Étymologie :
Selon Wikipédia :
« Pteridium aquilinum » vient du grec ancien pteris "fougère" et aquila "aigle". En effet, si l'on arrache la grande feuille développée, qui forme à elle seule ce qu'on appelle ordinairement une fougère, et qu'on coupe la base brune et noirâtre de cette feuille, on remarque, sur la section, l'apparence d'un aigle à deux têtes, d'où le nom de fougère aigle. Pour d'autres auteurs, le nom de la plante serait dû au fait que la forme de sa feuille rappelle l'aile de l’oiseau.
Autres noms : Pteridium aquilinum - Aigle impérial - Fechi (Wallonie) - Fougère-aigle - Fougère aquiline - Fougère bizard - Fougère commune - Fougère femelle - Fougère impériale - Fuzdet (Savoie) - Grande Fougère - Porte-aigle - Ptéris Aigle impérial -
Botanique :
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Fougère femelle :
Usages médicaux. — Cette fougère assez commune en Belgique est d'une saveur âpre, peu agréable. Elle est riche en fécule et en potasse. La racine est comestible dans certains pays. On a dit cette plante téniafuge et abortive ; nous manquons d'expériences concluantes. On la donne à la dose de 8 à 12 grammes en poudre et à celle de 18 à 24 en décoction.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
On détruit [...] le toenia par les rhizômes de grande fougère ou fuzdet, Pteris aquilina.
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Symbolisme :
Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Fougère à l’aigle a les caractéristiques suivantes :
L'ordre des Fougères renferme soixante-dix genres, avec plus de quatre mille espèces. Toutes ou presque ont été, dans leur région d'origine, associées aux traditions de guérison ou de sorcellerie des campagnes. Nous ne citerons dans ce livre que les trois espèces les plus célèbres, celles qui sont le plus souvent citées dans les traités de magie : les « reines des Fougères », en quelque sorte.
a) En Europe comme en Asie mésopotamienne, les chamans, les mages, les druides et autres magiciens ont traditionnellement employé la Fougère à l'aigle, dite aussi Fougère impériale (Pteris aquilina), à grandes et hautes feuilles deux fois divisées et dressées verticalement, très commune dans les forêts à sols siliceux. Cette Fougère tire son nom de la figure, rappelant l'aigle à deux têtes de l'ancien Empire austro-hongrois, qui se détache en noir sur une section transversale du rhizome. C'est ce rhizome, amer et astringent, qui est utilisé dans les rites.
b) On peut lui substituer le Fougère mâle (Driopteris filix-mas) dont les principes et utilisations sont pratiquement identiques. Cette espèce doit son nom à sa croissance vigoureuse, à son port puissant et viril, car comme toutes les Fougères elle est asexuée. Là aussi c'est le fort rhizome, débarrassé de son épaisse gaine écailleuse, qui est employé.
c) L'Osmonde royale sera étudiée à la lettre O.
Genre : Masculin
Planète : Mercure
Élément : Air
Divinité : Les Érinyes (Furies chez les Romains)
Pouvoirs : : Invisibilité - Magie de la pluie - Fertilité - Clairvoyance.
Utilisation magique : Dans l'Angleterre shakespearienne, la nuit qui précédait Midsummer (la Saint-Jean) était la nuit fantastique par excellence. C'était pendant cette nuit mémorable, au moment précis du solstice, que sortait de terre cette fameuse graine de Fougère à l'aigle qui avait la propriété de rendre invisible. Les fées, commandées par leur reine, et les démons, conduits par Satan en personne, se livraient des combats acharnés pour cette graine miraculeuse.
« Je me souviens, dit James Bowett, un auteur anglais du XIX e siècle, d'avoir entendu raconter par quelqu'un qui avait récolté de la graine de Fougère que, pendant tout le temps de ses recherches, les esprits frôlaient continuellement ses oreilles et sifflaient comme des balles, lui renversant son chapeau, le heurtant par tout le corps. À la fin, quand il crut avoir récolté en quantité suffisante la semence magique, il ouvrit la boîte et la trouva vide. Le Diable évidemment lui avait joué ce tour (1).» Les légendes russes ne mentionnent pas directement l'invisibilité de la personne. Il s'agit plutôt d'une ouverture de la conscience au sens de Révélation : le miracle des Fougères permet à celui qui en a été le témoin de voir des choses habituellement invisibles pour le regard humain limité. La nuit de la Saint-Jean, avant minuit, avec une serviette blanche, une croix, l'Évangile, un verre d'eau et une montre, on allait dans la forêt en un lieu où les Fougères croissaient en abondance. On traçait avec la croix un grand cercle, on étendait la serviette sur laquelle on plaçait le crucifix, l'Evangile, le verre d'eau, et on regardait la montre, A minuit précise, la Fougère devait fleurir.
Celui qui avait la chance de voir cette floraison voyait en même temps une foule de choses merveilleuses, par exemple trois soleils, une lumière parfaite qui dévoilait tous les objets, même les plus cachés ; on entendait rire ; on se sentait appelé ; devant de pareilles images, il ne fallait pas s'effrayer. Celui qui parvenait à conserver sans sang-froid face à ce déferlement de fantasmagories avait alors la révélation des Vérités premières que seuls connaissent les grands bogatyrs (2) .
Des feux de Fougère dans les champs au crépuscule attiraient la pluie. Dans ce but, toutes les espèces étaient brûlées, indifféremment.
La Fougère à l'aigle a un passé prestigieux. De tout temps, et partout où elle pousse, la plante est liée aux rites de protection, de guérison et de fécondité.
Coupez plusieurs tranches dans la plus forte section du rhizome. Sélectionnez la tranche sur laquelle ce curieux emblème (l'aigle à deux têtes impérial autrichien) ressort avec le plus de netteté et de clarté. Aplatissez-la au rouleau afin de l'agrandir. C'est cette image, laminée et agrandie, que vous fixerez sur la porte d'entrée comme talisman.
Un rhizome sous l'oreiller provoque des rêves de clairvoyance. Des bains de siège et des injections vaginales avec une décoction de racines de Fougère mâle rendent fécondes les femmes qui ont des difficultés à concevoir.
Notes : 1) J. Bowett, Hills and Dales of the High Country, Londres, Darton & Harvey. 1848.
2) Littéralement « chercheurs de Dieu » : pèlerins mystiques, souvent guérisseurs, qui parcouraient l'ancienne Russie. Les bogatyrs raillaient la religion dogmatique, intellectualisée et recherchaient la simplicité première de l'homme fondu dans l'amour du Créateur
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Selon M. À. Bonet et al. auteurs d'un article intitulé "Contribution à la connaissance ethnobotanique des ptéridophytes dans les Pyrénées." (Bocconea, 2001, vol. 13, pp. 605-612), la fougère-aigle a de multiples utilisations :
Utilisations :
Médicinales. - Diurétique (décoction du rhizome, V. I.). *Parasitifuge pour les puces (V. E., V. V).
Fouragères. - Le rhizome est consommé aussi bien par les sangliers que par les cochons. Les frondes ont été utilisées comme une ressource alimentaire d'urgence au long de l'hiver, toujours en mélange avec d'autres fourragères. Elles sont aussi employées pour mieux conserver les pommes de terre stockées et pour l' emballage des légumes.
Folkloriques. - Comme pour Dryopteris filix-mas, on croit traditionnellement que la fougère aigle "fleurit et fructifie" juste à minuit de la veille de la Saint-Jean et celui qui la récolte à ce moment-là devient riche et heureux.
Domestiques et constructions rurales. - Les frondes sont récoltées et entassées pour faire la litière du bétail. Elles servent également à couvrir les toits des cabanes et des écuries, parfois en mélange avec d'autres espèces comme Cytisus scoparius. Enfin elles attirent les mouches: quelques frondes pendues à la cuisine permettent de les capturer puis de les éliminer.
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