Étymologie :
En référence à la forme caractéristique de sa volve, le qualificatif "vaginée" est un calque du latin scientifique vaginata, "engainée", lui-même tiré du latin vagina, "fourreau", dont sont issus les doublets français gaine et vagin. (Wikipédia)
GRISETTE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1. a) 1306 griset subst. masc. « drap de couleur grise » (G. Guiart, Royaux Lignages, éd. De Wailly et Delisle, 11427) ; b) 1651 grisette subst. fém. « étoffe grise de peu de valeur » (P. Scarron, Virgile Travesti, VI ds Œuvres, éd. 1786, IV, 361); c) 1664 « jeune fille de condition modeste et de mœurs faciles » (J. de La Fontaine, Contes, I, 1, 326 ds Œuvres, éd. A. Regnier, t. 4, p. 47) ; 2. 1721 ornith. (Trév.). Dér. de gris1* ; suff. dimin. -et*, puis -ette*. 1 du contenant (a et b) le terme a passé au contenu (c), sans doute parce que ce type de jeunes filles portaient des vêtements taillés dans une étoffe grise de peu de valeur (FEW t. 16, p. 84, note 15) ; 2 ainsi nommé en raison de sa couleur grise (cf. griset sens 2 et grison sens 1).
Lire également la définition du nom grisette afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Amanita vaginata ; Amanite à étui ; Amanite engainée ; Amanite vaginée ; Boutaïré ; Congoumo ; Coucoumèle grise ; Coucoumelle grise ; Coucoumelle grisette ; Coucoumelle jaune ; Coucoumelle orangée ; Cougoumo ; Hyrandjat ; Irandja ; Irandjada ; Lera caniglia picotada (niçois) ; Madalena (niçois) ; Trauco-Turro ; Volvaire livide ;
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Mycologie :
Chapeau campanulé, gris bleuâtre ou livide, strié sur les bords ; stipe cylindrique, fistuleux, allongé, finement squameux, blanchâtre, entouré à sa base d'une gaine blanche, reste persistant du volva, et dépourvu de voile ; lamelles libres, blanches, serrées ; spores sphériques, apiculées, blanches.
Odeur et saveur peu accusées, plutôt agréables.
Été, automne. Assez commun dans les bois frais, ombragés.
Espèce comestible.
On doit à Vaillant d'avoir, le premier décrit ce Champignon. « Il sort, dit-il, d'une bourse blanche d'un pouce ou d'un pouce et demi. Son pédicule est taillé en quille, c'est-à-dire qu'il est plus gros par le bas que par le haut. Il est long depuis 3 pouces à 5, sur 6 lignes jusqu'à 12 dans le fort de son épaisseur. Il est blanc et quelquefois un peu teint de gris, ordinairement plein et quelquefois fistuleux. Il soutient un chapiteau large depuis un pouce et demi jusqu'à 4 pouces, peu charnu, gris de souris en dessus, ordinairement lisse et quelquefois chargé vers son centre de quelques petits lambeaux de peau, blanchastres, qui proviennent de la bourse. Ce chapeau est si mince sur les bords qu'ils en sont rayez, et ces rayes ne sont autres choses que les vestiges des feuillets du dessous. Ces feuillets sont blancs et larges depuis 2 jusqu'à 4 lignes, assez pressés, et dont les intervalles ne sont occupés que par une portion de feuillet. Ce champignon n'a aucun mauvais goust. Il ne porte point de manteau à son pédicule. Battarra en donne le premier une figure assez reconnaissable.
Le site de l'Université de Rouen propose une fiche descriptive très claire :
Description :
Chapeau gris cendré, nettement cannelé à la marge, campanulé jeune puis étalé à maturité, avec des résidus blancs de taille variable, restes du voile général ;
Stipe creux, conique, mince et fistuleux, blanc, sans anneau et à volve en sac, blanche, étroite et engainante ;
Hyménophore à lames libres et blanches entrecoupées de lamelles blanches également ;
Chair blanche et immuable ;
Sporée blanche ;
Odeur agréable de champignon ;
Comestible bien cuit.
Écologie / Répartition :
bois de feuillus et parcs ;
printemps, été et début de l'automne ;
espèce commune.
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Usages traditionnels :
Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres :
Nous avons exposé l'opinion de Letellier sur la Grisette en parlant de la Volvaire fauve. [La Grisette est un champignon fin et délicat]. Roques ne nous fait pas con naître ce qu'il pense personnellement de la Grisette. Il se contente de rappeler que, d'après de Candolle, c'est une des espèces les plus délicates, que l'on peut manger avec une entière sécurité. D'après M. de Seynes, ce Champignon est un de ceux dont on mange le plus souvent aux environs de Montpellier, où il abonde dans les bois de chênes ; on ne le recherche pas, au contraire, dans la zone des châtaigniers. M. Barla dit qu'on mange cette espèce dans la campagne niçoise, et qu'elle est même recherchée dans certaines localités. Suivant Cordier, c'est un aliment délicat. M. Louis Planchon dit également que c'est un Champignon vraiment très délicat, un des meilleurs de la région de Montpellier, supérieur à l’Oronge blanche. On se gardera de confondre la Grisette avec la Volvaire grise, qui s'en distingue aisément par son chapeau visqueux et par ses lamelles roses, et qui est signalée comme vénéneuse.
Selon Louis Planchon, auteur de Les champignons comestibles et vénéneux de la région de Montpellier et des Cévennes, aux points de vue économique et médical. (Imprimerie centrale du Midi, 1883) :
Clusius le considérait comme dangereux. Tous les auteurs en font aujourd'hui un Champignon comestible. Il est vraiment très délicat, un des meilleurs de notre région, bien supérieur à l'Oronge blanche (Agar. (amanita) ovoideus) et je partage entièrement l'opinion du Dr Badham affirmant que peu d'Agarics le surpassent en parfum. Bulliard lui attribue un petit goût salé que je ne lui ai jamais trouvé.
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi l'amanite vaginée :
6 août
(Fontaine-la-Verte)
L'amanite vaginée expose entre les ronces son pied de cire brun clair et son chapeau chamoisé, dont les rebords sont plissés comme une jupe de nymphe (à supposer que les nymphes aient des jupes).
La lignée des mycètes a tout inventé dans l'univers du bizarre. Rassemblement de chimères, de monstres, de sorciers, d'envoûteurs et d'incubes. Les champignons se débrouillent pour avoir l'air irréels. Ils exsudent leur nature diabolique, et c'est la raison pour laquelle nous leur donnons des rôles dans nos cauchemars.
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