Autres noms : Phellodon melaleucus - Dent grise - Hydne gris -
Phellodon niger - Champignon à dent - Champignon dent noire - Hydne noir - Phellodon bleu-noir -
Mycologie :
Le site Mycocharentes propose une fiche récapitulative :
Selon le site first-nature.com :
Ce champignon hydnoïde (denté) coriace pourrait facilement être confondu avec l'extrémité carbonisée d'un poteau légèrement surélevé de la surface de la forêt. Black Tooth est son nom commun, mais ne vous y trompez pas : les dents sous les calottes ne sont pas noires mais d'un bleu-gris pâle lorsqu'elles sont jeunes et gris moyen plus tard.
Si on me demandait de donner à ce champignon un nom commun plus descriptif, je suggérerais que le hérisson charbonneux est une étiquette tout à fait appropriée pour cette espèce épineuse des forêts de pins.
Phellodon niger est un champignon résistant et non comestible qui a souvent des brindilles et des aiguilles de conifères incrustées dans ses chapeaux. Même les punaises des bois semblent avoir du mal à s'attaquer à ce champignon. On ne sait pas si Black Tooth contient des toxines, et nous ne connaissons aucune recette pour ce champignon dentaire plutôt rare.
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Usages traditionnels :
Selon le site Ultimate mushroom : Les corps des fruits sont utilisés pour fabriquer une teinture gris-bleu ou verte.
T. V. A Holbé, auteur d'un article intitulé "A propos des dents noires des Annamites et de la chique de bétel. (Bulletins et Mémoires de la Société d'Anthropologie de Paris, 1908, vol. 9, no 1, pp. 671-678) nous explique un usage traditionnel en lien avec la coloration des dents en noir [mais non lié à ce champignon....] :
Mon honorable contradicteur qui est peut-être le premier à déclarer que l'usage du bétel ne rend pas les dents noires, me paraît confondre deux coutumes de l'Extrême Orient, bien différentes l'une de l'autre, quoique aboutissant l'une et l'autre au noircissement des dents et qu'il convient donc de distinguer : l'une est le chiquage, l'autre est le laquage.
Le chiquage est une coutume populaire basée sur une utilité hygiénique très judicieuse et toute locale, comme je l'ai écrit dans mon travail susdit. Elle consiste, comme vient de le préciser le Dr Holbé, à mâcher un mélange de noix d'arec (fruit de l'aréquier) et de chaux éteinte, enveloppé d'une feuille de bétel (plante grimpante).
Cet usage, outre ses effets antiseptiques sur toutes les voies digestives, donne aux dents une coloration d'un noir foncé, mat et inaltérable.
Le laquage, au contraire, coutume tout aristocratique, particulièrement en usage dans les grands centres, chez les gens qui ne chiquent pas le bétel, n'a d'effet hygiénique que sur les dents qu'il préserve de la carie, II consiste, comme le précisent bien M. Ch. Crevost, ainsi que le commandant Bonifacy dans son travail susdit, en deux opérations pratiquées par un praticien et qui sont les suivantes :
Dans une première série d'opérations, les dents sont laquées au moyen d'une mixture dans laquelle entre en particulier une gomme laque animale (Stick lack).
Dans une seconde série d'opérations, le praticien peint ce laquage, devenu consistant, au moyen d'une seconde mixture noircie par la noix de galle de Chine, l'alun noir (sulfate de fer), l'écorce de grenadier, etc.
Par ce procédé, les dents paraissent d'un beau noir verni. Nous voyons donc ainsi deux procédés bien distincts de noircissement des dents, l'un lent et noir mat, le chiquage ; l'autre plus rapide et noir vernis, le laquage.
Le premier est plus durable, puisque des crânes annamites préparés pour mes collections, après avoir macéré longtemps dans le chlorure de chaux, conservent toujours, depuis plus de vingt ans, des dents noires et indemnes de carie, alors que des crânes chinois, préparés dans les mêmes conditions, ont les dents indemnes, mais atteintes de carie en grand nombre.
Le second procédé est moins durable puisque ce n'est pas la dent qui est colorée en noir précisément, mais son laquage ; or ce laquage est fragile et sujet à l'usure et l'on conçoit qu'il soit nécessaire de le renouveler tous les trois ans chez les amateurs de ce genre de beauté et d'hygiène dentaire, selon le commandant Bonifacy, assertion qui paraît plus certaine que celle de M. Ch. Crevost, qui déclare qu'un laquage suffit pour toute l'existence.
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Symbolisme celte :
Joseph Vendryes, auteur de "L'unité en trois personnes chez les Celtes". (Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1935, vol. 79, no 3, pp. 324-341) évoque un personnage de la mythologie celte dont le surnom renvoie à la dentition :
Fionnchaidh fils d'Oghaman avait trois fils qui portaient tous trois le nom de Fergus. Ils se distinguaient seulement par les surnoms de Duibdétach « aux dents noires », Caisfiaclach « aux dents tordues », Fuiltleabair « aux longs cheveux ». Ils outragèrent le roi Gormac mac Airt et celui-ci les fit tuer par Lugaid Lama à la bataille de Crinna. Dans le récit que fait Keating (Forus Feasa, éd. Dinneen, II, 288-290) à la fois de l'outrage et de la vengeance, il est visible qu'il s'agit d'un même personnage susceptible de se tripler. L'historien semble hésiter à lui reconnaître franchement la forme triple ou unique. Après que Lugaid Lama a tué l'un des Fergus, il doit successivement frapper de la même façon les deux autres, pour en finir avec un adversaire qui offrait trois corps à son attaque.
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