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Le Serpent de mer

Dernière mise à jour : 25 mars




Expression populaire :



Au fig. Serpent de mer. Thème rebattu et peu crédible ou information généralement peu fondée, souvent à caractère sensationnel, reprise par la presse durant les périodes creuses.

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Zoologie :


Jean-Baptiste de Panafieu présente le Grand Serpent de mer dans un ouvrage intitulé Deyrolles - Créatures fantastiques (Éditions Plume de Carotte, 2014) et illustré par Camille Renversade :






Croyances populaires :


Jean-Jacques Barloy, dans un article intitulé "Rumeurs sur des animaux mystérieux." (In : Communications, 52, 1990. Rumeurs et légendes contemporaines. pp. 197-218) fait l'état des lieux de cette énigme :


L'énigme du Serpent de mer.

Des animaux marins apparemment inconnus ont été signalés le long des côtes de France : au total, une quinzaine d'observations répertoriées à ce jour, dont bon nombre figurent dans le livre classique de Bernard Heuvelmans, Le Grand Serpent de mer.

C'est en effet dans le dossier du Serpent de mer que doivent se ranger ces relations. L'une d'elles, particulièrement précise, se situe en 1923 sur la minuscule île de Herm, dans l'archipel anglo-normand.

Au mois d'août, un groupe de quatorze personnes parcourt les grèves de cette île quand, soudain, leur attention est attirée par des traces qui sortent d'une mare et conduisent à une autre mare, beaucoup plus vaste : la largeur de cette piste est de 1,50 mètre à 1,80 mètre...

Or, voici que du milieu de cette grande mare émerge une grosse tête au bout d'un cou énorme. L'animal dévisage les intrus de ses grands yeux noirs, puis replonge lentement.

Un tel témoignage paraît se rapporter au type de serpent de mer le plus fréquemment (si l'on peut dire...) signalé en Europe, celui que Heuvelmans a surnommé le long-cou et qu'il identifie à une otarie géante à long cou, encore inconnue.

Deux autres observations ont pour cadre la baie de Saint-Brieuc. Durant l'été 1911, à Saint-Quay-Portrieux, trois témoins voient un animal à long cou, mesurant peut-être 10 mètres, qui nage rapidement. Au bout d'un moment, un spécimen identique le rejoint et tous deux s'éloignent vers le large.

Détail digne d'intérêt : un animal comparable - peut-être l'un des deux spécimens - sera signalé le 19 août suivant dans l'Atlantique par le vapeur hollandais Amsteldijk.

Au cours de l'été 1939, c'est à Étables que trois observateurs, des Anglais cette fois, voient depuis le balcon de leur hôtel un énorme animal serpentiforme.

Un peu plus à l'ouest, à Paimpol, vers 1925, un marin observe, tout près du rivage, une sorte de crocodile, dont la queue porte une crête comme celle des vrais crocodiliens : un témoignage qui, parmi bien d'autres, évoque les mosasaures de l'ère secondaire.

En juillet 1945, c'est au large de la Loire- Atlantique que M. André Duffay assiste à une étonnante apparition. Selon la lettre qu'il m'a adressée, il péchait à environ 1 500 mètres au large de La Turballe lorsqu'il entendit derrière lui un « plouf retentissant ».

Mais laissons-lui la parole : « Je vis une tête émerger des vagues : cela ressemblait à une tête de lévrier ; les yeux avaient le diamètre de ceux d'un cheval, le cou m'a semblé faire environ de 25 à 30 centimètres de diamètre ; il sortit d'environ 50 centimètres au-dessus des vagues. »

La peau de l'animal est lisse, ou recouverte de minuscules écailles : elle est de couleur vase. L'animal, la tête toujours émergée, s'éloigna vers l'ouest. D'autres témoignages se situent en Charente-Maritime, en Camargue, en Corse, etc.

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Mythologie :


Jean Poirier et Marie-Joseph Dubois proposent dans un article intitulé "Les mythes de Maré" (paru dans le Journal de la Société des océanistes, tome 4, 1948. pp. 5-47) une transcription du mythe de Bece :


Bece.

Megenine était un chef de l’Île des Pins, et avait une femme maréenne si Hnadidi, Wanerene (c'est-à-dire clarté). Megenine mourut, mais sa femme était enceinte. L'enfant naquit. C'était un serpent de mer, bece. On dit à la mère : « II faut le tuer. — Non, dit-elle, il faut le garder ». Elle le garda, en effet, jusqu'à ce qu'il fût grand. Bece demanda qu'on fît une maison à toit pointu, meico. Il y habita, mais déjà il était trop grand. Sa mère lui dit de quitter cette case trop petite, et de loger dehors dans les pins colonnaires, afin qu'il pût s'installer dessus. Bece chargea sa mère de lui trouver une femme. Les filles de l'île des Pins n'en voulurent pas parce que c'était un serpent. Wanerene avait une nièce à Hnadidi, nommée également Wanerene. On alla la chercher. La fille arriva à Uzeri. Sa tante lui dit : « C'est un serpent, mais n'aie pas peur. » La nuit, la tante va faire du feu dans le meico, puis dit à sa nièce : « Tu vas aller dans la maison et y coucher, et s'il entre, encore une fois, n'aie pas peur. » Le serpent entre à son tour, en commençant par la queue, et s'enroule sur lui-même pour mettre sa tête sur la joue de la jeune fille qui est glacée d'épouvanté.

Avant le jour, Bece sort de la maison et remonte dans ses sapins. La vieille a préparé le repas de Bece, et dit à sa nièce de le lui porter dans les sapins. Bece descend et mange. Et c'est ainsi tous les jours.

Une nuit, Bece eut pitié de la jeune fille, qui commençait à n'avoir plus peur. La jeune fille était déjà dans la case et le bece dehors. Celui-ci enleva sa peau de serpent. Il entra et éveilla la jeune fille : « Ouvrez les yeux ! » lui disait-il. La fille regarda et vit un jeune homme merveilleux de beauté. Ils couchèrent ensemble toute la nuit. Avant le jour, Bece sortit, reprit sa peau de serpent et remonta dans ses sapins. La petite Wanerene était radieuse de bonheur et sa tante s'aperçut du changement de son caractère. La jeune femme avoua à sa tante ce qui s'était passé. La tante lui dit : « Pendant son sommeil, tu prendras du feu, tu sortiras et tu brûleras cette peau de serpent ». Au petit jour, Bece voulut reprendre sa peau, mais il ne le put parce qu'elle avait été brûlée par sa femme et il dut rester avec une forme humaine. Toutes les filles d'Uzeri admirèrent ce beau jeune homme. « Kei ! » faisaient-elles. La vieille leur répondit : « C'était un serpent. Je vous avais demandé de l'épouser et vous n'en avez pas voulu ».

Maintenant, le lieu habité par Bece autrefois est plein de petits bece (1).


Note : 1) On appelle ce serpent bece quand on le trouve dans la mer et megenine quand on le voit à terre.

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Marie-Joseph Dubois dans Mythes et traditions de Maré : Nouvelle-Calédonie, Les Eletok (Société des Océanistes, 2014) fait référence à un serpent de mer mythique :


Roger Bastide, p. 1072, parle même de mythomènes par analogie avec les phonèmes de la linguistique. Ce sont des termes symboliques utilisés tels quels pour la transmission du message. Citons pour Maré :

[...]

Le serpent de mer plature, bece, symbole de plusieurs clans, en particulier des si Gureshaba, est une puissance bénéfique.

[...]

Les si Tapep(a) qui étaient près de Peyec , et à leur suite les si Thuba, les habitants actuels de ce village, se réclament du yaac Ukan dont la forme animale est un serpent de mer bleu-gris et blanc pouvant atteindre une longueur d'un mètre. Il y en a au rivage de Ba-re-uc et ses environs, Asixexe et Pa-drera. On commente son nom u-kan qui "crie de lui-même, spontanément". Lorsqu'on voit Ukan entrer dans le feuillage d'ignames, c'est un signe que la récolte sera bonne. De même lorsqu'on est bredouille à la pêche, les gens sur la falaise voient des poissons sauter là où il n'y avait rien auparavant, c'est Ukan qui rassemble les poissons. Il n'y a qu'à venir les prendre. Ces poissons saignent car Ukan les a mordus.

Ces si Tapep(a), lorqu'ils voulaient frapper quelqu'un de leur kaze, faisaient des offrandes de nourriture à Ukan. Celui-ci visite encore maintenant les si Tapep(a). Il n'est pas sauvage comme Shumon, la vieille yaac-serpent des si Pula si Ped. Il protège les champs des si Tapep(a) contre les voleurs, contre les porcs sauvages. On l'avertit et il entend parce qu'il est à proximité. Il ne craint pas les Blancs.

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