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Le Panéole du fumier

Dernière mise à jour : 22 juil.




Autres noms : Panaeolus sphinctrinus - Champignon qui fait rire (Warai-take) - Hoop-Petticoat (Cerceau de jupon) - Ink caps (Bouchons d'encre) - Panéole à bord denté - Panéole à gaine - Panéole à marge dentée - Panéole des mauvaises herbes - Panéole papilionacé -




Mycologie :

Ahmed Ouabbou, Abdelkarim El-Assfouri, Amina OUAZZANI, et al., auteurs d'une "Etude de quelques espèces fongiques du genre Panaeolus (Fr.) Quélet., dont une nouvelle pour le Maroc : Panaeolus dunensis Bon et Courtecuisse." (In : Bulletin de l’Institut Scientifique, Rabat, section Sciences de la Vie, 2010, vol. 32, p. 47-50) décrivent le panéole du fumier :


Le genre Panaeolus appartient à la famille des Bolbitiaceae (Basidiomycotina). Il est caractérisé par un chapeau hémisphérique à conico-convexe, lisse à ridule ou même parfois craquelé, à marge souvent appendiculée par des restes du voile (Boedyn 1966). Les lames sont particulières, au moins à un certain moment de la croissance, tachetées ou nuageuses, ceci étant du à la maturation des spores qui ne se fait pas en même temps sur toute la surface des lames, mais qui se fait par plages (Boedyn 1966). La chair est non déliquescente et le stipe est pruineux, au moins au sommet, parfois avec de fines gouttelettes au début (Romagnesi 1995, Roux 2006). La sporée est noire à brun sombre, ou brunâtre très sombre. Les spores sont lisses, rugueuses à verruqueuses, à paroi épaisse et présentent un pore germinatif large et net (Heim 1984 , Roux 2006). Toutes les espèces de genre Panaeolus sont généralement saprotrophes et non comestibles.

[...]

Panaeolus sphinctrinus (Fr.) Quélet (1872)

Panaeolus sphinctrinus est humicole. [...]

Le chapeau (2 à 3 cm de diamètre) est hémisphérique puis fortement convexe ou campanulé (légèrement plus haut que large), non ou assez peu hygrophane. La marge est appendiculée et dentée par des restes blancs du voile persistant assez longtemps. Le revêtement est lisse, brillant par temps sec, brunâtre olivacé, gris verdâtre, gris olivacé, cendré à reflets verdâtres, pâlissant en crème ocracé pâle à reflets vert gris jusqu’au blanchâtre sale. Les lames sont adnées, serrées, grisâtres puis brun noirâtre et enfin noirâtres à arêtes blanchâtres. Le stipe est élancé (8 × 0,1 cm), brun sale, brun rougeâtre en bas. La chair est crème brunâtre pâle. La sporée est noire et l’action de l’acide sulfurique est négative sur elle. Les spores (11,65-14,98 × 6,66 µm) sont elliptiques, largement elliptiques, à pore très net. Les basides sont de l’ordre de 21,64 × 6,66 µm, et les stérigmates de 3,33 µm. Les cheilocystides (35-50 × 7-10 µm) sont cylindriques sinueuses à apex fortement obtus. L’épicutis est cellulaire et les boucles sont présentes.

 

Selon Aymon de L'Estrange, auteur de « De l’usage de quelques plantes hallucinogènes chez les voyageurs, les écrivains, les artistes et les médecins in « Addictions : drogue, création, conscience augmentée », n° spécial de la revue Inter : art actuel (Québec), n°123, mai 2016, pp. 43-47.


En Chine et au Japon est attesté l’usage très ancien de “champignons qui font rire” dénommés xiaojun en Chine et waraitake au Japon. La plus ancienne mention en Chine date du IIIème de notre ère, elle est dûe à l’écrivain chinois Zhang Hua dans son recueil de contes Bowuzhi (Recueil de divers sujets). Au Japon, on les trouve mentionnés au XIème siècle dans un recueil de contes le Konjaku Monogatarishū (Recueil de contes du passé). Selon les botanistes il s’agirait de variétés de champignons hallucinogènes de type Gymnopilus junonius (ou Spectabilis) ou Panaeolus papilionaceus (ou campanulatus)

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Selon Francis Martin dans son ouvrage intitulé Sous la forêt. Pour survivre il faut des alliés. (Éditions HumenSciences, 2019) :


Dans nos prairies lorraines, on peut récolter discrètement le Panéole du fumier (Panaeolus sphinctrinus). Ses effets sont bien moindres [que Psilocybe cubensis et Psilocybe mexicana], mais sa récolte, son transport et sa vente sont malgré tout interdits en France car il est considéré comme une drogue illicite.

 

Dans sa thèse intitulée Psilocybe et perspective thérapeutiques (2021. Thèse de doctorat en pharmacie, Université de Lille), Alexandre Sergeant décrit le petit champignon :


De rare espèces du genre Panaeolus présentent un bleuissement au toucher : citons Panaeolus cyanescens (« cyanescens » venant du latin « cyaneus » qui signifie « bleu foncé », « azuré »). Aussi connu sous le nom de « panéole du fumier », c’est une espèce de champignon fimicole croissant dans les champs bien fertilisés par les bouses, ou autres crottins. (Courtecuisse, 2004) Autrement appelé « panéole des mauvaises herbes » en raison de son habitat de prédilection, à savoir l’herbe ou les pelouses de préférence fertilisées (fimicole ou terricole). Il présente une certaine ressemblance, en moins pointu, avec Psilocybe semilanceata mais ici, les spores sont noires et les lames nuageuses (sporée violacé foncé et lames de couleur unie chez les Psilocybe). (Courtecuisse, 2004)

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Symbolisme :


Weston La Barre, dans un article intitulé "Le complexe narcotique de l'Amérique autochtone." (In : Revue Diogène, 1964, no 48, pp. 120-134) retrace l'historique de l'élucidation du teonanacatl mexicain :


L'une des découvertes les plus passionnantes reste, toutefois, l'identification du narcotique anciennement utilisé au Mexique avec celui que les Aztèques appelaient le teonanacatl. A l'époque coloniale, un moine espagnol nommé Sahagûn, auteur du célèbre Codex florentin, parle de plantes indigènes des Chichimèques "qu'ils appellent nanacatl, et qui sont des champignons vénéneux (hongos malos) et qui de plus (de même que le peyotl) enivrent comme le vin de la vigne". Dans un autre chapitre sur les plantes toxiques, Sahagûn établit une distinction entre le peyotl, qui est un cactus, et "de petits champignons qu'on trouve dans la terre et qu'il appelle teonanacatl ; ils poussent sous l'herbe, dans les champs ; ils ont la tète ronde, au bout d'une tige assez élancée, délicate et ronde ; ils ont mauvais goût à manger, irritent la gorge, et provoquent une intoxication". Le naturaliste Hernandez consacre au teonanacatl tout un chapitre, sous le titre De nanacatl seu Fungorum genere, et distingue soigneusement de l'inoffensif champignon blanc, ou mousseron iztacnanacame, du champignon rouge tlapalnanacame, et du champignon jaune sphérique chimalnanacame, le teonanacatl, réputé teyhuinti c'est-à-dire toxique. Siméon, dans son lexique nahuatl, utilise même le teonanacatl comme exemple ("espèce de petit champignon qui a mauvais goût") !

[...]

Il y avait d'autres autorités que la nôtre pour mettre en doute les assertions de Safford. Entre autres: B. P. Reko, médecin qui avait constitué un herbier important au Mexique, et qui dès 1919 et 1923 écrit que le champignon sacré était un champignon de bouse, encore utilisé dans les rites magiques chez les indigènes de l'Oaxaca. En 1936, Weitlaner, ingénieur à Mexico, réunit quelques spécimens de champignons cueillis en Oaxaca, où ils seraient encore utilisés pour leur effet narcotique chez les Indiens, et les envoie au Museum d'Histoire naturelle de Harvard. Malheureusement, ils sont si muai conservés que c'est tout juste si l'on peut les identifier commue se rattachant au genre panaeolus. Ensuite, c'est Schultes, en 1938 et en 1939, qui recueille un champignon de bouse, le panaeolus sphinctrinus, spécimen des champignons utilisés par les Indiens Mazatèques au nord-est de la province d'Oaxaca. Un assez pauvre spécimen de stropharia cubensis est également recueilli au cours de cette excursion ethnographique et botanique en Oaxaca. Schultes publie encore deux articles pour exposer sa conviction que le teonanacatl des Aztèques n'est autre que le panaeolus sphinctrinus, mais il pense que d'autres champignons peuvent également être désignés sous le nom de ce narcotique."

Les recherches sur le terrain devaient entraîner le naturaliste Schultes jusqu'en Amazonie, où il travailla pendant douze ans, et il ne devait jamais revenir en Oaxaca pour y poursuivre ses recherches. Quinze ans plus tard, deux riches amateurs d'éthnomycologie, Gordon et Valentina Wasson, prirent connaissance des travaux de Schultes et se mirent immédiatement en piste pour trouver le fin mot de l'énigme. Ils allèrent une première fois en Oaxaca en 1953 ; plus tard, ils reprirent en équipe leurs travaux à l'occasion de plusieurs voyages, et même après la mort de Mme Wasson, médecin réputé de New York, M. Wasson poursuivit seul la recherche, faisant au total dix voyages consacrés à l'étude des champignons hallucinogènes. Presque à chaque expédition, il emmenait avec lui plusieurs spécialistes botanistes, chimistes, ethnologues ou autres. Leurs efforts conjugués offrent un modèle exemplaire d'une action interdisciplinaire concertée. En collaboration avec le mycologue français, Roger Heim, Gordon Wasson a publié un relevé impressionnant de quelque vingt espèces de champignons, groupés en quatre genres, qui tous sont utilisés dans les rites religieux et pour leurs propriétés hallucinogènes, au Mexique.

Les champignons sacrés sont donc utilisés, à notre connaissance, aussi bien par les Indiens Mazatèques que par les Chinantèques, les Chatino, les Zapotèques, les Mixtèques, les Mixé, les Nahua, et peut-être également les Tarasques et les Otomis. Wasson estime que l'usage des champignons hallucinogènes était plus répandu dans les temps anciens qu'à présent et fonde cette opinion sur certaines découvertes archéologiques curieuses, aujourd'hui connues sous le nom de "pierres-champignons", mais d'abord interprétées comme des emblèmes phalliques. Ces pierres ont un tronc vertical élancé, approximativement de la taille d'un homme, surmonté d'une calotte sphérique en forme d'ombrelle. On connaît aujourd'hui plus d'une centaine de pierres dressées de cette espèce, la plupart situées sur les hauts plateaux mayas du Guatemala, et certaines remontant à 1000 ans avant notre ère. Elles ont longtemps dérouté les archéologues, mais on est en droit de penser aujourd'hui que ces monuments ont quelque rapport avec un culte lié au champignon sacré. [...]

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