Étymologie :
MARASME, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1891 (Baillon t. 3). Emploi spécialisé, pour une raison non élucidée de marasme 1*.
MARASME 1, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1538 « consomption » (J. Canappe, Le guidon en françoys, p. 63 ds Fr. mod. t. 19, p. 20) ; 1793-94 fig. marasme du modérantisme (C. Desmoulins ds Vx Cord., p. 166) ; 1797 marasme de l'âme (Chateaubr., Essai Révol., t. 2, p. 227). Empr. au gr. μ α ρ α σ μ ο ́ ς « consomption, épuisement ».
ORÉADE, subst. fém.
Étymol. et Hist. Ca 1482 horreade (Jean Molinet, Mistere de Saint Quentin, 2648, éd. H. Chatelin) ; 1485, juill. oreade (Id., Le Berger sans solas, 24, éd. N. Dupire, Les Faictz et Dictz, I, 210). Empr. au lat. Oreas, Oreadis « nymphe des montagnes », lui-même empr. au gr. Ο ρ ε ι α ́ ς, - α ́ δ ο ς « id. » (de ο ρ ο ς « montagne »).
Lire également la définition des noms marasme et oréade afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Marasmius oreades - Bouton-de-guêtre - Cama sec - Cariolette - Carrioleta - Champignon d'Armas - Champignon des fées - Corriolette - Faux mousseron - Macaron des prés - Marasme des montagnes - Marasme des Oréades - Marasme faux-mousseron - Marasme montagnard - Mousseron d'Armas - Mousseron d'automne - Mousseron de Dieppe - Mousseron godaille - Mousseron pied dur - Pied dur - Pisse-canette - Sécadou -
*
*
Mycologie :
Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description de ce Champignon des fées :
Chapeau campanulé puis convexe-plan, légèrement mamelonné, mince mais flexible, glabre, sec, d'une teinte roussâtre pâle ; stipe cylindrique, plein, de la couleur du chapeau, villeux, élastique, se tortillant en spirale lorsqu'il se dessèche ; lamelles libres, peu nombreuses, larges, écartées, blanchâtres ; spores blanches, oblongues, apiculées.
Odeur faible, mais douce, plus accusée après la dessiccation ; saveur agréable.
Été, automne.
Dans les gazons des parcs, les clairières herbeuses des bois, etc.
Espèce comestible, recommandée surtout comme condiment.
P. V. Blenis, P. S. Chow, I. Duncan et al. , auteurs d'un article intitulé "Cyanide levels near fairy rings affect the growth of grasses and fungi". (In : Canadian journal of botany, 2004, vol. 82, no 9, pp. 1324-1329) ont réalisé une étude dont voici le résumé
Résumé de l'étude : Les auteurs ont effectué des essais, au laboratoire ainsi que sur le terrain, pour vérifier l'hypothèse à l'effet que le cyanure produit par le Marasmius oreades (Bolt ex Fr.) Fr., concentré subséquemment par une diminution de l'humidité du sol près des ronds de sorcières, atteindrait des degrés inhibiteurs pour les graminées et les champignons du sol. A cinq dates et dans deux ronds de sorcières, les auteurs ont déterminé la teneur en eau du sol les teneurs en nanomoles de cyanure par gramme de sol sec, et les teneurs micromolaires en cyanure des solutions de sol. À moins de 50 à 60 cm des ronds, des augmentations de la teneur du sol en eau et des diminutions du cyanure par gramme de sol sec conduisent à une rapide diminution des teneurs en cyanure avec l'augmentation de la distance par rapport aux ronds. Ils ont exposé sept champignons et quatre espèces herbacées à différentes concentrations de cyanure, in vitro, afin d'évaluer la teneur en cyanure requise pour réduire la biomasse fongique ou l'élongation des racines des graminées de 50 % (EC50). Ils ont ensuite comparé ces valeurs EC50 avec les concentrations observées en cyanure dans les solutions de sol près des ronds de sorcières. À moins de 25 cm des ronds, les concentrations en cyanure sont suffisamment élevées pour inhiber la croissance des racines des graminées et inhibent fortement certains champignons du sol, alors que d'autres restent indifférents.
Mots clés : cyanure, Marasmius oreades, ronds de sorcières, pelouse.
[Traduit par la Rédaction de Canadian Science Publishing]
*
*
Lyra Ceoltoir, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) propose la description suivante du Marasme des Oréades :
Sous ce nom poétique, évoquant les nymphes des montagnes de la mythologie grecque, se cache un champignon étonnant, qui apprécie particulièrement de pousser en formant de grands et amples ronds de sorcière. Ou plutôt devrait-on dire des « ronds de nymphe », en ce qui le concerne ! C'est sans doute son affection pour la montagne, bien qu'on le retrouve également souvent en plaine, qui lui a valu son association avec les oréades, qui, dit-on, viennent danser dans les cercles de champignons.
Vie de champignon : Les marasmes doivent leur nom (du grec marasmos, « dessèchement ») à une étonnante capacité physique : par temps chaud, il leur arrive de se dessécher sur pied au point d'avoir l'air morts, mais il suffit d'une petite pluie ou d'un regain d'humidité pour qu'ils reprennent leur hygrométrie et leur aspect initial, comme si de rien n'était. On s'en doute, cette particularité est notamment intéressante en cuisine, puisqu'elle permet de faire sécher des champignons en s'assurant qu'ils se réhydrateront à merveille. Et cela tombe bien, car notre marasme des oréades est comestible.
Ce petit champignon possède un chapeau d'un beige chamois de 2 à 6 centimètres de diamètre d'abord ouvert en forme de cloche puis s'aplanissant avec l'âge, en gardant en son centre un mamelon plus foncé tirant sur le brun ocre. Par temps sec il peut virer au crème pâle, tandis qu'il fonce sur un roux ocre par temps humide. Sa marge est parfois striée, cannelée, et peut se retrousser avec l'âge, dévoilant des lames espacées, échancrées, mais assez épaisses, d'un beige chamois pâle. Le pied est fin et grêle, ne dépassant pas 3 à 6 millimètres de diamètre sur 4 à 7 centimètres de haut, blanc chez le sujet jeune, tirant sur la couleur du chapeau chez le sujet adulte. Toutefois, c'est surtout son côté coriace qui retient l'attention : il est si dur qu'on peut le plier sans le briser et qu'il est impossible de le couper à mains nues, même avec les ongles. C'est ce qui lui vaut son surnom de « pied-dur ». On s'en doute, ce dernier ne se consomme pas.
La chair, en revanche, est mince et élastique, blanchâtre, dégageant un odeur agréable évoquant l'amande amère et une saveur douce, rappelant la noisette, qui en font un comestible acceptable. Même si le champignon est petit et que son pied ne se mange pas, il pousse souvent en colonies si nombreuses qu'il est assez facile d'en faire une récolte suffisante pour sustenter tout le monde !
Le marasme des oréades pousse la plupart du temps en formant des ronds de sorcières, dans les prés, les pelouses, en bord de routes ou dans les clairières dégagées, du printemps jusqu'à l'automne, en fonction de la pluviosité.
On dit que c'est dans les cercles qu'il forme avec ses congénères que venaient danser les oréades à la nuit tombée. Ces nymphes des montagnes et des grottes, dont la plus emblématique représentante est Écho, sont les cinq filles du titan Hécatéros et de Niobé, la fille de Phoronée, sœurs des satyres et des curètes. Écho connut un bien triste destin : distrayant Héra par ses bavardages incessants pour ne pas que la déesse remarquât les infidélités de son volage de mari, le très versatile Zeus, elle fut finalement percée à jour par celle-ci, qui la condamna à ne plus parler que pour répéter les derniers mots que les gens autour d'elle prononçaient. La pauvre Écho tombera ensuite éperdument amoureuse de Narcisse, qui la repoussera, et assistera, impuissante, à la mort de son aimé, noyé dans son propre reflet. La malheureuse en mourra de chagrin, se desséchant avant de se changer en cendres, ne laissant subsister que sa voix répétant inlassablement les derniers mots qu'elle entendait.
Le marasme des oréades fut peut-être nommé ainsi en hommage à Écho et fut notamment popularisé par William Shakespeare, qui évoque ses ronds de sorcière dans La Tempête dès 1611, affirmant qu'en leur centre, l'herbe est si amère que les moutons refusent d'y brouter. Effectivement, on sait que le mycélium du marasme des oréades dégage de telles quantités de nitrates qu'il en intoxique l'herbe, qui se dessèche et fane... avant de profiter de la dissolution des nitrates dans le sol, devenus alors un fantastique engrais, pour repousser encore plus verte et drue, mais terriblement amère.
*
*
Usages traditionnels :
Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) passe en revue les avis de comestibilité de ses confrères :
Espèce comestible, recommandée surtout comme condiment.
D'après Paulet, cette espèce qui est sèche, ferme, d'une substance blanche, a une saveur et un parfum très agréables, se conserve bien et est fort recherchée pour l'usage. Il ajoute que c'est peut être même de tous les Champignons celui dont le parfum est le plus suave, et qu'il donne un goût délicieux aux sauces, sans qu'il exige pour cela une longue cuisson. Roques le signale aussi comme très parfumé et d'un goût fort agréable, et en fait le plus grand éloge. Vittadini recommande d'employer les individus jeunes et frais , les individus adultes ou séchés sur pied étant parfois indigestes. M. Quélet le déclare aussi très bon, lorsqu'il est jeune. Nous sommes de cet avis. C'est en réalité un Champignon dont le chapeau seul peut être employé, et qui peut servir dans les sauces à titre de bon condiment. Très jeune, il se laisse encore manger en omelette. Mais ses propriétés se gardant assez bien par la dessiccation, il peut être conservé pour être utilisé dans des ragoûts. Il varie de dimension suivant les localités. Nous en avons vu, dans des gazons épais, qui présentaient un chapeau d'un diamètre double de celui dont nous donnons la figure.
*
*
Symbolisme :
Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :
Dans le chaudron : En raison de ses associations mythologiques le marasme des oréades entrera idéalement dans la composition des charmes et des sortilèges liés au culte des esprits des lieux, des nymphes et des fées. Sa disposition à pousser en ronds de sorcière en fait également un champignon particulièrement puissant, que l'on peut intégrer à tout charme pour en dynamiser et en maximiser les effets, à condition de le récolter avec le respect qui s'impose.
Son lien avec les oréades, et donc, avec les montagnes et les grottes, en fait de plus un excellent allié pour la magie tellurique Réduit en poudre après séchage, il peut remplacer le sel ou les cendres pour le traçage des cercles de protection.
Il se dessèche très bien et se prête donc particulièrement à un usage en sachet ou en fumigation (en extérieur). Sa réhydratation spectaculaire en fait un allié appréciable pour les sortilèges de régénération, par exemple pour se remettre d'une épreuve ou d'une maladie. Comme il est comestible, il pourra tout à fait être utilisé dans ce but, à condition bien entendu d'avoir été formellement identifié.
Le Message de l'Autre Monde : « Je suis la danse extatique. L'énergie pétillante et dynamique de la magie qui tournoie le soir venu dans les lieux de pouvoir. On m'a souvent cherchée, traquée, exploitée ; on m'a rarement comprise. L'avidité ne sert à rien face à moi, car je suis l'instinct primal l'impulsion primordiale, l'inspiration divine soufflée par la terre elle-même à l'oreille de l'être suffisamment innocent et à l'écoute pour l'entendre et la suivre. J'ai vu danser les nymphes, courir les dieux, mourir les immortels. Je les ai vus renaître, aussi. Je suis le flux entre les êtres, les choses, les mondes, que je relie et sépare, pour en garantir l'équilibre et l'intégrité. Entreras-tu dans ma danse ? »
Sortilège : L'Omelette d'Écho : Pour guérir un cœur blessé
Si, comme Écho, vous souffrez d'un cœur brisé suite à une mésaventure amoureuse, préparez-vous une omelette de consolation.
Nettoyez soigneusement un bol de marasmes des oréades dont vous aurez pris soin d'ôter le pied, de préférence dans les rincer, sauf s'ils sont très sales, plutôt à l'aide d'une brosse à champignons.
Sur la coquille de trois œufs, dessinez, à l'aide d'un crayon de papier, un symbole, un sigil ou écrivez un mot-clef représentant chacun l'une des choses dont vous devez faire le deuil pour tourner la page sur cette déception amoureuse. Il peut s'agir du nom de la personne, d'une illusion que vous avez eue, etc. Cassez chacun des œufs en brisant la coquille à l'endroit du symbole et écrasez les coquilles entre vos mains avant de les jeter ou de les composter.
Battez les œufs en faisant monter l'énergie : concentrez-vous sur votre but et insufflez au mélange de bonnes énergies. Ajoutez une cuillerée à soupe de pétales de fleurs de souci (Calendula officinalis), en demandant à la fleur de balayer votre chagrin . Salez, poivrez.
Dans une grande poêle, placez une noisette de beurre ou un filet d'huile (ou tout lipide de cuisson à votre goût) et faites revenir les champignons une bonne minute à feu vif, en remuant,. Profitez-en pour en appeler à leurs vertus guérisseuses et régénérantes.
Quand les champignons ont bien réduit, versez le mélange d'œufs et cuisez à feu moyen jusqu'à obtenir la consistance d'une omelette à votre goût (baveuse, plus cuite, à vous de voir). Incantez sur le mélange pour lui insufflez l'énergie adéquate, par exemple :
« Marasme des oréades, glorieux cercle de fées,
Console mon âme en peine, guéris mon cœur brisé.
Jolies fleurs de souci, soleil dans la prairie,
Éclairez mon chemin d'une brillante alchimie. »
Dégustez votre omelette dans un moment de douce solitude, installé dans un endroit que vous aimez, en faisant une activité apaisante et consolatrice, par exemple en compagnie de votre livre favori ou devant un épisode de votre série préférée. N'oubliez pas de remercier les nymphes des champignons et des fleurs pour leur soutien.
*
*
*