Étymologie :
TROGLODYTE, subst. masc.
Étymol. et Hist. A. 1. 1re moit. xiie s. troglodite « nom d'un peuple habitant des cavernes souterraines » (Lapidaire de Marbode, 453, éd. P. Studer et J. Evans, p. 46) ; 2. 1546 « qui habite les endroits souterrains » (Rabelais, Tiers Livre, 51, éd. M. A. Screech, p. 341) ; p. ext. 1752 « personne vivant sous terre, comme le mineur » (Trév.). B. 1783 ornith. (Buffon, Histoire naturelle des oiseaux, t. 9, V, p. 352). Empr. au lat. Troglodytae, nom d'un peuple d'Afrique, en gén. « habitants des cavernes », transcr. du gr. Τ ρ ω γ λ ο δ υ ́ τ α ι, comp. de τ ρ ω ́ γ λ η « trou » et δ υ ́ ν ω « s'enfoncer ».
Lire également la définition du nom troglodyte afin d'amorcer la réflexion symbolique.
Zoologie :
Communiqué de l’ASPO/BirdLife Suisse du 31 janvier 2012 :
Le troglodyte mignon élu oiseau de l’année 2012
Casanova miniature cherche abris : L’Association Suisse pour la Protection des Oiseaux ASPO/BirdLife Suisse a nommé le troglodyte mignon oiseau de l’année 2012. Ce petit lutin brun – l’un des plus petits oiseaux d’Europe – se distingue par son chant retentissant et sa queue dressée à la verticale. Véritable Casanova, le mâle peut s’accoupler avec 5 femelles. Ces dernières élèvent les jeunes en grande partie seules. Les troglodytes mignons construisent leurs nids bien cachés, à couvert. Ils apprécient donc le bois mort à terre, les tas de branches et les forêts à sous-bois dense. Le bois mort offre en outre un habitat à 5000 autres espèces. Il est donc primordial que nos forêts en contiennent davantage.
Un lutin à la voix de stentor : A cette période de l’année déjà, on peut entendre le chant du troglodyte mignon, souvent émis depuis une branche élevée. Ses vocalises peuvent atteindre 90 décibels, valeur approchant celle d’un marteau-piqueur. L’ASPO/BirdLife Suisse l’a élu oiseau de l’année 2012. Elle aimerait ainsi en faire un ambassadeur de forêts riches en espèces, avec beaucoup de bois mort et un sous-bois fourni.
Un petit Casanova : Lors d’hivers doux, le mâle troglodyte délimite un territoire en chantant à partir de fin janvier déjà. Dès le mois de mars, il construit plusieurs nids grossiers, puis attire une femelle. Celle-ci choisit un nid et le garnit, avant d’y pondre 5 à 7 oeufs. Si l’habitat offre assez de nourriture et d’endroits favorables à la construction de nids, le mâle part en quête d’une autre femelle aux alentours. On a ainsi pu observer des accouplements d’un mâle avec 5 femelles différentes. L’élevage des jeunes est ensuite essentiellement l’affaire des femelles.
Habitant des forêts riches en sous-bois et en bois mort : Le troglodyte apprécie les forêts à sous-bois dense riches en bois mort. Il y recherche toute sorte d’invertébrés pour se nourrir. Son alimentation comprend des araignées, des opilions, des petits papillons, des mouches et d’autres insectes. En plus de lui fournir de quoi manger, le bois mort lui offre de nombreuses possibilités pour cacher ses nids, telles que trous dans les souches, tas de branches et réseaux de vieilles racines.
Evitons le "propre en ordre" : « Le troglodyte peut facilement être favorisé. Il s’agit principalement d’éviter le syndrome du „propre en ordre“.» remarque François Turrian, directeur romand de l’ASPO. Conserver des tas de branches, des arbres tombés à terre ou des gros arbres morts encore debout profite au troglodyte mignon, mais pas seulement: tout un cortège d’autres espèces ont aussi besoin de forêts proches de l’état naturel et riches en bois mort. C’est la raison pour laquelle le troglodyte est un ambassadeur idéal de la campagne actuelle de l’ASPO „Biodiversité en forêt“. Dans les agglomérations aussi, il est relativement simple de l’attirer: des tas de branches au fond du jardin et des haies denses de buissons indigènes constituent un habitat favorable au troglodyte mignon.
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Croyances populaires :
Paul Sébillot, auteur de Additions aux Coutumes, Traditions et superstitions de la Haute-Bretagne (Éditeur Lafolye, janv. 1892) relève des croyances liées aux cycles de la vie et de la nature :
Si on met la main dans de la fiente de béré (troglodyte), si on se pique avec des épines blanches, il vient des panaris.
Symbolisme :
Selon Ted Andrews, auteur de Le Langage secret des animaux, Pouvoirs magiques et spirituels des créatures des plus petites aux plus grandes (Édition originale, 1993 ; traduction française, Éditions Dervy, 2017), le Troglodyte [et le ]/Roitelet ont les caractéristiques suivantes :
Points clés : Débrouillardise et hardiesse.
Cycle de puissance : Printemps.
Il existe plus d'une douzaine d'espèces de troglodytes. c'est un petit oiseau râblé qui a souvent été autant apprécié que le rouge-gorge. par son histoire, ses légendes et son apparence, le troglodyte (troglodytes) a souvent été rapproché du roitelet (regulus), tous les deux ayant été appelés à un certain moment « petit roi des oiseaux » (king of birds). Ils partagent nombre de caractéristiques. Le troglodyte est généralement de couleur brunâtre et il dresse souvent les plumes de sa queue vers le haut quand il est en vol. Il se montre rarement dans un espace ouvert.
Ses plumes étaient considérées comme des fétiches contre la noyade et il a coutumièrement été estimé comme un mauvais signe d'en tuer un. Pour les traditions païennes, les troglodytes étaient consacrés aux dieux et déesses de la terre. La légende disait qu'il avait volé du feu du soleil pour le ramener sur terre et que c'était à cause de cela qu'il avait de courtes plumes de queue dressées. Dans l'Europe médiévale, surtout dans les classes les plus modestes, on faisait de ce petit volatile l'oiseau domestique de la Vierge Marie. Cette réputation vient probablement du fait que, la plupart du temps, les classes dirigeantes étaient décrites dans les histoires et les légendes comme des aigles, des faucons, des ours, des lions... - les plus grands animaux et oiseaux de proie.
Le troglodyte et le roitelet sont probablement de petits oiseaux pleins de ressources et de sens de l'adaptation. Le troglodyte construit son nid dans tous les endroits appropriés. Généralement, il bâtit sa demeure près du sol, voire sur le sol, particulièrement dans les zones marécageuses. Le troglodyte mâle réalise la majeure partie du travail et en plus du vrai nid, il va installer plusieurs « faux » nids. Ces derniers son en partie créés pour une question de protection, mais certains pensent que le mâle les construit aussi pour séduire la femelle. Ce n'est qu'une fois les « faux » nids achevés que cette dernière s'installe dans le vrai pour y avoir sa nichée. Le mâle dort séparément de la femelle et des petits.
Le troglodyte est un oiseau courageux et plein de ressources. Un conte amérindien parle d'un épisode où il dupa l'aigle vantard en le convaincant de l'emporter haut dans le ciel, jusqu'à ce que ce dernier ne pût plus s'élever davantage. Alors le troglodyte reposé sauta du dos de l'aigle et s'envola au-delà des nuages, en riant bien de voir qu'il avait pu monter plus haut que l'aigle ne le pourrait jamais.
Le troglodyte a la puissance vocale d'un oiseau beaucoup plus gros que lui. Il chante de jour comme de nuit, come s'il débordait d'assurance. Il a aussi un petit côté colérique et n'hésitera pas à affronter tout animal ou oiseau menaçant.
Si le troglodyte est entré dans votre vie, il est temps de vous poser des questions importantes. Utilisez-vous les ressources qui vous sont disponibles ? et les autres en font-ils autant ? Manifestez-vous assez d'assurance ? Êtes-vous si englué dans les soucis du quotidien que vous en oubliez de chanter ? Gardez-vous les pieds sur terre ? Des arbres vous cachent-ils la forêt ? Abordez-vous la vie avec assez d'enthousiasme ? La médecine du troglodyte permet d'utiliser ce qui est disponible et cet oiseau vous enseignera les moyens les plus efficaces pour construire dans votre environnement.
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Dans Le Livre des superstitions, Mythes, croyances et légendes (Éditions Robert Laffont, 1995 et 2019), Éloïse Mozzani nous propose la notice suivante :
Le troglodyte, passereau souvent confondu avec le roitelet était l'oiseau des druides qui le tenaient pour devin.
Dans de nombreuses régions françaises, c'est lui qui a apporté lefeu sur la terre. En souvenir de cet épisode son nid doit être respecté : en toucher un ou pire en enlever les oeufs ou les petits équivaut à un péché (Perche). On risquerait de voir ses doigts estropiés (Ille-et-Vilaine), raccourcis (Sarthe), ou d'avoir des douleurs aux pieds (Loire-Atlantique). En Bretagne, la main qui a été en contact avec la fiente de ces oiseaux se couvre de panaris.
Le troglodyte est le premier oiseau à fêter la résurrection en chantant l'Alleluia : il « a ce privilège car il ne travaille jamais le dimanche ».
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Littérature :
Yves Paccalet, dans son magnifique "Journal de nature" intitulé L'Odeur du soleil dans l'herbe (Éditions Robert Laffont S. A., 1992) évoque ainsi le Troglodyte :
24 octobre
(La Bastide)
Un bout de corps, un bout de queue dressée : le troglodyte mignon sautille dans le laurier.
Ce presque-rien gris-brun sifflote obstinément, parfois, du haut de son perchoir.
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