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Photo du rédacteurAnne

Les Russules

Dernière mise à jour : 21 juil.




Étymologie :


  • RUSSULE, subst. masc.

Étymol. et Hist. 1816 bot. (A. P. de Candolle, Essai sur les propriétés médicales des plantes, pp. 532-533 ds Quem. DDL t. 12, s.v. coprin). Empr. au lat. sc. mod. russula « id. », fém. subst. du b. lat. russulus « rougeâtre », dimin. du lat. class. russus « rouge, roux », v. roux.


Lire également la définition du nom russule afin d'amorcer la réflexion symbolique.


Autres noms : Russula alutacea - Bise rouge - Crusolo (Bas-Languedoc) ; Fayssé (Meuse) - Rougetto (Languedoc) - Rougiou (Nice) -

Russula aurea - Russule dorée -

Russula cyanoxantha - Bise violette - Charbonnier (Lorraine) - Charbonnière - Colombine violette -

Russula emetica - Colombe rouge - Faux-Fayssé (Meuse) - Panarole rouge - Poivron - Russule à vomir - Russule émétique -

Russula lepida - Agaric délicat - Cul-rouge (Lorraine) - rouge (Lorraine) - Russule jolie - Russule rosée -

Russula virescens - Agaric vert-de-gris - Agaric virescent - Berdanel - Berdanello - Berdet - Berdetto (Languedoc) - Bise verte - Bise vraie (Haute-Saône) - Charbonnier - Charbonnière - Colombine verte - Cruague (Gascogne) - Cruselo (Montpellier) - Cul-vert - Fayssé - Franc-vert - Iraux-cher - Palomet (Landes) - Russule verdoyante - Verdette (Calvados) - Vert - Vert-bonnet (Meuse) - Vert-bouteille -

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Mycologie :


Lyra Ceoltoir décrit les Russules, dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021), comme suit :


Les russules comptent parmi les plus emblématiques champignons de nos forêts. Cette vaste famille (qui compte au moins 163 membres) (1) rassemble des champignons paratgeant une silhouette typique de « champignon modèle », avec un chapeau large et régulier muni de lamelles, sur un pied droit, assez court. Leur nom dérive du latin russulus, « rougeâtre », mais elles sont loin de se cantonner à cette seule couleur, car elles peuvent également revêtir des livrées pâles, brunes, beiges, grises, jaunâtres ou même bleues (Russulus parazurea) et verdâtres. Partons à la découverte de cinq espèces emblématiques.

Elles ont beau être communes, les russules ne sont pas forcément des alliées dans l'assiette : si quelques-unes sont effectivement comestibles, cette vaste famille compte bon nombre de membres émétiques et d'autres même toxiques. Comme elles sont très proches et parfois difficiles à différencier les unes des autres, la prudence est plus que jamais de mise les concernant. Ne consommez un champignon que si vous êtes sûr à 100% de son identification. Laissez-le de côté au moindre doute ; on ne plaisante pas avec l'intoxication...


Russule émétique (Russula emetica)


Vie de champignon : La russule émétique (Russula emetica), comme son nom l'indique, déclenche de violents vomissements lorsqu'on l'ingère. Mieux vaut donc la conserver loin de son assiette ! Ce joli champignon présente un chapeau d'un intense rouge vif, de 8 à 10 centimètres de diamètre, qui ne se teinte jamais de jaune ni de vert, lisse et luisant chez le sujet jeune, plus strié et terne avec l'âge. Ses lames et son pied sont d'un blanc pur, ce dernier s'élevant sur 8 à 10 centimètres sur 0.5 à 1 centimètre de diamètre, rigide et cassant comme de la craie. Même si son odeur est assez agréable, son goût dissuade de toute façon de tenter de s'en faire une omelette, tant il est âcre et piquant. C'est un champignon d'été et d'automne, que l'on rencontre essentiellement en compagnie des conifères ou des chênes, de préférence parmi la mousse ou le lichen.


Russule verdoyante (Russula virescens)


Vie de champignon : La russule verdoyante (Russula virescens, du latin signifiant « verdissant ») se reconnaît entre mille avec son chapeau couleur vert-de-gris parsemé de craquelures et de petites plaques évoquant des écailles. On l'appelle également « palomet » en écho aux reflets que l'on observe sur le cou des palombes (ou « pigeons ramiers »).

Son chapeau, de 8 à 12 centimètres en moyenne, commence sa vie blanc et hémisphérique, avant de se recouvrir d'un voile velouté qui se craquelle en petites plaques couleur vert-de-gris, et de s'aplatir. Ses lames sont d'un blanc crème, et son pied de 8 à 12 centimètres de haut pour 2 à 3 centimètres de diamètre, est blanc, pruineux (couvert d'un revêtement poudreux blanchâtre) et cassant comme de la craie. Sa chair est blanche, dense, croquante et tendre à la fois, exhalant une odeur agréable et un petit goût de noisette qui fait son originalité. Elle est probablement la meilleure des russules dans l'assiette, malgré son apparence peu appétissante. Elle abonde dans les régions chaudes du Sud de la France et se fait plus rare au Nord, car elle aime la chaleur. Ainsi, elle préfère les lisières, les bois aérés, les friches et les bruyères, où elle pousse de juin à septembre en compagnie des feuillus (chêne, hêtre, charme et châtaignier en tête).


Russule dorée (Russula aurea)


Vie de champignon : La russule dorée (Russula aurea, du latin aurea, « or ») est plutôt jaune orangé que dorée, mais ne discutons pas. Son chapeau de 4 à 10 centimètres de diamètre est d'un orange tirant sur le rouge, parfois plutôt jaune-orange, mais ce sont ses lames qui lui ont donné son nom : crème chez le sujet jeune, elles tournent à l'ocre doré avec l'âge, sur une arête jaune vif. Son pied est assez court (3 à 9 centimètres de haut), blanchâtre chez le sujet jeune, puis jaune vif avec la maturité. Sa chair blanche, jaune sous la cuticule, épaisse, possède une saveur délicate et une odeur assez discrète, qui en font un assez bon comestible, plutôt modeste seul. Mieux vaut la marier à d'autres champignons à la saveur plus marquée que de la consommer seule. On la trouve de juillet à octobre sous les feuillus, avec une nette préférence pour les charmes (Carpinus betulus).


Russule charbonnière (Russula cyanoxantha)


Vie de champignon : La russule charbonnière (Russula cyanoxantha, du grec kuanos, « bleu » et xanthos, « jaune », qui sont, ironiquement, des couleurs qu'elle n'affiche jamais) possède un grand chapeau ridé, de couleur variable, oscillant du pourpre violacé assez pâle à un gris verdâtre en passant par le vert olive.


Ses lames sont en revanche toujours blanches, souples et non cassantes quand on les presse. Elles sont dites de consistance « lardacée » en mycologie : elles se plient et reprennent ensuite leur position initiale. Cette particularité est unique chez les russules, et permet d'identifier sans peine ce champignon (2). Son pied est blanc, élevé sur 6 à 10 centimètres sur 1 à 3 centimètres de diamètre, cassant comme chez presque toutes les russules. La chair est blanche, tirant sur le violacé sous la cuticule, et présente une saveur douce évoquant la noisette tout comme une odeur discrète, qui en font une assez bonne comestible, qui gagne à ne pas être consommée seule. On la retrouve un peu partout, tant sous les feuillus que sous les conifères (même si elle apprécie particulièrement les hêtres), en été et en automne.


Russule jolie (Russula lepida)


Vie de champignon : La russule jolie (Russula lepida, du latin lepidus, « aimable, gentil, joli ») lui ressemble un peu, mais son chapeau rouge vif présente des nuances tirant sur le saumon, et son pied des reflets rosés. Ses lames peuvent également tirer sur le crème. Sa chair est très dure, coriace, et exhale une curieuse odeur mentholée. De l'été jusqu'à la fin de l'automne, on la trouve sous les feuillus, où elle marque une nette préférence pour les hêtres. En théorie, elle est comestible, ne provoquant pas d'intoxication, mais sa texture très dure et son goût de menthe amère en rendent la consommation impossible. Oui, elle est très jolie. Mais mangeons-la simplement avec les yeux.


Notes : 1) Courtecuisse (Régis), (illustrations de Duhem (Bernard), Guide des champignons de France et d'Europe : 1 752 espèces décrites et illustrées, éditions Delachaux et Niestlé, collection « Les Guides du Naturaliste », Paris, 2013, 544 p.

2) Collectif, Champignons de France, op. cit.

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Usages traditionnels :


François Simon Cordier, auteur de Les champignons: histoire, description, culture, usages des espèces comestibles, vénéneuses, suspectes, employées dans les arts... (J. Rothschild, 1876) précise comment on peut cuisiner certaines russules :


MANIÈRE D'APPRÊTER LES RUSSULES. Les Russules sont très recherchées en Lorraine, où elles sont connues sous les noms de Franc-Vert, Fayssé, Charbonnier ; elles se préparent en général à la manière du champignon de couche.

Dans le haut Languedoc, on fait cuire l’Agaric virescent, appelé Verdette dans le Midi, sur le gril, avec de fines herbes et de l'huile. Dans le Nord on le fait cuire avec du beurre, du poivre, du sel et quelquefois un peu de bouillon. On en fait aussi un hachis avec de fines herbes et un peu de lard ; on le passe au beurre et on l'introduit dans une omelette.

Les Russules desséchées servent à faire des purées ou des coulis, qui donnent une sorte de relief au rôti et au bouilli de la veille.

[...]

Cet Agaric, qu'il ne faut pas confondre avec l'Agaricus furcatus, si, comme on le suppose, ce dernier est malfaisant, est un manger délicieux.

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Le Dr Lucien-Marie Gautier, auteur de Les Champignons considérés dans leurs rapports avec la médecine, l'hygiène publique et privée, l'agriculture et l'industrie (Librairie J. B. Baillière et fils, 1884) prévient :


Il faut, en effet, n'accepter qu'avec réserve les assertions de quelques auteurs, qui affirment :

[...]

2° Que les habitants des Landes reproduisent à volonté le Bolet comestible, le Palomet (Agaricus virescens), etc., en les faisant bouillir dans l'eau pendant un quart d'heure environ, en ayant soin de choisir des sujets ayant obtenu leur entier développement et en arrosant, de cette eau refroidie, la terre nettoyée et un peu ratissée dans un endroit convenablement ombragé (1).


Note : 1) Ces faits semblent chimériques et inconnus dans les Landes ; on comprend difficilement d'ailleurs que la propriété germinative des spores puisse résister à une température de 100°, bien que cette résistance à la chaleur soit très variable ; ainsi les spores de Peronospara ne résistent pas à une température supérieure à 22° ; celles des Ustilago, au contraire, résistent jusqu'à 120°. Pasteur a reconnu qu'en chauffant jusqu'à 100° les spores de la plupart des espèces inférieures tenues en suspension dans un liquide, on les tuait en général.

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Symbolisme :


Selon Jacques Barrau auteur d'un article intitulé "Observations et travaux récents sur les végétaux hallucinogènes de la Nouvelle-Guinée." (In : Journal d'agriculture tropicale et de botanique appliquée, vol. 9, n°3-6, Mars-avril-mai-juin 1962. pp. 245-249) :


Les Nondas, champignons hallucinogènes utilisés en Nouvelle-Guinée, peuvent être des russules.

 

Dans son Grimoire de Magie forestière (Alliance magique Éditions, 2021) Lyra Ceoltoir rend compte de son expérience magique avec les champignons :


Le Message de l'Autre Monde : « Je suis un modèle. Si tu as déjà dessiné un champignon, c'est sans doute ma silhouette que tu as esquissée. Ma famille et moi sommes parmi les plus représentatifs de notre groupe, et je dois bien avouer que j'en tire une certaine fierté. Je ne me fatigue jamais. Sur le sol de la forêt, je pousse sans douter, sans peur et sans hésitation. Peux-tu en faire autant ? Non ? alors laisse-moi t'aider. Je ne peux peut-être pas nourrir ton corps, mais je peux t'apporter beaucoup d'autres vertus. As-tu besoin de force, d'énergie, de sagesse, d'affection ? Il te suffit de me le demander. Car je suis l'espace infini des potentialités. Le flux du pouvoir qui maintient le monde en mouvement. Il ne tient qu'à toi de l'employer à bon escient. »


Dans le chaudron : Globalement, c'est la couleur qui annonce l'usage magique que nous pouvons faire de nos russules, même si toutes partagent le point commun de pouvoir aider à accroître la force, le courage et la confiance en soi.


La Russule émétique, avec son chapeau d'un rouge intense, est un champignon d'énergie vibrante, brûlante, que l'on associe volontiers à Mars, le dieu romain de la guerre, de la virilité, de la jeunesse et de l'agriculture (Arès, chez les Grecs). Très martienne, en effet, elle entre parfaitement dans la composition des charmes et des sortilèges de force, de courage, de ténacité, de sexualité masculine, de passion, de combativité et de passage à l'action.


La Russule jolie, d'une teinte un peu plus douce, présente des vertus atténuées, permettant également de travailler sur le courage, la force et la combativité, mais avec davantage de retenue. Elle ajoute de plus à ses attributions l'amour, l'affection, la beauté, la sexualité féminine et l'ardeur. Ses teintes en dégradé en rendent les effets plus mesurés et progressifs. Pour cette raison, on l'emploie afin de retrouver énergie et courage après une période difficile (crise, maladie, épreuve, rupture... ).


La Russule dorée, profondément solaire, est, on s'en doute, liée à la richesse, à la prospérité, aux biens matériels, mais aussi aux notions de pouvoir, de maîtrise, de confiance en soi, d'énergie, de santé, de forme physique comme mentale, en travaillant par exemple sur la concentration, les capacités de mémorisation et la vivacité d'esprit. C'est une très bonne alliée pour traverser les périodes « creuses » de l'existence : perte de motivation ou de foi, errance entre deux phases, indécisions, « traversée du désert », lassitude et autres petites déprimes passagères.


La Russule charbonnière évoque par ses couleurs la vieillesse et la sagesse. C'est un champignon qui a toujours l'air, effectivement, très vieux, même lorsqu'il est jeune ! On l'incorpore donc volontiers dans les charmes et les sortilèges liés au culte des ancêtres, voire des défunts, et lors des rites funéraires, ainsi que pour les rites de passage et de transition entre deux étapes de l'existence qui poussent à « vieillir » symboliquement ou mentalement. La russule charbonnière est également un précieux ajout aux rituels destinés à soutenir l'apprentissage sous toutes ces formes, en particulier magique, puisqu'elle aide à accroître la sagesse et à faciliter le processus d'initiation et de croissance. C'est une alliée parfaite pour les étudiants, quelle que soit leur voie.


La Russule verdoyante, enfin, aide à passer outre les apparences trompeuses en mettant la vérité à nu, en dépassant les préjugés et les préconçus, et participe donc à l'approfondissement des connaissances par l'ouverture d'esprit. Sa couleur inhabituelle, comme son aspect « écailleux » la lient aux éléments Terre et Eau, et aident à travailler sur le développement des compétences magiques en insufflant inspiration et clairvoyance, tout en luttant contre les illusions ainsi que les fantasmes.


Sortilèges : L'Amulette de l'Étudiant : Pour soutenir l'Apprentissage


Que vous meniez des études universitaires, un apprentissage manuel ou des recherches pour enrichir vos connaissances et/ou votre magie, un petit coup de pouce forestier ne fait jamais de mal. A la lumière d'une bougie verte (couleur de concentration et d'apprentissage), confectionnez un petit sachet bleu ou violet (couleurs de sagesse et de capacités mentales) en cousant deux rectangles de tissu bord à bord, mais en laissant un petit côté libre pour le remplissage. Si vous êtes allergique à la couture (personne ne vous en blâmera), repliez simplement les coins d'un carré de tissu pour former une bourse.

Brodez-y un sigil que vous composerez pour représenter le domaine dans lequel vous avez besoin de soutien (ou dessinez-le avec un feutre pour tissu). Soyez inventif et créatif, et essayez de ne pas copier un modèle déjà existant, mais de créer le vôtre. Par exemple, si vous étudiez le droit, vous pourriez imaginer un symbole rassemblant le silhouettes d'une balance et d'un glaive, symboles de justice, et d'un livre, pour la loi. Si vous apprenez la menuiserie, optez pour une scie, une équerre et un arbre. Pour la magie, pourquoi pas votre symbole favori, des runes, des oghams ou encore la silhouette d'une sorcière ? Suivez votre flair !

Rassemblez ensuite dans le sachet un morceau bien sec de russule charbonnière ou verdoyante, un petit galet d'œil-de-tigre, un autre de fluorite, une noisette ou un fragment de noisetier (Carylus avellana, pour la connaissance) et un brin de romarin (Salvia rosmarinus, pour la mémoire). Fermez le sachet et secouez-le doucement afin d'en mêler les éléments, en lui chantant une petite incantation pour lui demander son soutien, par exemple :

« Cinq alliés sont ici glissés.

Œil-de-tigre et fluorine,

Et depuis les sombres racines,

La russule, alliée des bois.

Tous ensemble, aidez-moi,

Soutenez-moi quand j'étudie.

C'est la sagesse que je poursuis.

Que mon âme en soit nourrie ! »


Remerciez les entités présentes dans les sachets et conservez-le précieusement. Allumez toujours une bougie verte quand vous étudiez (lorsque cela est possible, bien entendu) et déposez le sachet près de vous, sur la table ou au creux de votre main.


La Russule Martienne : Pour se donner du courage : Si vous êtes (ou allez être bientôt) confronté à une situation particulièrement stressante qui vous demandera astuce et souplesse d'esprit (un examen, un entretien d'embauche, un défi, un changement important...), dénichez un mardi (jour dédié à Mars) la russule la plus rouge que vous pourrez trouver dans votre forêt préférée, et cueillez-la dans le plus grand respect, en laissant une offrande pour la remercier (de préférence, quelques cheveux de votre tête, si vous el pouvez).

Trouvez un endroit tranquille et ensoleillé où vous pourrez vous asseoir sans être dérangé. Plantez dans le chapeau de votre champignon cinq clous de fer ou d'acier, en disant pour chacun, de plus en plus fort à chaque vers, jusqu'à crier :

« Un, la peur s'envole.

Deux, les doutes s'étiolent.

trois, plus de barrières.

Quatre, je sais quoi faire.

Cinq, je marche droit.

Je crois en moi. »


Creusez un trou dans le sol de la forêt et enfouissez-y le champignon après en avoir retiré les clous. Glissez ces derniers dans un sachet de tissu rouge, que vous porterez sur vous chaque fois que vous aurez particulièrement besoin de puiser dans le pouvoir de la russule.

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Antoinette Charbonnel et Lyra Ceoltoir, autrices de L'Oracle de la Magie forestière (Éditions Arcana sacra, 2021) nous en apprennent davantage sur la dimension magique des Russules (Russula sp.) :


Mots-clés : Adaptabilité - Talents multiples - Détermination - Force - Courage - Droiture - Situations multiples - Besoin d'honnêteté - Quête de vérité - Confiance en soi.


Promenons-nous dans les bois : La famille des Russules est l'une des plus communes, mais, hélas, ses membres ne comptent généralement pas parmi les meilleurs comestibles ! Toutes présentent une silhouette semblable, large chapeau et pied droit, assez court et cassant comme un bâton de craie, et leur grande variété de couleurs (allant du noirâtre au pâle en passant par le jaune, le rouge, le vert et même le bleu vif) égaye le sol brun des bois tout au long de l'automne.

La Russule charbonnière (Russula cyanoxantha) aide à accroître la sagesse et la connaissance de celui qui se lance sur la longue quête de l'apprentissage magique. La Russule émétique (Russula emetica), rouge vif, est liée à l'énergie brûlante et palpitante (on la dit volontiers martienne puisqu'on l'associe au dieu romain de la guerre, le bouillant Mars), à la force, à la sexualité, à la passion, au courage, à la combattivité et à la postérité. La Russule dorée (Russula aurea), elle, est solaire, liée à la prospérité, à la richesse, au pouvoir, à la maîtrise, à la confiance en soi, à l'énergie, à la forme physique et à l'agilité mentale. Elle est parfaite pour redonner un petit coup de fouet à une magie défaillante !


L'Oracle du champignon : Dans un tirage, elle indique que la situation n'a pas qu'n seul visage, mais plusieurs, et qu'il vous faudra les prendre en compte pour la dénouer. heureusement, elle montre également que vous avez en vous toutes les ressources nécessaires pour le faire, il vous suffit juste de vous faire confiance et d'oser vous écouter.

La Russule vous encourage à vous accorder une phase d'analyse et de réflexion : êtes-vous sûr de vraiment voir les choses dans leur ensemble ? Êtes-vous certain d'avoir saisi tous les enjeux de la situation ? Ne pouvez-vous pas étudier tout cela sous un angle inédit ? Avancez, mais ne foncez pas tête baisée : vous avez toutes les cartes en main, encore faut-il savoir les abattre au bon moment.

Professionnellement, elle peut indiquer que d'autres forces que celles que vous croyez et anticipez sont à l'œuvre. Pas forcément néfastes, elles ne doivent pas être négligées, car les utiliser peut garantir la réussite et les ignorer peut les freiner ! Vous avez plus d'une corde à votre arc, utilisez tous vos talents et toutes vos capacités, même les plus inattendues, pour tirer votre épingle du jeu.

Dans le domaine relationnel, elle peut mettre le doigt sur des quiproquos, des non-dits, des secrets, des sentiments inavoués... Il est temps de communiquer en toute franchise : la relation possède un beau potentiel, il serait dommage de tout gâcher sur un malentendu !

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Littérature :


André Dhôtel dans Rhétorique fabuleuse (Paris, Éditions Garnier, 1983) consacre un chapitre entier au "Vrai mystère des champignons". La Russule charbonnière n'échappe pas à son œil amusé :


Cependant nous ne parlons pas des pistes ni des entes obscures. Nous ne parlons pas des russules dont un médecin fort d'une logique implacable, entreprit une classification rationnelle qui le rendit simplement fou (il s'est guéri en admettant l'irrationnel). Malgré la précision des recherches ultérieures, il reste souvent très difficile d'identifier tel ou tel spécimen, parce qu'il ne s'agit pas de 'identique, ais du semblable et du dissemblable dont l'appréciation demeure flottante et qui nous mettent en présence de l'insaisissable à quoi se passionnent les mycologues. Certes au bout d'une vingtaine d'années on petu commencer à distinguer un nombre appréciable d'espèces de russules; En conservant la sporée dans des sachets l'amateur n'hésitera pas à déterminer seize nuances allant du blanc presque pur au jaune d'ocre foncé. Pourquoi pas ? Mais gardons-nous d'oublier que parfois la sporée jaunit rapidement, à peine récoltée. Et nous ne parlons pas non plus des hybrides, ni des sous-espèces, lesquelles pourtant peuvent avoir des propriétés différentes. Les mycologues eux-mêmes conseillent la prudence.

Écartons donc tout cela ! Parce qu'en fin de compte le pèlerin doit savoir où il en est à un moment donné. En dépit de tout il faut qu'il existe des lieux bien situés où, d'égarement en égarement, il serait possible de faire halte. Bien des familles, bien des espèces de champignons demeurent parfaitement stables aux yeux de chacun. Bref sur ces chemins hasardeux, il est possible, il est même nécessaire de s'arrêter. Innocents, arrêtons-nous.

[...]

Arrêtons-nous donc à un champignon fort en couleur, et sympathiquement outrancier, par exemple la Russule charbonnière, pourpre, violacée ou ardoise, ou violet foncé, devenant verte avec l'âge. Quand elle est verte on pourrait difficilement la confondre avec l'amanite phalloïde (mortelle). L'amanite possède un anneau et une volve ou enveloppe à la base du pied. L'anneau certes peut tomber mais cette volve demeure une distinction d'une belle évidence et une sûre garantie de trépas. En plus les feuillets de cette russule sont élastiques, tandis que ceux de l'amanite sont un peu mous. Entre l'élasticité et la mollesse relative faisons bien la différence. Pour peu qu'il pleuve l'élasticité devient paresseuse. Mais sachez que pour la russule vous éprouverez en passant le doigt sur les feuillets lardacés une sensation de gras. Enfin ils sont fourchus ces feuillets. Jamais ceux de l'amanite laquelle possède aussi des lamellules assez nombreuses. Enfin revenez-en toujours à la volve ou à l'absence de volve, si vous êtes tellement pointilleux, et vivez ! En fin de compte la russule charbonnière est incapable de mensonge et ne se déguise au pis-aller que sous l'apparence d'espèces voisines (variétés Grisea) inoffensives.

Mais si l'on ouvre pour de supplémentaires conseils, une autre flore, Constantin et Dufour, par exemple, voici une nouvelle histoire. La Russule charbonnière peut se confondre avec la Russule fourchue laquelle est vénéneuse.

Les caractères distinctifs le la Russule fourchue ? Le chapeau est vert ou jaune verdâtre, les lamelles blanches et fourchues (ce qui ne nous avance pas beaucoup) mais la chair est âcre, blanche, vineuse sous l'épiderme. L'âcreté, le rouge sous l'épiderme, voilà de quoi ne point nous égarer. Hélas, si l'on s'en réfère à Lange, la Russule charbonnière peut être rouge elle aussi sous l'épiderme, tandis que pour Romagnesi au grand jamais elle ne comporte la moindre trace de rouge, la chair ne devenant que brunâtre sous les morsures des limaces. Cela nous désoriente un peu. Mais il reste l'âcreté de la chair.

Quelque mycologue ne va-t-il pas discuter cette âcreté par hasard ? Lison plus avant, ne nous lassons pas de découvrir d'autres caractères confondants, ainsi qu'on nous l'a recommandé. C'est pour notre salut. Justement voici une déclaration soudaine et tranchante. Elle n'est pas inquiétante certes. Un simple coup de théâtre : la Russule fourchue n'existe pas.

Elle n'existe pas. La preuve ? C'est qu'elle fut signalée par un très ancien auteur hollandais Christiaan Hendrik Persoon (1761-1836) dont les descriptions ne présentent pas toujours les garanties d'une analyse attentive. Certes, dans une flore assez récente on a de nouveau décrit la Russule fourchue et on l'a même dessinée avec référence à ses dimensions (10 à 15 cm) et à la couleur du chapeau (un vert vif). Il n'en est pas moins vrai que les auteurs se sont dernièrement mis d'accord. On a donné ce prénom (fourchue) à une espèce déjà signalée par ailleurs, que ce soit la Russule charbonnière elle-même quand elle vieillit, ou une russule appartenant à un groupe voisin dont la nomenclature est considérée comme achevée. Bref la russule fourchue est ce qu'on appelle un champignon fantôme.

[....]

Enfin ne pourrait-on présenter aux novices des champignons un peu plus francs, si l’on ose dire ? Eh bien ! Considérez ceux qui sont d’un rouge éclatant, par exemple, comme la Russule jolie. Elle est en effet « d’un beau rouge carmin, parfois avec le centre ou des parties encore plus rouge vif (dans les tons vermillon) pouvant aussi se décolorer ou présenter des plages blanchâtres, plus rarement entièrement blanchâtre ou jaunâtre pâle ».

Enfin, carmin ou vermillon, ou blanc ou jaune ? Tout de même, il lui arrive d’être rouge à cette russule jolie ? Bien sûr. Mais dans ce cas, ne confondez pas avec avec la russule émétique. Où allons-nous ?… Simplement vous vous initiez. Vous n’êtes pas encore savant.

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