Étymologie :
Étymol. et His. 1544 (L. Duchesne, In Ruellium de Stirpibus epitome d'apr. Roll. Flore t. 9, p. 168). Altération d'apr. patience1 du lat. lapatium, -cium, att. à côté de lapathum empr. au gr. λ α ́π α θ ο ν, -θ ο ς, -θ η (v. André Bot., p.178) avec suppression de la 1re syll. prise pour l'art ; on trouve également la forme lapacion (1581, Arnoul de Ville-Nove, Le Trésor des pauvres, fol. 101 rods Gdf.), transcr. sav. de lapatium, dont la prononc. a suscité un découpage en la passion (d'où le jeu de mot de Rabelais, Tiers Livre, Prol., éd. M. A. Screech, p. 16 : «je n'y fauldray par lapathium acutum de Dieu». Lapathium étant prononcé lapation devient homon. de la passion de Dieu) et la transformation p. plaisant., prob. dans le milieu méd. de lapacion en lapatience (v. FEW t. 5, p. 169a). À côté de ces formes on rencontre des formes pop. du type lavase (v. FEW t. 5, p. 168a).
Lire légalement la définition du nom patience (2e sens) afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Rumex alpinus - Oseille des Alpes - Patience des Alpes - Tsai des montagnes -
Rumex obtusifolius - Oseille des montagnes - Patience à feuilles obtuses - Patience sauvage - Rumex à feuilles obtuses -
Rumex patientia - Chou de Paris - Churelle - Dogue - Droutche - Épinard vivace - Épinard perpétuel - Fausse Oseille - Grande Parielle - Grande patience - Herbe à la vache malade - Herbe aux teigneux - Oseille à crapaud - Oseille des bœufs - Oseille-épinard - Pain de crapaud - Parelle - Passe-science - Patience des jardins - Parielle - Poupinne - Rouarne - Rhubarbe sauvage - Vinette sauvage -
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Botanique :
Selon les transcriptions de Pitra reprises par Béjottes, la patience est associé au signe astrologique du Capricorne.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Patience :
Propriétés Physiques et Chimiques. — La racine fusiforme et jaunâtre a une odeur faible, une saveur un peu amère et acerbe laissant dans la bouche un goût mucilagineux ; mâchée elle jaunit la salive. Les feuilles sont aigrelettes. Cette plante contient de la résine, de la Rumicine, du soufre, une matière extractive semblable au tannin, de l'amidon, de l'albumine et des sels (Deyeux, Riegal). La rumicine paraît avoir une grande ressemblance avec le rhabarbarin.
Usages médicaux. — La racine de patience s'employait beaucoup autrefois dans les bouillons et les tisanes apéritives ; on en faisait prendre plusieurs verrées par jour aux individus affectés de la gale, des dartres, ou autres affections cutanées ; on la disait bonne pour l'érysipèle, l'inflammation du sang et la petite vérole. La racine pilée s'appliquait sur les ulcères des jambes ; elle servait aussi à préparer avec du beurre un onguent contre la gale. Ces racines qui sont comestibles ainsi que les feuilles, sont employées de nos jours comme légèrement laxatives ; on les dit aussi un peu toniques, altérantes, diurétiques et dépuratives ; elles semblent se rapprocher de la rhubarbe agissant à petite dose à la façon des toniques et contribuant à plus haute dose à tenir le ventre libre. La patience s'emploie encore contre le scorbut, la scrofule, la syphilis, la gale et les éruptions cutanées. La décoction a paru efficace dans le traitement de l'ichthyose confirmée (Thomson). On administre la tisane à la dose de 30 grammes de racine concassée pour 1000 grammes d'eau bouillante. Cette plante est souvent remplacée par le Rumex obtusifolius, L.
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Usages traditionnels :
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
L'oseille des montagnes, Rumex obtusifolius, si commun autour de nos chalets et souvent confondu avec l'alpinus, est cueilli lorsque la plante sort de terre en un cône allongé et blanchâtre, et se mange dans la soupe de pommes de terre.
[...]
La racine du tsai des montagnes, oseille ou patience des Alpes, Rumex alpinus, et celle du Rumex obtusifolius, jouissent encore d'une certaine vogue dans nos hautes montagnes. [en terme de purgatif]
[...]
Les feuilles de l'oseille des Alpes ou tsaï des montagnes, Rumex alpinus, si commune autour des chalets, ainsi que le Rumex obtusifolius, sont recueillies, salées et transformées en une espèce de choucroute excellente pour engraisser les porcs et le bétail pendant l'hiver.
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Croyances populaires :
Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :
232. - Pour se guérir de l'enfle, il faut boire de la graine de parelle infusée dans de l'eau. [...]
234. - Pour guérir la gale, on pile des racines de petites parelles, qu'on met à sécher sur le galetier avec un peu d'alun. Quand le tout est bien sec et réduit en poudre, on le mélange avec du beurre frais pris dans la baratte. On fond le tout dans une casserole et l'on se frictionne.
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Dans la Gironde, les jeunes filles mélangent de la pradelle (patience) en poudre dans la boisson ou dans les aliments de ceux qu'elles poursuivent.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la patience :
PATIENCE - PATIENCE.
La médecine fait un fréquent usage de la racine de Patience, qui est fort amère. Le nom de la plante est homonyme, c'est dans ce sens que mademoiselle de Scudéry a dit : "La Patience n'est pas la fleur des Français." Passerat a dit aussi dans son Jardin d'amour :
On peut en ce jardin cueillir la Patience ;
De la prendre en amour je n'ai pas la science.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Patience - Patience.
C’est une plante médicinale qui semble dire au malade qui l’emploie : Un peu de patience, je te guérirai.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
PATIENCE — PATIENCE.
Mes frères, persévérez dans la patience jusqu'à l'avènement du Seigneur ; vous voyez que le laboureur, espérant recueillir le fruit précieux de la terre, attend patiemment jusqu'à ce qu'il reçoive les pluies du printemps et de l'automne ; vous aussi, soyez doux, patient, et affermissez vos cœurs, car l'avènement du Seigneur est proche.
- 1 Jacques : V, 7-8.
La patience ou rumex patience habite particulièrement les prairies, les bois humides, les bords des ruisseaux. Sa racine pousse une tige cannelée, haute d'environ 60 centimètres et quelquefois beaucoup plus. Ses fleurs sont petites, nombreuses et verdâtres. Ce rumex est cultivé dans les jardins comme plante usuelle et médicinale. On a fait de cette plante le symbole de la patience en jouant sur son nom qui est homonyme.
MAXIMES.
La patience est de toutes les vertus la plus difficile à pratiquer ; mais elle serait encore bien davantage si elle n'était soutenue par l'espérance.
(OXENSTIERN.)
La vertu de la patience est celle qui nous assure le plus de la perfection, et s'il la faut avoir avec les autres, il faut aussi l'avoir avec soi-même.
(ESPRIT DE SAINT FRANÇOIS DE SALES.)
La patience fortifie la foi, amène la paix, aide la charité, instruit l'humilité, attend la pénitence et la pratique, régit le la chair, conserve l'esprit, réprime la langue, retient la main, surmonte les tentations, détruit les scandales, consacre le martyre, console les pauvres, diminue les maux, réjouit les fidèles, rend recommandables les serviteurs à leurs maîtres, est aimable dans les enfants, louable dans les jeunes gens, vénérable dans les vieillards ; enfin, admirable dans toute condition, en tout sexe et en tout âge.
(TERTULLIEN, Du liv . à sa femme..)
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Patience - Patience.
La racine de cette plante est employée en médecine comme dépuratif ; elle agit peu à peu sur le sang et pondère ses éléments.
On peut en ce jardin cueillir la patience,
De la prendre en amour je n'ai pas la science. PASSERAT.
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Marcel Coquillat propose un article intitulé "Les Herbes de la Saint Jean (suite)" paru In : Bulletin mensuel de la Société linnéenne de Lyon, 15ᵉ année, n°8, octobre 1946. pp. 54-56, dans lequel il propose une liste des herbes de la Saint-Jean, la patience en ferait partie :
Patience sauvage (Rumex crispus L.). — Dont la racine cueillie à la Saint Jean a certaines propriétés diurétiques. Il faut lui préférer sa voisine Rumex patientia L. cultivée, qui est tonique, dépurative, et antiscrofuleuse.
Selon Lucie Coignerai-Devillers, auteure d'un article critique intitulé "Médecine populaire du Vivarais : Pierre Ribon, Guérisseurs et remèdes populaires dans la France ancienne. Vivarais. Cévennes" In : Revue d'histoire de la pharmacie, 72ᵉ année, n°260, 1984. pp. 94-95 :
Quelle plus belle illustration de la doctrine des signatures que la photographie de l'« herbe à la pleurésie », Rumex sanguineus, dont les feuilles lancéolées et boursouflées, aux nervures rouges, évoquent irrésistiblement l'image des poumons ?
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), la Grande Patience (Rumex patientia) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Planète : Jupiter
Élément : Air
Pouvoirs : Guérison - Fécondation - Gains matériels.
Utilisation magique : Alors que les pharmaciens-herboristes font entrer les feuilles, les racines, et parfois le suc, de cette plante dans leurs préparations, seules les graines intéressent les magiciens : on s'en sert dans les vœux d'argent, de prospérité; toujours dans le même but, on en incorpore aussi aux parfums à brûler.
Lorsqu'un négociant, un homme d'affaires, s'installe pour la première fois dans un local commercial où il n'a jamais exercé auparavant, il est judicieux de « baptiser » ce nouveau local en y répandant, une infusion fortement concentrée de graines de la grande « oseille des bœufs ». Les vibrations qu'elle dégage jouent dans ce cas un double rôle; elles achèvent d'effacer les éléments subtils qui peuvent traîner encore après le départ des anciens occupants ; et elles rendent les locaux très favorables à l'activité que le nouveau propriétaire, ou locataire, se propose d'exercer.
Si l'on a des ateliers où travaillent des femmes, on fera bien de les laver une fois par mois avec cette infusion de graines, mais beaucoup plus diluée que dans la situation précédente ; les ouvrières auront du cœur à l’ouvrage et les problèmes de revendications ne se poseront même pas.
Outre cette Grande Patience, la plus commune, on trouve aussi en France d'autres espèces : la Patience crépue (Rumex crispus) ; la Patience violon (Rumex pulcher), la Patience sauvage (Rumex obtusifolius).
Plusieurs autres variétés vivent dans les lieux frais, au bord des eaux (Rumex hydrolapathum) et en montagne (Rumex alpinus). Des graines de toutes ces Patiences, attachées au bras gauche d'une femme, l'aideront à concevoir. Ces graines étaient utilisées autrefois dans les rituels de guérison, particulièrement pour des enfants malades.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, il y a deux entrées pour les renouées :
De la patience réduite en poudre mêlée à une boisson ou à un aliment destiné à la personne aimée sert d'envoûtement d'amour - (Gironde). Attachées au bras gauche, des graines de la plante aident une femme à concevoir.
Si une jeune fille à qui on fait respirer la fumée de patiences posées sur de la braise n'urine ni ne pâlit, elle n'est certainement plus vierge.
Laver, une fois, par mois, avec une infusion de graines de patience, un atelier où travaillent des femmes à pour effet, de leur donner du cœur l'ouvrage et de supprimer chez elles toutes velléités revendicatrices. Un négociant ou un homme d'affaires qui inaugure son nouveau local a tout intérêt à se livrer à cette opération : « Les vibrations qu[e] dégage [l'infusion] jouent dans ce cas un double rôle : elles achèvent d'effacer les éléments subtils qui peuvent traîner encore après le départ des anciens occupants ; et elles rendent les locaux très favorables à l'activité que le nouveau propriétaire, ou locataire, se propose d'exercer ».
Pour prendre possession de la patience et de ses vertus, il faut avant la récolter tracer chaque matin à son pied un cercle magique et réciter neuf Pater. Il est du meilleur effet d'adresser une prière à saint Jean-Baptiste pendant la cueillette de cette plante.
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