Étymologie :
Selon Wikipédia : Le nom de genre "Melia" vient du terme grec signifiant "frêne" pour la ressemblance du feuillage et des bourgeons sombres. Le nom spécifique, « azedarach », provient de la contraction du nom persan de cette espèce, « azad-dhirakt » signifiant « arbre noble ».
Autres noms : Melia azadarachta - Arbre aux chapelets - Arbre aux prêtres - Arbre saint ( Azadarachta - Lilas d'Éthiopie - Lilas des Indes - Lilas de Perse - Margousier à feuilles de frêne - Mélia - Mélia faux Neem - Mélie -Mélier - Neem des chevaux -
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Botanique :
Didier Van Cauwelaert, dans un ouvrage intitulé Les Émotions cachées des plantes (Éditions Plon, 2018) évoque "le scandale du melia" :
... les chamanes répondent que chaque espèce végétale est régie par un esprit totem, qui continue de transmettre l'information qu'elle a développée durant sa vie. Ainsi la conscience du danger, la première des émotions « motrices » des plantes et des arbres, pourrait-elle exercer à titre posthume ses conséquences sur l'environnement.
Une autre affaire semble illustrer cette hypothèse chamanique : le scandale du melia. Ce type de lilas, très présent en Inde, a la particularité de n'être attaqué par aucun insecte phytophage; Il fabrique en effet une substance répulsive d'une puissance sans égale, l'azadirachtine, agissant comme un véritable coupe-faim sur n'importe quel prédateur en approche. Cette propriété n'a pas manqué de séduire l'industrie diététique, et un laboratoire américain a « protégé » ce lilas en s'en emparant. C'est-à-dire qu'il s'est octroyé un brevet d'exclusivité sur le melia pour son usage commercial dans les régimes amaigrissants. Sur le plan légal, il est désormais propriétaire de cette plante. Or celle-ci est utilisée depuis des millénaires dans la médecine populaire hindoue, et voilà que les Indiens se retrouvent obligés de payer à un laboratoire pharmaceutique des royalties pour avoir le droit de le cultiver. Dénoncé par l'Institut européen d'écologie que présidait Jean-Marie Pelt, ce scandale absolu d'un trust, qui, brevetant la nature, s'approprie une espèce vivante, a déclenché in tollé en Inde.
Et puis voilà que le médicament dérivé du melia, à peine commercialisé, s'est mis à provoquer chez ses consommateurs des effets secondaires calamiteux, comme si l'esprit totem de la plante protestait contre ce vol légal. C'est du moins l'explication « logique » qu'on t relayée des ethnologues spécialistes du chamanisme, tel Jérémy Narby.
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Usages traditionnels :
Marie-Joseph Dubois, dans un article intitulé "Ethnobotanique de Maré, Iles Loyauté (Nouvelle Calédonie) (Fin) . (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 18, n°9-10, Septembre-octobre 1971. pp. 310-371) rend compte de l'usage du margousier :
Melia azedarach L., Méliacée •= sidra = « faux lilas », arbre introduit par les Européens. On s'en sert pour donner un ombrage aux caféières, de qualité inférieure. — Ses feuilles sont mangées par le bétail. — Dans la Bible maréenne sidra est le cèdre.
Voici la monographie proposée par Jean-Pierre Nicolas dans Plantes médicinales du Nord de Madagascar, Ethnobotanique antakarana et informations scientifiques (Editions Jardins du monde, 2012) :
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Symbolisme :
Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques entre plantes et sentiments :
LILAS DES INDES - PIÉTÉ.
La véritable piété, la religion pure et sans tache aux yeux de Dieu notre père, consiste à secourir la veuve et l'orphelin dans leurs afflictions, et à se garantir de la corruption du siècle.
- Jacques : I, 27.
Élégant dans son port, le lilas des Indes ou arbre saint, originaire des Indes -Orientales, et parfaitement acclimaté aux Antilles, y balance avec grâce, au moindre vent, ses panicules déliées, chargées de fleurs ou de baies dorées ; il y marie à l'air de l'atmosphère ses suaves émanations, comparables à celles du lilas de France dont il reproduit ainsi la couleur tendre et le parfum. Les baies de cet arbre con tiennent une huile concrète dont on fait des bougies en Perse et en Syrie, tandis qu'en Espagne et en Portugal, ses noyaux très durs, convertis en chapelets, exercent la piété des fidèles de ces beaux climats. Cette plante est aussi connue sous le nom d'azédarac.
RÉFLEXION.
Le juste, dit le prophète, a dressé en son cœur des degrés pour monter. Heureux celui qui profite chaque jour et qui ne regarde pas tant à ce qu'il a fait hier qu'à ce qu'il a à faire aujourd'hui pour s'avancer dans la piété.
(SAINT JÉRÔME, In Psaumes. 83.)
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Pour Scott Cunningham, auteur de L'Encyclopédie des herbes magiques (1ère édition, 1985 ; adaptation de l'américain par Michel Echelberger, Éditions Sand, 1987), l'Azadarachta (Melia azadirachta) a les caractéristiques suivantes :
Genre : Masculin
Pouvoir : Chance
Parties toxiques : Les baies et l'écorce. L'huile essentielle qu'elles renferment donne d'assez fortes gastro-entérites ainsi que des eczémas.
Utilisation rituelle : En Espagne, en Grèce, au Liban, chez les coptes d'Égypte et d'Éthiopie, les noyaux des fruits de l'Azadarachta sont traditionnellement employés pour fabriquer des chapelets.
Lorsque Kléber fonda la légion copte, pour renforcer le corps expéditionnaire français en Egypte, décimé par les combats et les maladies, les volontaires coptes digérèrent mal la duperie dont ils avaient été l'objet. Pour les séduire, en effet, Kléber leur avait présenté la France comme une ardente championne de la chrétienté, et les régiments napoléoniens comme les héritiers des croisés. Pour qui connaît la foi religieuse du général qui écrasa les Chouans, ces déclarations pouvaient surprendre. Quand les coptes découvrirent l'anticléricalisme virulent des « bleus", ils furent atterrés. Pour se venger, ces redoutables commerçants vendirent, à prix d'or, des chapelets d'Azadarachta aux soldats français crédules : il ne s'agissait nullement de chapelets chrétiens, leur assurèrent-ils ; c'étaient des gris-gris très puissants, fabriqués par les sorciers soudanais dans leurs collèges magiques du Bahr-el-Azrak. Avec des noyaux d'Azadarachta dans leur giberne, les bleus seraient invincibles. Droits sur la mer Rouge... A nous l'Arabie ! Plus d'un paysan démobilisé, en Provence, Anjou ou Picardie, dut regarder, songeur, son chapelet copte, exposé parmi ses souvenirs militaires, et penser au honteux rapatriement, sur des navires anglais, du dernier bataillon, désarmé après la capitulation à Alexandrie du général Menou...
Durant les insurrections carlistes qui se succédèrent en Espagne pendant toute la moitié du XIX e siècle, les partisans de don Carlos montaient à l'assaut avec un chapelet d'Azadarachta noué autour de la ceinture.
Utilisation magique : En magie herboriste, les graines pilées de l'Azadarachta sont utilisées dans des charmes destinés à attirer la bonne fortune. Si vous désirez que votre vie change, ayez toujours quelques noyaux dans votre poche.
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Selon Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont S.A.S., 1995, 2019) proposé par Éloïse Mozzani :
Cette plante (Melia azadarachta) est appelée "arbre saint" ou "arbre aux chapelets", car les noyaux de ses fruits sont utilisés, en Espagne, en Grèce, au Liban et chez les coptes d’Égypte, pour fabriquer des chapelets. On raconte que, lorsque le général Kléber, à qui Napoléon avait donné le commandement en chef du corps expéditionnaire en Égypte (1799), fonda la Légion copte, les volontaires s'estimèrent dupés :
Pour les séduire, en effet, Kléber leur avait présenté la France comme une ardente championne de la chrétienté et les régiments napoléoniens comme les héritiers des croisés [...] Quand les coptes découvrirent l'anticléricalisme virulent des "bleus", ils furent atterrés. Pour se venger, ces redoutables commerçants vendirent, à prix d'or, des chapelets d'azadarachta au soldats français crédules : il ne s'agissait nullement de chapelets chrétiens, leur assurèrent-ils ; c'étaient des gris-gris très puissants, fabriqués par les sorciers soudanais dans leurs collèges magiques du Bahr-el-Arrak. Avec des noyaux d'azadarachta dans leur giberne, les bleus seraient invincibles. Droit sur la mer Rouge... A nous l'Arabie ! Plus d'un paysan démobilisé, en Provence, Anjou ou Picardie, dut regarder, songeur, son chapelet copte, exposé parmi ses souvenirs militaires, et penser au honteux rapatriement, sur des navires anglais, du dernier bataillon, désarmé après la capitulation à Alexandrie du général Menou.
En Espagne, au XIXe siècle, au cours des insurrections carlistes, "les partisans de don Carlos montaient à l'assaut avec un chapelet d'azadarachta noué autour de la ceinture".
Les graines pilées de la plante servent à des charmes censés attirer la chance. Pour ceux qu souhaitent un changement de vie, il leur est recommandé d'avoir constamment dans leur poche quelques noyaux d'azadarachta.
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Dans L'Âme des pierres précieuses dans la science des sept rayons (Éditions Alphée Jean-Paul Bertrand, 2010) Michel Coquet rapporte que :
Dans le sud de l'Inde, en vue de rendre un couple fécond, on pratique un rituel (Arasanikkal) consistant à placer côte à côte deux arbres pour les marier. Le premier est toujours un figuier sacré (ficus religiosa), considéré comme étant de polarité masculine. Le second est un margousier, de polarité féminine. Lorsque leurs racines sont supposées se toucher, on marie les deux arbres en plaçant à leurs bases des pierres plates gravées appelées nagakkals. Les gravures représentent populairement des nages ou serpents, mais pour les initiés, il s'agit d'une représentation de la kundalini et ses deux méridiens (nadis). Les gravures peuvent être légèrement différentes, mais elles se composent de trois ou quatre pierres, l'une représente ida nadi, la seconde représente ida (féminin) et pingala (masculin) réunis, et la pierre centrale montre la déesse de la terre, Kundalni-shakti entourée des deux nadis précédents. On retiendra que le jour le plus propice au rituel (puja) est le vendredi (jour de Vénus). Le serpent a été choisi parce qu'il est associé à la saison des pluies, saison où sortent les reptiles, et où la terre est fertilisée. Les mégalithes que l'on trouve dans le monde entier, malgré quelques divergences, avaient une signification similaire.
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Liz Marvin, autrice de Grand Sage comme un Arbre (Michael O’Mara Books Ltd, 2019 ; First Éditions, 2021 pour la traduction française) transmet les messages qu’elle a pu capter en se reconnectant aux arbres :
Offre l’hospitalité : le Margousier
Nos relations aux autres sont importantes. Tout le monde a besoin d’intimité et d’amour, et prendre soin des autres donne un sentiment d’empathie et d’utilité qui permet de réduire le stress et l’anxiété. Dans sa région d’origine, en Inde et au Pakistan, le Margousier pousse souvent dans des lieux exposés aux courants d’air, où la végétation est pauvre, et sa grande frondaison procure une ombre bienvenue. Ses feuilles contiennent un insecticide puissant, et les abeilles se délectent de son nectar. Pas surprenant que cet arbre généreux soit aussi apprécié !
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Mythes et légendes :
D'après Angelo de Gubernatis, auteur de La Mythologie des plantes ou les légendes du règne végétal, tome 2 (C. Reinwald Libraire-Éditeur, Paris, 1882),
MELIA AZADIRACHTA. — A propos de cette herbe, voici ce qu’on lit dans le Journey through the Mysore de Buchanan : « Once in two or three years, the Coramas (tribu indienne du Dekhan) of a village, make a collection among themselves, and purchase a brass pot, in which they put five branches of the Melia azadirachta, and a cocoanut. This is covered wit flowers, and sprinkled with sandal wood water. It is kept in a small temporary sheed for three days, during which time the people feast and drink, sacrificing lambs and fowls to Marima, the daughter of Siva. At the end of the three days, they throw the pot into the water. » Par ce rite, on espérait peut-être faciliter la conception et l’heureuse délivrance des femmes.
[...]
NIMVA ou NIMBA (Cf. Melia azadirachia). — Plante indienne dont les fruits, dans le Saptaçataka de Hâlâ, sont comparés avec les hommes méchants, quoique riches ; les corneilles, est-il dit, cherchent les fruits du nimva ; de même les seules personnes viles et méchantes peuvent courtiser les riches qui ne valent rien. Dans le recueil des sentences indiennes du professeur Böhtlingk, le nimba n’est point épargné : « On ne peut pas faire un homme bon d’un homme méchant ; même si on arrose ses racines avec du lait et du beurre, l’arbre du nimba ne donnera pas des fruits doux. » (Ind. Spr., II, 3295). « Nimba, tes fruits sont tout à fait inutiles, aussitôt qu’ils mûrissent, voilà que les corneilles arrivent pour les détruire. » (Ind. Spr., II, 3733.) « L’arbre du nimba accueille tout le monde avec le même fruit aigre et désagréable, soit qu’on le frappe avec une arme, soit qu’on l’arrose avec du miel et du beurre, soit qu’on l’entoure avec des guirlandes parfumées. » (Ind. Spr., III, 5325.) Il y a, dans le même recueil, une strophe où l’on pourrait voir une intention de le réhabiliter quelque peu, si la pointe ironique ne le compromettait davantage : « Lorsqu’il est mûr, même le fruit du nimba a une certaine douceur. » (Ind. Spr., III, 5684.) Dans les cérémonies funéraires indiennes, on a remarqué cet usage : « Après les funérailles, les parents se rendent à la maison du mort ; mais avant d’entrer dans la maison, en signe de douleur, ils goûtent d’une feuille de nimba, dont le goût est très amer. (Cf. The Hindoos, London, 1835, II, 299.)
[...]
SYCOMORE. — Le faux sycomore (Melia azadirachta), d’après Bauhin, est appelé arbre saint en France, azaradach chez Avicenne, « perlaco et arbore degli paternostri » en Italie (De plantis a divis sanctisve nomen habentibus ; Basileæ, 1559). En effet, on l’appelle encore en Toscane albero de’ paternostri ; en Sicile, on le nomme « arbre de patience ». M. Pitré m’écrit que le sycomore est le symbole de l’infidélité des femmes et de la patience des maris ; c’est pourquoi, en Sicile, on nomme le faux sycomore « pacinziusu » ; et, d’un mari qui supporte l’infidélité de sa femme, on dit : « Il mériterait d’avoir l’arbre de la patience planté devant sa porte. » Le sycomore d’Égypte, cependant, est encore vénéré, en souvenir de la protection accordée à la madone et à l’enfant Jésus pendant leur séjour en Égypte. « Fuori del Cairo, écrit Pietro Della Valle dans la description de ses voyages, caminando tra un canale e un laghetto delle acque ancor rimaste del Nilo, per un bellissimo stradone, tutto adombrato da grossi alberi, da sette miglia lontano, si trova una villa, che chiamano la Matarea ; dove vi è pur una casa, nella quale la Madonna habitò, nel primo ingresso dell’ Egitto, alcuni anni, e vi si vede un finestrino, che era un armario, sotto al quale i divoti sacerdoti christiani dicono messa. Vi si vede anche un’ acqua, nella qual è fama che ella solesse lavare i panni del Bambino (cf. Romarin) ; e là vicino, in un horto, che è quello dove il Belonio vide il balsamo, che adesso non vi è più, si mostra un grand’ albero di quei fichi che chiamano di Faraone (che ho già detto che sono i Sicomori), che vogliono che vi fosse fin da quel tempo, e i Turchi ancora che hanno il luogo in veneratione, per amor di Gesù che da loro è tenuto gran profeta, ne raccontano non so che miracolo apocrifo ; il quale tuttavia non è gran cosa, che fra di loro abbia avuto origine dalla fama antica, di quel vero miracolo che raccontano Niceforo e Sozomene degli alberi di Hermopoli in Egitto che, all’ arrivo del Signor Nostro, tutti si commossero, e, benchè grandi e forti, s’inchinarono fino a terra, quasi ad adorarlo. » L’un des noms indiens de la Melia azadirachta L., est arkapâda « rayon de soleil ».
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