fermée dans la chaussée de la lune et Uentu(rum ?) lieu d’origine des vents.

En marchant sur la baguette magique de Math (2), elle enfante deux garçons : Dylan Eil Ton (3), un garçon aux cheveux dorés qui fuit par la mer et Llew Llaw Gyffes (4), qui sera sauvé par Gwydion5 , le frère d’Arianrod.

– Arianrod se réfugie dans le sillon de la lune derrière une porte close. Comme Ariane, Arianrod est la fée au rouet d’argent filant le destin des mortels et comme Thétis, elle est garante de l’immortalité. Arianrod ne peut cependant être autre chose que la Couronne boréale, si ce n’est la lune. La Couronne boréale est symbole d’élévation morale et non de chute. Son invisibilité tient donc à autre chose. Il y a effectivement une divinité gauloise portant le nom de Duoricos, « la Poterne ». Les dieux ont tous leur place dans les étoiles. La Poterne est donc le nom d’un lieu invisible, c’est-à-dire d’un « plan » au sens ésotérique du terme. La Poterne devait sensiblement représenter la porte, l’ouverture sur Gwyfyd (6) (du celtique Uindobitu), l’Autre Monde, « le monde de la lumière blanche », si ce n’est Annwn (7) (celtique Andumnon). Une porte sur un plan divin supérieur en quelque sorte. On peut y voir aussi un concept semblable à celui des nœuds lunaires ou de la lune noire peut-être ? Ce concept du Venturum (6) est-il semblable en astrologie à celui du portique des vents de l’Antiquité (8) ?

[...]

 L’autre particularité, en astrologie druidique, est l’astérisme lunaire appelé Duoricon « la Poterne ». Il s’agit d’un groupe constellaire initial par lequel transitent les astres en novembre. C’est aussi par la Poterne que les âmes désincarnées se faufilent pour échapper au royaume des morts. Bref, c’est le lieu de passage obligatoire entre les mondes visibles et invisibles. Il s’agit donc d’un concept imaginaire semblable à celui des nœuds lunaires. En termes astronomiques, il s’agit de l’occultation d’Argantoreta, pris au sens de la lune (et par extension la Couronne boréale). Derechef, la Poterne serait l’équivalent de ce que les astrologues modernes appellent la Lune noire.

[...]

ARGANTORETA (la roue argentée) : Corona Borealis, la Couronne boréale, la constellation de, aussi un astérisme lunaire.

DUORICON (la poterne) : Porte temporelle, lieu de passage du monde visible à celui d’Andumnon, le Tartare des Celtes ; au sens astrologique, un lieu invisible ; concept imaginaire semblable à celui des nœuds lunaires ; en astronomie : occultation d’Argantoreta, la Couronne boréale.


Notes : 1) Adriana est un subtil jeu de mots avec le grec latinisé Ariadna < Ariana et le brittonique Arianrod > Argantoreta ; Argantoreta « la roue d’argent ».

2) Math > Matus « l’ours ».

3) Dylan Eil Ton > Tuliionos Tondas « la marée montante de la vague ».

4) Llew Llaw Gyffes > Lugus Lama Uadas « Lugus à la main longue ».

5) Gwydion > Uidions « le sachant, le connaissant ».

6) Gwynfyd // Fionnbuth > Uindobitu « le monde de la lumière blanche », le paradis.

7) Annwn > Andumnon, « le non-monde », un genre d’enfer froid semblable au Tartare.

8) Uentu(rum) > Uinturion « hauteur » en jeu de mots avec Uentos > Auentos « vent ». Le Uinturion, nom gaulois du mont Ventoux ou Sainte-Victoire, devait être le lieu d’où soufflaient les vents. Les vents sont, dans la plupart des traditions indo-européennes au nombre de 4 ou huit, parfois 12. Le Uinturion cache donc aussi, huit autres lieux invisibles, ceux-là mêmes mentionnés dans le Barddas de l’île de Bretagne

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Mythologie :


Edith Weber et J.-Ph. Rameau, auteurs de "Les Boréades, Erato, coffret STU 715343". (in : Cahiers de sociologie économique et culturelle, 1985, vol. 4, no 1, pp. 180-181 ) résument l'origine mythologique grecque de cette constellation :


Couronne boréale (Corona Borealis) : La Couronne boréale est une petite constellation de l'hémisphère nord. Elle est effectivement formée d'étoiles disposées en un arc-de-cercle. Cette constellation était déjà répertoriée par Ptolémée dans son Almageste. Elle représenterait la couronne offerte à Ariane lors de son mariage avec Dionysos. Selon Eratosthène, la constellation de la Couronne était composée par 9 étoiles. Actuellement, nous en voyons plus de 30 appartenant à cette constellation.

Dans la mythologie grecque, Ariane était la fille aînée de Minos, roi de Crète. Elle aida Thésée à sortir du labyrinthe en lui donnant un fil, après qu'il eut vaincu le Minotaure. Ils étaient tous les deux amoureux mais leur amour ne dura pas longtemps et Thésée repartit sur l'île de Naxos. Dionysos prit Ariane en pitié, la consola puis l'épousa. En cadeau de mariage, Dionysos lui offrit une couronne d’or, puis il plaça la parure de mariée dans le ciel pour former la constellation de la couronne boréale entre les constellations d’Hercule et Serpentaire.

 

Alexandra Bourgeois, autrice d'un article intitulé "L'évolution de la pensée scientifique autour des aurores boréales" (paru sur le site EchoSciences Grenoble le 31 mars 2020) établit un lien entre les aurores boréales et la couronne boréale :


“Des déchirures du ciel nocturne” : C’est ainsi que durant l’antiquité, [les aurores boréales] sont observées par des philosophes comme Aristote et Sénèque qui ont observé ces phénomènes lumineux et les ont décrits comme purement atmosphériques. Si cela peut ressembler à de la science, Aristote les identifie surtout sémiologiquement comme des “déchirures du ciel nocturne derrière lesquelles on voit des flammes”  qui annonce un mauvais présage. Sénèque, quant à lui, les compare à un “gouffre par lequel le ciel entrouvert semble vomir des flammes”. Côté Rome antique, Ovide, poète latin de l’Empire romain explique dans l’Enéide, l’origine des étoiles, des constellations et des aurores boréales : elles viendraient de la couronne d’Ariane, princesse immortelle de la mythologie grecque, lors de son mariage avec le dieu Dionysos. En effet, lors de leur mariage, Dionysos offre une couronne d’or à Ariane, oeuvre d’Héphaïstos, dieu de la forge, puis place la couronne de mariée dans le ciel pour former la constellation de la couronne boréale. Ainsi, la mythologie n’a cessé d’inspirer les savants de l’époque, cherchant une explication à ces phénomènes lumineux extraordinaires, jusqu’à leur donner un nom. En effet, “aurore boréale” vient de la rencontre d’Aurora, la déesse de l’aube, avec Borée, le dieu grec du vent du nord. 

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Mythologie celte :


Gérard Poitrenaud, dans Cycle et Métamorphoses du dieu cerf (Toulouse : Lucterios, 2014) identifie la Couronne boréale au château d'Arianrhod :


Apollon étant souvent assimilé à Hercule chez les Celtes, le dieu de Paule pourrait avoir son image dans la constellation d’Hercule qui est placée entre la couronne boréale et la lyre. La couronne boréale, le « Château d’Arianrhod » des anciens Gallois, est aussi un petit astérisme en arc de cercle ressemblant à un diadème tout à fait propre à figurer un torque.

[...]

Le nom d’Arianrhod, traduit communément par « roue d’argent », évoque évidemment la lune et suggère un déplacement rapide qu’on peut rapprocher de la course autour du tertre. On peut se demander pour cette raison si ces deux princesses rapides [Arianrhod et Artémis] n’incarnent pas un astre — à savoir la lune, parce qu’elle peut être « pleine » périodiquement et redevenir « nouvelle ».

 

Marie-Noëlle Anderson et Célia Melesville proposent un Oracle des Bardes qui revisitent 36 mythes et légendes de nos Ancêtres (Éditions Contre-Dires, 2019) :


La Couronne hyperboréenne : Il était une fois un Héros terrestre né du grand dieu Dis et d'une belle mortelle. Son destin était d'affronter un certain nombre d'épreuves très difficiles. S'il réussissait, il aurait l'immortalité pour récompense. Vous l'avez déjà rencontré : c'est lui qui commença à parler dès qu'il émergea du ventre de sa mère et qui inventa l'écriture, peu après. Par la suite, d'autres l'ont appelé « Hercule », celui dont les douze travaux restent gravés dans les mémoires.

Aujourd'hui, le Héros terrestre doit aborder la dernière épreuve. Il a pour tâche de pénétrer dans le royaume des Morts. On lui avait dit que, pour en trouver l'entrée, il devait se diriger vers le nord. Après un très long voyage, il arriva sur la rive d'un grand océan glacé. C'est là, tout au fond de la mer, que se trouvait l'entrée du royaume des Morts.

Lorsqu'il se présenta au portail, il faut accueilli par la Princesse du monde souterrain. Habituée à recevoir des voyageurs défaits, livides et tremblants de peur, elle fut très heureuse de rencontrer un homme puissant, sûr de lui et fort sympathique.

Le Héros terrestre lui expliqua le but de sa visite, et la Princesse décida de l'aider dans sa tâche. Pour ce faire, elle lui fit cadeau de la Couronne hyperboréenne. Il s'agissait, de toute évidence, d'un objet de pouvoir. La Couronne était sertie de magnifiques pierres précieuses dont l'éclat lumineux devait permettre au Héros terrestre de se diriger sans peine dans le labyrinthe souterrain et, surtout, le moment venu, d'en retrouver la sortie.

Grâce à l'aide de la Princesse et de la Couronne hyperboréenne, le Héros terrestre réussit à traverser le monde des Morts sans encombre et, victoire suprême, à regagner le monde des vivants après son périple.

Nul doute qu'après pareil exploit, il avait mérité l'immortalité promise.


Personnalité : Lorsque la Couronne hyperboréenne doit affronter un problème, elle étonne par son calme et sa confiance. Elle est sûre que, d'une façon ou d'une autre, les choses vont s'arranger et qu'elle aura les moyens adéquats pour faire face aux crises. Elle sait, d'une manière innée, que la mort fait partie de la vie et qu'il est donc inutile de dramatiser. Il en va de même pour les épreuves qui, une fois traversées, sont autant de renaissances.

Ce qui l'intéresse, c'est de découvrir le pourquoi des choses à un niveau plus subtil, de percer ce qu'il y a derrière les événements. Lorsqu'elle ne s'enferme dans aucun système de croyance et qu'elle s'ouvre, au contraire, à son intuition, son ingénuité devient sa force. Les informations qui l'intéressent arrivent d'elles-mêmes. Généreuse, la Couronne hyperboréenne est heureuse d'en faire bénéficier son entourage.

Si elle perd toutes ses pierres précieuses et, avec elles, leur lumière, elle se fige dans des principes, des a priori, des jugements. Elle n'est alors plus à même d'exercer son libre arbitre ni de se donner les moyens dont elle a besoin pour relever les défis qui se présentent sur son chemin.

Si elle refuse l'intangible, elle n'aura pas accès au merveilleux. Son espace vital et psychique se rétrécit à vue d'œil, l'oxygène vient à manquer, et la lumière s'éteint. Elle traverse alors la vie à tâtons, convaincue d'être une pauvre victime !


Défi : La Couronne hyperboréenne est à cheval entre deux mondes. Cela signifie qu'elle est consciente de l'omniprésence constante d'au moins deux réalités : le tangible et l'invisible - le matériel et le spirituel. Non seulement elle en est consciente, mais elle a intérêt à l'accepter comme un état de fait, comme une évidence.

Le défi incombant à la Couronne hyperboréenne est bien d'assumer les responsabilités inhérentes à cette vision du monde. D'une part, il s'agit de savoir fonctionner dans le monde matériel avec ses lois, ses règles et ses limites. D'autre part, elle doit avoir la même aisance lors des manifestations du monde invisible. Cela sous-entend qu'elle a vaincu sa peur de l'inconnu et qu'elle est capable de mettre les autres à l'aise dans ce domaine. Enfin, l'ultime étape dans son apprentissage est l'art de concilier ces deux dimensions dans la vie quotidienne, à tout moment, en observant leur interaction constante, comme un grand jeu.


Structure : Le Héros (conscient) s'aventure dans le monde des Morts (inconscient). LA Princesse lui offre la Couronne (Soi mobile), grâce à laquelle il va pouvoir circuler dans les ténèbres. Son humilité, son acceptation d'être guidé par une instance supérieure - par conséquent, son abandon de toute velléité de contrôle personnel et de toute-puissance - permettent au Héros d'accéder à l'immortalité (Soi).

Lorsque le conscient accepte de renoncer au contrôle de l'ego et qu'il s'allie avec l'inconscient, il intègre le mobile. En d'autres termes, il peut voyager librement d'un niveau de conscience à l'autre en en tirant le meilleur profit grâce à l'intuition, la voix intérieure, le ressenti.


Note personnelle (Anne) : L'Oracle des Bardes suit la prétendue astrologie celtique de Carol Carnac dont la source serait orale et daterait de l'âge mégalithique, sans qu'aucun informateur ne soit cité. Par ailleurs, Michel-Gérald Boutet a montré les incohérences de cette reconstruction. Néanmoins, la rêverie est jolie...

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