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La Fougère mâle

Dernière mise à jour : 31 oct.




Étymologie :


Selon Wikipédia :


Le nom scientifique Dryopteris, ou dryoptère en français, vient du grec drus [chêne] et pteris [fougère] et fut attribué par Dioscoride (médecin grec) à des fougères se développant dans les bois de chênes. L'épithète latin filix mas signifie littéralement « fougère mâle ». Cette espèce n'est pas plus masculine que la fougère femelle, Athyrium filix-femina n'est femelle : c'est simplement que la première paraît plus robuste que la seconde, gracile.


Autres noms : Dryoptéris filix-mas - Beignet de chèvre - Beignet des chèvres - Pisse-vache - Polypode - Polypore commun - Polypose - Polystie - Porte-aigle.




Botanique :


Frantisek Stary dans Plantes médicinales (Éditions Gründ, 1992) présente les vertus médicinales de la fougère mâle Dryopteris-filix-mas :


"C'est une espèce toxique de Fougère, de forme variable, largement distribuée dans tout l'hémisphère Nord. Médicinalement, on utilise les rhizomes avec les restes inséparables des frondes. Ils contiennent de nombreux dérivés de phloroglucine qui sont très instables. Pour cette raison, la drogue obtenue par séchage perd très rapidement son efficacité. Elle est utilisée principalement comme anthelminthique, en d'autres termes pour éliminer les vers intestinaux, les ténias en particulier, et les maladies qu'ils provoquent. Les meilleurs effets thérapeutiques ont toujours été obtenus en utilisant non pas la drogue séchée mais la drogue fraîche, ou plutôt l'extrait de drogue. Cela entra dans la pratique médicale du XVIII ème siècle grâce au médecin suisse Peschier. De nos jours l'usage de la drogue est abandonné, essentiellement à cause des produits antelminthiques de synthèse plus sûrs et mieux tolérés. Toutefois, quand ceux-ci ne produisent pas l'effet désiré, l'extrait de drogue brute demeure un agent fiable bien que plus risqué. Il existe en effet un risque de lésion du foie, c'est pourquoi la drogue ne peut être administrée si le foie n'est pas en parfait état, par exemple après une hépatite et chez les jeunes enfants. Diminuer le dosage pour une question de sécurité ne sert à rien. Des résultats fiables peuvent être obtenus avec seulement une dose de 8 à 10 g d'extrait dans un sirop ou un café, suivi (2 à 3 heures plus tard) par un puissant laxatif tel que l'huile de castor. Toutes ces conditions ne doivent être remplies que sous le contrôle d'un médecin ou selon ses instructions. L'extrait est également produit sous la forme de capsules gélatineuses qui sont moins désagréables et que l'on avale plus aisément.

La fougère mâle est une fougère vivace, robuste, qui aime l'ombre des bois humides, de la plaine à la montagne. Elle a un rhizome écailleux couvert de poils roux qui porte de grandes frondes disposées en entonnoir sur des tiges glumacées, rousses, épaisses et plutôt courtes. Oblongues et se rétrécissant à chaque extrémité, elles sont composées de 30 folioles en paires alternes, divisées de façon pennée presque jusqu'à la nervure centrale. De juin à septembre, elles présentent deux rangées de sores (groupes circulaires de sporanges) sous chaque foliole, enveloppés d'une indusie réniforme et d'abord blanc verdâtre puis marron. La plante est nettement variable."

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Intérêt culinaire :


Selon Marcel Coquillat, auteur d'un article intitulé "Au sujet du "pain de fougère" en Maconnais." (In : Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 19ᵉ année, n°7, septembre 1950. pp. 173-176) :


En conclusion, il est donc certain que furent utilisés avec efficacité, au moins les tiges souterraines ou rhizomes de la Fougère Aigle et de la Fougère mâle, vraisemblablement séchés et pilés, quelquefois moulus, et mélangés si possible à d'autres produits tels que : son, farine de seigle, farine d'orge, etc..., pour la fabrication du pain de fougère, consommé en période de disette, à défaut d'un meilleur aliment.

Cette pratique, signalée comme certaine en Auvergne et en Forez a sans nul doute été employée autour du Massif Central, et notamment dans le Morvan granitique d'où elle a pu émigrer en Mâconnais, pays situé dans des collines dépendant des Cévennes septentrionales, et dont l'histoire n'est nullement exempte de grandes épreuves suivies de famines. En 1028, la disette y fut telle, à Mâcon notamment, qu'après s'être nourris des feuilles et de l'écorce des arbres, les habitants furent réduits, disent les chroniques du temps, à aller chercher leur subsistance dans les cimetières ; certains auteurs affirment qu'on vendit publiquement de la chair humaine dans les marchés de la ville : cette famine dura quatre années ».

Six cents ans plus tard, une semblable catastrophe a permis à Girardot de Nozeroy d'écrire : « La famine de notre Bourgogne, en cette année 1638, a passé par-dessus toutes les autres, incomparablement... La postérité ne le croira pas ;... on vivait des herbes des jardins et de celles des champs ; les charognes des bêtes mortes étaient recherchées aux voiries, mais cette table ne demeura longtemps mise : ... Enfin on en vint à la chair humaine... ».

Comme le Pain de fougère devait sembler acceptable, voire même bon, en de pareilles époques ! Ces temps sont heureusement révolus, au moins dans nos régions, même si on tient à faire état d'une récente période de guerre et d'occupation durant laquelle, si l'on n'eut pas à revenir au pain de fougère, on eut tout de même le pain « de balayures de greniers », comme l'écrit avec esprit notre collègue et ami M. Bonnot.

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Vertus médicinales :


Pierre-Joseph Buchoz, médecin de Monsieur et auteur de Etrennes du printemps, aux habitans de la campagne, et aux herboristes, ou pharmacie champêtre, végétale & indigène, à l'usage des pauvres & des habitans de la campagne (Lamy libraire, Paris, 1781) recense les vertus médicinales des plantes :


Racine de Fougère mâle. C'est le plus grand secret des Empyriques, parmi les médicaments vermifuges qu'ils débitent.

 

Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Fougère mâle :


Propriétés Physiques et Chimiques. Les rhizomes que l'on récolte en été sont composés d'un grand nombre de tubercules oblongs rangés autour d'un axe commun ; l'écorce coriace et foliacée est brune, couverte d'écailles très fines, soyeuses, dorées ; à l'intérieur il est solide, verdâtre à l'état frais, brunâtre à l'état sec. Sa poudre est d'un brun clair. Ces rhizomes ont une odeur un peu nauséeuse, une saveur d'abord douceâtre, puis un peu astringente et amère. Ils contiennent de l'huile volatile, une matière grasse, de l'acide gallique, de l'acide acétique, du sucre cristallisable, du tannin, de l'amidon, une matière gélatineuse et du ligneux (Morin). Trommsdorf y mentionne la présence d'un corps cristallisé qu'il nomme Filicine et qui est considéré par M. Lucke comme un acide (acide filicique). Pavési lui a donné le nom d'Aspidine. Les bourgeons se recueillent au printemps au moment où ils commencent à se dérouler ; ils contiennent une huile volatile, une résine brune, une huile grasse, une matière grasse solide, de l'extractif (Peschier). La fougère mâle doit s'employer de préféence fraîche ; au bout de deux ou trois ans , elle perd ses propriétés.


Usages médicaux. Cette plante était connue dès la plus haute antiquité pour ses propriétés anthelminthiques mentionnées par Galien, Avicenne, Dioscoride ; à une époque plus rapprochée de nous, elle a de nouveau été vantée comme vermicide par Simon Paoli, Hoffmann et Marchand. L'action de cette plante contre le ténia, bien que niée par bon nombre d'auteurs, est réelle ; l'extrait résineux s'est montré d'une efficacité incontestable contre le ténia ; mais c'est surtout l'extrait éthéré qui a donné les résultats les plus prompts et les plus complets. Ce médicament ne cause pas de grands dérangements ; son action se borne à quelques coliques avec nausées et rarement vomissements. L'oléo-résine des bourgeons donné aussi comme ténifuge d'excellents résultats. Cette fougère a été dite par quelques auteurs adoucissante, tonique et astringente ; elle a été employée dans la goutte, le scorbut, le rachitisme et la mélancolie. On forme avec les feuilles des coussins et des matelas pour les enfants rachitiques.


Formes et doses. Poudre, 12 à 16 grammes. - Décoction : 30 à 60 grammes par kilogramme d'eau. - Extrait résineux, 50 centigrammes à 1 gramme 50. - Huile éthérée des souches, 2 à 8 grammes.

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André Lawalrée et Georges-Eugène Frisque, auteurs de "Ptéridophytes d’Europe utilisées comme simples jusqu’au XIXème siècle, Baume des neuf herbes et Théorie des signatures." (in Les Naturalistes Belges, volume 84, 1, janvier- mars 2003, p. 25) réactualisent les connaissances sur la Fougère mâle :


La poudre de rhizome [de la fougère mâle] est un vermifuge prescrit depuis Théophraste, Pline, Dioscoride, puis Avicenne. [...]

L’ancien remède de NOUFFER, contre le taenia, était une décoction contenant entre 10 et 64 g/litre de souches de fougère mâle, puis réduite à moitié par ébullition. On distillait aussi ces souches pour obtenir 50 g d’une huile vermifuge au départ de 500 g du végétal. Dès 1825, J. et Chr. PESCHIER de Genève, imaginèrent la préparation d’un extrait éthéré de fougère mâle contenant plus de 16% de filicine brute. L’extrait a disparu de l’arsenal thérapeutique en 1965 et avec lui les accidents qu’il provoquait épisodiquement. La filicine des PESCHIER est un mélange de six composés dont l’acide filixique et des albaspidines (des cétones phénol) dont l’overdose est fatale. La filicine provoque des crampes, une irritation gastro-intestinale et des troubles visuels.

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Usages traditionnels :

Selon Pierre Antoine Renaud, auteur d'une Flore du département de l'Orne. (Malassis, 1804) :


Le polypode, connu sous le nom de fougère mâle, a la racine d'an goût amer un peu astringent ; elle est apéritive, vermifuge ; elle entre dans la composition de la pierre de fougère, connue pour un astringent très puissant. Les cendres du polypode commun, pétries dans l'eau, peuvent remplacer le savon pour blanchir le linge.

 

Françoise Nicollier et Grégoire Nicollier, auteurs de « Les plantes dans la vie quotidienne à Bagnes : noms patois et utilisations domestiques », (Bulletin de la Murithienne, no 102,‎ 1984, pp. 129-158) proposent la notice suivante :


bounyë de tsyöre, m. = « beignet de chèvre » / bounyë di tsyöre, m. = « beignet des chèvres » / pïse-vàtse, f. = « pisse-vache » / = toutes les grandes fougères, en particulier la fougère mâle, Dryopteris Filixmas et la fougère femelle, Athyrium Filix-femina.

On en fait des matelas contre les rhumatismes (les puces n'y viennent pas), et des bouquets qu'on met dans les pièces pour chasser les mouches.

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Symbolisme :


Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :


FOUGÈRE MALE - SINCÉRITÉ.

Un cœur tortueux est abominable au Seigneur et un cœur droit dans ses voies est agréable à ses yeux.

Proverbes. II, 20.

Le polypode connu vulgairement sous le nom de fougère mâle a joui longtemps chez les anciens d'une grande réputation, oubliée ensuite pendant quelques siècles, puis, par une bizarrerie singulière, rétablie enfin parmi nous à prix d'argent. Cette belle et grande fougère est très commune partout dans les bois, aux lieux stériles et incultes ; ses feuilles sont amples, deux fois ailées ; elles s'élèvent à la hauteur de deux pieds d'une souche rampante, presque ligneuse, couverte d'écailles fines et membraneuses. La racine de cette plante est d'une saveur un peu styptique, mais à mesure qu'on la mâche, elle devient douceâtre, légèrement aromatique, avec un arrière goût d'amertume : son odeur est un peu nauséeuse , mais elle perd en vieillissant ses qualités physiques, ainsi que ses propriétés médicales. Elle contient comme les racines de toutes les autres fougères une certaine quantité de mucilage, de l'acide gallique et du tannin.


DE LA SINCÉRITÉ.

La sincérité n'est autre chose que l'expression de la vérité. Tout le monde est d'accord sur ce point qu'on ne peut y manquer sans blesser l'honneur, et que tout homme qui se respecte se montrera toujours sincère ; et pourtant nous vivons dans un temps, nous sommes dans une époque où le mensonge, la dissimulation et l'affectation sont si fort à la mode qu'on pourrait croire que la sincérité est un sentiment exagéré, outré et par cela même excessivement rare. Hélas ! ce n'est que trop vrai, mais ne craignons pas de dire aussi qu'il y a beaucoup d'exceptions à cette règle.

Ce qui, du reste, fait la rareté de cette vertu, c'est que la politesse nous impose ses lois et que nous sommes si gênés par elle dans le monde, qu'il est presque impossible d'être toujours sincère en parlant des autres en leur présence. Il n'y a qu'un homme fort vertueux et fort indépendant qui osât dire à chacun ce qu'il pense de lui. Tout le monde cherche la vérité et personne ne veut l'entendre à ses dépens.

Voici le tableau qu’un illustre auteur a fait de la sincérité :

La sincérité est la mère de la vérité et l'enseigne de l'honnête homme. Elle est le garant de nos paroles et la caution de nos pensées. Elle n'a pas besoin de témoins pour prouver ce qu'elle dit et ses protestations sont incontestables. Elle renferme diverses vertus en elle même, car elle ne ment jamais et ne flatte personne. Ses promesses passent pour des effets et ses relations sont indubitables. Un cœur ouvert est sa devise et son but n'est autre chose que l'honneur. Elle ne trompe pas, car elle est simple. Elle ignore le mensonge et ne connaît que la vérité. Elle se fait bientôt connaître et ne se tient jamais cachée. Elle ne craint pas ses ennemis, car la vertu est son amie. Elle est en estime parmi les honnêtes gens et méprisée de tous les autres. Elle est bannie des cours et inconnue aux grands. Sa naissance est dans le cœur et sa demeure sur les lèvres. Il semble qu'elle ait abandonné la terre depuis que la malignité a trouvé le secret de la faire passer pour bêtise chez la plupart des hommes. Pour moi, je crois qu'elle s'est envolée au ciel pour n'être pas témoin du triomphe de la fausseté.

Tel est le tableau qu'Oxenstiern a fait de la sincérité ; or après de semblables louanges données à cette vertu, qui ne voudrait pas faire tous les efforts possibles pour l'avoir en partage ! Oui, soyons sincères dans toutes nos paroles et dans toutes nos actions, imitons le célèbre Epaminondas, ce Thébain qui se signala par son équité et sa modération autant que par ses victoires, on a dit de lui qu'il avait pour règle de ne mentir jamais même en riant.

RÉFLEXION.

La sincérité est toujours louable, mais elle doit être prudente. On est obligé de parler toujours sincèrement, mais on n'est pas toujours obligé de parler.

(FLÉCHIER, Réflexions sur les caractères des hommes.)

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Marcel Coquillat dans "Les Herbes de la Saint Jean (suite)." (In : Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 15ᵉ année, n°8, octobre 1946. pp. 54-56) évoque les propriétés magiques de la fougère mâle :


Les Fougères (nom collectif) comprenant :

  • Fougère Aigle ou Fougère Impériale : (Pteris aquilina L.).

  • Fougère mâle (Polystichum Filix-mas Roth.).

  • Fougère femelle (Polystichum Filix femina Roth.) et sans doute les genres voisins (Aspidium, Asplenium, et.).

Les Fougères sont des "plantes sacrées dans les croyances populaires nordiques. La graine, couleur d'or, doit être récoltée la nuit de la Saint-Jean et donne le pouvoir de résister à tous les sortilèges. Cueillie dans certaines conditions, elle permettait à son possesseur de se rendre invisible. Mise dans le coffre où on enfermait son argent, elle faisait que cet argent ne diminuait jamais. Mais ceci n'est rien en comparaison des vertus de la fleur de Fougère qui ne s'épanouit que dans la nuit de la Saint-Jean, à la minuit précise. Il existe sur le sujet une certaine littérature légendaire.

 

Selon M. À. Bonet et al. auteurs d'un article intitulé "Contribution à la connaissance ethnobotanique des ptéridophytes dans les Pyrénées." (Bocconea, 2001, vol. 13, pp. 605-612), la fougère mâles a de multiples utilisations :

Utilisations :

  • Médicinales. - Anthelminthique (décoction du rhizome, D. I.). Hypotenseur (*décoction des frondes, D. I. ;). On emploie aussi les frondes mélangées avec du seI comme un *antiinflammatoire.

  • Folkloriques. - Les jeunes filles la récoltent la veille de la Saint-Jean pour faire tomber amoureux l'homme qu'elles aiment. On croit traditionnellement que la fougère "fleurit et fructifie" juste à minuit de cette veille-là et celui qui la récolte à ce moment-là devient riche et heureux.

  • Domestiques. - Utilisée comme attrape-mouches : un bouquet de jeunes frondes est accroché au plafond de la cuisine et quand les mouches s'y enferment on le jette au feu.

  • Ornementales. - Cultivée parfois dans les jardins.

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Symbolisme celte :


Pascal Lamour, auteur de L'Herbier secret du Druide, des plantes pour les hommes et les esprits (Éditions Ouest-France, 2017) fait le point sur ses recherches :

Nom gaulois : Ratis, que l'on trouve chez Marcellus de Bordeaux. Ce terme est assez imprécis et semble désigner les fougères en général.


Saisonnalité Samain : Pour comprendre la symbolique celtique de la Fougère, il faut se plonger dans le récit irlandais de La Mort de Muirchertach, roi suprême d'Irlande du VIe siècle. Il rencontre Sin, une fée de l'Autre Monde qui transforme l'eau en vin, les pierres en moutons et surtout les fougères en porcs, qu'elle donne ensuite aux troupes. Ce sera d'ailleurs la dernière nourriture du roi avant sa mort tragique. Or le cochon est un des animaux majeurs de la Samain. Sa viande est consommée rituellement aux festins. Le meilleur morceau est réservé au roi, illustrant la force royale que représente ce moment de passage. D'origine magique, par cette transformation en cochon, la fougère devient elle-même symbole royal, par les mains d'une fée.

A la fête de la Samain, et durant trois nuits, les esprits et les humains qui parviennent à se rendre invisibles se rencontrent et passent ensemble dans l'Autre Monde. Or les anciens pensaient que la fougère produisait des graines invisibles pour se reproduire, suite à la « floraison » qui se passait au solstice d'été. (On sait depuis qu'elle n'a pas de fleurs, donc pas de graines, et qu'elle se reproduit grâce à des spores). Celui, qui les consommait pouvait aussi devenir invisible et se frayer facilement une place dans les voies vers l'Autre Monde. En Bretagne, de nombreux contes parlent de personnages qui se rendent invisibles grâce à la fougère. Ils parlent aussi de son rhizome écaillé, qui en fait un terrain magique pour les korrigans facétieux, qui peuvent se rendre invisibles et perturber les humains. Cette capacité en fait une plante fondamentale de la Samain.

Les feux de fougères marquent la fin de l'année celtique. Dans le Dindshenchas de Ui Neit, en Irlande, sur les conseils de Lug et de Figol, le druide, le bétail de Munster est passé dans un feu de fougères puis frotté de cendres de roseau. Cette allégorie nous présente une année qui s'assombrit et qui meurt pour faire la place à celle qui arrive, fêtée à la Samain.


Son installation dans le Nemeton : Au centre de Samain.

Son caractère Samain : Ses effets antiparasitaires et antihelminthiques.


Propriétés dans les trois mondes :

Dans le premier monde : la santé du corps

Dans la tradition celtique : Son action vermifuge est connue depuis la nuit des temps. on employait la poudre de rhizome. Des feuilles de fougères frottées sur le corps calmeraient les douleurs rhumatismales.

[...]

Dans le deuxième monde : la santé de l'esprit, les propriétés ésotériques

C'est ici que la fougère a toute sa place.

En premier, elle a des capacités protectrices et il semble que les feuilles « éloignent les puces et les mouches. La fumée de fougère fait fuir les animaux dits "nuisibles". On dit que les souches à cinq crosses repoussent les ensorceleurs et tous les jeteurs de sortilèges. »

Deuxièmement, symbole d'invisibilité, de passage dans le monde supérieur, elle permet à celui qui en revient de conter aux autres la vie merveilleuse qui s'y passe. C'est donc un symbole de la mémoire dans les rêves éveillés. Par cette action, elle est censée repousser les démons. il faut pour cela la couper au solstice (à la Saint-Jean), après sa « floraison », puis la brûler au dernier feu de la Samain. C'est la fumée qui éloigne les êtres malfaisants toue l'année, et en particulier :

  • Huccan, démon breton qui incite au combat par un hydromel de sa composition, alors que Samain doit rester un temps de trêve ;

  • l'Ankou, personnage mythologique de Bretagne, tenu à distance pour éviter d'être le premier mort de l'année, chargé ensuite de mener tous les autres dans l'Autre Monde.

Dans « Héloïse et Abailard » du Barzaz Breiz, édition Librairie Académique de 1867, Henri de Villemarqué, nous conte ceci, et c'est Héloïse qui s'exprime : « La première drogue que je fis avec mon doux clerc fut faite avec l'œil gauche d'un corbeau et le cœur d'un crapaud ; et avec la graine de la fougère verte, cueillie à cent brasses au fond du puits, et avec la racine de l'herbe d'or arrachée à la prairie... »


A noter : seuls le premier et le deuxième monde concernent cette plante.

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Mythes et légendes :


Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :


En Franche-Comté, la fougère mâle qui avait la propriété de prémunir de la sorcellerie était cueillie, avant le lever du soleil [le jour de la Saint-Jean], par une personne à jeun et en état de grâce.

[...] En Franche-Comté la fougère mâle, ramassée à jeun, par quoiqu'un ayant communié avant le lever du soleil, garantit des sortilèges trempée dans l'eau bénite et salée avec du sel béni, elle guérit de toutes les maladies les bestiaux qui la mangent.

[...] Dans la Gironde il est utile d'avoir constamment dans sa maison un pied de fougère mâle.

[...] Les plantes qui entrent dans la composition des dedans de lit influent sur la santé ou sur la vigueur de ceux qui s'y reposent. Dans la Gironde c'est pour leur donner de la force qu'on leur met un matelas de fougère mâle.

[...] En Franche-Comté la fougère mâle ramassée par une personne à jeun et en état de grâce, le jour de la Saint-Jean, avant le lever du soleil, devient un excellent spécifique pour le bétail malade lorsqu'elle a été mêlée à l'eau bénite et au sel bénit.

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