Étymologie :
Étymol. et Hist. 1605 (Du Pinet, Trad. Dioscoride, préf. ds Delb. Notes mss). Empr. au lat. bot. potentilla, dér. de potens «puissant» (André Bot.).
Étymol. et Hist. 1. xiie s. bot. subst. fém. quintefole (Gloss. Tours, 331 ds T.-L.) ; 2. spéc. ca 1253 [ms. 1585] hérald. quintefueile (Glover's Roll, 70 ds Brault) ; fin xive s. quintesfieules (Armor. de Fr., Cab. hist., VI, 37 ds Gdf., s.v. fieule) ; 3. 1875 archit. subst. masc. (Lar. 19e). Francisation d'apr. quinte, fém. de quint* du lat. quinquefolium terme de bot., v. aussi André Bot., comp. de quinque « cinq » et folium « feuille », du gr. π ε ν τ α ́ φ υ λ λ ο ν « id. ».
Lire également la définition des noms potentille et quintefeuille afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Précision apportée par A. Houzé, “Étude sur quelques noms de lieux.” Revue Archéologique, vol. 14, 1866, pp. 200–207 : La plante que nous nommons Quinte-feuille se nommait en grec Pentaphullon , en celtique Pempedula, en latin Quinquefolium ; elle se dit aujourd'hui en armoricain Pempiz = Pemp-bis , c'est-à-dire cinq doigts.
Autres noms : Potentilla reptans - Chacourroie - Herbe à cinq feuilles - Herbe à cinq doigts - Main d'Hermès - Main-de-Mars - Main de Saint-Jean - Nerf de bœuf - Patte-de-pigeon - Pied court - Pied-de-coulomb (Indre => coulomb = pigeon) - Pipeau - Potentille rampante - Quintefeuille pentaphyllon -
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Botanique :
Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely présente ainsi la Potentille :
Parmi toutes les potentilles de la grande famille des Rosacées, celle qui nous intéresse est la rampante, encore plus connue sous on nom populaire de quintefeuille. Une dénomination qui nous donne de suite un critère d'identification facile : sa feuille est divisée en cinq folioles dentées. C'est aussi au nombre de cinq que se comptent ses pétales d'un beau jaune vif composant sa fleur. L'herbe à cinq feuilles fleurit au printemps, ce qui explique son autre surnom de main-de-mars. Elle est formée d'une rosette basilaire rejetant des stolons et produisant des akènes, la manière de nos fraisiers, qui sont de proches cousins. Ses tiges rampantes peuvent atteindre un mètre de long et s'enracinent aux nœuds, là où naissent feuilles et fleurs.
La potentille rampante apprécie les forêts claires, les prairies, les bords de chemin, les haies et bien sûr les jardins où elle s'installe facilement. Sa racine mâchouillée par les nourrissons faisait passer la douleur des dents de lait.
Elle était connue en pharmacopée pour ses propriétés astringentes atténuant les hémorragies et les diarrhées.
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Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de la Quintefeuille :
Propriétés physiques et Usages Médicaux. - Cette racine ressemble à celle du fraisier ; elle est plus longue, cylindrique, de la grosseur d'une plume à écrire, rouge brun au-dehors, blanche au-dedans ; elle est inodore et possède une saveur styptique un peu douceâtre ; elle contient une grande quantité de tannin. Les feuilles s'emploient fraîches ou sèches ; elles sont moins acerbes. Du temps d'Hippocrate cette plante était déjà employée dans le traitement de la fièvre intermittente ; Senac lui a reconnu cette propriété souvent utilisée par les gens de la campagne ; elle a été prescrite dans la dysenterie (Chomel), la diarrhée, la leucorrhée, les hémorragies passives, les pertes séminales ; on la donne en gargarisme dans les maux de gorge et les ulcères putrides de la bouche. La poudre s'administre à la dose de 8 à 16 grammes et pour la décoction on prend de 15 à 30 grammes.
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Symbolisme :
Louise Cortambert et Louis-Aimé. Martin, auteurs de Le langage des fleurs. (Société belge de librairie, 1842) évoquent rapidement le symbolisme de la quintefeuille :
QUINTEFEUILLE - FILLE CHÉRIE.
Quand le temps est pluvieux, les feuilles de cette plante se rapprochent, se penchent sur la fleur, et forment une petite tente pour la mettre à couvert. On croirait voir une tendre mère tout occupée du soin de préserver une fille chérie.
Dans Les Fleurs naturelles : traité sur l'art de composer les couronnes, les parures, les bouquets, etc., de tous genres pour bals et soirées suivi du langage des fleurs (Auto-édition, Paris, 1847) Jules Lachaume établit les correspondances entre les fleurs et les sentiments humains :
Quintefeuille - Amour maternel.
La feuille de cette plante forme un éventail destiné à protéger la fleur pendant la pluie.
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Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
QUINTEFEUILLE - FILLE CHÉRIE.
La fille est à son père une continuelle sollicitude ; elle lui en lève le sommeil ; il craint qu'elle ne passe son adolescence sans être mariée et qu'une fois avec son mari, elle ne soit pas aimée. Il craint qu'elle ne soit séduite pendant sa virginité et que mariée elle ne viole la loi. — Ecclésiastes : XLII, 9, 10.
Selon Pierre Zaccone, auteur de Nouveau langage des fleurs avec la nomenclature des sentiments dont chaque fleur est le symbole et leur emploi pour l'expression des pensées (Éditeur L. Hachette, 1856) :
QUINTEFEUILLE - AMOUR MATERNEL.
Plante de la famille des rosacées ; elle est vivace et rampante, ses tiges sont longues de deux à trois pieds, ses fleurs paraissent en été ; elles sont jaunes, solitaires et assez grandes. La Quintefeuille, dit A. Martin, étend ses pétales d'or et en forme une petite tente pour se mettre à couvert de la pluie ; mais, après l'orage, elle replie ses voiles, el regarde le ciel.
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Emma Faucon, autrice d'un ouvrage intitulé Le langage des fleurs. (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) rapporte plusieurs exemples qui créent une forme de baromètre botanique :
Quintefeuille. — La quintefeuille étend ses pétales d'or et s'en forme un abri pour se garantir de la pluie prochaine. Elle replie ses voiles lorsque l'orage est sur le point de cesser.
Quintefeuille - Fille chérie.
C'est une des espèces de la potentille. Aussitôt que le temps menace de la pluie, les feuilles de cette plante se réunissent en un éventail qui, penché sur la fleur, la protège des intempéries de l'atmosphère. — Cette image fait penser à la tendre mère occupée du soin de veiller sur sa fille chérie.
Elle éprouvait, cent fois le jour,
Ce mélange d'inquiétudes,
D'ivresses, de sollicitudes,
Inséparables de l'amour ;
Ses soins étaient plaisirs pour elle :
Les soins de mère sont si doux ! ...
Dans La Météorologie populaire (Éditions Mercure de France, 1970 ), Paula Delsol précise que la quintefeuille sert dans les prévisions à courte échéance :
Berger, rentre tes blanc moutons, la pluie va tomber si :
- les pétales d'or de la quintefeuille s'étendent généreusement comme pour abriter la plante.
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), les Potentilles ont les caractéristiques suivantes :
Trois espèces sont utilisées en magie herboriste :
L'Ansérine (Potentilla anserina) ; Herbe aux oies ou aux cochons ; Patte ou bec d'oie ; Potentille des oies ; Argentine ; Dorette ; Richette ; Magne-tout ; Feuilles ou Plaques d'argent ; Herbe aux laquais ; Corde à violon ; Estragon sauvage ; Langue de serpent ; Fleur de coliques ; Herbe des fossés.
La Quintefeuille (Potentilla reptans) ; Potentille rampante ; Herbe à cinq feuilles ou à cinq doigts ; Main de mars ; Pipeau ; Patte de pigeon ; Pied court ; Chacourée ; Traînasse ; Majoufié ; Pied de poule.
La Tormentille (Potentilla erecta) ; Potentille officinale ; Tormentille tubéreuse ; Tourmentille ; Racine du diable ; Herbe ou Bouquet de Sainte-Catherine ; Blodrot ; Contre-peste ; Herbe à la hernie ; Chouquet ; Souchet de bois ; Mor du diable ; Tourmentine.
Les espèces ornementales (Potentilla atrosanguinea, Potentilla aurea, Potentila fructicosa, etc.) ne sont d'aucune utilité dans les rites de sorcellerie naturelle. Les Potentilles qui nous intéressent sont des « mauvaises herbes » tenaces, très résistantes, qui prolifèrent tout l'été dans les lieux incultes, aux abords des fermes, en bordure des chemins, où leurs petites fleurs jaunes se détachent d'un feuillage rappelant celui des fraisiers.
Genre : Masculin
Planète : Jupiter
Élément : Feu
Pouvoirs : Protection ; Gains matériels ; Rêves prémonitoires ; Affection ; Pouvoirs psychiques
Utilisation magique : L'Ansérine et la Quintefeuille sont toutes deux des « 5-5-5 » : leur calicule possède 5 divisions ; leur calice 5 sépales ; leur corolle 5 pétales. La Quintefeuille possède en plus, comme son nom l'indique, des feuilles a cinq « doigts » bien écartés. C'est sans doute pour cette raison qu'elle figure dans le plus grand nombre de recettes.
La tradition ne pouvait manquer de voir un symbole dans cette répétition du chiffre 5. Le plus courant, répandu dans toute l'Europe comme aux Etats-Unis, est : Amour, Argent, Pouvoir, Santé, Sagesse. Ces variétés sont censées apporter tous ces bienfaits à celle ou à celui qui en place des bouquets dans sa maison.
La Tormentille à quatre pétales n'est pas négligée pour autant; les personnes douées (ou affligées...) d'une très haute sensibilité médiumnique en boivent des infusions afin d'éviter de se trouver possédées en permanence par les esprits qu'elles invoquent.
Ici aussi il existe quelques (rares) phénomènes naturels : si jamais vous trouvez une Potentille à sept doigts, empressez-vous de la mettre sous verre et de l'accrocher à la place d'honneur dans votre chambre. C'est un talisman exceptionnel.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani, on apprend que :
La quintefeuille (potentille rampante), appelée aussi "herbe à cinq feuilles" (ou "à cinq doigts"), car ses feuilles présentent cinq "doigts" bien écartés (sa canicule possède également cinq divisions, son calice, cinq sépales, sa corolle, cinq pétales), doit sans doute à la répétition du chiffre cinq (nombre sacré) sa réputation de plante bénéfique par excellence. Depuis l'antiquité égyptienne, on lui attribue le pouvoir de chasser les esprits malins.
En Europe comme aux États-Unis, la quintefeuille attire amour, argent, pouvoir, santé, sagesse, et permet d'obtenir tout ce que l'on désire. On prétend aussi que "si on veut demander quelque chose à un roi ou à un prince, on n'a qu'à la porter sur soi, elle rend savant et fait obtenir ce que l'on en souhaite".
La racine de quintefeuille, appliquée en emplâtre, guérit les plaies ; son suc, absorbé dans de l'eau, vient à bout des écrouelles, guérit les douleurs d'estomac et de poitrine et, mis dans la bouche, apaise les maux de dents.
Avoir sur soi trois brins de quintefeuille fraîche dans un sachet de toile écrue permet d'avoir une bonne mémoire.
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Fanny Yung, Jean-Pierre Chaumont et Helga Mettetal, dans un article intitulé "Plantes et remèdes d'utilisation ancienne par les Anabaptistes Mennonites." (paru In : Revue d'histoire de la pharmacie, 86ᵉ année, n°320, 1998. pp. 411-420), nous rapportent que :
Ainsi, on peut lire dans un manuscrit familial non publié daté de 1785 : […]
Une autre application tout aussi particulière d'une plante dénommée « plante aux 5 doigts », la potentille quintefeuille : « Grâce à elle, on peut obtenir ce que l'on veut de n'importe qui (Prince ou Seigneur...). Si elle est mise autour du ventre nu, personne ne peut te molester. Si une femme est mise dans les douleurs de l'enfantement et qu'elle se suspend cette herbe à son cou, elle accouchera dès cette heure. »
Pour avoir toutes ces vertus, l'herbe à 5 doigts doit être retirée du sol un vendredi, avant le lever du soleil, et c'est plus efficace si on l'utilise secrètement.
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Dans Petit Grimoire : Plantes sorcières, Les Sortilèges (Éditions « Au bord des continents... », mars 2019, sélection de textes extraits de Secrets des plantes sorcières) Richard Ely précise les caractéristiques magiques de la Potentille :
La clef du succès : Porter de la quintefeuille sur soi vous apportera la tranquillité et vous permettra d'apparaître aussi calme que possible devant les situations les plus difficiles. Voilà une plante bien utile que la sorcière fournira à toute personne devant prendre la parole en public ou s'assurer de son succès dans une affaire.
La quintefeuille, bien connue des sorcières du Moyen Âge, est une plante du pouvoir d'abondance, attirant le succès et l'argent, protégeant la personne qui la porte ou en détient chez elle. Par sa nature magique, elle est une bonne gardienne, vous préservant des malheurs du quotidien et, surtout, la potentille rampante vous évitera de lourdes pertes matérielles. C'est aussi une protectrice efficace contre les sorts jetés pour provoquer la fièvre. En Écosse, on la suspendait autrefois au-dessus des portes pour que les mauvaises sorcières ne puissent pénétrer dans les demeures ainsi protégées. On l'accroche encore aujourd'hui en sachet à la tête d'un lit afin de favoriser une bonne et douce nuit aux dormeurs qui y prendront place.
La quintefeuille entre aussi dans des compositions servant à attirer ou rejeter quelqu'un. En mettre quelques feuilles dans la poche avant un rendez-vous galant, c'est la certitude d'en repartir avec le premier baiser ! Délicatement posée sous l'oreiller avant de s'endormir, elle vous fera rêver de l'être aimé. Les sorcières s'en servent aussi séchée et brûlée afin de deviner le nom de votre futur époux.
Sept doigts : Mieux que le trèfle à quatre feuilles, la potentille à sept feuilles est recherché par les anciens depuis toujours pour en faire un précieux talisman apportant chance et bonheur dans le foyer. Si vous tombez sur l'une de ces raretés, empressez-vous de la placer chez vous, bien protégée dans un bocal de verre où elle fera rayonner votre maisonnée de bonheur.
Signature : Vénus
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Héraldique :
Selon Wikipédia :
La quintefeuille est un meuble utilisé en héraldique. Elle désigne une fleur à cinq pétales ayant chacun une pointe et dont le centre est percé en rond, de manière que l’on voit le champ de l’écu à travers.
Elle se distingue de la rose héraldique et de l'angemme par la pointe de ses pétales.
La quintefeuille est généralement présente seule ou posée deux et un. C'est un meuble caractéristique du nord ouest de la France (Maine, Normandie et Bretagne)
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Mythologie :
Dans Des dieux et des plantes. Récolte phytonymique dans les textes médicaux latins (Editions Latin et langues techniques, 2006) Françoise Gaide rattache la quintefeuille à Hermès par l'intermédiaire de son appellation "Doigts d'Hermès :
Pour Hermu dactylos (Pseudo-Apulée, Herbarium, 2, 31), "Quintefeuille" il faudrait comprendre "main d'Hermès" (Carnoy, 1959). Mais la seconde plante se signale par des stolons traçants (Lieutaghi, 1992 : 117), qui figurent peut-être des doigts. Mais pourquoi Hermès ? A cause des petites bornes grecques avec statues d'Hermès (Carnoy, 1959) ? Je pense plutôt qu'Hermès, le serviteur des dieux, est simplement salué, pour reprendre la belle formule - traduite - de W. F. Otto (1981 : 126), comme "le plus ami des hommes d'entre les dieux".
[…]
Dans manus Martis "Quintefeuille" la motivation sémantico-référentielle est vraiment double : manus renvoie métaphoriquement à un trait morphologique de la plante, tandis que Martis indique métonymiquement sa destination.
Selon Tony Goupil, dans un article intitulé "Phytoreligieuses et phytomythologiques : plantes des dieux et herbes mythologiques." paru dans Evaxiana 3, 2017, pp. 157-162, mentionne également cette référence au passage :
À Mercure reviennent la mercuriale, l’Hermu Dactylos pour la quintefeuille et Hermodactylus pour le tue-chien.
[...] Enfin la troisième conclusion est que certaines plantes portent le nom d’un dieu pour lui rendre hommage (soit car ce dernier est le créateur de ladite plante, soit parce que cela permet de rendre grâce aux dieux et par le même temps d’ennoblir la plante). C’est le cas de l’Hermodactyle, qui tient son nom d’Hermès et qui désigne la quintefeuille.
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Littérature :
Éditions Potentille : Entretien avec Anne Brousseau par Cécile Guivarch :
[...]
Je me suis toujours demandé, d’où vient ce nom : « potentille » ?
C’est tout simple. Je voulais le nom d’une fleur pour une métaphore que j’avais en tête. A mes yeux, la poésie contemporaine est comme un paysage : il y a de grands éléments, des moyens, des petits, des flamboyants, des discrets, et c’est le fait que chacun tienne sa place, c’est l’ensemble de tous ces éléments qui fait la beauté du paysage.
J’ai donc pris un livre de fleurs, et j’ai commencé à tourner les pages. Je voulais un mot qui ait une belle sonorité. J’en étais à la lettre P… et voilà, je suis tombée sur Potentille, et ça m’a plu. Après, j’ai lu comment était cette petite fleur : discrète mais jolie et robuste. J’ai pensé que ça me convenait bien.
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