Étymologie :
MYXOMYCÈTES, subst. masc. plur.
Étymol. et Hist. 1873 (Roze ds B. de la société bot. de France, t. 20, p.320). Empr. à l'all. Myxomyceten (1863, Cienkowski ds Jahrücher für wissenschaftliche Botanik, t.3, p. 325), comp. des élém. corresp. à myx(o)-* et -mycète*.
TAN, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1262 (Rutebeuf, Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, AM, 84). Très prob. issu d'un gaul. *tanno- « chêne » que l'on peut restituer d'apr. le bret. tann « chêne », l'a. cornique [lang. parlée en Cornouailles jusqu'au xviiie s.] tannen « id. », l'a. irl. teine « houx » (FEW t. 13, 1, p. 84).
Lire également la définition de myxomycète et tan afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Fuligo septica - Beurre de sorcière - Bouton de mousse - Caca de lune - Crachat de coucou - Crachat de sorcière - Fleur de soufre - Fuligo putride - Fuligo septique - Huile de fourmi - Huile de Troll - Suie putréfiée - Tannée fleurie - Vomi de chien -
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"Mycologie" :
On peut lire sur l'Encyclopédie Universalis en ligne l'article suivant, écrit par Louis FAUREL, directeur adjoint du laboratoire de mycologie et de phytopathologie tropicale à l'École pratique des hautes études :
Placés par la quasi-unanimité des mycologues à la base de la classification des Champignons, à proximité des Procaryotes (Actinomycètes, Bactéries), et, ainsi, à la lisière même des règnes animal et végétal, les Myxomycètes sont effectivement des organismes fongoïdes très primitifs, qui présentent en outre une curieuse dualité dans leurs caractères fondamentaux, partiellement animaliens. L'absence de tout mycélium, remplacé par un plasmode nu, apte à se déplacer en se déformant et presque toujours à se nourrir par phagocytose, les rapproche des amibes ; inversement, la possibilité pour ce plasmode de cesser à un moment donné sa nutrition, de s'immobiliser et de se transformer en une masse sporale, traduit un mode de reproduction inconnu des animaux et, au contraire, fréquent chez les Champignons. Cette dualité était parfaitement exprimée par le terme de Mycétozoaires, autrefois très usité pour nommer le groupe. Quoi qu'il en soit, son attribution à l'un ou l'autre des règnes du monde organisé reste indécise, et si les Myxomycètes sont presque toujours étudiés par les botanistes, c'est plus par usage que par raison pure.
Quant aux limites assignées aux Myxomycètes, elles sont en revanche loin d'être identiques pour tous les mycologues. M. Chadefaud (1960) et R. Heim (1969), donnent à la notion de Myxomycètes une signification extensive, et réunissent Acrasiales et Plasmodiophorales aux Myxomycètes sensu stricto. D'autres, au contraire, tels E. Gaumann (1952) et G. H. Martin (1960), la restreignent aux seules Cératiomyxales et Myxogastrales, et placent les Plasmodiophorales parmi les Archimycètes, excluant même les Acrasiales du règne végétal. La première des acceptions sera adoptée ici.
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Sur le blog Wild World proposé par Ugo Herbin, on peut lire cette description très précise :
Voici une créature des plus curieuses qui a le don de questionner notre connaissance de la nature. Ressemblant à une éponge de mer ou à une moisissure, la Fleur de Tan fait parti de ces êtres vivants difficilement classable dans le grand empire de la biodiversité. Organisme unicellulaire dont la reproduction s’apparente à celle des champignons mais dont le mode de nutrition se rapproche de celui des animaux, le crachat de coucou, qu’on appelle aussi parfois beurre de sorcière, fait bien partie du règne des protozoaires, un taxon regroupant des eucaryotes aux formes de vie simplifiées. Longtemps rattaché au règne des Plantes en tant que végétaux cryptogames et au règne des Fungi par son statut de myxomycète, l’espèce est actuellement répertoriée dans la famille des Physaracées, des protistes mycétozoaires incluant d’autres espèces originales comme Physarum polycephalum connu du grand public sous le nom de Blob.
Ces étranges formes de vie gluantes ont la particularité de se déplacer par temps humide de plusieurs centimètres par jour. Elles pratiquent grâce à leur plasmode mobile la phagocytose, un mécanisme d’ingestion cellulaire de particules et de micro-organismes sous l’action d’enzymes spécifiques situées dans des vésicules cytoplasmiques. Se développant sur des substrats généralement en décomposition, les mycétozoaires se retrouvent sur de nombreux supports comme des écorces d’arbres dégradées, telles celles du chêne qu’on exploitait autrefois pour tanner le cuir d’où le nom de Fleur de tan, des souches pourries, des feuilles mortes, des tas de compost mais peuvent aussi apparaître dans des milieux comme des pelouses, des cultures ou des aménagements paysagers.
C’est d’ailleurs dans ce dernier type d’habitat qu’on a pu mesurer en 2016, au sein même de l’Institut de recherche botanique du Texas, le plus grand spécimen de Fuligo septica connu actuellement sur Terre, un plasmode de 55 par 76 cm qui s’était formé sur des écorces broyées servant de paillage pour des expériences environnementales. Le précédent record avait été établi dans une scierie sur l’île de Gotland au sud-ouest de la Suède, un pays dans lequel le folklore scandinave perçoit la Fleur de tan comme la marque d’un esprit familier démoniaque. [voir la suite dans la section "Symbolisme'"].
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Vertus médicinales :
Pierre Nicolas Gerdy dans son Traité des bandages et appareils de pansement. (Éditions Crevot, 1826) rapporte un usage tombé en désuétude :
On a aussi mis en usage contre les hernies un sachet de linge rempli aux deux tiers de fleur de tan, trempé dans du vin chaud, et renouvelé tous les jours.
Il paraît que ce moyen, secondé de l'action d'un bandage, a quelquefois guéri des enfants dans un temps fort court, un mois par exemple.
Il paraît encore que cet astringent resserre tellement la peau et toutes les enveloppes de la hernie, qu'il diminue singulièrement la grosseur des hernies volumineuses, et qui ne sont réductibles qu'en partie. Mais s'il agit si favorablement sous un rapport, il faut avouer qu'il peut déterminer un érysipèle ou des furoncles par l'irritation qu'il cause à la peau.
Préparation. Les coussins peuvent être préparés par des mains étrangères à la pratique de la chirurgie. La couturière les fera plus proprement que le meilleur opérateur, et il suffira à ce dernier d'en surveiller le remplissage.
Lorsque des coussins sont trop pleins, il est difficile d'y faire circuler la substance qu'ils contiennent, et par suite, en les appliquant sur un membre, d'en combler exactement les dépressions. L'attelle placée sur ce mem bre en presse alors inégalement la surface ; elle le com prime trop là où il est saillant, et trop peu là où il est creusé par des sinuosités. Par la même raison, vous éviterez l'emploi du crin et de la laine. Ces deux tissus, toujours agglomérés par masses, seraient trop peu mobiles.
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Usages culinaires :
Selon Wikipedia :
En Europe, Fuligo septica n'est généralement pas considéré comme comestible, quoique sa consommation ne semble pas délétère. Dans d'autres parties du monde, on trouve quelques mentions sporadiques de son utilisation comme aliment par l'homme.
Au Mexique occidental, où il est connu sous les noms de Tamanda kuatsita (dans la langue des Purépechas du Michoacán) ou caca de luna, on en fait une espèce d'omelette assaisonnée d'oignons et de piment. Cuit, il aurait un goût rappelant l'amande. Dans le Mexique central, il serait consommé cru en accompagnement d'œufs frits. De manière générale, la consommation de Myxomycètes semble avoir été particulièrement développée chez les indigènes du Mexique, qui consomment aussi Reticularia lycoperdon, quoique l'usage de les consommer tende à reculer assez vite.
Fuligo septica a été également consommé par les Tsiganes de Russie en tant qu'aliment-remède permettant de prévenir ou guérir les diverses maladies et impuretés contractées par contact avec les non-Tsiganes.
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Usages traditionnels :
Mathieu Guerriaud, dans un article intitulé "Étudier à l’École de pharmacie de Lille avec Alfred Giard au XIXe siècle. (In : Revue d'Histoire de la Pharmacie, 2015, vol. 102, no 386, pp. 261-278) étudie un cahier d'étudiant. Ce cahier est la retranscription des cours d’histoire naturelle médicale du professeur Alfred Giard s’étalant de 1876 à 1879. Voici ce qui nous intéresse :
– Myxomycètes : Cette classe de protistes, un peu spéciale, est abordée dans le cours. Le fait d’évoquer ce sujet est intéressant, car la classification de ces myxomycètes est encore complexe de nos jours, tant ils représentent un intermédiaire entre le monde végétal et animal ; en effet cette entité d’aspect spongieux est capable de déplacements par pulsations internes de l’endoplasme.
Le manuscrit mentionne l’utilisation d’une de ces entités en tannerie : « L’espèce la plus commune est l’Æthalium septicum qui est blanche et que l’on trouve dans les tanneries, sorte de crème s’infiltrant à travers la tannée et formée d’une matière albuminoïde, granuleuse. ». Cette espèce qui est désormais renommée Fuligo septica, fut découverte par le botaniste français Jean Marchant en 1727, qui l’a nomma Fleur de Tan, du fait que celle-ci pousse sur l’écorce de chêne, elle-même utilisée en tannerie.
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Symbolisme :
Sur le blog Wild World Ugo Herbin poursuit son article en lui donnant un tour plus symbolique :
Quand la Fleur de tan nous dévoile ses secrets de sorcière.
Il est en effet relaté que les sorcières avaient pour coutume de donner naissance à des chats ou des lapins afin de voler le lait et la crème de fermes situées aux alentours. Lorsque ces animaux domestiques maléfiques avaient trop bu, ils régurgitaient parfois une partie du butin et le recrachaient dans la nature. C’est peut être là une des explications pour laquelle la Fleur de tan est dénommée depuis longtemps vomi ou beurre en Europe de l’Ouest. Il était admis, qu’en brûlant ces déjections maudites, on infligeait directement des blessures douloureuses aux sorcières. Il fallait donc, en plus d’exterminer ces prétendues magiciennes, être sûr de tuer l’animal ensorcelé pour éradiquer définitivement l’esprit malfaisant. Support indéniable à de multiples croyances et superstitions, la Fleur de tan garde bien des secrets que la science ne saurait entièrement élucider.
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