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Le Cardon

Dernière mise à jour : 18 oct.




Étymologie :


Étymol. et Hist. 1. xiie s. « chardon, plante employée pour carder la laine » (Déclar. des droits de travers perçus à Amiens, ap. A. Thierry, Mon. inéd. du Tiers Etat, I, 84 ds Gdf., s.v. laneret 1); v. les attest. du xiiie s. ds Barb. Misc. 13, no 21, pp. 25-26 ; 2. 1561 « plante comestible » (Du Pinet, Hist. nat. de Pline ds Delb. Notes). 1 forme pic. de chardon*, cette plante étant employée dans l'industrie textile, cf. carde1 (v. Roll. Flore t. 7, pp. 8-14 et Barb., loc. cit.) ; 2 empr. à l'a. prov. cardo(n) attesté ds la 2e moitié du xiiie s. (V. et Vert., fol. 95 ds Rayn.), du b. lat. cardo, cardonis, v. chardon.


Lire également la définition du nom cardon afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Cynara cardunculus - Artichaut cardon - Artichaut vrai - Cardon - Cardonnette - Cardousse - Cardouille - Chardonette -

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Botanique :


Maria Luisa Pignoli, autrice d'une thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d'Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. COMUE Université Côte d'Azur (2015 - 2019) ; Università degli studi della Calabria, 2017. Français) consacre une courte section à la description du Cardon :


Description botanique : Cette plante de la famille des Composées peut atteindre 50 cm et présente une tige robuste et dressée. Les feuilles sont disposées comme les barbes d’une plume et les marges se caractérisent par la présence d’épines jaunes et grêles, terminant en pointes très aigues. Le cardon a de grosses inflorescences rondes et solitaires (capitules), formées d’un ensemble de bractées ovales terminant par une épine très robuste. Les fleurs sont bleues et fleurissent entre juin et juillet (Pignatti, 1982, III : 163).

 

Georges Gibault, auteur d'une Histoire des légumes (BoD–Books on Demand, 2023) retrace la culture du Cardon :


Cardon et Artichaut

(Cynara Cardunculus L. et C. Scolymus l.)


Entre ces deux Chardons élevés au rang de plantes potagères de premier ordre, il n'y a pas la moindre différence sous le rapport des caractères botaniques. Ce sont deux variétés formées par la culture et issues du Cardon sauvage (Cynara Cardunculus L.) , Cynarocéphale très épineuse, indigène dans le Midi de la France, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, le Nord de l'Afrique, les îles de la Méditerranée. Ces plantes ne forment donc qu'une seule espèce bien que Linné ait cru devoir les classer comme espèces distinctes parce que le Cardon a les feuilles épineuse et son cousin germain l'Artichaut les feuilles peu ou pas épineuses. Or, ce caractère de mince importance, est même inconstant. Depuis Linné, l'horticulture s'est enrichie de variétés de Cardons sans épines, dits inermes.

A la suite d'une longue culture les deux plantes ont subi de grandes modifications dans leurs parties utiles. Chez le Cardon, la variation s'est protée sur les côtes ou nervures médianes des feuilles qui se sont épaissies et fournissent un mets des plus recherchés après avoir été « blanchies », c'est-à-dire étiolées. Les feuilles ont aussi perdu tout ou partie de leurs épines, selon les variétés. La différenciation de l'Artichaut s'est faite sur le capitule floral (tête) en épaississant le réceptacle (fond) et la base des bractées ou écailles de l'involucre (feuilles). Dans la plupart des variétés, la plante n'est plus du tout spinescente.

Le Cardon sauvage, fréquent dans le Midi sur les coteaux secs, sablonneux ou calcaires, est assurément le type de l'espèce. Ce ne peut être l'Artichaut, ce dernier n'ayant jamais été trouvé hors des jardins. Selon la remarque de A. de Candolle, comma la région de la Méditerranée, patrie de tous les Cynara, a été explorée à fond par les botanistes, on peut affirmer qu'il n'existe nulle part à l'état spontané. [...]

De ces deux plantes produites par l'industrie des jardiniers, la forme Cardon est la plus ancienne. Ceci est démontré par les variations nombreuses des races de Cardons cultivés qui diffèrent beaucoup au point de vue de la division des feuilles, du nombre des épines et de la taille, diversités qui indiquent une culture ancienne. Nous avons aussi des indices historiques.

Il est certain que l'Antiquité a connu le Cardon cultivé et sauvage sous les noms de Cactos, Scolymus, Cynara Carduus. Au contraire des Modernes qui mangent seulement la partie charnue des feuilles de cette plante, les Anciens, tout en appréciant les Cardes blanchies par enfouissement, consommaient aussi les têtes que nous trouvons dures et trop petites. On mangeait alors toutes les Carduacées indigènes, comestibles pour des populations pauvres et peu difficiles, ce que font encore les Arabes de l'Algérie.

Théophraste (300 ans avant Jésus-Christ) mentionne le Cardon dans son Traité des plantes, sous le nom de Cactos, plante épineuse qui vient, dit-il, de Sicile et dont on mange les pétioles écorcés et le fruit appelé Ascalia. Le Cardon sauvage croît aujourd'hui en Grèce, mais peut-être à la suite d'une naturalisation postérieure à Théophraste.

Après ce naturaliste, d'autres auteurs grecs parlent du Cardon comme d'une plante comestible. Athénée dit que le Cactos est analogue à ce que les Romains nomment Carduus et les Grecs Cynara. Sophocle écrit Kynara et Kynaros. Le Scolymos paraît être le Cardon sauvage, cependant E. Fournier donne le Scolumos de Dioscoride comme une autre Composée alimentaire, le Scolyme, nommé aussi Cardousse ou Cardouille (Scolymus hispanicus).

Tous ces noms ont été conservés dans al nomenclature botanique par les botanistes de la Renaissance et appliqués à peu près justement sauf pour le Cactos. Croyant reconnaître la plante épineuse de Théophraste dans un végétal américain, ils ont donné par erreur le nom de Cactus à un genre e plantes parfaitement inconnu aux anciens Grecs.

Que devient le Cardon - Cinara de Columellle et Carduus de Pline - dans les mains des horticulteurs romains ? Certes il a fait de grands progrès. Les gourmets, qui ne manquaient pas, commencent à s'en délecter. Le voilà cité par Pline le naturaliste comme un légume de luxe réservé aux riches. Carthage la Grande et Cordoue en Andalousie se livrent à la culture du Cardon pour l'approvisionnement de Rome ; culture si lucrative selon Pine, qu'on voyait des planches de ce légume rapporter 6000 sesterces par an (un sesterce, quinze à vingt centimes de notre monnaies). Loin de ce réjouir de ce mouvement commercial, le philosophe stoïcien qu'est Pline, ennemi du luxe et du bien-être, déclare ne rapporter ce fait qu'avec honte pour montrer la dépravation de ses concitoyens qui poussent la sensualité jusqu'à manger des Chardons perfectionnés. [1]

Avant lui, Varron avait déjà écrit une satire contre la recherche et les délices des mets servis dans les repas. Parmi les productions recherchées par les gastronomes, et que Varron voue au mépris, figurent, avec de nombreux oiseaux et poissons, les Noix de Thasos, les Dattes de l'Égypte et même les Glands doux de l'Espagne. [2]

A coup sûr, ce rigoriste aurait proscrit les Cardons et les Artichauts s'il les avait connus !

La culture perfectionnée de ce légume semble donc avoir commencé à Cordoue et en Afrique vers le IIe siècle de notre ère. Une variété ancienne s'appelle encore aujourd'hui Cardon d'Espagne. La culture du Cardon s'est maintenue en Italie durant le Moyen Âge. Pierre de Crescenzi, agronome qui vivait à Bologne au XIIe siècle, en parle dans son Traité d'agriculture.

De tout ceci, il appert que que les Anciens ont connu seulement le Cardon et non l'Artichaut. Comment ce dernier légume fut-il produit et à quelle époque ? L'Artichaut résulte probablement d'une modification survenue à certains sujets dans les cultures de Carons et cette amélioration serait due aux talents des jardiniers italiens du XVe siècle. Ici nous avons des dates d'introduction.


Notes : 1) Pline, Histoire naturelle, I, XIX, 43.

2) Aulu-Gelle, Nuits attiques, VII, 16.

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M.C. Beghdad et al., auteurs d'une "Contribution à l’étude des polyphénols et des alcaloïdes du cardon" (H. Greche & A. Ennabili (éd.) 2009. Recherches sur les plantes aromatiques et médicinales. Actes du congrès international des 22-24 mars 2007, Mezraoua (Taounate) & Fès, Maroc, pp. 161-167) mettent en évidence l'intérêt nutritionnel du Cardon :

[...]

Conclusion : Le cardon est un légume riche en alcaloïdes et, à un degré moindre, en tanins et en flavonoïdes. En comparant son rendement massique en alcaloïdes avec d’autres espèces végétales, on constate que le cardon détient le meilleur rendement. D’après la littérature, le cardon est riche en protéines, et dans notre étude, on a trouvé qu’il ne contient que très peu de tanins qu’ils soient condensés ou hydrolysables. Ceci nous permet de conclure et d’affirmer que de point de vue nutritionnel, le cardon joue un rôle essentiel en alimentation, surtout que les tanins ont un rôle connu d’antinutritionnel par leur complexation avec les protéines. En plus, on a pu identifier plusieurs composés phénoliques, en particulier la naringénine, la chrysine et l’acide caféique.

 



Vertus médicinales :


Dans sa thèse intitulée Les désignations des plantes sauvages dans les variétés arbëreshe (albanais d’Italie) : étude sémantique et motivationnelle. (Linguistique. Université Côte d’Azur ; Università degli studi della Calabria, 2017) Maria Luisa Pignoli rapporte les utilisations suivantes :


Propriétés et utilisation : Le cardon est largement utilisé en médecine populaire pour ses propriétés dépuratives, cholagogues, cholérétiques, digestives, apéritives et laxatives qui sont particulièrement indiquées pour le traitement du diabète, cholestérol, troubles intestinaux, toux, rhumatismes (Guarrera, 2006 : 91). Le traitement des rhumatismes avec une décoction des parties aréales du cardon est connu également dans les communautés romanes des Dolomites lucanes (Pieroni et al., 2004 : 376). En Macédoine, la décoction de fleurs est utilisée pour le traitement de l’anémie, pour stimuler l’appétit et pour améliorer le fonctionnement de l’appareil cardio-vasculaire (Rexhepi et al., 2013 : 2062). Les capitules floraux sont consommés bouillis ou frits dans les communautés grécophones de la Calabre (Nebel et al., 2006 : 336) ; en revanche, les Slaves molisans font bouillir les racines de la plante qu’ils font cuire avec des œufs (Di Tizio et al., 2012 : 3).


Analyse lexico-sémantique des désignations :

1- Les trois premières désignations, [skaɣˈɛre], [ʃkaɣˈɛr] et [skaɣˈɛr] ont une origine commune que Rohlfs indique dans le gr. ¢sk£lhron « artichaut » (LG : 61) > sic. scalèri (VS, IV : 524), cal. scalera (NDDC : 613), abr. scalèřə (DAM : 1856), luc. scalèr (DDB : 770). Le mot gr. ¢sk£lhron est d’origine grecque et, en accord avec l’opinion de Trumper (2010 : 384), il est probablement tiré de gr. skall…on « petite tasse », mais aussi « crâne » (EDG : 1340), tout comme semble le suggérer la morphologie des capitules d’artichauts. Si cette dérivation résulte plausible, les trois désignations arbëreshe de l’artichaut sauvage peuvent être ultérieurement analysées comme étant des noms dérivés à cause de la présence du suffixe alb. /-er / s’ajoutant à la base lexicale skall- [skaɣ-].

2- [karʧˈɔfuɫ iˈɛɡer] est un syntagme composé dont le premier élément est un emprunt au cal. carcióffulu « artichaut » (NDDC : 136) qui est suivi du spécificateur arb. i eger « sauvage », désignant de manière précise cette espèce d’artichaut poussant spontanément dans la nature.

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Usages traditionnels :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques de l'Artichaut cardon :


Usages médicaux. Les fleurons ont la propriété de faire cailler le lait ; employés pour cet usage, ils sont connus sous le nom de fleurs de chardonette ; ils ont une odeur assez agréable. On mange les larges et épais pétioles (côte longue et charnue des feuilles) étiolés de cette plante sous le nom de cardons. C'est une nourriture agréable, facile à digérer, mais peu restaurante.

 

Selon Manuela Barbosa, E. Valles, L. Vassal et al., auteurs de "L'utilisation d'extrait de Cynara cardunculus L. comme agent coagulant en fabrication de fromages à pâte molle et à pâte cuite". (In : Le Lait, 1976, vol. 56, no 551-552, pp. 1-17) :


Une étude assez récente a été consacrée à la fabrication artisanale des fromages de Serra et de Serpa qui s'effectue au Portugal depuis des siècles à l'aide d'un extrait coagulant obtenu à partir des fleurs de Cynara cardunculus L. D'autres travaux ont été réalisés sur les caractéristiques de l'enzyme coagulante de la fleur de Cynara cardunculus.

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Dans La Cuisine paysanne de Savoie : La Vie des fermes et des chalets racontés par une enfant du pays (Éditions La Fontaine de Siloé, 2004), Marie-Thérèse Hermann transmet les connaissances des anciens :


Quand arrive le froid, la plupart des jardins savoyards des vallées sont encore remplis de légumes d'hiver : poireaux, choux et surtout cardons que l'on coiffe alors de sacs en papier, pour les préserver du gel. Aux environs du 24 décembre, les cardons disparaissent des jardins et l'on en trouve en abondance sur les marchés, car le cardon est le légume mangé traditionnellement pour Noël et les fêtes de fin d'année.

 

H. Medjoudj et M. N. Zidoune, auteurs de "Etude du comportement au séchage du cardon." (Revue des Energies Renouvelables (SMSTS’08 Alger), 2008, pp. 285-300) expliquent l'intérêt alimentaire du cardon :


Les légumes verts sont d’importantes sources de sels minéraux, de vitamines et de fibres. Le cardon dont on consomme les côtes, larges, charnues et cuites, entre dans des préparations culinaires traditionnelles de pays méridionaux: couscous.

La partie comestible, de valeur énergétique calorifique faible (20 cal/100g de M.F.), est riche en calcium, potassium et sodium. Après cueillette, les produits frais subissent un processus de vieillissement suivi de décomposition. Il entraîne des changements de coloration de la peau, un ramollissement du à la dégradation des composés pectiques insolubles en produits solubles.

L’élimination d’eau permet de réduire la masse et le volume des aliments entraînant des économies d’encombrement et de transport, conséquentes. La diminution de l’activité de l’eau réduit les réactions chimiques et biochimiques, et inhibe le développement des micro-organismes qui détériorent l’aliment.

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Cindy Da Silva signe un article dans le Lyon Bondy Blog (14 août 2018) qui met le cardon à l'honneur :

Le cardon vert, tradition de l’agriculture vaudaise !


Vaulx-en-Velin se pose aujourd’hui comme la capitale du cardon et a donné son nom à une variété sans épine ; le cardon vert de Vaulx-en-Velin, l’espèce la plus cultivée en France. Cultivé dans la commune depuis de nombreuses années, ce légume d’hiver fait aujourd’hui la fierté des Vaudais. La rédaction du Lyon Bondy Blog est allée à la rencontre de René Pellet, un maraîcher qui cultive ses cardons à Vaulx-en-Velin. Il nous a expliqué d’où venait cette tradition.

Le cardon vert de Vaulx-en-Velin est le roi de l’espèce des Astéracées. Depuis des décennies déjà le cardon vert est un emblème de la ville. La tradition du cardon se transmet dans la commune de génération en génération comme nous explique René « Moi je suis fils d’agriculteur. Je suis devenu agriculteur parce que mon père et ma mère étaient déjà agriculteurs. Mes grands-parents étaient eux aussi agriculteurs à Vaulx-en-Velin et ce, depuis 1930. Mes grands-parents ont toujours cultivé les légumes, ils faisaient les marchés pour vendre leurs légumes et c’est là que j’ai commencé à travailler moi aussi avec mes parents; depuis tout petit. J’ai choisi de cultiver moi aussi mes légumes à Vaulx-en-Velin pour rester dans les traditions familiales. C’est vraiment une ferme familiale, on a toujours travaillé en famille comme beaucoup de paysans le font à Vaulx-en-Velin parce qu’ici l’agriculture c’est tout un héritage familial »

Reconnu pour être la meilleure variété de cardon, il est dit plus savoureux et plus ferme que les autres espèces. Même si sa qualité le rend plus difficile à travailler, le cardon vert reste l’élément phare de l’agriculture vaudaise. Cependant la culture des cardons est longue alors que le légume ne se consomme que durant une courte période de l’année. « On sème le cardon en mai, après quand arrive l’automne on commence à attacher les cardons avec une ficelle et on l’enroule d’un plastique noir pour qu’il blanchisse à l’intérieur. On commence à récolter les premiers cardons au mois d’Octobre mais la plupart sont récoltés mi-novembre. C’est un légume qui ne dure que 3, 4 mois » nous explique l’agriculteur.

On peut donc voir dès le mois de Novembre apparaître ce légume, proche de l’artichaut, sur les étals des maraîchers lyonnais. Victime de son succès, on le retrouve également à la carte des plus grands restaurants de la capitale de la gastronomie. Légume très peu calorique, il n’est pas rare de voir le cardon vert figuré au menu des fins gourmets, les veilles de fêtes de Noël, préparé traditionnellement sous forme de gratin.

  L’agriculteur nous a également confié que la proximité avec la région lyonnaise rend le circuit de production beaucoup plus simple. « Dans l’année on doit produire près de 10 tonnes de cardons. Grâce au circuit court, la récolte est plus facile à vendre. En plus nous avons la particularité de cultiver des produits bios qui sont de plus en plus demandés par les consommateurs, surtout dans les grandes villes, donc on peut dire que c’est une affaire qui marche très bien. Les gens sont plus rassurés lorsqu’ils s’aperçoivent qu’on leur vend de bons produits frais. »

Ils sont aujourd’hui trois agriculteurs à cultiver le cardon pour leur plus grande, fierté même s’ils déplorent le fait que cette tradition ainsi que le métier de maraîcher attire de moins en moins de jeunes. « C’est une grande fierté car le cardon c’est le légume phare de Vaulx-en-Velin. Après nous il n’y aura sans doute plus de maraîchers à Vaulx-en-Velin. Sur la commune on n’est plus que trois maraîchers à cultiver le cardon alors qu’on était 35 dans les années 70. Les agriculteurs ont tous pris leur retraite et il n’y avait personne pour reprendre la société. Pour la majorité, les enfants n’ont pas voulu reprendre l’affaire familiale. Ils sont allés travailler dans des secteurs différents, par conséquent les fermes ont été vendues et certaines ont même disparues. Moi je trouve que la terre c’est un très beau métier. Si c’était à refaire je referais exactement pareil. » nous a confié Mr Pellet

La ville organise chaque année en l’honneur de ce légume une fête traditionnelle appelée « La fête des cardons » à l’occasion de la fête des lumières. Le 8 Décembre prochain se tiendra la 35ème fête du cardon à Vaulx-en-Velin.  Tous les ans des milliers de convives sont attendus dans les rues du Village de Vaulx-en-Velin le lundi 8 décembre au soir. Au programme: stands gastronomiques, manèges, animations de rue, structures gonflables et trampoline … La soirée d’épluchage est devenue elle tout autant populaire et rassemble de plus en plus d’habitués. Chaque année, près de 600 kilos sont préparés à l’école Paul Langevin, avant le traditionnel repas.

Comme pour une grande majorité de la population vaudaise, le cardon provient de l’immigration. Légume venant d’Algérie, René Pellet nous explique comment cette tradition est arrivée et est restée à Vaulx-en-velin « Les anciens ont toujours cultivé le cardon parce qu’à Vaulx-en-Velin on a une bonne terre pour faire du cardon. C’est une personne venant d’Algérie dans les années 60 qui a eu l’idée de ramener des graines de cardons pour voir si elles allées pousser même avec un climat complètement diffèrent. Il s’est aperçu qu’elles se cultivaient très bien et que la terre était favorable à la pousse des cardons. Par la suite, il en a parlé à d’autres paysans et c’est parti comme ça. Depuis c’est une tradition à Vaulx-en-Velin »

Bien que n’étant pas l’endroit où on en cultive le plus, Vaulx-en-Velin a par son engouement et son agriculture, fait du cardon un légume typiquement lyonnais.

 

Isabelle Brunier, dans un article intitulé « Les Débuts du cardon à Genève » (Passé simple n°57, septembre

2020) s'interroge sur les conditions d'arrivée du Cardon dans le canton genevois : =>



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Fatima Zohra Bekhtaoui, autrice d'un mémoire de Master intitulé Etude bioécologique des Centaurea « Asteraceae » de l'Oranie (Université Abdelhamid Ibn Badis - Mostaganem, 2021) relève deux usages alimentaires du cardon :


On consomme le réceptacle floral et la base des bractées de l’artichaut, et le pétiole et le rachis des feuilles du cardon. Leur capitule en fleur ou chardonnette est aussi utilisé comme présure végétale (voir Caillebotte) (Vitek et al., 2017). [...]

On extrait des graines de cardon (Cynara cardunculus var. altilis) une huile de cardon (en) similaire dans sa composition aux précédentes {c'est-à-dire les huiles de tournesol et de carthame].

 

Marie-Hélène Marganne, dans un article intitulé "Les recettes d'encre rouge attestées dans les PGM." (Papyrologica Lupiensia, 2023, vol. 30, pp. 325-348) mentionne un usage marginal du cardon :

La septième recette d’encre rouge est attestée dans le PGM XII (PLeid inv. J 384 = MP3 1869 = LDAB 5669 = TM 55954 = KYP M16053), rouleau composite opisthographe provenant de Thèbes.

[...]

Écriture d’encre typhonienne : anémone, phlogitis, jus de cardon, graine d’acacia d’Égypte, ocre rouge de Typhon, amiante, cendre, armoise à une tige, gomme, eau de pluie.


L’encre rouge est destinée à écrire l’incantation sur l’œuf. Qui est Himérios sous l’autorité de qui la recette est transmise? Est-­ce un nom de fantaisie, comme il arrive fréquemment dans les réceptaires, pour donner plus de valeur au texte transmis? Faudrait-­il y voir une référence au rhéteur et sophiste du IVe siècle Himerios utilisée dans ce but ? Preisendanz renvoie à un personnage de ce nom, vétérinaire de son état, dont on ne sait à peu près rien. L’identification éventuelle dépend évidemment aussi de la datation de la copie du manuel grec de magie au verso du rouleau de papyrus (IIIe ou IVe siècle ?). L’encre est dénommée « typhonienne » (Τυφώνιον μέλαν), car elle contient de l’ocre rouge, également qualifiée de « typhonienne » (μίλ[τ]ου Τυφῶνος) dans la recette, comme dans la deuxième du PGM IV (μιλτάριον Τυφῶνος), car la couleur rouge est associée au dieu Seth/Typhon et au désert, et qu’en Égypte, « les ocres proviennent, la plupart du temps, des oasis, lieu de résidence de Seth ». La recette comprend en outre plusieurs ingrédients d’origine végétale, tels que l’anémone, le jus de cardon, la graine d’acacia d’Égypte, l’armoise à une tige et la gomme arabique.

[...]

À leur tour, toutes ces caractéristiques témoignent de l’importance accordée, dans les rituels magiques, à l’écriture, à son support et à la nature et à la couleur de l’encre, dont le prix de revient devait être parfois élevé et la préparation souvent compliquée, en raison du nombre d’ingrédients à utiliser et, parfois, de leur rareté ou de la difficulté pour se les procurer.

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Symbolisme :


Dicton lyonnais « Il n’y a pas de bon cardon sans épines ».

 

Sur le site Picture This, on peut lire la notice suivante :


Origines historiques et culturelles : Le Cardon est originaire du bassin méditerranéen, où il a été cultivé pendant des siècles. Dès l'Antiquité, il était apprécié non seulement pour ses qualités ornementales mais aussi pour son utilité dans la cuisine et l'agriculture. En Grèce et à Rome, le Cardon était symbole d'abondance et de prospérité, souvent utilisé lors des fêtes et cérémonies pour célébrer la fertilité de la terre.


Signification symbolique : Dans le langage des fleurs, le Cardon est souvent associé à la générosité et à la prospérité. Ses fleurs vives et imposantes représentent la richesse et l'abondance. Dans certaines cultures, offrir un Cardon est un geste de souhait de succès et de bonheur, symbolisant l'importance de partager ses ressources et de cultiver des relations harmonieuses.


Utilisations lors des cérémonies et des célébrations : Le Cardon est particulièrement prisé lors des événements festifs et des célébrations, comme les mariages et les fêtes locales. Sa forme spectaculaire et ses couleurs vibrantes en font un choix idéal pour les arrangements floraux, apportant une touche d'élégance et d'exubérance. Il est également courant lors des célébrations de récoltes, en particulier dans les régions méditerranéennes, où il symbolise la générosité de la nature.


Adaptabilité et valeur ornementale : Outre ses usages lors des célébrations, le Cardon se distingue par sa grande adaptabilité et sa valeur ornementale. Facile à cultiver et résistant, il peut embellir divers espaces, qu'il s'agisse de jardins publics ou privés. Sa présence imposante et son feuillage architectural apportent une dimension unique à tout paysage, faisant du Cardon un excellent choix pour ceux qui souhaitent ajouter une touche de grandeur et de beauté à leur environnement.

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