Étymologie :
Étymol. et Hist. 1533 (S. Champier, Le Myrouel des appothicaires et pharmacopoles, Paris, Avij vo ds R. Ling. rom. t. 34, 1970, p. 184). Empr. au lat. impérial thlaspi, de même sens, gr. θ λ α ́ σ π ι, θ λ α ́ σ π ι ς « id. » (de θ λ α ́ ω « meurtrir, froisser, broyer »).
Lire également la définition du nom thlaspi afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Autres noms : Thlaspi arvense, L. — Herbe aux écus - Monnayère - Monnoyère - Téraspic - Théraspic - Thlaspi des champs -
Dominique Fournier, auteur de Fleurs de Galarne, herbier des bounes et des mauvaise harbes d'enpar icitt (Éditions Cheminements, 2000) nous éclaire sur l'appellation de tabouret :
Le mot tabouret, qui nous vient de l'ancien français tabour désignant le tambour, renforce mon jugement concernant les débordements du boyau culier.
N'avez-vous jamais remarqué, méchants foirards ès quels le cul est abondamment cerné de merde, qu'un roulement de petit tambour accompagne souvent (toujours ?) le flux alvin ?
Et puis, comme disait ma grand-mère :
« Chie dur ! Chie mou !
Mais chie dans le trou ! »
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Botanique :
Dans un article intitulé "L'identification des adventices en betterave sucrière" (IRBAB, ) M. Tits, O. Hermann, L. Lambrechts et al, donnent les caractéristiques du Tabouret des champs :
Cotylédons :
Forme : rond à elliptique
Sommet : arrondi à émarginé
Base : arrondi, cunéé
Insertion : pétiolé
Nervation : non visible
Premières vraies feuilles :
Forme : elliptique-ovale
Sommet : arrondi, tronqué, émarginé
Base : atténué, cunéé
Bord : entier, sinué
Disposition : alterné ou opposé
Insertion : pétiolé, atténué
Nervation : une seule nervure ou pennée.
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Selon Anne Légère, autrice de "La malherbologie au cœur des enjeux du XXIe siècle" (In : 1. Phytoprotection, 2009, vol. 90, no 1, pp. 5-11) :
Pour l'améliorateur, l'étroite parenté entre les espèces domestiquées et sauvages permet le transfert de caractères d'intérêt de l'espèce sauvage à la culture. [...] Plus récemment, on s’est intéressé aux gènes de résistance au froid du tabouret des champs (Thlaspi arvense L.) dans une perspective d’amélioration de l’adaptabilité du canola au froid (Sharma et al. 2007). Or, ce processus de transfert de gènes se produit aussi en milieu naturel et permet des échanges de gènes entre espèces, lesquels peuvent avoir des effets indésirables. La plupart des cultures modifiées génétiquement se trouvent en sympatrie avec une ou plusieurs espèces apparentées dans une partie de leur aire de répartition géographique (Ellstrand et al. 1999 ; Simard et al. 2006), permettant ainsi les flux intra- et interspécifiques de gènes et donc de trans-gènes (Warwick et al.2003). Cette contamination peut avoir des conséquences agroécologiques.
Vertus médicinales :
Henri Ferdinand Van Heurck et Victor Guibert, auteurs d'une Flore médicale belge. (Éditions Fonteyn, 1864) nous apprennent les propriétés thérapeutiques du Tabouret :
Usages Médicaux - La monnoyère passe pour antiscorbutique, incisive et résolutive. Les anciens en faisaient beaucoup de cas dans l'hémoptysie (Dioscoride). Lejeune a rappelé sur elle l'attention des médecins et l'a recommandée dans les maladies de poitrine et les crachements de sang. Elle a aussi été prescrite dans la métrorrhagie (Lange) et, dans la dysurie (Dubois). Une petite poignée en décoction.
Mickaël Welfringer, auteur d'une thèse intitulée La Thériaque : analyse d'un contrepoison de l'Antiquité et héritage dans la pharmacie d'officine d'aujourd'hui (Université de Lorraine, 2017) ajoute les propriétés suivantes :
Le thlaspi est une herbe connue sous le nom de tabouret. Cette Brassicacée pousse sur le pourtour méditerranéen. L’une des espèces les plus communes est le tabouret des champs, Thlaspi arvense L. Le thlaspi a des tiges ramifiées dont poussent des fleurs blanches avec des lobes arrondis.
Le fruit de thlaspi sert dans la Thériaque, ce sont des graines décrites par Charas comme semblables aux lentilles. On l’utilise dans la Thériaque comme fortifiant de l’estomac et digestif, ainsi que contre la morsure de chiens enragés. (Rigaud, Barthe, & Bouttes, 1689) (Charas, 1685).
Selon Steffen Guido Fleischhauer, Jürgen Guthmann et Roland Spiegelberger, auteurs de Plantes sauvages comestibles. (Éditions Ulmer, 2018) :
Propriétés médicinales : Très peu connu comme plante médicinale, le tabouret des champs s’emploie en usage externe (teinture et infusion) ou interne (infusion) contre les néphrites, grâce à son effet bactéricide. La plante soulage les troubles menstruels, les inflammations de l’utérus et les polypes de la muqueuse utérine ; en bain de siège, on l’emploie contre les vaginites. En usage externe, les compresses et les lavages à la tisane de tabouret soulagent les irritations cutanées.
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Usages traditionnels :
D'après Jean Gourdon, auteur d'une Nouvelle iconographie fourragère : histoire botanique, économique et agricole des plantes fourragères et des plantes nuisibles qui se rencontrent dans les prairies et les pâturages. (P. Asselin Éditeur, 1871) :
Monnayère : Vient en abondance dans les champs sablonneux, dans les moissons et parmi les décombres. Est mangée, sans être recherchée, par tous les bestiaux, mais elle donne un mauvais goût au lait et à la viande.
Ses semences, âcres, laissent dans la bouche un goût d'ail ou d'oignon.
Steffen Guido Fleischhauer, Jürgen Guthmann et Roland Spiegelberger, auteurs de Plantes sauvages comestibles. (Éditions Ulmer, 2018) donne quelques idées de recettes traditionnelles :
Utilisations culinaires :
Racines : On récolte les racines en avril-mai, avant la floraison, quand elles sont encore douces. Pelées, elles entrent dans la composition de ragoûts, de soupes, de purées et de gratins de légumes.
Graines : En août-septembre, les graines concassées fournissent de l’huile de table. Pour cela, on les presse dans un moulin à huile ou on les trempe dans de l’eau chaude, puis on récolte l’huile qui s’accumule à la surface.
Fleurs : On les utilise pour décorer et relever légèrement les salades. Les boutons avec la partie supérieure de la tige servent de condiment pour salades ; c’est un légume tendre qu’on peut aussi frire dans le beurre.
Feuilles : Les feuilles récoltées entre avril et juin se consomment cuites à l’étuvée ou hachées dans les salades. Goût : La saveur est intermédiaire entre le chou et la moutarde.
Composants : Huile essentielle, substances amères, huile essentielle de moutarde, vitamines et magnésium.
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Symbolisme :
Emma Faucon, dans Le Langage des fleurs (Théodore Lefèvre Éditeur, 1860) s'inspire de ses prédécesseurs pour proposer le symbolisme des plantes qu'elle étudie :
Thlaspi - Je brise les obstacles.
Le thlaspi des champs comme celui des jardins, connu aussi sous le nom d'ibéride, se plait dans les terrains sablonneux ou pierreux ; dans les montagnes sa racine pénètre dans la roche et les cailloux, les fend et les divise.
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Littérature :
Le Tabouret des champs
Ah ! ça, qui s'assied
Sur ce tabouret ?
Le Petit Poucet
Le ferait plier.
Le roi des grillons
Qui n'a ni couronne
Ni gens, ni blason,
En a fait son trône.
Mais le moindre vent,
Est assez puissant
Pour jeter à bas
Le trône mouvant
De ce petit roi.
Maurice Carême, "Le Tabouret des champs" in La Lanterne magique : poèmes pour enfants, (Éditions Primento, 1947).
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