Étymologie :
PYRO-, élément formant Élém. tiré du gr. π υ ̃ ρ, π υ ρ ο ́ ς « feu, feu de la fièvre », entrant dans la construction de termes savants.
A. − [Les mots constr. sont des subst. et des adj. en méd., indiquant une action, une atteinte de la fièvre ou une substance qui combat la fièvre] V. pyrexie, pyrogène II. B. −1. [Les mots constr. sont des subst. et des adj., indiquant une relation avec le feu, la flamme]
PHILE, élément formant -phile élém. empr. au gr. -φ ι λ ο ς οu -φ ι λ η ς de φ ι ́ λ ο ς « ami », entre dans la constr. de mots (souvent adj. et subst.) appartenant soit à la lang. commune et qualifiant ou désignant l'amateur ou le sympathisant de ce que désigne le 1erélém., soit à la lang. sav. et qualifiant ou désignant celui ou ce qui présente une disposition à, ou une affinité avec ce que désigne le 1er élém.
Les plantes qui ont besoin de feu pour leur reproduction sont appelées pyrophiles.
Autres noms : Plante du feu - Plante pyrophile - Plante pyrophyte -
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Botanique :
Hugues Demeude, dans Les Incroyables Pouvoirs de la Nature (Éditions Arthaud, 2020) nous explique comment le feu peut être indispensable à la reproduction de certaines plantes :
Arbres pyrophiles, les arbres phénix qui jouent avec le feu
Pour les plantes, le danger peut venir des herbivores, des insectes, des maladies ou encore des incendies. La bonne résistance au eu des herbacées, à l'image d'Hyparrhenia dans la savane africaine, illustre l'efficacité des stratégies développées au fil de l'évolution. Celui-ci parvient en l'occurrence à survivre parce que ses graines s'enterrent sous les cendres.
L'écosystème de forêts et de maquis du sud-ouest de l'Australie, appelé ici la brousse, est régulièrement victime d'incendies, et ce depuis l'aube des temps. Si une partie de la végétation est alors détruite, une autre tire profit du feu. Il s'agit de toute la flore locale qui s'est différenciée en adaptant sa physiologie à ces conditions thermiques très spéciales. Certaines espèces de plantes sont ainsi devenues des phytophytes actives ou plantes pyrophiles : elles résistent bien aux très hautes températures. C'est le cas de l'eucalyptus, qui favorise les départs de feu en produisant des vapeurs inflammables. Il utilise alors sa résistance hors du commun pour se libérer des plantes compétitrices qui envahissent son habitat. Plus généralement, c'est le cas de toutes els espèces végétales qui utilisent ce choc thermique pour faire se multiplier leurs graines, les libérer et les propager. Il s'agit des « plantes du feu », parmi lesquelles on compte les Proteaceae, Xanthorrhoea, Hakea, Banksia, Acacia melanoxylon, ou la plante carnivore herbacée Byblis.
Loin de se laisser anéantir, la nature a donc su jouer avec le feu. On parle du reste pour cet écosystème de pyropaysage. Acacia cyclops, originaire de cette région d'Australie, est emblématique en la matière avec la levée de dormance de ses graines, qui ne peut être déclenchée que par le feu. Dans ce paysage de désolation, qui a dépassé toutes les proportions durant l'été austral 2019, des scarabées de feu (Merimma atrata) parviennent totu de même à trouver satisfaction. Ces insectes sotn en effet eux aussi pyrophiles et se nourrissent de bois brûlé. Davantage encore : ils ont besoin que cela sente la braise pour se reproduire.
Cette nature phyrophile s'est adaptée aux incendies déclenchés par la foudre, puis à ceux des agents du Département de la conservation de l'environnement australien, qui ont hérité des Aborigènes une technique et un savoir-faire précieux qui mériterait d'être davantage mis en valeur : celui d'apprivoiser le feu qui favorise la diversité des forêts et maquis de ce Sud-ouest riche en plantes phénix.
Autre vecteur de propagation des incendies, plus insolite : les oiseaux pyromanes, tels que le milan noir, le milan siffleur, ou encore le faucon bérigora, qui ont été observés dans la brousse, transportant des brindilles enflammées d'un périmètre à un autre. Mobile de leurs actions incendiaires : débusquer des proies.
En Amérique du Nord, un arbre bien connu résiste lui aussi au feu. Il s'agit de l'illustre séquoia, un conifère originaire de Californie pouvant atteindre près de 85 mètres pour un diamètre de 8 mètres, ce qui fait de lui l'un des plus grands organismes vivants d'un seul tenant sur la planète ; il impressionne aussi par sa longévité puisque certains spécimens dépassent allègrement les deux mille ans. Particularité : son écorce rougeâtre, très épaisse, fibreuse, souple et sans résine, lui sert de carapace contre le feu. Mais le séquoia ne se contente pas de résister à ce dernier. Comme Acacia cyclops il l'attend pour que les flammes, sous l'effet de la chaleur, permettent aux écailles de ses cônes de se dessécher et de libérer ses graines qui tombent et se dispersent alors au sol, sur un terrain libéré par le feu des végétaux qui auraient pu empêcher les pousses des jeunes séquoias.
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Symbolisme :
Selon Alain Macé, auteur d'un article intitulé « Propos sur le feu au pays du vodu : Un pont entre hommes et dieux en Afrique », (In : Revue de l’histoire des religions [En ligne], 2 | 2005) :
L’ÉNERGIE MYSTÉRIEUSE : Les Ewé scindent le feu en deux grandes catégories : les feux physiques (l’éclair, le feu de brousse, le feu de la forge, le feu domestique…), directement observables, et les feux invisibles (les « plantes de feu », les « pierres de foudre », le feu des métaux, le feu du guérisseur, le feu du sorcier et les feux des esprits), conçus comme une variante des premiers, tapis au cœur de la matière ou aux mains des puissances obscures. Immatériels, ces derniers interviennent lors de pratiques magiques, thérapeutiques ou bien à l’occasion de rituels, sans pour autant revêtir un caractère religieux ni faire l’objet de la moindre dévotion. Il n’y a d’ailleurs pas de dieu du feu stricto sensu au sein du panthéon. Qu’il se manifeste au grand jour ou sur un mode invisible, le feu est toujours pensé comme le principe vital responsable de la dynamique de l’univers. Consécutif au geste créatif de Mawu (Dieu), il renvoie à la conception philosophique du feu principiel, au chaos organisateur lors des premiers instants du monde. Car bien que mystérieux et désormais symbole du désordre en général, cet élément aurait pourtant eu initialement un impact positif. On lui prête d’avoir eu un pouvoir génésique qui se serait illustré dans la continuité de la foudre produite par le contact de la terre et du ciel. Toujours d’après les contes populaires, ce choc terrible donna l’impulsion initiale à toute transformation cosmique. Considéré comme le prolongement de la puissance de la foudre, il participe avec la terre, l’air et l’eau aux interférences fondatrices de l’ensemble organique constitutif du monde. D’aucuns affirment voir aussi en lui le dénominateur commun aux trois états de la matière, conférant de la sorte à cette philosophia perennis le caractère d’un matérialisme organique comparable, sous certains aspects, à celui de la Chine taoïste ou encore à celui imaginé par Héraclite d’Éphèse (la dimension tragique en moins).
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