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La Doradille






Autres noms : Asplenium Adiantum-nigrum, L. - Doradille Capillaire noir - Doradille noire -

Asplenium ceterach - Cétérach des boutiques - Cétérach officinal - Daurade - Dauradille - Herbe à dorer - Herbe daurade - Herbe dorée -

Asplenium fontanum - Doradille des fontaines -

Asplenium septentrionale - Doradille du Nord -

Asplenium trichomanes, L. - Capilaire (Wallonie) - Capillaire des murailles - Capillaire polytric - Doradille polytric - Polytric des officines -

Asplenium viride - Doradille verte -




Botanique :





Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du différentes doradilles :


Cétérach : Propriétés Physiques et Usages médicaux. Les feuilles de cétérach contiennent du mucilage ; séchées elles ont une odeur agréable ; leur saveur est un peu acerbe, astringente, avec un arrière-goût de suif. « Le cétérach, dit Tournefort, est une des cinq plantes capillaires ordinaires ; on l'emploie dans le sirop de capillaire commun ; on se sert du cétérach à la manière du thé ; c'est un apéritif et un diurétique modéré ; on fait boire l'eau où cette plante a macéré à froid dans la jaunisse et dans les obstructions viscérales. » Cette fougère est pectorale, un peu astringente et diurétique ; on l'a vantée dans les maladies du poumon, les catarrhes pulmonaires, l'hémoptysie, la diarrhée, la néphrite, les maladies calculeuses, la gravelle et en général dans les affections des voies urinaires. Cazin a constaté son action diurétique dans les cas de gravelle et engage à ne pas négliger cette plante ; il rappelle que la décoction de cétérach dans l'eau de forgeron (où l'on éteint le fer) est un remède populaire contre les engorgements de la rate et l'œdème qui suivent ou accompagnent les fièvres intermittentes.


Doradille noire : Cette espèce que l'on rencontre sur les rochers, les vieux murs, dans les chemins creux, était très employée autrefois en médecine ; on l'a quelquefois substituée au vrai capillaire. Les feuilles contiennent du mucilage ; elles sont pectorales et un peu apéritives.


Doradille polytric : Usages Médicaux. - Cette espèce assez commune dans plusieurs régions de notre pays sur les ruines , les vieux murs, a été employée comme succédané du capillaire officinal (Adiantum capillus Veneris, L.). Les feuilles sont mucilagineuses ; elles ont une saveur douceâtre et en même temps un peu astringente ; leur odeur est faible. On les a données en infusion et en sirop dans les affections de la poitrine et contre les maladies de la vessie ; elles sont émollientes, apéritives et béchiques.


Les feuilles de l'Asplenium Ruta-muraria, L., Doradille rue-de-muraille, contiennent aussi du mucilage ; elles sont pectorales et apéritives.

 

Selon Paolo Maria Guarrera, auteur de "Notes sur la médecine populaire en Italie." (In : Ethnopharmacologia, n°67, 2022/2) :


L’usage des “herbes de feu”, fougères frites dans l’huile et appliquées sur les brûlures dont Asplenium trichomanes L., Asplenium ceterach L. (Corsi et al., 1980 ; Ferri, 1961) et Asplenium scolopendrium L. ssp. scolopendrium (Corsi & Pagni, 1978) est typique de la Toscane. Cette dernière plante, pour laquelle on rapporte une action astringente et vulnéraire (Guarrera, 1994) contient des tanins, des mucilages et des sucres. Asplenium ceterach renferme des tanins et des acides organiques (Schauenberg & Paris, 1977).

[...]

On essayait d’expulser les calculs rénaux avec une décoction de racine de Genista anglica, un “briseur de pierres” et diurétique puissant (Leporatti & Pavesi, 1989). En Sicile les plantes réputées “briseuses de pierres” étaient Astragalus siculus Biv. (Barbagallo et al., 1979), Asplenium ceterach L. et Withania somnifera (L.) Dunal (Lentini, 2000).

La décoction d’Asplenium ceterach favorise l’expulsion des calculs rénaux en Basilicate (Guarrera et al., 2005a), dans les Pouilles (Pieroni et al., 2002 ; Bianchi & Gallifuoco, 2004), en Sicile (Lentini, 2000) et en Turquie (Yesilada et al., 1993). De Bellis et collaborateurs (2019) documentent ses propriétés anti-lithiasiques ; la plante contient des flavonoïdes et des acides phénoliques (Tomou & Skaltsa, 2018).

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Usages traditionnels :


François Couplan, auteur de Le régal végétal : plantes sauvages comestibles (Editions Ellebore, 2009) signale que :


En Catalogne, les frondes de l'Asplenium septentrionale entrent dans la composition du « ratafia », une liqueur à base de noix vertes.

 


Symbolisme :


Bernard Vienne, dans un article intitulé "Les usages médicinaux de quelques plantes communes de la flore des Iles Banks (Vanuatu)". (In : Cahiers ORSTOM, Série Sciences Humaines, 1981, vol. 18, no 4, pp. 569-589) rapporte un usage magique des aspléniums :


ASPLÉNIACÉES. Asplenium sp. nopuet (mot)

Contre-poison des magies d’amour. On donne les feuilles à mâcher pour faire oublier le désir sexuel éprouvé pour une personne.

 

Il existe une espèce de Fougère, la Doradille des fontaines, qui a une caractéristique obsidionale car elle semble liée à l'avancée des troupes françaises. Ainsi, dans un article intitulé "Ces plantes de la guerre que l’on nomme obsidionales" (In : Études touloises, 2015, n°151, pp. 7-19) François Vernier nous raconte de manière précise les circonstances de l'implantation de cette fougère en Lorraine.


L’adjectif obsidional signifie « qui concerne le siège militaire ». Les botanistes utilisent ce terme, par extension, pour les végétaux qui ont été propagés lors des conflits armés ou des occupations militaires.

[...]

Doradille des fontaines (Asplenium fontanum (L.) Bernh.)

Cette fougère, contrairement à son nom vernaculaire, n’aime pas particulièrement les sources. Elle se développe dans les anfractuosités des rochers et des murs, généralement à l’abri du soleil, dans les lapiaz, sur des blocs ou des éboulis couverts de mousses en situation fraîche en forêt. Elle est présente, le plus souvent, dans les grandes vallées des régions montagneuses (Sud du Jura, Alpes, Sud du Massif Central, Pyrénées). Son substrat préféré est le calcaire, mais on la trouve, dans les Pyrénées Orientales, sur des roches métamorphiques siliceuses, très pauvres en calcium. Son domaine privilégié est la moyenne montagne entre 500 et 1 500 mètres. En dehors du territoire français, elle est bien présente dans les Alpes italiennes, dans le Jura suisse, dans les Pyrénées au Nord-est de l’Espagne. Elle est plus disséminée sur le territoire de l’Espagne jusqu’en Andalousie, en Italie jusque dans les Abruzzes, en Suisse, en Allemagne dans le Bade-Wurtemberg. Une seule localisation de cette espèce est attestée en Belgique près de Marche-en-Famenne sur un terrain militaire. Hors d’Europe elle est présente au Maroc.

En Lorraine, elle n’est actuellement connue qu’en deux endroits : le fort de Manonviller près de Lunéville (découverte très récemment le 8 février 2014) et celui du Vieux Canton à Villey-Saint-Étienne. Ces deux forts font partie des ouvrages de défense créés sous l’impulsion et selon les conceptions du Général Raymond Adolphe Séré de Rivières. Dans le cadre de sa mission il construit une ligne de défense fortifiée allant de Dunkerque à Nice. Prenant en compte les défauts révélés lors de ce dernier conflit, il améliore la conception des ouvrages et utilise les techniques les plus modernes. C’est ainsi que les forts de Manonviller et du Vieux Canton vont bénéficier de matériaux tels que le béton armé ou non et les cuirassements métalliques pour protéger des bombardements, les hommes, le matériel et les structures.

Il faut se pencher sur les archives d’un régiment venant de Rodez (Aveyron), le 124e régiment d’infanterie territorial, pour s’apercevoir que celui-ci intervient en travaux sur les deux forts. Sur le Vieux Canton à Villey Saint-Étienne, le 13 avril 1915 où la 17e compagnie est employée « aux défenses, terrassement, tranchées, boyaux, abris, réseaux de fil de fer, etc… ».

Sur le fort de Manonviller, le 9 septembre 1916, le 124e « exécute des travaux sur la 2ème position sous la direction du 2e génie en garnison à Montpellier ...».

La Doradille des fontaines est présente aux environs de Rodez et sur les Causses. Il n’est donc pas étonnant que cette fougère ait été amenée, certainement sous forme de spores sur les effets des soldats, jusque sur ces forts et y ait trouvé les conditions favorables à son implantation et à son maintien jusqu’à aujourd’hui.

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Michel Botineau, auteur d'un article intitulé "Les fougères dans la thérapeutique française aux XVIIe et XVIIIe siècles". (In : Le Journal de botanique, n°99, 2022. pp. 2-9) évoque les asplenium :


Ceterach : Ce terme provient de ceterack ou cetrach, nom arabe de la plante.

Selon Lémery (1759), les Languedociens surnomment cette fougère herbe daurade c’est-à-dire Herbe dorée car le soleil donnant dessus, elle paroît de couleur d’or, traduisant que les frondes ainsi recroquevillées laissent paraître les nombreuses écailles rousses recouvrant l’épiderme inférieur. C’est l’origine de l’appellation de Doradille, appliquée également à certains Asplenium ; anticipant la dénomination scientifique actuelle d’Asplenium ceterach, ce nom d’Asplenium avait déjà été donné au XVIIIe siècle au Ceterach, car il est propre pour les maladies de la ratte nommée splen en latin.

[...]

Polytrichum : Sous cette appellation se cache Asplenium trichomanes, Polytrichum, multum, capillus, comme qui diroit herbe à beaucoup de cheveux, parce que le Politric est une des cinq espèces de Capillaires, qu’on appelle Cheveux de Venus (Lémery, 1759).

[...]

Les usages. Il faut se remémorer qu’à cette époque, on se soignait encore selon la théorie des quatre humeurs, à mettre en relation avec les quatre états de la matière (chaud – froid – sec – humide) et les quatre éléments (Terre – Eau – Air – Feu).

Ces quatre humeurs sont :

- le sang,

- la lymphe ou flegme, ou encore pituite,

- la "bile jaune" du foie,

- enfin la pire, la "bile noire" ou "atrabile" de la rate, nommée encore "mélancolie", sécrétion prédisposant à la tristesse.

Pour être en bonne santé, il fallait éliminer l’humeur en excès, par des saignées, des purges, etc. On purge donc la mélancolie, le summum étant la "mélancolie hypocondriaque", locution en fait redondante puisque les deux termes sont synonymes.

Tous les Asplenium, qui doivent leur nom au latin splen, désignation de la rate, doivent être bons pour éliminer l’humeur issue de cet organe.

Cet usage est en fait reconnu depuis l’Antiquité, Dioscoride mentionnant les plantes pour désoppiler la ratte, le verbe désopiler exprimant le contraire d’opiler c’est-à-dire obstruer. C’est ainsi que désopiler est devenu associé au rire, par suite de l’élimination de l’excès de mélancolie ou atrabile.

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