Étymologie :
MARCASSITE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1478 marcasite (Grande Chirurgie de Guy de Chauliac, fo55 ds Sigurs, p. 473) ; 1501 marchassite (Jardin de plaisance, CLXXX vods IGLF). Empr., prob. par l'intermédiaire de l'ital. marcassita (dep. 1re moitié du xive s., Bencivenni ds Batt. ; déjà lat. médiév. marchasita au xiie s., Gérard de Crémone d'apr. Cor.-Pasc.), à l'ar. marqasīṭā « pyrite ».
Lire également la définition de la marcassite afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Usages traditionnels :
Selon Jacques COLLINA-GIRARD, auteur de "Feux, ethnologie, préhistoire et expérimentation." (In : Bulletin des Chercheurs de la Wallonie, 1997, vol. 36, pp. 41-50) :
Préhistoire du briquet : A l'époque préhistorique, avant le métal, on frappait le silex sur un morceau de pyrite ou de marcassite (sulfures naturels de fer de formule FeS2 cristallisant respectivement dans le système cubique et dans le système orthorhombique). Marcassite ou pyrite sont nécessaires puisque, contrairement à un a priori très général, le choc de deux silex ne produit qu'une étincelle froide et donc inefficace. C'est en tout cas l'opinion unanime de tous les expérimentateurs (Collin et al., 1991 ; Collina-Girard, 1993). Ceci contredit, pour l'instant, certains renseignements oraux rapportés par C. Perlds sur des essais effectués par des expérimentateurs polonais (Perlds, 1997). Ceci contredit, pour I'instant, certains renseignements oraux rapport6s par C. Perlds sur des essais effectu6s par des exp6rimentateurs polonais (Perlds, 1997). L'utilisation de la marcassite par les hommes du Pal6olithique sup6rieur est en tout cas certaine.
La marcassite se présente en nodules flbroradiés iaune métallique avec des nuances verdâtres. Elle est un peu plus tendre que la pyrite dont l'éclat doré est plus franc, moins adapté à l'obtention du feu (nécessité d'une étude expérimentale systématique). Les étincelles produites par le choc du silex contre la marcassite (ou de la marcassite contre Ia marcassite) persistent longtemps, certainement à cause de la présence de soufre (odeur), certaines brfilent encore quand elles tombent sur la peau. La marcassite est fréquente dans certaines régions. André L'Hoer l'exploite à des fins pédagogiques dans la région d'Amiens où elle est particulièrement abondante (communication verbale à Ramioul). En France, les exemplaires vendus dans les « Foires aux minéraux » proviennent de la craie champenoise.
Des briquets archéologiques, comportant nodule de marcassite et grattoirs en silex ont été retrouvés prouvant, de façon certaine, la connaissance de cette technique par les hommes de la deuxième partie du Paléolithique supérieur européen. Au « Trou de Chaleux », en Belgique, un nodule de marcassite, fortement rainuré par un usage prolongé remonte à 13 000 ans : il serait l'un des plus anciens vestiges de ces briquets paléolithiques. [...] Cette technique était encore pratiquée par les Indiens de Patagonie, par percussion d'un 6clat de quartzite contre un nodule de marcassite (Emperaire, 1955).
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Physique du briquet : Dans les briquets préhistoriques comme dans les briquets historiques le principe demeure identique : une particule d'acier ou de marcassite arrachée par le choc du silex br0le et tombe sur un produit inflammable. L'expérimentation montre que les briquets préhistoriques à marcassite produisent des étincelles plus efficaces que ceux à acier. Le soufre contenu dans le minerai (sulfure de fer) améliore, de façon évidente, les propriétés incendiaires de l'étincelle.
Tous les expérimentateurs ont noté que la marcassite (orthorhombique) moins dure que la pyrite (cubique) est bien préférable. Certains doutent même que la pyrite (au sens strict) soit utilisable ; de nouvelles expérimentations systématiques seront nécessaires pour préciser ce point particulier. Il faut aussi noter que les archéologues confondent souvent les deux formes, d'ailleurs minéralogiquement très voisines, pyrite et marcassite.
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Feu par friction et feu par percussion : quelle chronologie ? Les restes archéologiques de briquets remontent en Europe au Paléolithique supérieur. Il s'agit toujours de nodules de marcassite associés à des lames-briquets en silex (Perlds, L977). L'invention de ce procédé parait, a priori, plus facile que celle du procédé par friction (étincelles produites fortuitement lors de la taille du silex par un percuteur de marcassite). La forme et le poids d'un nodule de marcassite avaient en effet, sans doute, le même attrait pour un artisan préhistorique que pour un tailleur de silex actuel : dans les régions où ce minerai était abondant, (souvent des régions à silex) I'essai était inévitable ! On a souvent pensé que le procédé le plus anciennement pratiqué serait effectivement celui par percussion, actuellement pratiqué par les populations encore qualifiées au début du siècle, « d'arriérées » : Fuégiens, Esquimaux, Aléoutes et Kadirs de I'Inde méridionale (Deniker, 1.926). En Amérique du sud, les Indiens alakalufs n'utilisaient pas la drille à feu mais se servaient exclusivement de nodules de marcassite, ramassés dans une seule île de I'archipel patagonien (Laming, 1955). On suggère parfois sur des observations faites dans ces régions, et aussi au Paraguay, chez les Indiens guayakis (Vellard, 7939), que le procédé par percussion a été le premier utilisé par les Indiens de I'Amérique du sud. La drille à feu l'aurait ensuite supplanté (Vellard, 1939). [...]
Au vu du peu de vestiges actuellement connus et du caractère extrêmement périssable des briquets à friction, mieux vaut pour l'instant mesurer notre réelle ignorance sur la nature du procédé le plus anciennement inventé même si, en Europe, les briquets les plus anciens actuellement retrouvés (en Belgique dans le Paléolithique supérieur) sont des briquets à marcassite.
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Maxence Pieters, dans un article intitulé « L’outillage lithique en contexte de transformation des métaux. Méthodologie et perspectives. » (In : Archéopages. Archéologie et société, 2017, no 44, pp. 76-85) évoque un autre usage de la marcassite à l'époque préhistorique :
Les brunissoirs, comme les abrasifs, sont utilisés pour le surfaçage du métal. Contrairement aux seconds, ils ne fonctionnent pas par enlèvement de matière mais par déformation plastique, en faisant subir au métal un frottement sous pression. Morphologiquement, ces outils se présentent sous forme de pierres de dimensions variables, mais offrant toujours des surfaces actives parfaitement lisses, afin d’éviter la création de défauts sur le métal. Le matériau utilisé est toujours d’une dureté importante, à grains très fins, ne présentant pas d’abrasivité apparente. Les plus couramment utilisés sont le silex et la silexite, ainsi que la marcassite. La forme des surfaces actives est variable, généralement convexe, ce qui permet de limiter au maximum la surface de contact avec la matière, donc d’accentuer la pression.
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Symbolisme :
René Ponot, dans un article intitulé « Les signes alchimiques. » (In : Communication & Langages, 1971, vol. 12, no 1, pp. 65-79) s'intéresse à l'évolution du graphisme des symboles alchimiques :
Notre ignorance du « Grand Œuvre » ne nous permet pas d'affirmer que la succession des signes, rendant compte d'une expérience, ne relevait d'aucune syntaxe. Les signes, en effet, n'exprimaient pas nécessairement le corps représenté, mais souvent, comme des métaphores, l'un ou l'autre de ses états. [...]
Signes conventionnels, abstraits (ou devenus tels) :
Nous sommes dans l'impossibilité de faire, dans cette catégorie, le partage entre les signes inventés, auxquels une signification fut donnée par convention, et ceux qui s'abstractisèrent par déformations successives. Certains sont vraisemblablement issus de signes convenus, voire figuratifs. J'en veux pour preuve le signe marcassite, dont nous avons la chance de trouver 5 représentations relevées sans doute dans différents manuscrits. La marcassite est du sulfure de fer. Il serait donc normal de trouver une combinaison soufre (triangle avec croix sous la base) et fer (cercle avec flèche). Le soufre semble avoir été négligé au stade où nous trouvons la figuration que j'ai considérée comme étant la première de celles que nous connaissons. Elle est, par contre, moins éloignée du signe fer. Le passage à la seconde n'a rien d'éloquent : la flèche à demi-pointe arrondie est devenue une sorte de flamme à 3 langues. La différence est mince, en revanche, entre la troisième et la seconde figure le cercle s'est bouché et les langues sont réduites à 2. On peut encore expliquer sans trop de peine la transformation de 3 en 4 : l'allure générale est restée la même et les deux petites excroissances reproduisent sans le savoir les langues de feu précitées. Dans le dernier état enfin, i! n'y a plus que les langues, complètement méconnaissables, sur une sorte de base qui s'est substituée à l'espèce de corne de rhinocéros de l'état précédent. Je n'en dirai pas plus. Dans l'ensemble, nous ne pouvons qu'admirer ce qui nous est soumis et savourer la beauté ou l'élégance de chaque signe.
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Selon Elie-Charles Flamand, auteur de Les pierres magiques. (Éditions Le Courrier du Livre. Paris) :
LA MARCASSITTE : Elle apaise toute excitation, lutte contre les fièvres, a des propriétés astringentes et renforce la vue.
Mais, comme pour d'autres minéraux sombres, son ambivalence est très marquée. Ses vibrations lourdes risquent d'apporter une profonde tristesse. « C'est une sorte de boîte de Pandore, dit Hector Mellin, qui, sous des apparences de charme et de beauté, est ou peut être la source de beaucoup de calamités (1). »
Note : 1) Hector Mellin, Secrets des couleurs, des pierres, des métaux, des Heurs, des parfums, Niort, 1940, tome II, p. 219.
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