Étymologie :
GRENOUILLETTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1538 « petite grenouille » (R. Estienne, Dict. Latino-gallicum, 608b d'apr. Vaganay ds Rom. Forsch. t. 32, p. 73) ; 1549 « renoncule aquatique » (J. Maignan d'apr. FEW t. 10, p. 59b). Dér. de grenouille* ; suff. -ette*.
Lire également la définition du nom grenouillette afin d'amorcer la réflexion symbolique. L'homonymie n'est pas inintéressante...
Autres noms : Hydrocharis morsus-ranae - Herbe aux grenouilles - Hydrocharide - Hydrocharide grenouillette - Hydrocharis des grenouilles - Hydrocharis morène - Morène - Morène des grenouilles - Mors de grenouille - Morsure des grenouilles - Patte de corbeau - Petit nénuphar -
*
*
Botanique :
Selon Pierre Antoine Renaud, auteur d'une Flore du département de l'Orne. (Malassis, 1804) :
Hydrocharidées : Ces plantes, qu'on peut regarder comme les nymphes et les nayades des sources, des fontaines, des rivières et même des plus grands fleuves, dont elles font l'ornement, ont des racines fibreuses, souvent garnies de feuilles et revêtues des parties de la fructification. Leurs feuilles, quelquefois larges, épaisses, et portées par de longs pétioles qui les soutiennent sur la surface des eaux, accompagnent les fleurs en roses d'un beau blanc ou d'un beau jaune : leur fruit siliqueux est très grand, adhérent, multiloculaire.
Morène : Cette plante fait l'ornement des eaux ; ses racines et sa tige sont rampantes, noueuses, feuillées et florifères dans les nœuds : ses feuilles sont spathacées, et ses fleurs pédonculées.
*
Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Il en est aussi qu'on ne peut se procurer qu'à l'aide de procédés quasi-surnaturels : en Basse-Bretagne il faut, pour se débarrasser de la teigne, se procurer une herbe nommée pao-bran patte de corbeau (Hydrocharis) on l'obtient en descendant au fond d'un puits desséché un corbeau gris, que l'on y retient trois jours prisonnier, en ayant soin, chaque matin, de lui crier avant le lever du soleil, qu'il n'aura sa liberté que lorsqu'il aura indiqué le remède. Vers la fin du troisième jour, l'herbe se trouvera près du puits, et les frères du captif l'y auront apportée pour obtenir sa délivrance le malade s'en frottera la tête, tous les matins, à jeun, pendant une semaine entière et se trouvera guéri.
*
*
Mythes et légendes :
Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882), mentionne une autre plante de la même famille des Hydrocharitaceae :
AVAKA ou ÇiPALA, ou ÇAIVALA, noms sanscrits d'une plante indienne, identifiée avec la Blyxa octandra Rich. Dans les cérémonies funéraires indiennes décrites par Açvalayana (IV, 4), cette plante semble jouer un rôle essentiel. On la place dans un creux que l'on pratique au nord-est du Feu Ahavaniya, et on prétend que l'âme du trépassé passe par ce creux et monte avec la fumée au ciel. D'après L'Atharvaveda (IV, 37), les Gandharvàs mangent de cette plante ; rien d'ailleurs de plus naturel, puisque l'avakâ ou çîjidia estimée plante aquatique, et il est bien connu que le domaine des gandharvâs (ceux qui marchent dans les parfums, dans l'onguent, cf. dans ma Mythologie des animaux le chapitre sur l'âne, où l'on parle de Yonokentauros) est l'eau. Dans le Rigveda (X, 68), il est dit que l'on chasse par la lumière l'obscurité de l'atmosphère, ainsi que le vent emporte le çîpâla sur les eaux. Sans doute, le çîpâla représente ici le sombre nuage ; ainsi que le vent chasse le nuage de l'océan céleste, de même il pousse sur les eaux l'herbe aquatique qui donne la nourriture aux gardiens des eaux, aux gandharvâs. Le mythe est transparent..
*
*