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Orion

Dernière mise à jour : 27 mai




Étymologie :


Nom propre issu de la mythologie : Jean-Michel Renaud dans son article intitulé "Le catastérisme chez Homère. Le cas d'Orion." In : Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, (numéro 7, 2003. pp. 205-214) propose l'explication suivante :


Tout d'abord, l'étymologie d'Orion fait un problème quant à la forme du nom. Dans des sources postérieures à l'épopée, au lieu de Ωρίων, avec un t long, le nom du héros est Ωαρίων, avec α et ι brefs. Dans une publication antérieure, j'ai proposé une étymologie indo-européenne du nom d'Orion : la forme la plus ancienne est ' Ωαρίων. Je ne reprendrai pas ici le détail de la démonstration. Je me bornerai à rappeler qu' 'Ωαρίων est le dérivé en -ων d'une forme à suffixe -toç, construite elle-même sur un thème *ώαρ, issu de *ώσαρ et qui désignait l'été. Effectivement, comme on l'a dit, l'apparition, le lever héliaque de la constellation coïncide avec le solstice d'été.

Outre que cette étymologie permet de rendre compte d'un nom de héros, elle a aussi l'avantage de montrer qu'Orion a désigné une constellation avant d'être le nom d'un héros. En d'autres termes, partant d'une constellation bien connue, liée à l'apparition de l'été, avec, en Grèce, ses excès de chaleur et les inconvénients qui en résultent, la mythologie a créé un héros auquel elle a prêté toute une série d'aventures qui, comme l'été même, sont marquées par l'excès et ses conséquences.

L'origine indo-européenne du nom d'Orion prouve que la constellation était connue comme telle depuis une époque très ancienne. L'ancienneté de la mention d'Orion dans la tradition de l'épopée est confirmée par le fait que, dans tous les passages d'Homère et d'Hésiode, pour ΏρΙων (attesté uniquement à l'accusatif singulier Ώρίωνα et au génitif singulier Ώρίωνος· chez Homère, au nominatif singulier Ώριων et au génitif singulier Ώρίωνος" chez Hésiode), chaque fois, le ι long est au temps faible et Ώρίων peut être remplacé par la forme originelle ' Ωαρίων, avec α et ι brefs. On peut se demander pourquoi Ώρίων a remplacé 'Ωαρίων dans notre tradition manuscrite. En fait, l'introduction de la forme Ώρίων au lieu de Ωαρίων avec contraction de ωα- a pu être facilitée durant la phase ionienne de la composition épique par l'existence d'anthroponymes en -ιων avec ι long.

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Symbolisme :


Selon Germaine Aujac, autrice d'un article intitulé "Le calendrier agricole dans Les Travaux et les Jours d'Hésiode." (In : Pallas, 29/1982. La terre et les paysans dans l'Antiquité Classique. pp. 3-15) :


La troisième constellation qui joue un rôle dans le calendrier agricole d'Hésiode, c'est Orion, ou plutôt, suivant l'expression « la force d'Orion ». C'est une constellation de grandes formée d'un assez grand nombre d'étoiles brillantes, facilement reconnaissable dans le ciel, et qui a la particularité d'être à l'équateur (qui coupe la figure du chasseur au niveau de la ceinture) ; tout entière située au sud du zodiaque, elle est à 30 degrés environ à l'ouest du colure des solstices (et grosso modo à 30 degrés également des Pléiades). Les levers ou couchers héliaques d'Orion sont assez difficiles à préciser du fait que la constellation est très étendue, occupe un vaste espace dans le ciel, et comprend des étoiles très éloignées les unes des autres qui ne font pas leurs levers et leurs couchers en même temps (Hipparque (7) indique que la constellation d'Orion met deux heures environ à se lever, et autant à se coucher, pour une latitude de 36° N).

Le lever du matin de Bételgeuse (a Ori = l'épaule droite) avait lieu le 1er juillet, d'après Hofmann, celui de Pigel (0 Ori = le pied gauche), le 10 juillet ; et ces levers étaient d'autant plus remarquables que la constellation avait disparu totalement du ciel nocturne depuis deux mois (le coucher du soir de Bételgeuse avait lieu le 3 mai, celui de Rigel le 17 avril). Euctémon admet un intervalle d'une vingtaine de jours entre le moment où l'épaule d'Orion se lève (huit jours avant le solstice) et celui où Orion tout entier fait son lever du matin (treize jours après le solstice). Pour Hésiode, le lever héliaque d'Orion donne le signal du battage du blé :


Ordonnez à vos esclaves de fouler en cercle le blé sacré de Démeter

Dès que paraît la Force d'Orion, sur une aire ronde, éventée, (v. 597-599)


Quant au coucher du matin d'Orion, très proche de celui des Pléiades et des Hyades, il annonce lui aussi la saison des labours :


Quand auront plongé les Pléiades, les Hyades et la Force d'Orion,

Souviens-toi des labours dont voici la saison, (v. 614-617)


En effet, si le coucher du matin de Bételgeuse avait lieu le 25 novembre seulement, d'après Hofmann, celui de Rigel s'était fait le 8 novembre, le même jour que celui des Pléiades, tandis que les Hyades (qui font partie elles aussi de la constellation du Taureau) faisaient leur coucher du matin le 11 novembre. Eudoxe de même situait le coucher du matin des Pléiades en même temps que le début de celui d'Orion, cinquante jours environ après l'équinoxe ; le coucher des Hyades avait Heu dix jours plus tard, et neuf jours plus tard Orion faisait en entier son coucher du matin. Aussi Hésiode pouvait-il parler avec juste raison du temps où :


Les Pléiades, fuyant devant la Force puissante d'Orion,

Tombent dans la mer embrumée, (v. 619-620)

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Sylvain Tristan, auteur de Les Lignes d'or (Éditions Alphée, 2005) explique comment les pyramides de Gizeh ont été construites :


Mais le plus fascinant a trait à la configuration même du site, qui s'accorde à la quasi perfection aux trois étoiles dominantes de la constellation d'Orion, qui faisaient chez les Égyptiens l'objet d'un grand culte (le pharaon défunts se transfiguraient en effet en étoiles). C'est la thèse de l'Égyptien d'origine belge Robert Bauval, qui découvrit cette corrélation en 1983, et qui s'appuie sur les Textes des Pyramides, qui traitent de l'au-delà royal et remontent jusqu'au temps du pharaon Ounas au 24e siècle BC. Lors du solstice d'été dans l'ancienne Égypte (vers 2600 BC), la constellation d'Orion se levait à l'aube après une longue période d'invisibilité ; elle était donc, en quelque sorte, annonciatrice de la crue annuelle du Nil qui permettait notamment l'irrigation des cultures. Or il apparaît que la taille et la disposition respectives des trois pyramides de Gizeh correspondent étrangement à l'aspect des étoiles du baudrier d'Orion.

L'auteur mit en évidence une série de quatre corrélations qui, mises bout à bout, laissent peu de doute sur le fait que le site de Gizeh a été planifié pour être la translation terrestre d'une constellation céleste qui était si importante aux yeux des Égyptiens de l'âge des pyramides :

  1. Les trois étoiles sont alignées dans une direction sud-ouest lorsqu'elles croisent le méridien (ligne nord-sud), tandis que les trois pyramides sont alignées dans une direction sud-ouest et chacune est orientée méridionalement.

  2. L'étoile la plus haute (Delta Orionis) est légèrement plus à l'est que la diagonale projetée par les deux autres, tandis que la pyramide de Mykérinos, la plus au sud, est légèrement plus à l'est que la diagonale projetée par les deux autres.

  3. Delta Orionis est également beaucoup moins brillante que les deux autres étoiles (2, 20 en magnitude, comparée à 1, 70 et 1, 79 pour les deux autres), tandis que la pyramide de Mykérinos est également beaucoup moins haute que les deux autres (65 mètres comparés à 146, 6 et 143 mètres pour les deux autres).

  4. L'étoile centrale du groupe, Epsilon, est pratiquement équidistante des deux autres, tandis que la pyramide centrale, Chéphren, est pratiquement équidistante des deux autres.

Ces convergences fort troublantes trouvent en outre une confirmation supplémentaire lorsqu'on élargit le point de vue autour de Gizeh : la position du baudrier d'Orion vis-à-vis de la Voie lactée, autant dans l'orientation que dans la distance, s'accorde avec celle des pyramides de Gizeh relativement au Nil. Or il est probable que la Voie lactée était considérée comme le pendant céleste du Nil.

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Selon Diana Cooper, auteure du Guide des archanges dans le monde animal (édition originale 2007, traduction française, Éditions Contre-dires, 2018) :


Orion [est] la constellation de l'éveil spirituel et de la sagesse, et ils nous enseignent et démontrent de nombreuses qualités d'illumination. Orion s'est élevée et, par conséquent, tous les êtres d'Orion sont dans la cinquième dimension. La connaissance ne sert à rien si vous ne savez pas l'appliquer judicieusement, et toutes les créatures qui viennent d'Orion sont capables de prendre des informations et de les utiliser avec sagesse.

 

Roland Laffite, dans un article intitulé "Le ciel des Touaregs" (paru dans Planétarium, revue de l’APLF (Association des planétariums de langue française) de mai 2019) nous apprend que :


C’est aussi en résultat de l’éducation islamique que la figure d’Amanar est assimilée à la forme arabe d’al-Ğabbār, le « Géant », autrement nommé al-Ğawzā’. De la sorte, les noms de la constellation sont les calques des noms arabes :

  • α Ori, Yid al-Ğawzā’, « la Main d’Elgeuse », dont nous avons fait par lecture défectueuse, Bételgeuse, devient Eghaf n-Amanar, tandis que avons aussi Afus wa-n-naghil, « la Main droite » pour γ Ori,

  • β Ori, Riğl al-Ğawzā’, « le Pied d’Elgeuze », dont nous avons fait Rigel, devient Adla n-alaku, « le Pied de boue »,

  • le groupe δεζ Ori, al-Mintaqa, « la Ceinture », dont nous avons fait Mintaka pour δ Ori, devient Tagbest, qui est également « la Ceinture »,

  • c’est à κ Ori, qui est en arabe al-Sayf al-Ğabbār, qu’échoit probablement le nom de Tabika, « l’Épée »,

  • quant à λ Ori qui, chez les Arabes, porte à côté d’al-Haqᶜa, le nom de Ra’s al-Ğawzā’, dont nous avons fait Razelgeuse, devient Eghaf n-Amanar, « la Tête d’Amanar.

  • enfin, une originalité par rapport aux autres cultures, ι Ori est Eyy n-Amanar, « le Sexe d’Amanar ».

Nous avons dans les images de l’Orion des Touaregs, le résultat d’un étonnant complexe d’influences : la figure du Géant mésopotamien – Sitaddalu – devenu le Géant Orion chez les Grecs, puis d’al-Ğabbār, « le Géant » chez les Arabes qui lui confèrent aussi le nom de la figure traditionnelle qu’ils connaissaient en ce lieu du ciel, al-Ğawzā’, est à son tour assimilée, chez les Touaregs, à Amanar, « le Guide ». Un fabuleux voyage culturel !

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Contes et légendes :


Selon Charles-Henri Eyraud, auteur d'un article intitulé "Science et légendes grecques" (ens-lyon.fr, 2006) :


Légendes : Chez les Égyptiens : Le premier jour de l’année chez les Égyptiens était le jour du solstice d’été qui était aussi annonciateur des crues du Nil. Les Égyptiens croyaient que la fertilité due à ces crues venait du bienveillant et généreux Osiris. Son féroce frère Seth découpe son corps en quatorze morceaux qu’il disperse à travers l’Égypte. Sa sœur-épouse Isis rassemble son corps et aidée de sa sœur Nephtys ainsi que d’Anubis et de Thot le reconstitue. Doté maintenant d’une âme éternelle grâce aux prières des êtres qui l’aiment Osiris deviendra dieu du blé qui meurt et ressuscite chaque année, et dieu des morts. Il se trouve depuis parmi les constellations.

Chez les Grecs : Le chasseur géant Orion, fils de Poséidon et d’Euryale, une des Gorgones, s’étant vanté de son adresse devant Artémis, déesse de la chasse, celle-ci envoie un tout petit animal, le scorpion, dont la piqûre mortelle le foudroie. Ils seront transformés en constellations mais placés à deux extrémités de la voûte céleste pour éviter tout nouveau combat. Orion est accompagné du Grand et du Petit Chien ainsi que du Lièvre à ses pieds.


Étoiles : αOrionis = Bételgeuse ("l’épaule" en arabe) géante rouge ; m=0,8 ; D=400DSoleil

βOrionis = Rigel ("le pied" en arabe) ; m=0,11 ; compagne de m=7 à 9"

δεζOrionis = « les Rois Mages », le « baudrier d’Orion », « le râteau de Jean de Milan »


Aux jumelles : M42 nuage de matière (surtout Hydrogène) pépinière d’étoiles jeunes de 10 à 100 000 ans ; d= 1 600 A.L.

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Mythologie :


La constellation d'Orion est mentionnée sous cette dénomination dans l’Odyssée d'Homère, les Odes d'Horace, les Phénomènes d'Aratus de Soles et l’Énéide de Virgile. Elle est répertoriée parmi les quarante-huit constellations de l’Almageste de Ptolémée.

 

Selon Jean-Michel Renaud, auteur de l'article intitulé "Le catastérisme chez Homère. Le cas d'Orion." (In : Gaia : revue interdisciplinaire sur la Grèce Archaïque, numéro 7, 2003. pp. 205-214), les caractéristiques principales du mythe sont les suivantes :


"Rappelons quelques-uns des traits les plus importants d'un mythe qui manque d'unité. Orion est fils de Poséidon ou bien de trois dieux, le plus souvent Zeus, Poséidon et Hermès, qui avaient été accueillis en Béotie par Hyrieus, lequel n'avait pas de fils. Pour récompenser Hyrieus de son accueil, les dieux ont répandu leur semence dans la peau d'un bovidé sacrifié, enfouie ensuite sous la terre. Ils ont ainsi engendré Orion, personnage beau, de grande taille et qui avait reçu de Poséidon la faculté de se déplacer sur les flots. En Sicile, Orion avait établi le promontoire de Zancle, élément favorable pour le héros.

Arrivé à Chios, il s'éprend de Méropè, la fille du roi Oinopion, lequel, tel Oinomaos à Pise en Elide, est animé pour sa fille d'un amour plus que paternel. Pour se débarrasser d'Orion, il l'enivre, l'aveugle et l'abandonne sur le rivage. Aveuglé, mais guidé par le bruit, Orion se rend à la forge d'Héphaistos à Lemnos, puis, sous la conduite de Kédalion, maître d'initiation, il marche vers le Levant et recouvre la vue.

En Crète, Orion s'adonne à la chasse et il veut détruire tous les animaux sauvages de l'île. La nature sauvage est le domaine d'Artémis. Tantôt Orion veut faire violence à la déesse, tantôt Artémis s'éprend d'Orion et Apollon, inquiet de l'amour que sa sœur porte au héros, machine une ruse. Orion est tué ou bien par une flèche d'Artémis ou bien par la piqûre d'un scorpion suscité par la Terre ou par Artémis elle-même. Le mythe prête au héros d'autres aventures amoureuses: il poursuit les Pléiades, il s'éprend de l'Aurore. Dans chaque cas, Orion meurt. Comme il s'agit d'un être extraordinaire, il est transporté au rang des constellations, le plus souvent par Zeus, parfois par Artémis. Le catastérisme opère le lien entre le héros et la constellation.

Le caractère ambigu et excessif est commun à l'action de la constellation et à la vie du héros.

Dès l'épopée homérique, Orion est mentionné à la fois comme constellation et comme héros. L'œuvre d'Hésiode ne cite que la constellation."

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Nicolas Poussin, Paysage avec Diane et Orion, vers 1660-64, Huile sur toile, 119 x 183 cm, New York , Metropolitan Museum of Art.

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Littérature :


Orion


C'est mon étoile

Elle a la forme d'une main

C'est ma main montée au ciel

Durant toute la guerre je voyais Orion par un créneau

Quand les Zeppelins venaient bombarder Paris ils venaient toujours d'Orion

Aujourd'hui je l'ai au-dessus de ma tête

Le grand mât perce la paume de cette main qui doit souffrir

Comme ma main coupée me fait souffrir percée qu'elle est par un dard continuel


Blaise Cendrars, "Orion", I. Le Formose, Feuilles de route, 1944.

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Asa Larsson dans son roman policier En sacrifice à Moloch (Édition originale, 2012 ; traduction française Albin Michel, 2017) décrit les traces d'un meurtre par le biais du médecin légiste :


- "Une alêne, demanda Anna-Maria.

- Pas exactement.

- Une broche de barbecue ? "suggéra Rebecka.

Pohjanen secoua la tête.

Il pointa l'index de sa main gauche et le pouce et l'index de sa main droite sur le corps de Sol-Britt en plusieurs endroits de façon à matérialiser trois plaies alignées.

"Ceinture d'Orion, ceinture d'Orion, ceinture d'Orion, répéta-t-il, désignant chaque fois une nouvelle série de perforations. On ne le distingue pas du premier coup à cause de l'important nombre de plaies.

- Alors, c'est quoi ? demanda Anna-Maria.

- Une fourche", dit Rebecka.

Pohjanen lui lança un regard appréciateur.

- "C'est ce que je crois aussi."

*

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