Étymologie :
LACTAIRE, adj. et subst. masc.
Étymol. et Hist. 1. 1610 fig. « qui produit du lait » (Flor. Raemond, Naissance de l'hérésie, 544 ds Delb. Notes : « Cette mere Eglise..., c'est la colonne lactaire ou tous bons enfants chretiens viennent pour succer le dous lait de sa sainte doctrine ») ; 1704 colonne lactaire « colonne à Rome, au pied de laquelle on exposait les enfants abandonnés » (Trév.) ; 2. 1800 « qui a du lait » (Boiste) ; 3. 1816 « champignon » (A. P. de Candolle, Essai sur les propriétés médicales des plantes, 332-3 ds Quem. DDL t. 12). Empr. au lat. lactarius « qui a rapport au lait ».
Lire également la définition de lactaire pour amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Lactarius vellereus - Lactaire à toison (L. Dufour) - Lactaire poilu - Lactaire velouté - Poivré moutonné - Sanghin blanc - Sanguin blanc -
Identification : cité par André Dhôtel, pour l'instant seul le site de François Nagy établit l'équivalence entre Lactaire blanc et Lactaire velouté mais l'appellation sanguin blanc corrobore cette association.
*
*
Mycologie :
Dans son Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) Charles Richon nous propose une description du Lactarius vellereus :
Chapeau ferme, déprimé au centre, puis infondibuliforme, souvent très grand, à bord recourbé, non zoné, mais très visiblement tomenteux dans sa dépression, d'un blanc mat ; stipe de même couleur, très court, dur, compact ; lamelles blanches, décurrentes, arquées, épaisses, distantes, anastomosées-fourchues ; spores blanches, sub-splaériques verruqueuses.
Lait blanc, fixe, abondant, d'une saveur âcre ; odeur faible.
Automne. Dans les bois ombragés.
Espèce suspecte.
François Le Tacon, Marc-André Selosse, Frédéric Gosselin, auteurs de "Biodiversité, fonctionnement des écosystèmes et gestion forestière. 2 : Interventions sylvicoles et biodiversité." (In : Revue forestière française, AgroParisTech, 2001, 53 (1), pp.55-80.) nous alertent sur les modifications que nous faisons subir aux forêts :
Cependant, le remplacement du Hêtre et du Chêne par l’Épicéa ou le Douglas entraîne la disparition des espèces fongiques spécifiques aux essences feuillues. Citons comme exemple Lactarius vellereus ou Lactarius chrysoreus associés à Quercus robur.
*
*
Vertus thérapeutiques :
M. Adrien. Cassar, dans La culture des macromycètes entrant dans la composition des compléments alimentaires. (Diplôme d'état de docteur en Pharmacie. Montpellier : Université de Montpellier, 2016) montre l'intérêt potentiel de ce champignon pour la santé humaine :
antimutagène : l’extrait méthanolique de Lactarius vellereus présente in vitro un effet protecteur sur l’apparition de mutations par altération de l’ADN sur des cellules hépatiques humaine. (1) Des extraits de Cortinarius evernius, Lactarius vellereus, Russula integra et Pleurotus cornucopiae inhibent les mutations dues à des rayonnements ultra-violets sur la souche Escherichia coli WP2. (2)
Références : 1) A. Mlinaric, J. Kac, T. Fatur, et M. Filipic, « Anti-genotoxic activity of the mushroom Lactarius vellereus extract in bacteria and in mammalian cells in vitro », Die Pharmazie, vol. 59, no 3, p. 217‑221, mars 2004. 2) F. M, U. A, et M. A, « Screening of Basidiomycete mushroom extracts for antigenotoxic and bio-antimutagenic activity. », Die Pharmazie, vol. 57, no 6, p. 416‑420, juin 2002
*
*
Usages traditionnels :
Charles Richon, auteur d'un Atlas des champignons comestibles et vénéneux de la France et des pays circonvoisins. (Doin Éditeurs, 1888) rend compte d'usages de nos ancêtres (pas si lointains) :
Suivant Badham, qui aurait été incommodé par ce Champignon, il serait vénéneux. D'après Léveillé et Barla, une cuisson prolongée dans l'eau le priverait de ses qualités malfaisantes. M. Quélet dit ironiquement que cette espèce comestible est encore plus âcre que le Lactarius piperatus et qu'il s'en défie. Nous croyons qu'il est plus sage d'être de cet avis, et qu'il est prudent de ne pas récolter ce Lactaire au lieu et place du Prévat, qui s'en distingue surtout par la privation de suc laiteux.
En 1933, Julien Costantin, dans son Atlas des Champignons comestibles et vénéneux (Éditions Frédérique Patat, 2016) donne le Sanghin blanc comme comestible, bien que le conseil qu'il donne soit équivoque :
Cette espèce est comestible. On pourrait, d'après Léveillé et M. Barla, la priver de son âcreté par une cuisson prolongée dans l'eau. Il est préférable de ne pas la récolter.
*
*
Littérature :
André Dhôtel dans Rhétorique fabuleuse (Paris, Éditions Garnier, 1983) consacre un chapitre entier au "Vrai mystère des champignons". Il s'interroge notamment sur la différence des regards du scientifique et du poète :
Cependant, au lieu de faire des embarras, examinez les structures. Les lames par exemple. Sont-elles écartées du pied, ou adnées, ou arrondies, ou échancrées, ou uncinées, ou décurrentes, ou décurrentes en filet, ou libres ou sublibres ? Entre libre et sublibre, échancré et unciné il y a sans doute un monde ! Difficilement appréciable ? Mais puisque vous mettiez au défi la rigueur scientifique, ne vous plaignez pas de la finesse des précisions. D'ailleurs vous pouvez étudier en même temps les couleurs du chapeau.
Ce chapeau, dit un libre varie « du jaune citron au jaune vert ou violet, parfois panaché d'olivâtre sombre ou de vert plus foncé, avec aussi des plages carmin violacé, violacé livide, plus rarement liliacin ou rosâtre, brunâtre sale. » Qu'est-ce à dire ? Jaune citron ou brun sale ? Enfin peut-on être plus malhonnête dans le choix des déguisements ?
Simplement, ne vous mêlez pas d'abord de déterminer les russules. Choisissez les espèces évidentes comme les gros lactaires blancs.
Cette blancheur... On peut y voir des « taches ou des plages roses ou lilas vineux ». Si d'ailleurs le chapeau blanc de ce lactaire ne devient pas « entièrement jaune pâle, il est souvent obscurément zoné sur le pourtour par plusieurs lignes qui suivent les sinuosités de la marge. » Par le sec, un peu velouté en outre, mais pas laineux. Surtout pas laineux. Les lames blanches, avec peut-être des reflets rosés ou liliacins. Oui, cette blancheur, cette simplicité... Quoi de plus équivoque qu'une telle simplicité ?
*
*