Autres noms : Lycopus europaeus - Chanvre d'eau - Crumen - Crumène - Crumière - Crumièvre - Herbe des Égyptiens - Lance du Christ - Lycope d'Europe - Lycope des marais - Marrube aquatique - Marrube d'eau - Ortie d'eau - Pied de loup -
Lycopus uniflorus - Lycope uniflore -
Botanique :
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Vertus et bienfaits :
Fabien Girard délivre généreusement ses Secrets de Plantes : Saveurs, élixirs et fragrances de la flore boréale. (Les éditions JCL, 2013) :
"Tu plaisantes ou quoi ? On dirait des larves de hanneton ! Même forme, même longueur ! Et tu veux que je croque là-dedans ?
- Alors, tu goûtes ?
- ... Bon, d'accord !... Mmmm, très bon ! C'est croustillant, comme un mélange de radis doux et de pomme de terre. Gorgé d'amidon, si je me fie à mon goût !"
Eh oui, en effet ! Ces petits tubercules de deux centimètres de longueur environ, c'est la réserve de nourriture de lycope dont il fait provision durant la saison de croissance. Quand l'hiver prend fin, une enzyme décompose l'amidon en sucres simples que la plante utilise pour reprendre ses activités. Incroyable ! Que de secrets sous la terre !
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Que de fois cet arôme nous a intrigués ! En froissant la plante, on le fait immédiatement ressortir. Les références littéraires au Lycope uniflore sont peu nombreuses, et rares sont celles qui font l'éloge de son odeur parfumée. Peut-être le Lycope que nous connaissons constitue-t-il une variété odorante qui pousse en abondance au lac Saint-Jean, mais qui n'a été que très peu recensée ailleurs ! Morphologiquement, le Lycope ressemble à la Menthe, dont la réputation lui fait beaucoup d'ombrage en retenant l'attention, peut-être plus que de raison.
A mon arrivée au labo alors que la distillation était commencée, j'ai eu toute une surprise. L'eau florale a une odeur de pommes de terre en purée au poivre. Quand même bizarre ! Quant à l'essence, bien qu'elle sente tout aussi bon, le labo n'a pu y détecter que de composés très standards, tels le limonène à 45% et des composés mineurs comme les cadinènes qu'on retrouve aussi dans le poivre.
Il faut broyer le Lycope frais pour libérer toute sa saveur. C'est poivré, salé, et d'un goût floral en même temps. Séché, il développera après quelques mois une odeur d'algues marines qui ressortira lors du broyage. La capacité antioxydante du Lycope est la plus élevée que nous ayons rencontrée chez les épices analysées jusqu'à présent.
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Frais ou séché, il aromatise avec à-propos les soupes aux légumes, les pâtes, les sauces blanches, les biftecks et les poissons.
Le Lycope, semble-t-il, agirait sur la glande thyroïde, mais on ne connaît ni son principe actif, ni son mode d'action. Cependant, l'analyse de ses oligoéléments révèle des teneurs en calcium, en magnésium, en manganèse et en zinc qui surpassent la plupart des fruits et légumes connus.
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Mariam Serraoui, autrice d'une thèse en pharmacie intitulée Propriétés endobiogéniques des plantes médicinales (soutenue à Rabat, Maroc en 2019) confirme les savoirs traditionnels sur le Lycope :
La drogue est constituée des parties aériennes récoltées de Juillet à Septembre [...]
La drogue est traditionnellement utilisée par voie orale pour ses propriétés astringente, fébrifuge, antithyroïdienne, sédative nerveux (médecine populaire).
Son activité antithyroïdienne est liée à un antagonisme direct à l’égard de la thyroxine et à un antagonisme de l’activité thyréotrope hypophysaire, revient à la présence d’acide lithospermique et de fluor.
Ainsi, son activité anti-gonadotrope induit le blocage des hormones gonadotrope. [...]
La plante est fébrifuge, astringente, Elle diminue les effets des hormones thyroïdiennes. [...]
Elle possède une action sympatholytique, antigonadotrope indirect, et freinateur hypophyso-thyroïdien (TSH) joue ainsi sur l’équilibre TSH-TRH donc sur la transformation de T4 en T3.
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Usages traditionnels :
François Dubois, dans sa Matière médicale indigène, ou, Histoire des plantes médicinales qui croissent spontanément en France et en Belgique : ouvrage en réponse à la question, Des ressources que la flore médicale indigène présente aux médecins de campagne ? auquel la Société de Médecine de Marseille a Décerné une médaille d'or. (Typ. de J. Casterman, 1848) rend compte d'usages connus de la Marrube d'eau :
D'après Linné, la décoction des feuilles, traitée avec le vitriol, donne une bonne couleur noire. On doit supposer, de là, qu'elle jouit d'une propriété astringente assez marquée.
Au rapport de Mérat, cette plante serait employée, de temps immémorial, par les cultivateurs Piémontais, pour guérir la fièvre intermittente. (Ouv. cit., t. 4, p. 168.) Ré, professeur de matière médicale vétérinaire à Turin, prétend qu'elle fournit un remède fébrifuge très efficace, si on l'administre en poudre à la dose de deux gros un peu avant l'accès.
Selon Alfred Chabert, auteur de Plantes médicinales et plantes comestibles de Savoie (1897, Réédition Curandera, 1986) :
Les teintures végétales ne pouvant supporter la concurrence des teintures chimiques dont le prix est bien moindre, les plantes tinctoriales ont cessé d'être cultivées, et on ne récolte plus guère celles qui croissent dans nos vallées et sur nos montagnes. Je me souviens d'avoir vu dans mon enfance arracher, pour la teinture, l'épine-vinette et l'Asperula cynanchica ; aujourd'hui personne n'y songe. L'énumération que je fais des plantes tinctoriales spontanées en Savoie n'a donc qu'un intérêt historique.
Teinture noire : suc du Lycopus europaeus ; [...]
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