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Le Takamaka

Dernière mise à jour : 11 avr.




Autres noms : Calophyllum inophyllum - Calophylle - Tamanu (Ati pour le fruit) -



Botanique :


Selon Oriane Davin, autrice d'une thèse intitulée Les plantes polynésiennes en médecine traditionnelle : leurs utilisations dans les affections cutanées. (Sciences pharmaceutiques. 2021) :


Origine et répartition géographique : Le Tamanu est indigène dans l’océan Indien et le Sud-Est asiatique et a été largement introduit ailleurs, en particulier dans le Pacifique, en Afrique de l’Ouest (golfe de Guinée) et en Amérique centrale.

En Polynésie française, où il est présent dans la quasi-totalité des îles, son indigénat est douteux et il est actuellement considéré comme étant une introduction polynésienne. En Polynésie française, le Tamanu se retrouve dans tous les archipels avec des populations importantes dans les archipels de la Société et des Tuamotu. Il est peu commun aux Australes et aux Marquises où il forme de petites populations localisées. Le Tamanu est remarquablement absent de l’île extratropicale de Rapa.


L’arbre est fréquent en zone tropicale jusqu’à 50 mètres d’altitude, rarement au-delà.


Description botanique : Calophyllum inophyllum est un grand arbre atteignant plus 20 mètres de hauteur et jusqu’à 2 mètres de diamètre. Son écorce est brun-noir crevassée longitudinalement. Les tiges des jeunes rameaux sont carrées et sécrètent un latex jaune vitreux.

Les feuilles sont simples, opposées et glabres. Le limbe est coriace, elliptique, mesure de 10-20 x 5-10 centimètres et a de très fines nervures pennées. Le pétiole est long de 1 à 3 centimètres.

Les inflorescences longues de 4 à 15 centimètres portent 10 à 25 fleurs hermaphrodites. Le calice est formé par 4 sépales blancs imbriqués. La corolle a 4 pétales blancs et de nombreuses étamines jaunes. Le fruit est une drupe sphérique de 2,5 à 4 centimètres de diamètre, apiculée à l’apex, au mésocarpe comestible ayant jusqu’à 8 millimètres d’épaisseur et à endocarpe osseux.

L’amande atteint environ 2, 3 centimètres de diamètre. L’arbre est en fleurs et en fruits toute l’année avec néanmoins des pics de fructation.

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Vertus médicinales :


Oriane Davin, autrice d'une thèse intitulée Les plantes polynésiennes en médecine traditionnelle : leurs utilisations dans les affections cutanées. (Sciences pharmaceutiques. 2021) répertorie les usages suivants :


L’huile de Tamanu est extraite de l’amande du fruit de son arbre. Les fruits ramassés mûrs sont concassés afin de récupérer l’amande. Elle est ensuite séchée au soleil durant un à deux mois.

C’est au cours de la dessiccation que l’amande perd un tiers de son poids, prend une teinte ambrée et se gorge d’huile aromatique. Une spécificité essentielle est à prendre à compte : l’huile de Tamanu, contrairement à la plupart des autres huiles végétales, n’existe pas dans le fruit mûr lorsque celui-ci est prêt à tomber de l’arbre. Au contraire, son huile se constitue progressivement.

Après la dessiccation, l’huile est extraite par pression mécanique à froid des amandes. L’huile obtenue, après filtration, est épaisse, de couleur jaune verte, au parfum très aromatique.

Les anciens Polynésiens connaissaient déjà parfaitement les propriétés régénératrices pour la peau de l’huile extraite des fruits de l’arbre appelés Ati. Les vieilles légendes racontent que les vahinés tahitiennes plongeaient régulièrement leurs enfants dans un bain d’huile de Tamanu afin de les protéger des éruptions cutanées ou des coups de soleil mais aussi pour préserver la souplesse et la douceur de la peau.

Aujourd’hui cette huile est appliquée sur la peau directement pour soulager un coup de soleil, mais pas seulement. Elle est utilisée pour traiter un large éventail de lésions cutanées allant des brûlures, des cicatrices et des plaies infectées à des maladies de la peau telles que la dermatose, l'urticaire et l'eczéma. Pour ses propriétés pro-cicatrisante et anti-inflammatoire, elle est utilisée également par les tatoueurs.

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Les études ont prouvé scientifiquement ce que les ancêtres savaient. L’huile de Tamanu est un réel atout pour la peau grâce à son activité anti-inflammatoire, antibactérienne, antifongique et son pouvoir d’accélérer la cicatrisation des plaies. Notamment, en cas de coup de soleil, cette huile permet de soulager la zone douloureuse en diminuant l’inflammation. Et les chercheurs sont allés encore plus loin. Ils ont découvert que le Tamanu peut augmenter la production de constituants de la matrice extracellulaire tels que le collagène. Attention, le pouvoir médicinal de l'huile de Tamanu est fortement diminué (surtout la capacité à régénérer les tissus) quand l'huile est purifiée (sans résine), elle est alors incolore ou d'un jaune pâle sans odeur aromatique.

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Usages traditionnels :


Selon Catherine Orliac, autrice de "Des arbres et des dieux : matériaux de sculpture en Polynésie." (In : Journal de la Société des océanistes, 90, 1990-1. pp. 35-42) :


À l'opposé du pua et du miro, le ati ou tamanu, Calophyllum inophyllum (Clusiacée), est un arbre majestueux qui dépasse souvent 20 m de haut et 1 m de diamètre ; originaire d'Asie tropicale, cet arbre est très répandu et se rencontre depuis les Indes, jusqu'en Malaisie, Mélanésie et Polynésie. Il pousse très lentement, résiste bien au vent mais recherche de préférence les sables coraliens et la proximité de la mer ; commun sur le littoral des atolls, on le trouve à Tahiti depuis le bord de mer jusque dans les vallées où il remonte assez loin. Son bois est recherché pour sa dureté et son imputrescibilité ; de couleur rouge sombre à veines plus foncées, il est d'un bel aspect avec un grain fin voire même très fin ; le Tamanu se travaille bien et prend un très beau poli mais il doit être séché longtemps à l'avance pour que l'objet ouvré ne se fende pas ; il a l'inconvénient de présenter un contre-fil ce qui pourrait avoir limité son utilisation.

Le nom tamanu est d'origine récente aux Iles de la Société ; anciennement cet arbre s'appelait ati, et lorsqu'il était planté sur les marae, probablement près du ahu, il se nommait noho ahu comme le miro ; d'après Parkinson, il aurait été consacré au dieu Tane et était exclusivement planté sur les marae royaux ; les monuments de moindre importance étant entourés « d'aito, de miro et de pua veoveo ». Les traditions rapportent que le tamanu était très utile sur les lieux de culte parce que « les dieux affectionnaient son ombrage et que, le jour des sacrifices humains, ils venaient s'y reposer et assister à la cérémonie sans être aperçus ». Cet arbre était surtout employé pour « la confection des idoles ; son bois faisait l'objet d'un tabou rigoureux ; défense était de l'utiliser pout tout autre usage, en particulier pour construire les cases et les pirogues ». Son bois imputrescible convenait parfaitement pour fabriquer les to'o, objet à caractère immuable représentant la divinité tutélaire ; le tamanu et l'arbre de fer (Casuarina equisetifolia) qui possède les mêmes propriétés, étaient tous deux considérés comme des matières nobles spécifiques à cet usage. Le bois de Calophyllum servait aussi pour la fabrication des appui-têtes et de grands récipients (umete) pour la préparation des nourritures ; une espèce de grand umete en bois de tamanu, faisait partie des « attributs sacrés » des ari'i. Tous les umete étudiés dans les collections du Musée de Tahiti et des Iles et du Musée de l'Homme sont confectionnés dans ce bois, notamment les pièces M.H. n° 36-32-1, n°36-32-2 et n°35-61-230 ; un manche d'une petite herminette de sculpteur est également taillée dans du tamanu (M.H. n° 50-30-764).

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