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Photo du rédacteurAnne

Le Springbok

Dernière mise à jour : 25 mars





Zoologie :


Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) consacre un chapitre au springbok :


Le springbok, l'antilope montée sur ressorts


Pourchassés par de nombreux prédateurs, les herbivores d'Afrique sont contraints de mobiliser beaucoup d'énergie en vue de se prémunir contre leurs attaques. Toujours dans le désert du Kalahari, sur près de 900 000 kilomètres carrés, les antilopes springboks (Antidorcas marsupialis) sont dans le viseur de redoutables carnivores. On compte parmi eux : le guépard (Acinonyx jubatus), l'un des mammifères les plsu rapides au monde avec des pointes de vitesse à près de 100 kilomètres à l'heure, mais qui ne peut courir à pleine vitesse que 400 mètres avant que son corps ne montre trop en température ; le léopard (Panthera pardus), qui se déplace la nuit en mode furtif et solitaire ; la hyène tachetée (Crucuta crocuta), qui vit en groupe d'une dizaine d'individus ; la hyène brune (Hyoena brunnea), qui elle, contrairement à sa cousine, chasse de façon solitaire ; et le lion (Panthera leo), considéré comme le « roi des animaux » car, avec ses 200 kilos en moyenne tout en puissance, il ne connaît pas de prédateur.

Cinq menaces potentielles auxquelles s'ajoutent les redoutables meutes de lycaons, des chiens sauvages très agressifs, et le chacal à chabraque (Canis mesomela). Autant dire qu'il vaut mieux être sur ses gardes quand on est une antilope dans le Kalahari. Savoir se défendre prend alors tout son sens.

Le springbok - choisi comme emblème ar l'équipe de rugby d'Afrique du Sud, championne du monde pur la troisième fois de son histoire en 2019 - n'est pas la seule antilope présente dans le Kalahari. Elle côtoie par exemple l'oryx, qui dispose pour se défendre de longues cornes taillées comme des rapières, ou encore la petite steenbok, qui tente d'échapper aux griffes de son agresseur par de déroutantes courses en zigzag, en désespoir de cause. le springbok apparaît comme l'antilope qui a développé l'arsenal défensif le plus complet, celui d'une championne de haut niveau dans plusieurs disciplines athlétiques qui lui permettent de tenir les prédateurs à distance, avec des qualités intrinsèques qu'elle cultive dès le plus jeune âge.

Avec sa robe brune et blanche, un poids d'une trentaine de kilos en moyenne, et de curieuses cornes en forme de lyre tournées vers l'intérieur, le springbok est un herbivore gracieux. Mais ce n'est pas cette qualité que traduit son nom. Il caractérise plutôt un de ses comportements les plus étonnants. il provient en effet de l'afrikaan spring sauteur, et bok, bouc. Une antilope sauteuse donc. Le springbok apprend, à peine âgé de quelques jours, à bondir sur place à la verticale. Des bonds impressionnants effectués tête baissée et le dos arqué. Pourquoi une telle précocité ? Parce qu'il y va de sa survie. Ce bond sans élan effectué les pieds joints est un signal d'alerte pour avertir son entourage du danger. Puis, si la menace se vérifie, les antilopes décampent. Et là se mettent en action leurs autres qualités naturelles.

A commencer par la vitesse : cette gazelle tient le guépard en respect avec sa pointe de vitesse à 110 kilomètres à l'heure. Mais contrairement à ce félin, elle est aussi championne de demi-fond en étant capable de courir à 50 kilomètres à l'heure sur 6 kilomètres, saut en hauteur également grâce à ses incroyables bonds jusqu'à près de 4 mètres qui, outre la fonction d'alerte, servent aussi à surprendre ses adversaires. Enfin, c'est une championne de saut en longueur avec des sauts qui peuvent atteindre les 15 mètres. Pas étonnant que toutes ces aptitude aient concouru à en faire l'animal fétiche de l'équipe sud(africaine de rugby, et le symbole de tout un pays.

Cette créature surprenante, capable de vivre dans un environnement d'extrême chaleur, pauvre en végétation, a également développé la faculté d'estimer les distances de sécurité avec les prédateurs selon le relief et l'heure de la journée. La tête et les jambes en quelque sorte.

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Symbolisme :


Dans un article de L'Équipe en date du 1er novembre 2019 et signé d'Esteban Rana on en apprend davantage sur le symbole du springbok des rugbymen d'Afrique du Sud :


Coupe du monde : pourquoi le Springbok n'est plus sur le torse du maillot sud-africain ?


Lors de ce Mondial, l'Afrique du Sud, finaliste samedi contre l'Angleterre, n'arbore pas l'emblème du Springbok sur la poitrine. Comment le maillot vert et or a-t-il changé à travers les époques ? Explications.


Vous aurez sûrement remarqué que l'emblématique antilope sauteuse, aussi appelée « Springbok » en Afrikaans, n'apparaît pas sur le torse des joueurs sud-africains lors de cette Coupe du monde au Japon. Quelles en sont les raisons ? Retour sur un maillot chargé d'histoire.


L'époque apartheid : Sous le régime de l'apartheid (1948-1991), le rugby sud-africain reflétait très clairement la division du pays entre les populations blanches et noires. Introduit par les Britanniques à la fin du XIXe sicle, le rugby était réservé à l'élite blanche alors que les communautés métisses et noires se tournaient davantage vers le football.

Adopté dès 1906 comme symbole sportif par les blancs, le « springbok » devient l'emblème des différentes équipes nationales comme le rugby ou le cricket jusqu'au début des années 90.


L'effet Mandela : L'apartheid est aboli le 30 juin 1991. Longtemps utilisé pendant l'ère de la ségrégation raciale, le Springbok est considéré par le peuple comme un symbole de cette sombre période. Pour arriver à une réconciliation nationale, on souhaite chasser tout ce qui rappelle l'apartheid à commencer par l'antilope sur le maillot de la sélection. En 1994, le Conseil National Africain essaye d'imposer la Protea (plante typique sud-africaine) comme emblème national. Pendant le Mondial 1995, les deux emblèmes se côtoient sur le maillot des Springboks, sacrés champions du monde en présence de Nelson Mandela. Cette « cohabitation » sur le maillot devient un symbole d'unité nationale.

Pendant une douzaine d'années, la place accordée aux emblèmes sur le maillot vert et or ne changera pas. Seul l'équipementier évoluera pour des contrats de plus en plus juteux, notamment grâce au deuxième titre mondial décroché en 2007. Toujours présente aux côtés du Springbok, la protea n'est pas encore un symbole à part entière du rugby sud-africain. Il faut attendre la fin de l'année 2008 pour que les deux logos soient séparés. Le Congrès National Africain refait valoir son souhait de distinguer les deux emblèmes. Nous retrouvons donc la protea sur le cœur et le Bok sur la partie droite de la poitrine.


Le Springbok mis de côté : Nouvelle-Zélande 2011, les Sud-Africains remettent leur titre en jeu. Cette fois-ci, le règlement de la Coupe du monde est clair, le logo officiel du Mondial doit figurer sur la partie droite du maillot. Dilemme donc pour la Fédération sud-africaine qui dispose de deux logos sur le torse. Les instances tranchent, le Springbok est décalé sur la manche du maillot pour laisser place au logo officiel.

Superstition ou pas, depuis que l'antilope n'est plus sur le devant du maillot vert et or, l'Afrique du Sud n'a plus jamais gagné. Mettra-t-elle fin à cette série noire, samedi, en finale, contre l'Angleterre ?

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