Étymologie :
Étymol. et Hist. 1712 (Nord) carabat « voiture de transport public » (De Boislisle, Corr. Contrôleur Général, III, p. 424, col. 2 ds Brunot t. 6, p. 359), employé aussi pour désigner la voiture publique faisant le service entre Paris et Versailles (Littré Suppl. qui considère ce sens comme ,,ancien``); 1819 carabas (Boiste), vivant ds les dial. norm. (Moisy; Dum.) et vendômois (P. Martellière, Glossaire du Vendômois, p. 66). Peut-être, malgré l'écart chronol., altération de char à bancs (1764 chars à banc, Neuchâtel v. char; 1786 charabas, Ch. J. Mayer, Voy. en Suisse en 1784, 2, 7 ds Quem., s.v. char-à-bancs), avec peut-être infl. de Carabas, nom d'un personnage du conte Le Maître Chat ou le Chat botté de Ch. Perrault.
Étymol. et Hist. 1909, supra G. d'Esparbès, loc. cit. Il est difficile de préciser si le nom de Carabosse, fée malfaisante, vieille, laide et bossue, dispensatrice de mauvais dons, est issu de carabosse « bosse » ou inversement. Carabosse « bosse » est un type franco-prov. : lyonn. carabisse « bossuer » (Du Puitsp.), Oisans Karabosi « bosse au front », Isère Karabo « en aspérité » (Dur.) ; il est prob. une altération de cabosse* (FEW t. 1, pp. 468-469).
Selon Edouard Le Héricher, auteur d'une Histoire et glossaire du normand : de l'anglais et de la langue française d'après la méthode historique, naturelle et étymologique. (Vol. 2. Aubry, 1862) :
TOTOT, usité à Val. dans un refrain : Titi Carabi,
Totot Carabot.
Or CARABOT signifie un nain, d'où sans doute la fée bossue des contes, ou fée Carabosse. Les CARABOTS étaient des Jacobins composant un club à Caen en 93. TOLET, cheville d'aviron : « Tolets de fer ; » ( Mme Bovary, p. 362.) en a. Thole, tolet. Toro, (Orne) gros sabot.
BOCHE, s. f. Bosse en b. - 1. Bussa , dérivé de [grec], enfler, d'où Pusa et Pustula On dit : « Puer la boche, sentir la boche, » et Bossa était un bubon pestilentiel qui venait aux aisselles : « Une bosse ou apostume le prist au bras. (du Cange.) L'Hellébore Fétide s'appelle HERBE A LA BOCHE et CONTREBOCHE, sans doute parce qu'elle résout ces bubons. BоCHU, adj. bossu ; BOCHIER, V. a. bosseler ; BOSSER, v. n. , signifie présenter un relief, un certain volume : « Ça bosse gros ou ça ne bosse guère. BOSCO, s. m. bossu, dans un sens injurieux. Vauban dit Bossiller dans son Mém. sur Cherbourg : « Le pays est assez uni, mais il bossille jusqu'à former des hauteurs considérables. » En a. Bunch, bosse.
CARABOT, s. m. petit bossu, d'où la Fée Carabosse. Les Carabots, métathèse dérisoire de Caporaux, étaient des sous-officiers de garde nationale à Caen, qui se formèrent en club et en milice un peu jacobine, et, comme les sans-culottes, adoptèrent un nom injurieux. Leur batterie s'appelait la Carabotte. V. Souvenirs du Fédéralisme en 1793, p. 10.
Portrait de la Fée Carabosse :
Jean Mainil, dans "Le sourire des fées. Aux origines du merveilleux comique." (In : Féeries. Études sur le conte merveilleux, XVIIe-XIXe siècle, 2008, no 5, pp. 9-24) fait de la capacité à rire une caractéristique de la Fée Carabosse :
Chez Aulnoy, la veine comique n’est pas limitée aux récits-cadres. [...] Dans La Princesse Printanière, la reine qui porte malheur à toutes les nourrices qu’elle veut engager, « entend rire à gorge déployée » : c’est la méchante fée Carabosse qui se moque des malheurs grotesques qu’elle inflige à la pauvre reine (CF, p. 264). Lors du baptême, la même fée qui tombe de la cheminée atterrit dans l’assemblée surprise, « toute barbouillée de suie » et elle se moque bien des dons faits par les autres marraines : « Carabosse n’en fit que rire, et elle se mit à chanter vingt chansons ironiques, en regrimpant dans la même cheminée » (CF, p. 266). À son tour, la reine décide de rire lorsque le roi lui avoue qu’il va déjouer les plans de la mauvaise fée : « la reine riait jusqu’aux larmes, de songer au dépit de la méchante fée » (CF, p. 267). Mais la fée suit les aventures de la maudite princesse. Quand « un vilain hibou d’une grandeur prodigieuse vient à tire-d’aile » et laisse tomber sur les épaules de l’héroïne « une écharpe de toile d’araignée, brodée d’ailes de chauve-souris », « l’on entendit de longs éclats de rire, qui signifiaient assez que c’était là une mauvaise plaisanterie de la façon de Carabosse » (CF, p. 270). Dans un autre conte, un vieil enchanteur, satisfait des épreuves qu’il inflige à une jeune princesse, s’amuse beaucoup aussi : « Le méchant vieillard, qui la regardait, faisait des éclats de rire à s’en engouer ».
[...]
Le rire, délégué dans les contes libres à des personnages auxiliaires (la reine) ou agresseurs (la fée Carabosse ou le vieil enchanteur), est ensuite repris par les personnages des récits-cadres qui sont critiques envers l’univers merveilleux.
Symbolisme :
Michèle Bortoluzzi, autrice de Perrault, sur les traces de Ma Mère l'Oye (Bibliothèque Municipale de Rouen -1997) analyse le personnage en termes psychologiques - c'est nous qui faisons le lien entre Carabosse et Carabas :
Si l'on retrouve chez les fées le fuseau et la baguette, on ne les voit, par contre, jamais en possession des ciseaux, car les fées sont des divinités de la vie. Pourtant, il leur arrive parfois de prononcer des arrêts de mort. Ainsi celle que l'on appellera plus tard "La Fée Carabosse", la vieille fée oubliée, sortie de sa Tour d'ivoire pour jeter un sort de mort à la Belle princesse. C'est que les fées sont peut-être comme nous, quand elles s'isolent et se coupent de la vie, leur solitude bien vite se colore d'égoïsme, de misanthropie, voire de haine : il y a aussi, nous disent les contes, des fées qui vieillissent mal. Mais peut-être est-ce parce qu'on les oublie? N'y a-t-il pas en nous de part négligée, refoulée dans un coin obscur de notre psyché et qui, un jour, pourrait se retourner contre nous, comme cette huitième fée du conte de Perrault, la treizième dans la version de Grimm ? Une fée surnuméraire, ajoutant une unité à une quantité apparemment parfaite (en l'occurrence le SEPT et le DOUZE, comme les sept jours de la semaine ou les douze mois de l'année).
[...]
Nous retrouvons dans le conte du Chat Botté différents traits pouvant corroborer l'interprétation liturgique de Pierre Saintyves : Tout d'abord le changement de nom, qui est une des règles pour une aspiration au trône. On sait que la plupart des souverains (encore aujourd'hui) ne gouvernent pas sous leur vrai nom, et qu'un nom royal leur est attribué. Ainsi, dans notre conte, le chat rebaptise le meunier, Marquis de Carabas ; dans le conte russe, le pauvre Kuszinska devient Cosme-le-Rapidement-Riche. Dans un conte recueilli à Zanzibar, le propriétaire de la gazelle est nommé Sultan Daraï. Ces noms, d'ailleurs, ne sont peutêtre pas fortuits. On a beaucoup écrit sur le Marquis de Carabas : ceux qui situent le conte au niveau de la farce pensent que Perrault aurait emprunté ce nom à Philon d'Alexandrie, lequel mentionne dans une parodie un fou appelé Carabas qui se promenait nu dans la ville. Les Alexandrins, pour se moquer d'Agrippa, roi des Juifs, de passage dans leur ville, déguisèrent le malheureux en roi avec un roseau pour sceptre et une couronne de feuilles de papyrus, et lui rendirent un hommage ironique en l'appelant "Seigneur". (Ceci n'est pas sans nous rappeler un épisode de la Passion de Christ...). Jacques Duchaussoy, lui, pense que le nom choisi par Perrault «... décèle les connaissances ésotériques de cet auteur ». Dans divers dialectes d'Asie Mineure, Kara et Abbas signifient "Dieu noir", symbole du dieu cornu connu comme créateur du monde matériel. Il peut être composé de trois mots égyptiens : Kâ-Râ-Bâ, dont l'ensemble désigne l'entité qui conduit la vie divine jusqu'au niveau de manifestation le plus bas : le plan physique. Enfin, en prenant l'origine hébraïque de ce nom où le nom de Maître Chat s'écrit avec les trois lettres Caph - Resch et Beth, nous retrouvons l'idée d'un démiurge opérant du monde psychique sur la matière physique, par l'intermédiaire des courants lunaires. Jean-Pierre Collinet, dans son édition des contes, signale que le nom de Carabas, peut être associé au mot turc Carabas, ou au mot arabe Carabal désignant, l'un un lieu de délices, l'autre l'ambre jaune, signe de perfection de la matière et, par conséquent, signe de perfection spirituelle. Un nom aux multiples facettes, riche du sens que chacun se choisira...
[...]
Nous sommes tous des rois en puissance, mais nous ne le savons pas. Nous avons tous aussi hérité d'un chat, petite part de nous-mêmes qui réclame son dû (un sac, des bottes dans le conte de Perrault, une poule dans le conte d'Afanassiev). C'est peu de chose, mais c'est suffisant pour établir un pont entre lui et nous. A partir de cela, c'està-dire à partir de cette confiance accordée pleinement à celui qui croit en nous, la vision dont il a eu révélation peut devenir réalité. Le chat, c'est la part d'imaginaire vivante en nous et nous permettant de dépasser l'apparence misérable que notre vie parfois peut prendre. Mais il y a bien des résistances qui nous empêchent de croire à cette royauté à laquelle nous sommes appelés. Certains se laissent convaincre facilement et, comme les faucheurs, se mettent à crier « ces champs appartiennent au Marquis de Carabas ». Au cœur de nous-mêmes, dans le château, habite une force qui a usurpé notre place royale, une force capable de prendre bien des visages pour nous tromper. Le chat met sa capacité de métamorphose au service de sa vision et, par une subtile flatterie, vient à bout de la suffisance de l'ogre.
Régine Prat, autrice d'un article intitulé "Les bébés qui réactivent notre folie." (In : Spirale, 2008, vol. 45, no 1, pp. 149-169) s'intéresse aux sorts que l'on jette autour du berceau :
De la même façon, les fées au berceau vont intervenir et fournir leur cortège de mots aux pouvoirs magiques : à côté des « mignons », « poupées » et autres « petits anges », il y a aussi les « mots- Carabosse », dont bébés et parents porteront la trace destructrice, parfois très longtemps après ; il en est ainsi des bébés « crevettes », de ceux qui sont de « sacrés voraces », « des gros paresseux », et autres « tyrans » qui « vous en feront voir ». Pour les raisons que nous venons de voir, les mères sont toutes prêtes à entendre, sous le mot de la fée, la Carabosse qui s’est glissée, et qui donne réalité à ce bébé issu des visions de l’enfance. Ainsi ce bébé de la fée au berceau : « si mignon, un vrai modèle réduit », cache le monstre de Carabosse : « trop petit, mal développé, pas fini ».
On en arrive à penser qu’il vaut mieux ne rien dire. C’est souvent vrai ! Il suffit souvent d’être là, seulement attentif.
*
*
Nathalie Georges-Lambrichs, dans un article intitulé "Des usages des mythes poétiques et psychanalytiques 1." (In : La Cause du désir, 2020, no 1, pp. 63-67) fait de Carabosse, un avatar de la déesse de la discorde :
La scène est sur l’Olympe. On célèbre un mariage ; Allecto, la déesse de la discorde – tête d’une série dont la fée Carabosse est un avatar – n’est pas conviée. Elle se venge, en jetant au milieu de l’assemblée une pomme d’or, avec un billet sur lequel on peut lire : « pour la plus belle ». C’est la « pomme de discorde » qu’elles sont trois (Héra, Athéna et Aphrodite) à s’arracher, et Zeus de les envoyer sous la bonne garde d’Hermès sur le mont Ida où se trouve Pâris. Gardant des moutons. Pourquoi ? Ce n’est pas Homère mais Pindare qui nous le dit : Hécube, sa mère, a, enceinte, reçu un présage : le bébé sera un monstre, un brandon qui mettra le feu à Troie. Effrayé, Priam son père ordonne qu’on l’assassine. On l’expose donc sur le mont Ida où un berger le recueille. Le jeune homme jouit de la protection d’Aphrodite, qui lui promet à son tour de lui donner la plus belle des femmes. Alors, quand Zeus lui ordonne de trancher qui est la plus belle, c’est la fille que Leda eut de lui qui, au bras de Pâris, entre dans
le poème de la guerre de Troie.
Homérique, virgilienne, gongorique, shakespearienne, racinienne, claudélienne, la poésie chante la discorde, ce ver qui frétille dans le fruit, avec ses butées, ses impasses et ses issues.
Tard venue, il y a un peu plus d’un siècle, la psychanalyse se l’est alliée (Freud), l’a forcée jusqu’à la trahir (les postfreudiens), en a recensé et renouvelé les expressions et les pouvoirs jusqu’à la réduire au mot, motus (Lacan), en a condensé les fondamentaux, renouant avec sa fin, l’acte (Jacques-Alain Miller).
Contes et légendes :
Dans l'imaginaire français, la fée Carabosse est indissolublement liée au conte de Perrault, " La Belle au bois dormant" comme le rappelle Leonardo Fornoli, auteur d'une thèse intitulée Le loup, la fée et la pantoufle: analyse symbolique des gravures de Doré dans l'édition Hetzel des Contes de Perrault (Université
En ce qui concerne La Belle au bois dormant, le roi et la reine qui viennent d’avoir un enfant ont fait venir sept fées du pays à ce que la princesse ait toutes les qualités imaginables. Après le baptême, au palais du roi, il y avait une table magnifique dressée exprès pour les fées, avec un couvert somptueux de vaisselle d’or adorné de diamants et de rubis. Malheureusement, une autre fée fait son apparition, une vieille fée qui n’avait pas été invitée, parce qu’on la croyait morte ou ensorcelée. Étant donné que « [l]es fées demandent à être aimées plus que craintes ou redoutées, et [qu’] elles semblent singulièrement sensibles au mépris », une des sept fées se cache de façon à remédier par un autre enchantement au mauvais tour que la méchante fée pourrait jouer. Comme beaucoup de personnages des contes, ces fées ne portent pas de nom, cela est valable aussi pour la fée arrivée la dernière, mais on la connaît, par tradition, sous le nom de fée Carabosse. La nouvelle née est donc comblée de dons :
La plus jeune lui donna pour don qu'elle serait la plus belle personne du monde, celle d'après qu'elle aurait de l'esprit comme un ange, la troisième qu'elle aurait une grâce admirable à tout ce qu'elle ferait, la quatrième qu'elle danserait parfaitement bien, la cinquième qu'elle chanterait comme un rossignol, et la sixième qu'elle jouerait de toutes sortes d'instruments dans la dernière perfection.
Mais, le tour de la mauvaise fée venu, pour se venger du traitement reçu, elle prédit que la princesse mourra après s’être percée la main d’un fuseau. Heureusement, la fée qui s’était cachée intervient et répare partiellement ce tort et fait de sorte à faire tomber la jeune princesse dans un profond sommeil de cent ans qui pourra être interrompu par un roi. Elle avoue qu’elle n’est pas assez puissante pour contrer le pouvoir supérieur de la vieille fée, détail qui laisse entendre une hiérarchie entre ces créatures, mais qui n’est que mentionné pour ne plus être traité, même pas dans d’autres contes ‒ où, d’ailleurs, on n’assiste à aucun autre conflit entre fées. Voilà donc la fonction de dispensatrices de dons, qu’ils soient de bons ou mauvais : les premières six fées ont fait don de beauté, en premier lieu, de politesse, en deuxième lieu, et ensuite d’autres qualités et talents. On pourrait penser à une échelle des valeurs que, selon un Perrault suivant la mentalité de l’époque où il écrit, la femme est censée posséder ‒ à savoir la beauté tout d’abord, mais aussi de l’esprit, deux qualités qu’on retrouve dans Riquet à la Houppe. La septième fée, par contre, fait don d’une destinée cruelle à cause de l’inattention des parents de la princesse qui, quant à elle, est innocente : elle semble personnifier la fatalité ou le déterminisme qui fait retomber les fautes des aïeuls, en ce cas des parents, sur les nouvelles générations. Enfin, après l’arrivée imprévue de la fée et son mauvais sort, il faut qu’une bonne fée ait le dernier mot dans l’intérêt du récit. On peut observer comment ces fonctions d’assister au baptême et de fournir des dons sont intimement liées à celle, plus générale, de prédire le destin : les fées tirent les ficelles de l’intrigue et, de cette façon, elles, dans le bien et le mal, décident les prochains événements principaux de la vie de la jeune princesse. Ce qui n’est pas ordinaire est le nombre de ces fées. On a vu que le nombre des Parques est trois et, en fait, dans de nombreux contes, on trouve trois fées, chiffre qui a d’évidentes valeurs spirituelles et symboliques. Sept est un autre chiffre à la grande valeur symbolique : sept planètes liées aux sept jours de la semaine pendant lesquelles Dieu a créé l’univers et s’est reposé, sept notes musicales, sept sacrements chrétiens, sept péchés capitaux etc. Mis à part La Belle au bois dormant, sept est de fait un nombre qui revient maintes fois dans nombreux contes : sept ans est l’âge de Pierrot, sept sont les enfants des deux bûcherons et les ogresses dans Le Petit Poucet, les femmes de Barbe-Bleue, les nains dans Blanche Neige, les corbeaux dans le conte homonyme, etc. Pour ne pas oublier les bottes de sept lieues, dont on parlera plus tard. Toutefois, dans ce conte, il y a huit fées : la huitième, qui n’avait pas été conviée, est justement celle de trop, qui brise l’ordre et trouble l’équilibre établi pas les sept bonnes fées et le fait par sa présence même, du moment qu’elle n’avait pas son étui d’or à elle, car « l’on n’en avait fait faire que sept pour les sept fées ».
*
*
Littérature :
Selon Hélène Artaud, autrice de "Par-delà les savoirs maritimes traditionnels ? Le cas de l’Outre-mer français." (In : Anthropologie et Sociétés, 2019, vol. 43, no 3, pp. 295-312) :
Cette représentation du lamantin comme support d’une mémoire coloniale au sein de laquelle la tradition maritime est vouée à se construire trouve sans doute dans l’œuvre théâtrale Manman Dlo contre la fée Carabosse de Patrick Chamoiseau (1982), également citée par le rapport, son expression la plus juste. Il y est en effet question, en mettant dos-à-dos la fée Carabosse, « sorcière des sapins et des neiges » et Manman Dlo, « diablesse aquatique », de figurer, dans leur opposition substantielle, l’imaginaire occidental et africain, l’occultation de l’un par l’autre en raison du joug colonial.
*