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Le Doronic

Dernière mise à jour : 18 oct.




Étymologie :


  • DORONIC, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1425 deronic (Ol. de la Haye ds DG) ; 1694 doronic (Tournefort, Elémens de bot., t. 1, p. 388). Adaptation du lat. médiév. deronicum (1250 ds Latham), deronici (ca 1350 Compendium de epidimia, Ms. Paris BN fr. 12323, fo144 roa ds Romania t. 94, p. 160 [forme lat. dans un texte fr.]), doronicum (xive s. ds DEI), empr. à l'ar. darauniǧ ou daraunaǧ et celui-ci au persan darūnak (FEW t. 19, p. 39b).


Lire également la définition du nom doronic afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Doronicum - Faux arnica -

Doronicum pardalianches, L. - Doronic pardalianche - Mort aux panthères -




Botanique :


Dans "Confusion lors de cueillettes de plantes médicinales." (In : Bulletin du Cercle vaudois de botanique., 2003, vol. 32, p. 17-22) André Dolivo relève une confusion fréquente qui concerne le Doronic :


FOURNIER (1947 p. 131) cite les nombreuses espèces qui sont prises abusivement à la place d'arnica (Arnica montana, astéracées) : « Ce sont avant tout des composées à fleurs jaunes : Tragopogon, doronics, séneçons, épervières, aunées, porcelles, Telekia, etc. » Ce sont surtout deux doronics montagnards qui sont en cause, le doronic de Clusius (Doronicum clusii) et le doronic à grandes fleurs (Doronicum grandiflorum) (observation personnelle). Ce dernier préfère pourtant les terrains calcaires, alors que l'arnica se plaît en milieu décalcifié. Il est facile d’identifier l’arnica à ses feuilles basales en rosette et sa paire de feuilles opposées sur la tige.

 








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Vertus médicinales :


Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Doronic pardalianche :


Propriétés Physiques et Chimiques et Usages médicaux. Cette racine présente une faible odeur aromatique et une saveur douce, agréable, un peu astringente. Les auteurs varient sur son action physiologique qui passe pour vénéneuse ; elle possède des propriétés analogues à celles de l'arnica . C'est une plante dont il faut user avec modération. Elle a été vantée comme alexipharmaque (Camerarius, Lobel, Schroeder) , contre les vertiges (Gesner), dans l'épilepsie (Albinus), et comme emménagogue par les médecins anglais. On dit que ses fleurs sont quelquefois mêlées frauduleusement à celles de l'arnica.

 

A. B., auteur discret de Les Vertus des plantes - 918 espèces (Tours, 1906) recense les propriétés thérapeutiques d'un grand nombre de plantes :


Doronicum, folio alterna, à feuilles alternes.

Feuilles imitant celles du plantain, couchées en rosette. Les fleurs sont radiées, semences menues garnies d'aigrettes, involucre, formé de plusieurs rangées d'écaillés étroites et pointues.


VERTUS : Elle ne s'emploie qu'à l'extérieur comme résolutive du sang caillé, les fleurs et les feuilles sont sternutatoires, la décoction arrête le sang. On en fait une teinture employée dans toutes sortes de blessures, mais il ne faut l'employer qu'avec prudence sur les plaies qu'elle pourrait faire enflammer d'une manière dangereuse, Teinture d'arnica, fleurs 10 grammes, eau-de-vie 45 grammes. Toutes les teintures se font de même, celles de gentiane, d'aloès, de ratanhia, de rhubarbe, d'écorce d'orange, douce-amère, aconit, etc. de même l'alcoolature parties égales plante et alcool.

 

D'après Etienne-François Geoffroy, auteur de Description, Vertus Et Usages de Sept Cents Dix-neuf Plantes: Tant Étrangeres Que de Nos Climats; Et de Cent Trente-quartre Animaux,... (Didot le jeune, 1767) :


Doronicum Romanum, Doronic Romain. vivace. On se sert de sa racine.

La racine est petite, noueuse, en queue de Scorpion, serpentant obliquement, fibrée, jaunâtre en dehors, blanchâtre dedans ; son goût est douceâtre, visqueux, un peu stiptique. [...]

Cette racine passe pour dangereuse, employée récente ; mais étant sèche, elle entre dans le Diambra de Meſve, le Diamargaritum chaud, le Diamoſchus, l'Electuaire de Perles, Réjouissant , la Confection délivrante.


Doronicum Arnica, Doronic d'Allemagne, Vivace. On ſe sert de la racine, des feuilles, des fleurs. [...]

VERTUS. La racine est diurétique, hystérique. Les feuilles & fleurs sont diurétiques, sudorifiques, quelquefois vomitives. La dose est, depuis une pincée, jusqu'à deux. Les fleurs, feuilles & racines, en poudre, sont sternutatoires.

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Albrecht von Haller et Philippe-Rodolphe Vicat, auteurs d'une Matière médicale : tirée de Halleri Historia stirpium indigenarum Helvetiae. (Vol. 1. Chez la Société typographique, 1776) font le point sur la controverse à propos du caractère mortel du Doronic :


Cette plante doit sa renommée aux fameuses disputes qui se sont élevées à son occasion entre MATTHIOLE & l'excellent GESNER. Autrefois MARANTA, ensuite Luc GHINUS & COSTEUS regardoient cette plante comme délétère, étant l'aconitum pardalianches des anciens. On rapportoit aussi, que CONTUSUS avoit fait périr des chiens avec quatre dragmes de racines de Doronic, &, que des marchands avoient été empoisonnés à Anvers pour avoir usé de cet aconit. MATHIOLE en a donné à un chien sans que cet animal en ait souffert.

CONRAD GESNER opposa à MATTHIOLE que l'aconitum pardalianches étoit un thora du genre des renoncules, au lieu que le Doronic de notre pays étoit une plante salutaire, étant doux & d'une odeur agréable.

ANGUILLARA prétend que MATTHIOLÉ & GÉSNER s'étoient tous deux trompés. GUILANDINI, d'un autre côté, soutint que la plante dont nous parlons étoit le véritable Doronic des Arabes, dont la racine est âcre & égale en vertus à la thériaque contre les idées de GESNER. Ces contradictions engagèrent cet homme rempli de candeur, à terminer cette dispute, en éprouvant sur lui-même les effets du Doronic : il prit donc deux dragmes de sa racine, sans éprouver qu'on peu d'affadissement dans l'estomac. LOBEL & SEPTALIUS ne l'ont point trouvée malfaisante : mais SPIGELIUS assure de plus que les chasseurs après l'avoir tirée de l'estomac d'un animal, s'en servent pour appaiser les douleurs de colique. DONZELLINUS ne lui a point vu produire de mauvais effet. Elle est de peu de secours dans les maladies de la tête, mais elle ne nuit pas, DANIEL LUDOVICT en a fait l'expérience. On l'employe en Angleterre infusée dans du vin ou de la bierre, pour procurer l'évacuation des règles. Enfin MATTHIOLE avoue contre son propre sentiment ; qu'un chien en ayant avalé une once & demi en étoit deevnu plus gai. C'est donc une fable controuvée par J. COSTÆUS & adoptée par C. HOFMANN , par BOERHAVÉ & par PONTE DERA, que ce qu'on raconte de la mort du grand GESNER causée par l'usage de la racine du Doronic ; puisqu'il est très certain qu'il est mort de la peste. SCHULTZ s'est trompé plus grossièrement encore en mettant cette fiction sur le compte de l'anthore.

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Pierre-Joseph Buchoz, médecin de Monsieur et auteur de Etrennes du printemps, aux habitans de la campagne, et aux herboristes, ou pharmacie champêtre, végètale & indigène, à l'usage des pauvres & des habitans de la campagne (Lamy libraire, Paris, 1781) ne propose qu'une note sibylline à l'entrée Doronic :


Racine de Doronic. Cette racine est de très peu d'usage. On s'en sert seulement pour les grandes compositions.

 

Selon Pierre-Rémi Willemet, auteur de Phytographie encyclopédique ou flore économique: contenant les lois fondamentales de la botanique, les caractères essentiels des genres et des espèces, avec leurs synonymes, l'exacte indication des localités... (Vol. 3. chez Brunot-Labbe, 1808) :


DORONICUM, formé, selon quelques Auteurs, d'un mot arabe qui signifie poison de léopard.

[...]

Doronicum plantagineum : Les paysans de la Smolande fument les feuilles, à défaut de tabac. Les fleurs teignent les cheveux en jaune.

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Croyances populaires :


Selon Ignace Mariétan, auteur d'un article intitulé "Légendes et erreurs se rapportant aux animaux" paru dans le Bulletin de la Murithienne, (1940, n°58, pp. 27-62) :


Camerarius, cité par Aldrovande, parle des bézoards du Chamois et de leurs propriétés. (Boules de poils trouvées dans l'estomac des ruminants). On les croyait formées d'une plante de montagne : le Doronic, que les Chamois mangeaient pour se préserver du vertige. Les bézoards étaient utilisés par les hommes contre le vertige.




Symbolisme :


Jean E. Guettard, auteur de Nouvelle collection de mémoires sur différentes parties intéressantes des sciences et arts. (Vol. 3. Lamy, 1786) s'insurge contre les philosophies naturalistes ante lumières :


En effet, ce ne sont pas toujours des racines devenues monstrueuses naturellement ou par art, qu'on a comparées à des animaux ou à quelques parties d'animaux. On a, par exemple, trouvé une ressemblance avec le scorpion, à une racine conservée dans le Cabinet d'Antiquités & d'Histoire Naturelle de feu M. Picard, particulièrement amateur d'Antiquités. Cette racine est ainsi annoncée dans le Catalogue qu'on a fait de ce Cabinet. « Une grosse racine singulière, ayant la forme d'un animal approchant du scorpion ». En effet, le corps de cette racine est oval ; de la partie antérieure sortent latéralement six petites racines, trois d'un côté & trois de l'autre, inégales en grosseur & longueur, mais affectant dans la partie qui est la plus grosse, une figure ovale. La partie postérieure du corps de la racine finit par une espèce de queue cylindrique. Cette partie, de même que le corps & les petites racines sont comme un composé d'anneaux dont les rebords font saillans. L'entre-deux de chaque anneau a des espèces de stries, qui sont autant de fibres perpendiculaires, ondulées ou droites, qui quelquefois paſſent par-deſſus les bords des anneaux. L'extrémité antérieure du corps eft percée d'un trou -qui n'est sans doute dû qu'à la tige qu'on en a arrachée. De quel genre la plante, à laquelle cette racine a appartenu, est-elle ? Ne seroit-ce pas de quelque nénuphar ou de quelque plante aquatique de la classe du nénuphar ? Je serois porté à le penser, ou du moins de quelque plante qui a végété dans l'eau.

Si l'on s'arrêtoit à la figure que Jean-Baptiste Porta a donné dans sa Phytognomie, de la racine d'une plante qu'il prétend être la troisième espèce d'Aconit dont il est parlé dans Théophraste, on pourroit penser que la racine du cabinet de M. Picard, seroit une racine de la plante dont Porta parle, & qu'il compare au scorpion, animal qu'il a fait graver au bas de cette racine, sans doute pour en faire mieux sentir la ressemblance avec la racine. Cette plante n'est pas ce que les Modernes regardent comme des Aconits, mais du genre des Doronics. Toutes les espèces de ce genre ont des racines charnues plus ou moins grosses, qui jettent plus ou moins de petites racines. Celles de trois espèces sur-tout s'arrangent de façon, qu’un homme dont l'esprit est naturellement porté à trouver du merveilleux en tout, tel que paroît avoir été Porta, y trouvera une figure de scorpion. Portą n'est pas même le premier à qui cette idée est venue. Gaspar Bauhin avoit déjà appelé une de ces espèces, Doronic qui a des pattes & dont la racine ressemble à un scorpion, un autre seulement, Doronic à racine de scorpion. Morison, à l'imitation de Gaſpar Bauhin en a nommé une troisième, Doronic à racine de scorpion rempante, & il trouvoit que cette espèce ressembloit très-bien à cet animal. Elle me paroîtroit plutôt avoir rapport à une araignée, si je voulois la comparer à quelqu'animal. [...]

Mais laissons ces minuties botaniques à ces hommes qui croient que la matière, en passant des pierres dans les plantes, & de celles-ci dans les animaux, s'y forme pour enfin former l'homme qui est cet être par excellence, & pour lequel la nature travaille continuellement, comme à l'ouvrage qui mérite seul son attention.

[...]

Cette variété d'idées ne fera rien sur l'esprit de nos Zoomorphites. Ils penseront probablement que les racines des doronics sur-tout, font le passage que la matière a ſuivi pour devenir la racine aquatique qui est ici décrite. Ils diront probablement aussi qu'elle a commencé à former une partie du scorpion dans les siliques des Ornithopodium & des Scorpioïdes. Qu'elle s'est affinée dans les racines du doronic à racine de scorpion simple, qu'elle s'est élevée dans le doronic à racine à bras, que plus approchante de l'animal dans la racine de notre plante aquatique, elle représente bien plus parfaitement un scorpion, que dans les racines des doronics, & que par des passages ainsi successifs, elle est enfin parvenue à acquérir l'animalité. C'est ainsi que par une imagination exaltée on parvient à avancer & soutenir les paradoxes les plus absurdes & les plus contraires à une philosophie saine & épurée .

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Selon Fabre d'Églantine, auteur du Calendrier de la république française, une et indivisible, au nom de la commission chargée de sa confection, (Bruyères, 1793-1794, 24 p.) :


Dans le calendrier républicain français, le 17e jour du mois de ventôse, est officiellement dénommé jour du doronic (généralement les 7 mars grégoriens).

 

Dans son Nouveau Langage des fruits et des fleurs (Benardin-Béchet, Libraire-Éditeur, 1872) Mademoiselle Clémentine Vatteau poursuit la tradition du Sélam :


DORONIC : Éclat ; Grandeur.

Ses feuilles sont d'un jaune d'or éclatant.

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