Étymologie :
SYMPHORINE, subst. fém.
Étymol. et Hist. 1845 (Besch.). Dér. (prob. avec finale anal. de noms de plantes en -ine) du gr. σ υ ́ μ φ ο ρ ο ς « qui accompagne » d'où « réuni » parce que les fruits de cet arbrisseau sont des baies agglomérées (de σ υ μ φ ο ρ ε ́ ω « apporter ensemble, rassembler »). Cf. ant. lat. bot. symphoricarpos désignant ce genre de plantes (1732, Dillen, Hortus Elthamensis, t. 278, p. 360) et symphoricarpe (1819, Nouv. dict. d'hist. nat., t. 32) ; le genre a été ensuite désigné par le mot symphoria par Persoon (1805, Synopsis Plantarum, 1repart., p. 214), francisé en symphorée (1819, Nouv. dict. d'hist. nat.).
Lire également la définition du nom symphorine afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Symphoricarpos albus - Arbre aux perles - Boule de cire - Boulettes de neige - Chèvrefeuille de Caroline - Groseillier des Indiens - Symphorine blanche - Symphorine à fruits blancs - Symphorine à grappes -
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Utilisations :
Selon Helga Hofman autrice du Guide Hachette Nature - Arbres (Éditions Hachette, 2012) :
Les indiens d'Amérique du Nord utilisaient ses fruits et ses feuilles pour préparer des remèdes contre toutes sortes de maladies. Aujourd'hui, la symphorine est utilisée comme arbuste d'ornement ou pour reboiser ou offrir un espace protégé aux oiseaux et aux petits animaux sauvages dans les zones protégées.
Attention ! Même si les oiseaux et les animaux sauvages les mangent, les baies sont toxiques pour l'homme. Leur ingestion provoque diarrhée et vomissements.
Selon le site Compléments alimentaires :
La symphorine blanche est une plante médicinale qui trouva une utilité dans la médecine traditionnelle amérindienne.
Les jeunes rameaux ainsi que sa racine réduite à l’état de poudre étaient préconisés pour ses vertus fébrifuges et diurétiques.
Les fruits et les feuilles employées en tant que cataplasme étaient un remède cutané pour soigner les plaies.
De son écorce, il était d’usage d’en faire un thé usité dans le traitement de la tuberculose et des MST (maladie sexuellement transmissible).
Un autre usage a été fait, mais sur les populations russes, de ses fruits, on les écrasait entre les paumes des mains et s’en frotter avec comme on le ferait avec une lotion apaisante.
[...]
La symphorine blanche est un arbuste ayant de nombreux usages, elle est une plante ornementale et mellifère que l’on retrouve principalement pour ses deux rôles en Europe.
Cette espèce possède la faculté contre l’érosion des zones riveraines et dans la restauration écologique des zones perturbées comme on en voit avec les mines abandonnées.
Un usage qui remonte à bien longtemps était avec son bois, il servait à fabriquer des flèches par les Amérindiens, de plus, vu qu’il contient de la saponine, une utilisation en tant que shampoing était de coutume à l’époque, il est même rapporté que les peuples de certaines tribus consommaient le fruit.
Aux États-Unis, cet arbuste qu’est la symphorine blanche permettait d’alimenter la faune comme le mouflon d’Amérique ainsi que le cerf de Virginie et les grizzlis et encore bien d’autres…
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Croyances populaires :
Dans Le Folk-Lore de la France, tome troisième, la Faune et la Flore (E. Guilmoto Éditeur, 1906) Paul Sébillot recense nombre de légendes populaires :
Dans l'Aube, les boules blanches qui sont le fruit de la symphorine, lancées avec force sur le sol, éclatent comme de petits obus ; on faisait accroire autrefois aux enfants qu'en chauffant les boules on obtenait des billes de marbre.
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Littérature :
Edmond de Goncourt, dans la préface à l'ouvrage d'Émile Bergerat intitulé Théophile Gautier : entretiens, souvenirs et correspondance (Éditions G. Charpentier, 1879) décrit ainsi Théophile Gautier :
Bergerat me faisait entrer dans la chambre de l'auteur de Mademoiselle de Maupin. Sa tête, d'une pâleur orangée, s'enfonçait dans le noir de ses longs cheveux. Il avait sur la poitrine un chapelet dont les grains blancs, autour d'une rose en train de se faner, ressemblait à l'égrènement d'un rameau de symphorine. Et le poète apparaissait ainsi avec la sérénité farouche d'un homme des vieux siècles endormi dans le néant. Rien là ne me parlait d'un mort moderne.
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Alexandre Arnoux, dans son Calendrier de Flore (Éditions Grasset & Fasquelle, 2012) évoque un personnage surnommé Symphoricarpe :
Symphoricarpe, ce n'est par l'arbuste en haie que vous pensez, la vulgaire boule-de-cire dont les espèces de cerises, d'un blanc livide, demeurent de l'automne au milieu de l'hiver. Symphoricarpe désigne le jardinier. Jardinier ? Qui sait ? Tous les marmots du pays l'appellent leur oncle, et bien des gens aussi qui atteignent la maturité ; les végétaux également, j'imagine, dans leur dialecte d'aromes, de teintes, de musique sous le vent, qu'il comprend, lui. Mi-domestique, mi-ami, mi-parent, et maître surtout, qui ne reçoit les ordres de personne, qui édicte sans que mon père ose lui répliquer. Du moins en ce qui concerne les semences, les légumes. Trsè vieux, il le paraît à mon extrême jeunesse, et plus chargé d'expérience que le tilleul millénaire de la sous-préfecture, que le corbeau du savetier de l'impasse Béni-soit-Dieu. Il a fait des guerres, Afrique et Tonkin ; il a une médaille pour le dimanche ; il chique comme un corsaire ; il élève sa petite ou, allez-y voir, son arrière-petite-fille Symphorine, qu'on nomme ainsi à cause de Symphoricarpe. A lui-même, le sobriquet lui vient de ce qu'on lui a entendu prononcer ce mot, une fois, en décembre, pendant qu'il écrasait une boule-de-cire entre le pouce et l'index, et que ce terme, par sa sonorité, sied à un homme qui a tiré des bordées au bout de l'Asie, traversé les océans, décapité des Pavillons noirs, qui peut jurer en chinois, en zoulou, en madécasse et faire sortir la fumée par les oreilles quand on lui paie un cigare et qu'il pose sa chique dans la coiffe de son chapeau.
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Dans son récit Plaisir des météores : Ou le livre des douze mois (Éditions Le Cri, 2014), Marie Gevers évoque brièvement la symphorine :
La symphorine, la plus inutile, la plus vaine de toutes les baies, arbore aux buissons cent et mille petits globes laiteux. Les oiseaux n'en veulent même pas... Mais comme elle présage bien la neige ! elle est la messagère des boules de
Arts visuels :
Sur une plaquette du musée de Dinan, on peut lire cette description de Camille Macé (Service Culture et Patrimoines Pôle Musée et Collections) :
Deux faons sur fond vert (projet de carré de soie) Yvonne Jean-Haffen – 1925-1925 – Gouache sur papier – Dim. 80 x 82 cm Inv. M.A.170
Peinte à la gouache, cette maquette est probablement conçue à l’échelle 1/1 puisqu’elle mesure 80 x 82 cm. Elle met en scène deux faons stylisés, en mouvement, au pelage brun moucheté de blanc et disposés sur un fond vert amande. La scène est encadrée d’un feuillage plus sombre parsemé de ronds blancs. Pour réaliser cet élégant ramage, Yvonne Jean-Haffen s’est probablement inspirée de la symphorine, un arbuste aux grosses baies blanches que l’on trouve parfois au bord des chemins. La stylisation des faons, du feuillage ainsi que la composition symétrique confèrent à l’ensemble un esprit « Art déco ».
En 1925, Yvonne Jean-Haffen découvre l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes et donne une nouvelle orientation à sa production artistique : à partir de cette date, son œuvre manifeste une forte influence du style Art Déco. La maquette du carré de soie figurant les deux faons a donc, sans nul doute, été réalisée après 1925. Peut-être en 1927 ? Cette année-là, son maître et ami Mathurin Méheut travaille sur un projet d’étoffe imprimée, éminemment proche du projet de carré de soie d’Yvonne Jean-Haffen. Il l’en informe dans un courrier, daté du 28 février, sur lequel il reproduit un détail dudit projet. Le motif imaginé par Mathurin Méheut est publié dans la revue Renaissance de décembre 1928, sous le titre : Les Biches, toile imprimée de Rambouillet. Il met notamment en scène des couples de biches et de jeunes cerfs au pelage noir moucheté de blanc, déployés sur des faisceaux de feuilles de chêne. La ressemblance entre les deux motifs est flagrante. Yvonne Jean-Haffen s’est-elle inspirée du motif imaginé par son maître ? A-t-elle bénéficié d’éventuels conseils de sa part ? Son projet de carré de soie, en tout cas, est façonné à une époque où le maître n’hésitait pas à ajouter au travail de son élève sa touche personnelle. La contribution de Mathurin Méheut dans l’éveil et le style d’Yvonne Jean-Haffen ne fait aucun doute. Elle adopte ses méthodes de travail et ses techniques, suit ses conseils généreusement développés dans la correspondance et adhère à ses opinions et partis pris esthétiques : signe d’une correspondance et d’une entente intellectuelle totale entre les deux artistes. L’intérêt que porte Mathurin Méheut aux créations d’Yvonne Jean-Haffen et leur collaboration serrée ne font que confirmer le talent indéniable de l’artiste.
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Michel Paysant et Philippe Bazin rendent compte dans un article intitulé « Botanique urbaine sauvage », (Chimères, vol. 82, no. 1, 2014, pp. 107-116) d'un ARC (Atelier de recherche et de création) sur la botanique urbaine sauvage dans lequel "les étudiants au moyen des multiples formes du dessin et de la photographie, font un relevé systématique de la botanique urbaine".
Yinka Dong : Les Arbres à l’envers
Selon un premier savoir, les racines sont des fibres (les petites racines) autour d’un pivot (la racine principale). Mais en fait, un palmier à huile par exemple a des racines qui ressemblent plutôt aux herbacées ; ou encore, la symphorine a des racines qui ressemblent à la liane. On pourrait alors penser que les ramures d’une plante correspondent toujours aux racines d’une autre plante. On plonge sous l’eau, ou bien on monte sur la montagne pour explorer les plantes, loin de chez nous. Même si on les connaît peu, on les étudie et on commence à les connaître petit à petit. Quant à l’univers souterrain, c’est un monde mystérieux, surtout sous le terrain d’une forêt. On n’entre pas dedans pour voir la réalité. On ne peut qu’imaginer: ce serait sombre, il y aurait des vers de terres… Dans la grande surface sombre de la nuit se déploient les branches d’arbres photographiées au flash de telle sorte qu’elles apparaissent comme des racines si on retourne l’image. Cela peut donner un sentiment de sérénité, et en même temps une ambiance effrayante et mystérieuse. Émerge alors un univers souterrain, résultant de cette double inversion, jour/nuit, photographie à l’endroit/à l’envers.
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