Étymologie :
MILDIOU, subst. masc.
Étymol. et Hist. 1874 mildew (Millardet, Comptes Rendus Ac. des Sciences, Sav. Etrangers, XXII, 21 ds Bonn., p.93) ; 1881 mildiou (A. Millardet, Notes sur les vignes américaines, 55 ds Höfler Anglic.). Empr. à l'angl. mildew attesté dep. le xive s. comme terme désignant une maladie des plantes caractérisée notamment par des dépôts blanchâtres et issu du vieil angl. meledeaw, meldeaw signifiant proprement « rosée de miel » qui désignait la miellée, substance sucrée apparaissant sur les bourgeons et les feuilles de certaines plantes. Le terme a été introduit en France à la suite de la contamination des vignes françaises par une maladie venue du vignoble américain.
Lire également la définition du nom mildiou afin d'amorcer la réflexion symbolique.
N.B. A noter que dans l'acception commune, mildiou est un champignon responsable de la maladie et non pas seulement la maladie elle-même. C'est ce qui a motivé notre classement dans les champignons, pour faciliter les recherches... De plus, il s'avère que le mildiou n'est même pas un champignon :
En effet, selon Wikipédia :
Les différentes formes de mildiou sont causées par des parasites microscopiques classés parmi les Oomycètes. Ce sont des parasites obligatoires que l'on a longtemps considéré en raison de leur apparence, comme des champignons (Funghi), mais ils sont apparentés aux Chromista, ce qui explique leur extrême sensibilité au cuivre.
Cependant, les oomycètes partagent avec les Fungi certains caractères typiques des champignons : absorbotrophie, présence d'hyphes, dissémination par sporulation, digestion par exoenzyme, présence d'une paroi cellulaire. Contrairement aux algues, ils sont incapables de photosynthèse (perte du chloroplaste) et sont hétérotrophes pour le carbone.
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Symbolisme :
Dans l'imaginaire européen, le mildiou est associé à la grande famine qui décima l'Irlande dans les années 1845-1849 et entraîna une vague massive d'émigration vers les Etats-Unis.
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Mythologie :
Dans Le Monde caché, comment les champignons façonnent notre monde et influencent notre vie (Édition originale, 2020 ; traduction française : First Éditions, 2021), Merlin Sheldrake nous invite à reconsidérer notre vision des Fungi :
Les Romains priaient le dieu du mildiou, Robigus, pour que les maladies fongiques épargnent leurs cultures. Cela ne suffit pas à prévenir les famines qui contribuèrent au déclin de l'Empire romain.
Selon Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio (en ligne) :
ROBIGUS, ROBIGALIA. Le phénomène de la rouille, qu'il s'attaque au fer ou aux céréales, est désigné en latin par le mot robigo (rad. robus = rufus, rouge). L'importance de la culture du blé dans la banlieue de Rome aux plus anciens temps ne pouvait manquer de surexciter la piété des laboureurs lorsque ce fléau s'abattait sur leurs champs. De là, une personnification divine, à face double comme la plupart des génies de la végétation et de la vie rustique, funeste et réparatrice tour à tour, qui devint l'objet d'un culte de propitiation. Dans un des morceaux les plus soignés des Fastes Ovide, sans doute interprète de l'opinion populaire, appelle cette divinité Robigo ; en réalité, les anciens ne connaissaient qu'un dieu Robigus ; ainsi que Mommsen l'a fort bien conjecturé, c'était moins une personnalité distincte qu'un aspect personnifié du Mars rustique. Caton nous a conservé la prière par laquelle le laboureur demande à Mars de détourner des cultures les fléaux et les intempéries ; et le flamine qui intervient dans les actes principaux du culte de Robigus est le flamen Quirinalis, c'est-à-dire le ministre du Mars des Sabins. Dans la littérature, à partir d'Ovide, c'est Robigo qui persiste ; mais il n'y a jamais eu de couple Robigus-Robigo dans les livres des pontifes. Il arrivait seulement qu'on appariait d'une part Mars avec Robigus, de l'autre Robigo avec Flora qui exerçait une action analogue. La fête du dieu Robigus, les Robigalia, instituée par le roi Numa, tombait le 25 avril, époque où les blés sont en fleur et où se forme l'épi. Il ne semble pas qu'on les ait jamais célébrés ailleurs qu'à Rome; mais aux portes de la grande ville, ils subsistèrent bien longtemps après que les champs de céréales eurent disparu de la région. Le flamen Quirinalis y présidait, comme il présidait à celles d'Acca Larentia, la mère des Lares, et aux Consualia de juillet et d'août, qui ont le même caractère rustique. Les Robigalia débutaient par une procession qui, de la ville, se rendait au locus Robigi, situé sur la voie Claudia au cinquième milliaire. Ovide revenait de Nomentum lorsqu'il lui fut donné de voir la foule en toges blanches et le flamine officiant au fond du bois sacré ; il entendit la prière rituelle et il la reproduisit en la déformant. Il note même les accessoires du sacrifice, la serviette en grossier tissu de lin (mantele), la patère aux libations, le vin, la boîte d'encens (acerra), et, sous la flamme de l'autel, les entrailles des deux victimes qui sont une brebis et un chien. Le sacrifice de cette dernière est caractéristique ; on trouve déjà le chien victime propitiatoire dans le culte d'Hercule et de Mania, la mère des Lares, et il figure de même dans une très antique cérémonie qui a, avec celle des Robigalia, une grande analogie, la cérémonie du sacrificium ou auguriumcanarium. On y procédait aux confins de la ville et des champs, à proximité d'une porte qui reçut, par là, le vocable de catularia ; son but était de préserver le blé de la rouille ; les chiens immolés étaient de couleur fauve, c'est-à-dire symbolique du fléau à conjurer. C'est probablement l'influence de l'astronomie, suivant les Grecs, qui mit l'action funeste de Robigus en rapport avec la constellation du Chien. L'altération de l'épi, par certaines conditions atmosphériques était en Grèce, mise au compte des astres : ccoTpooarla(x ou àsTpoééo)(a, ce que les Latins traduisirent par sideratio ; mais la date des Robigalia n'a rien à voir avec les jours caniculaires, et le sacrifice du chien à Robigus comme aux Lares doit s'expliquer par d'autres raisons. La fête comportait aussi des réjouissances, sous la forme de courses d'un caractère antique et national ; on y voyait figurer, comme dans le TROJANUS LUDUS, des enfants et des jeunes gens, partagés en camps rivaux. Et même l'élément licencieux n'y fit pas plus défaut qu'aux Floralia célébrés trois jours plus tard ; les Robigalia étaient, en effet, la fête des pueri lenonii, comme les Floralia étaient celle des courtisanes. J.-A. HILD.
=> ceci nous montre une fois de plus que le champ du symbolique ne recouvre pas celui de la science analytique qui cherche à tout catégoriser de manière hyperprécise. Les deux se complètent. (Anne)
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