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Tanné

Dernière mise à jour : 20 avr.




Étymologie :


  • TANNÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.

Étymol. et Hist. 1. 1679 « vieux tan qui a déjà servi à préparer des peaux » (Rich.) ; 2. 1852 « volée de coups » (J. Humbert, Nouv. gloss. genev.). Dér. de tanner* ; suff. -ée*. Cf. au sens 1 l'a. prov. tanada att. dès 1272 (Te igitur, p. 125 ds Levy Prov.).


Lire également la définition de l'adjectif tanné afin d'amorcer la réflexion symbolique :


4. PEINT., TEINT.,vieilli. Qui est d'une couleur brun roux, analogue à celle du tan. Couleur tannée ; drap, velours tanné. Il y avait la chambre jaune, la chambre rouge, la chambre verte, la chambre bleue, la chambre grise, la chambre tannée (Gautier, Fracasse, 1863, p. 93).Dans la poussière, la vieille salle toute de bois tanné, semblait chavirer comme un homme saoul (Pourrat, Gaspard, 1922, p. 228).

HIST. DU COST. Couleur brune des costumes de la Cour et de certains notables. La cime des bois offrait les teintes graves de cette couleur tannée que jadis les rois adoptaient pour leur costume et qui cachait la pourpre du pouvoir sous le brun des chagrins (Balzac, Lys, 1836, p. 154).

Empl. subst. masc. Couleur tannée. Tanné brun. Couleur d'un brun foncé. Cette vaste aquarelle ventilée, tout en nuances du bleuâtre et du blanc, du tanné et du céladon (Arnoux, Rhône, 1944, p. 218). En appos. Les robes mi-parties rouge et tanné des échevins et des quarteniers (Hugo, N.-D. Paris, 1832, p. 227).

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Symbolisme :


Dans son Traité du langage symbolique, emblématique et religieux des Fleurs (Paris, 1855), l'abbé Casimir Magnat propose une version catholique des équivalences symboliques :


COULEUR : TANNÉ


Le tanné, mélange de rouge et de noir, est le symbole de l'amour infernal et de la trahison ; les Maures, en l'alliant à d'autres teintes , lui donnaient un sens néfaste comme l'indique cette liste empruntée à Gassier :


Blanc et tanné — Suffisance .

Rouge et tanné — Toute force perdue.

Vert et tanné — Rires et pleurs.

Noir et tanné — Tristesse ; la plus grande douleur.

Bleu et tanné — Patience en l'adversité.

Incarnat et tanné — Bonheur et malheur.

Violet et tanné — Amour non permanent.

Gris et tanné — Espérance incertaine ; Patience par force.

Tanné et blanc — Repentir ; Innocence simulée.

Tanné et rouge — Courage feint, souci trop âpre.

Tanné et violet — Loyauté menteuse.

Gris tanné et violet — Déloyauté.

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Frédéric Portal, auteur de l'ouvrage intitulé Des couleurs symboliques dans l'antiquité : le moyen-âge et les temps modernes. (Treuttel et Würtz, 1857) explore le symbolisme du tanné :


Le philosophe Phavorinus disait que les yeux conçoivent plus de différentes couleurs que les paroles n'en peuvent exprimer. Si chaque nuance représentait une idée et que nos yeux pussent en saisir les variétés, la langue des couleurs serait le moyen le plus étendu et le plus flexible de transmettre la pensée. Telle n'est pas la richesse de ces symboles : une vingtaine de combinaisons en forme toute l'étendue, et la plupart des langues n'assignèrent même pas un nom à chacune.

Aulu-Gelle a consacré un chapitre à montrer la pauvreté du grec et du latin dans la désignation des nuances ; ses observations portent principalement sur la couleur rousse (rufus color) qui chez les Rormains désignait la nuance du rouge et du noir, comme du rouge et du jaune et les autres dégradations de la couleur rouge. Les traducteurs grecs ou latins ont encore jeté la confusion dans la désignation de ces teintes. Il n'est pas toujours facile de reconnaître une nuance désignée dans les monuments écrits ; la même difficulté existe pour les peintures de l'antiquité ou du moyen-âge, qui nécessairement ont été altérées par le temps ; la couleur des émaux et des vitraux change par l'action du feu, le plus ou moins de cuisson dénaturait les teintes, de même que la qualité des substances minérales qu'on employait. Ainsi le brun parait quelquefois composé de noir et de rouge ou de noir et de jaune ; mais la présence de la couleur infernale indique nécessairement la pensée de l'artiste ; les couleurs primitives se distinguent toujours facilement, et les nuances ne forment que les modifications de l'idée principale qu'on ne peut méconnaître.

Le feu dans toutes les religions de l'antiquité fut le symbole de l'amour divin ; l'histoire des sacrifices le démontre : par tout des hosties consumées sur un bûcher forment le fonds du culte, comme l'amour est la base de la religion.

L'amour de soi, l'égoïsme, principe de tous les vices, de tous les crimes, cette ardeur dévorante de la haine et des passions, devait avoir le même symbole, le feu.

Le Lévitique emploie ce mot dans sa double acception ; les fils d'Aaron, Nadab et Abihu, prirent chacun un encensoir, y mirent du feu et de l'encens, et se présentèrent devant l'Éternel avec un feu qui n'était pas pris au lieu où il leur avait été prescrit de le prendre : aussitôt il sortit de devant l'Éternel un feu qui les fit périr en sa présence.

La Bible, comme les livres sacrés des anciens peuples, est écrite dans une langue symbolique. Ce qui est vrai pour les Vedas et les Pouranas de l'Inde, les Kings de la Chine, les livres Zends de la Perse, les anaglyphes égyptiens et la mythologie grecque et romaine, doit l’être également pour le Pentateuque ; voilà ce que la critique de Voltaire n'aurait pas dû oublier. Pour les chrétiens le témoignage de saint-Paul est irrécusable. Il nous apprend que le passage de la mer Rouge, que la manne du désert et l'eau jaillissant du rocher, étaient des symboles ; les pères de l'Église ont expliqué la Bible dans ce sens.

Le feu infernal, en opposition avec le feu divin, reçut pour symboles particuliers la fumée et la cendre ; la fumée, qui obscurcit la flamme, était l'emblème des ténèbres de l'impiété ; la cendre indiquait la mort spirituelle, conséquence de l'égoïsme qui dévore et détruit son héritage céleste.

Se couvrir de cendre était chez les Hébreux le signe du deuil, et de la plus profonde douleur ; le feu et la fumée dans la langue des prophètes et dans l'Apocalypse représentent les maux et les erreurs de l'enfer.

Osée dit des méchants qu'ils ont appliqué aux embûches leurs cœurs embrasés comme un four ; ils seront, dit -il, comme la fumée qui sort d'une cheminée.

L'impiété, dit Isaïe, s'est allumée comme un feu elle dévorera les ronces et les épines, et les haliers de la forêt ; l'orgueilleuse fumée l'environnera ; le peuple sera comme la pâture du feu : l'homme n'épargnera point son frère. Ainsi l'impiété trouve son symbole dans le feu terrestre qui dévore, et l'orgueil dans la fumée qui lui est inséparable.

Le feu, la fumée et le soufre, qui sortaient de la bouche des chevaux dans l'Apocalypse, étaient de même des images de l'amour dépravé et de l'intelligence pervertie.

La Bible fait un usage si fréquent de ces emblèmes, qu'il faudrait la citer en entier ; je me bornerai à rappeler encore un seul passage qui explique une légende païenne. Abraham, regardant Sodôme, Gomorrhe et toute la plaine, en voit monter une fumée comme celle d'une fournaise ; que les crimes personnifiés par ces deux villes, fussent matériels, comme le dit la lettre, ou spirituels et religieux, comme le veut le génie de la Bible ; il n'est pas moins certain que l'amour réprouvé se traduit dans la langue sacrée par le feu et la fumée.

Dans la campagne de Sodôme, dit Solin, croissent des fruits beaux à voir, mais ils ne peuvent nourrir l'homme ; leur peau recouvre une suie couleur de braise ; si on les touche, ils s'exhalent en fumée et tombent en cendres .

La couleur de la braise, le rouge-noir, mélange de feu, de fumée, de cendre et de suie, est le symbole de l'amour infernal et de la trahison, comme nous en trouvons la preuve dans la Genèse et dans la symbolique chrétienne.

Ésaü naquit le premier, il était roux et pour cette raison fut nommé Edom, c'est-à-dire couleur de feu, d'après la version des Septante. Le mot Edom est employé par la Genèse dans l'endroit où Ésaü dit à Jacob : « Donne-moi, je te prie, à manger de cet edom » qu'on a traduit par le plat de lentilles ; la couleur d’Esaü et du mets qui servit à la vente du droit d'aînesse étaient sans doute symboliques ; Esaü fut trahi par son frère.

Dans l'Apocalypse saint Jean voit Satan sous la forme d'un dragon roux : Un autre prodige, dit-il, parut ensuite dans le ciel : un grand dragon roux, et ce grand dragon, cet ancien serpent qui est appelé le diable et Satan.

Les quatre chevaux de l'Apocalypse, distingués par quatre couleurs, s'explique ront maintenant avec facilité.

Le premier cheval était blanc et celui qui le montait avait un arc, il reçut une couronne et sortit victorieux pour vaincre encore.

Le second cheval était roux, et on donna au cavalier le pouvoir d'ôter la paix de dessus la terre, afin qu'ils se tuassent les uns les autres ; et il reçut une grande épée.

Le troisième cheval était noir, et celui qui était assis dessus avait une balance dans la main.

Le quatrième cheval était pâle, et celui qui le conduisait se nommait la mort, et Penfer le suivait.

Le cheval blanc indique la puissance de la lumière sur les ténèbres, du bien sur le mal et du vrai sur le faux.

Le cheval roux est le symbole de l'amour éteint, du bien détruit ; lorsque l'amour divin n’anime plus les hommes, la guerre s'élève et les peuples s'égorgent.

Le cheval noir représente les faussetés, comme le cheval roux est le symbole des maux ; les anciens distinguaient deux sortes de noir, l'un qui était la négation du rouge : c'est le tanné ou le roux couleur de feu de l'Apocalypse ; et le second, le noir, négation du blanc. Celui qui monte le cheval noir tient une balance qui indique l'évaluation du bien et du vrai, représentés par le froment et l'orge dont les mesures nė valent qu’un denier, c'est-à-dire sont sans valeur.

Le cheval pâle porte la mort, cette mort spirituelle qui apparaît sur la terre lorsque l'amour et la sagesse en sont bannis.

Les traditions païennes attachent les mêmes significations à la couleur tannée, image du feu de l'enfer.

La Genèse des Parses dit « qu'Ahriman a alla sur le feu ! ; il en fit sortir la fumée, une fumée ténébreuse. Secondé d'un grand nombre de dews, il se mêla aux planètes, se mesura avec le ciel des astres, se mêla aux étoiles fixes et à tout ce qui avait été formé ; et aussitôt la fumée s'éleva dans les différents lieux où il y avait du feu. »

Les kabbalistes hébreux, qui avaient emprunté en partie leurs doctrines à la Perse, établissaient que la sévérité, une des dix émanations divines (Sephiroth), était caractérisée par un feu rouge et noir.

Dans l'Inde, les mêmes symboles représentent les mêmes idées ; l'amour divin qui repose dans le cœur est, d'après la philosophie des Hindous, une flamme claire et sans fumée. Nous devons en conclure que le feu obscurci par la fumée est le symbole de l'amour du mal.

Siva est le principe destructeur et régénérateur dans la mythologie indienne ; il naquit dans les larmes ; tous les maux qui affligent l'humanité viennent de Siva ; on le représente couvert de cendres, sa chevelure hérissée de flammes, il porte un collier de crânes humains ; sa couleur est le brun.

Siva est le représentant de la mort matérielle et de la régénération spirituelle ; sous le premier aspect il est de couleur brune, et sous le second , on lui attribue le symbole de la lumière , triomphant des ténèbres, la couleur blanche. Celui qui l'invoque dans le sacrifice nommé Assua Meda « remplira d'eau un crâne humain, il en arrosera tout ce qui doit servir au a sacrifice. Il se représentera ensuite le dieu Siva de couleur blanche, vêtu d'une peau de tigre, le corps couvert de cendres et ceint de serpents, après quoi il lui offrira le sacrifice et dira :

Siva ! vous êtes un démon ; vous êtes le chef des démons ! Vous éloignez de nous tout ce qui peut nuire ; écartez d'ici tous les démons, afin qu'ils ne troublent pas mes sacrifices ! Comme il n'y a que vous qui puissiez les mettre en fuite, je m'adresse à vous pour cela ! daignez exaucer mes vœux. »

Les peintures indiennes viennent confirmer le sens de la couleur brune ; un monument du musée Borgia, à Velitri, représente deux géants couverts de vêtements divins, ils confèrent pour livrer à la mort le Dieu Krichna ; l'un a la face rouge, l'autre verte ; le rôle de ces deux personnages est exprimé sur leur visage par les deux couleurs représentatives de l'égoïsme infernal et de la folie infernale dans leur dernier degré. Ces couleurs prennent ici leur signification négative ou opposée ; mais afin que l'on ne pût se méprendre sur la valeur de ces symboles, le même sujet est reproduit avec des couleurs positives ; les deux géants sont nus, l'un est rouge sombre ou tanné ; l'autre est complètement noir : nous retrouvons encore ici l'égoïsme infernal et les faussetés infernales absolues.

Sur le premier sujet les deux géans sont revêtus de vêtemens divins et ils empruntent de même les couleurs divines qu'ils falsifient ; dans le second sujet ils sont nus, et paraissent dans leur propre nature ; ils ne nient plus seulement le bien et le vrai, ils affirment le mal et le faux.

Les croyances de l'Égypte avaient plus de conformité avec celles des Hébreux que les doctrines de l'Inde ou de la Perse ; la couleur tannée dut avoir les mêmes signi fications à Thèbes que dans Israël .

« Les ténèbres terribles et odieuses, dit le Pimandre, s'abimaient, et il me semblait qu'elles se métamorphosaient en principe humide ; agitées, elles vomissaient une fumée comme du feu. » Tel est le principe, voici l'application.

D'après Plutarque et Diodore de Sicile, les Égyptiens représentaient Typhon de couleur rousse, mélange de rouge et de noir, ou, d'après l'expression grecque, couleur de feu. Typhon est la personnification du mal ; ce n'est, dit encore Plutarque, ni la sécheresse seulement, ni le vent ni les ténèbres qui se nomment Typhon, mais toutes les choses nuisibles. Tout ce qui, dans la nature, est de couleur tannée, rouge-noir, était consacré à Typhon ; c'était pour cette raison que, dans les jours caniculaires, les rois d'Egypte sacrifiaient et brûlaient des hommes roux sur le tombeau d'Osiris. Ces sacrifices, mentionnés par Manethon, n'existaient plus au temps de Diodore de Sicile, qui en parle comme d'un ancien usage. Cette observation est remarquable, car elle prouve que la dégradation du culte égyptien remonte à la plus haute antiquité. Le sacrifice humain était un symbole moral matérialisé ; la première révélation divine avait appris aux hommes qu'ils devaient immoler l'homme charnel en sacrifiant leurs passions égoïstes ; l'initiation était, à cause de cela, une image de la mort. Lorsque le culte se dégrada, et que le symbole ne fut plus compris, l'homme fut égorgé : on crut que le sang rachetait ; cela est vrai pour l'égyptianisme comme pour le mithraïsme, et, le croirait-on, pour le christianisme ? le Dieu de paix et d'amour devint une divinité de vengeance et de carnage. La mort du Messie, sacrifice qui devait abolir les sacrifices matériels pour rétablir le sacrifice moral, ne fut point compris et imité comme le plus grand des symboles ; mais, pris à la lettre, il fallut égorger l'homme pour racheter son âme. Je ne ferai point l'histoire des massacres enfantés par ce dogme ; la conquête de l'Amérique par les Espagnols et les bûchers de l'inquisition ; la doctrine de l'expiation par le sang se soutient elle devant ces terribles conséquences ?

Les sacrifices humains furent abolis en Égypte et remplacés par des bœufs de couleur rousse, sans doute d'après l'institution primitive que nous retrouvons chez les Hébreux dans la cérémonie des eaux lustrales, dont on aspergeait l'homme immonde, après y avoir jeté les cendres d'une vache rousse que l'on brûlait hors du camp. Le prêtre jetait dans le feu du sacrifice du bois de cèdre, de l'hysope avec un peu d'écarlate.

La symbolique égyptienne reproduit non seulement les emblèmes du mosaïsme, mais elle reparaît dans le christianisme. Typhon, le mauvais génie, de couleur rousse, prenait la forme d'un serpent, comme le dragon roux qui est le diable et Satan d'après l’Apocalypse.

Les fables grecques furent-elles empruntées à l'Égypte, à l'Inde, à la Perse, ou bien naquirent-elles sur le sol hellénique ? Quoi qu'il en soit, on retrouve dans la mythologie de ce peuple le même dictionnaire symbolique que chez les nations qui le précédèrent dans la civilisation, la couleur qui nous occupe en offre encore l'exemple.

L'amour divin et l'amour infernal avaient leurs symboles opposés dans le feu pur ou céleste et dans le feu impur ou terrestre. La mythologie grecque reproduit ce dogme dans le Dieu du feu pur, Vulcain céleste, époux de Minerve et père du soleil, et le Vulcain terrestre, ennemi du soleil, époux abhorré de Vénus et père de deux monstres, Cacus et Coculus.

Vulcain, ennemi d'Apollon, s'identifie avec Typhon, ennemi d'Osiris, et avec Caïn, l'assassin de son frère. Cain, Tubalcaïn et Vulcain sont les inventeurs de l'art de forger les métaux ; ils représentent le feu souterrain ou infernal, comme Abel, l'Apollon Abelios et Osiriş sont les symboles du feu céleste.

Vulcain est précipité du ciel à cause de sa laideur repoussante ; en tombant sur la terre il est reçu dans les bras des habitants de Lesbos ; mais, ici-bas, sa difformité devient plus hideuse encore : dans sa chute sa jambe se brise, il est boiteux. Cette divinité était un symbole des passions honteuses et criminelles chassées du ciel, séjour de la beauté morale et qui rampent boiteuses sur cette terre. Le feu sombre des forges et le fer sont les deux symboles du mal et du faux, que nous retrouvons dans tous les codes sacrés.

Les noirs Cyclopes, enfants de Neptune et d'Amphitrite, sont les serviteurs de Vulcain ; habitants des cavernes ténébreuses, leur destinée est le travail. Le tableau des profanes paraît tracé dans cette fable. Les Cyclopes n'ont qu'un œil pour se guider dans leurs sombres retraites, ils sont morts à l'existence spirituelle, ils n'acquièrent la vie qu'en devenant fils de Neptune et d'Amphitrite, c'est-à-dire de l'initiation par les eaux. A côté des Cyclopes paraissent les enfants de Vulcain, Cacus et Coculus, criminels endurcis qui ne puisèrent jamais la vie aux sources baptismales ; ils sont aveugles comme la tourbe vulgaire qui languit dans les ténèbres de l'ignorance et des vices. Le féroce Cacus vomit des torrents d'un feu noir.

La fable grecque poursuit ses allégories en les empruntant à l'Égypte : Typhon épouse Nephtys, la Vénus égyptienne ; Osiris s'unit à cette déesse, mais secrètement ; de même Vulcain épouse Vénus et Mars la séduit.

Mars était le symbole de l'amour divin. qui combat dans le cœur de l'homme pour le régénérer ; Vénus représentait la beauté morale acquise par l'initiation ; Vulcain était la personnification du mal, de la matière et des passions charnelles de l'homme ; le mythe chanté par Homère était, sans doute, une légende sacrée dont il est facile de retrouver le sens.

Le mariage de Vulcain et de Vénus représente l'union de l'âme et du corps. Mars, ou l'amour divin, enlève l'âme à son amour terrestre ; mais l'intelligence humaine, figurée par le soleil matériel, avertit les passions qui s'éveillent et, sous le symbole de Vulcain, enchaînent Mars et Vénus dans des liens imperceptibles, mais indissolubles. Cette première partie de la fable témoigne que l'homme ne peut rien par lui-même et que son intelligence ne sert qu'à resserrer ses chaînes terrestres.

La seconde partie du chant de Démodocus se rapporte à l'initiation qui délivre l'âme de ses liens charnels ; les dieux accourent pour contempler la vengeance de Vulcain, Apollon demande à Hermès s'il veut passer la nuit dans les bras de la blonde Vénus, et Hermès-Anubis est le conducteur des initiés ; son costume mi partie blanc et noir, indique qu'il conduit à la lumière les âmes plongées dans les ténèbres ; mais Hermès n'est que le messager des dieux, il ne peut rompre les filets de Vulcain : cet honneur appartient à Neptune, le dieu des eaux ; Vulcain cède à sa demande et rend la liberté au couple enchaîné. Le premier degré de l'initiation n'était-il pas l'ablution baptismale ?

Harmonie naquit de l'union de Mars et de Vénus ; cette divinité était la personnification de la musique sacrée, c'est-à-dire des connaissances acquises dans l'initiation et qui rétablissaient l'harmonie entre le Créateur et la créature. La Minerve musicienne et Moïse initié à toute la musique des Égyptiens, nous l'ont enseigné. Les mythes sacrés de la Grèce racontaient encore que Cadmus, après avoir apporté en Grèce l'usage de l'alphabet et le culte des divinités de l'Egypte et de la Phénicie, épousa Harmonie qui avait enseigné aux Grecs les premiers éléments de l'art qui porte son nom. L'enchainement de tous ces récits dans une seule pensée démontre jusqu'à l'évidence ce que les prêtres entendaient par les aventures d'Osiris et de Nephtys, de Mars et de Vénus. Le dieu de la lumière, Osiris, le dieu de la guerre, Mars, entraînent et séduisent la beauté. Ainsi, l'homme qui se régénère combat ses passions terrestres, triomphe de sa nature déchue et, des bras de la mort, s'élance vers son créateur, vers le Dieu des armées, le Dieu de la victoire, de la paix et de l'harmonie.

L'antagonisme de l'amour du bien et de l'amour du mal, reçut une nouvelle forme dans les mythes d'Éros et d’Anteros. Éros est la divinité de l'amour ; Anteros est son opposé ou le contre-amour. Dans.la langue profane, Anteros était l'emblème d'un amour réciproque ; mais, dans la doctrine ésotérique des temples, Anteros naquit de la nuit et de l'Érebe ; ses compagnons sont l'ivresse, le chagrin et la dispute ; ses flèches de plomb excitent les passions brutales qui traînent à leur suite la satiété, tandis que le véritable amour lance des traits d'or qui inspirent une joie pure et une affection vertueuse et sincère.

Eunape rapporte dans la vie de Porphyre que ce philosophe évoqua ces deux divinités. Éros apparut blanc comme le lotus et sa chevelure était d'or ; Anteros avait les cheveux NOIRS ET D'UN ROUX ARDENT.

Le mythe d'Attis nous enseigne de plus que le rouge-noir était, en Grèce, affecté aux traîtres.

"La Terre enjoignit à son fils de ne plus la quitter ; Attis s'enfuit ; parvenu à l'extrémité d'une forêt, Corybas, ou le soleil, engagea un lion d'une couleur rouge-noir à le dénoncer.

La symbolique des gemmes offre un exemple de la signification de la couleur fauve ou tannée.

L'agate, d'après le poëme d'Orphée sur les pierres, est variée de différentes couleurs ; mais l'espèce la plus précieuse a la couleur fauve du lion divisée taches héroïques, jaunes, blanches, noires et vertes. Cette pierre guérit la morsure du scorpion, accorde le don de plaire aux femmes et d'adoucir les hommes par des discours. Sous son auspice, le voyageur arrive joyeux dans sa maison avec les richesses qu'il a amassées ; malade on retrouve la santé ; celui qui la tient dans sa main ne saurait être vaincu. Réfléchissez, ajoute Orphée, pourquoi Clotho a coupé le fil de la vie de cet homme, pourquoi son dernier jour est arrivé.

La pierre ſauve eșt l'embléme de l'homme charnel livré à ses passions ; les trois couleurs, le blanc, le jaune et le vert indiquent les trois degrés mystiques, ou Dieu, la révélation et la régénération : le noir marque les tentations et les erreurs ; ces taches sont nommées héroïques, car la vie est un combat de la vérité contre l'erreur, et de l'amour divin contre l'égoïsme. Celui qui possède les qualités célestes de cette pierre ne peut être vaincu, Clothọ coupe alors ļe fil de sa vie et, par la mort, il acquiert le prix de la victoire, la couronne d’immortalité.

Prends garde, ajoute plus loin Orphée, arme-toi contre la race noire du serpent ; et, connaissant que la pierre est sanglante, ordonne à tes compagnons de boire avec les nymphes dans la coupe des nayades. Il était l'impossible de s’exprimer plus clairement pour les initiés aux mystères.

La mythologie islandaise, en reproduisant le même dogme, semble traduire ce dernier passage d'Orphée.

A la fin du monde, d'après la Voluspa, les frères se tueront, les parents oublieront les liens de la parenté ; la vie sera à charge, on ne verra qu'adultères. Age barbare, âge d'épée ! âge de tempêtes ! âge de loups ! Les boucliers seront mis en pièces, et les malheurs se suivront jusqu'à la fin du monde ; alors le noir, prince du feu, sortira du midi entouré de flammes, et l'univers sera consumé dans un feu noir. Un seul couple échappera à l'incendie et au déloge universels ; il se nourrira de rosée et produira une si nombreuse postérité que la terre sera bientôt couverte de nouveaux habitants.

Le dernier couple se nourrira de rosée ; c'est-à-dire de l'amour et de la sagesse de Dieu, ainsi que nous l'avons expliqué au chapitre de la couleur rose ; la signification de ce symbole ici ne peut être douteuse puisque la nouvelle existence des hommes régénérés est opposée aux vices des générations détruites. La race noire du serpent et la coupe des nayades dont parle Orphée se retrouvent dans le noir, prince des génies du feu et la rosée de la Voluspa.

La symbolique chrétienne reproduisit les différentes significations attachées à la couleur tannée par l'antiquité. Le dragon roux de l'Apocalypse et le feu de l'enfer, dont parlent les évangiles, indiquent dans quel sens on doit interpréter le rouge-noir employé sur les vitraux et les miniatures du moyen-âge. La cathédrale de Chartres offre ici un exemple qui appelle toute l'attention des archéologues.

Au dessus de la grande porte d'entrée, sous la rose, à droite, un vitrail représente la cosmogonie indienne telle qu'elle est décrite dans le Bagavadam : « Dans la plénitude du temps nommé Calpan, dit ce livre sacré, l'univers était rentré dans le sein de Vischnou. Ce Dieu, absorbé dans a la quiétude d'un sommeil contemplatif, a était couché sur le serpent Atisechen et porté sur la mer de lait...... Le destin fit sortir du nombril de Vischnou une tige de tamarey (lotus), et au bout de cette tige parut une fleur qui s'épanouit aux rayons du divin soleil, qui est Vischnou lui-même, Brahma fut créé dans cette fleur avec quatre visages, symbole des quatre Védam. »

Sur le vitrail de Chartres, Vischnou, drapé de bleu et de rouge, est couché sur la mer de lait, d'un blanc jaunâtre ; au-dessus de lui est l'arc-en-ciel rouge, du sein de Vischnou sort le lotus blanc.

La verrière supérieure représente Brahma avec sa quadruple face et la couronne sur la tête. Brahma est presque nu ; sa peau est bistre ou tannée ; il porte en sautoir un manteau vert qui lui couvre la partie inférieure du corps ; il repose sur le lotus et de chaque main il en tient une tige. Les verrières supérieures, séparées par des armatures de fer, représentent des sujets qui correspondent à Brahma ; enfin, sur la dernière et la plus élevée paraît Jésus, vêtu d'une robe bleue, et portant un manteau BISTRE ; au-dessus de sa tête descend le Saint-Esprit sous la forme d'une colombe blanche. Le lotus qui sort du sein de Vischnou s'élève jusqu'à Jésus-Christ où il acquiert toute sa floraison.

Ce vitrail, fort antérieur à la renaissance, prouve la communication des mythes orientaux à l'époque des croisades ; il unit les symboles de l'initiation chrétienne à ceux de l'initiation indienne.

Vischnou, couché sur la mer de lait et créant le monde, est le symbole du baptême qui donne la vie spirituelle à l'homme, image de l'univers ; la régénération, nous l'avons vu, empruntait souvent pour symbole la formation du monde ; Vischnou est drapé de bleu et de rouge, couleurs qui exprimaient le double baptême d'esprit et de feu, de vérité et d'amour. Brahma naît au sein d'un lotus, emblème de la régénération acquise par les eaux baptismales ; sur ce vitrail il est le symbole de l'homme venant au monde et circonvenu par l'esprit des ténèbres ; sa couleur est celle de l'enfer, le tanné ou rouge-noir ; mais il a un manteau vert qui exprime un premier degré de régénération. Jésus, apparaissant dans la partie la plus élevée de la verrière, montre quel est le but vers lequel doivent tendre les fidèles ; sa robe bleue indique qu'il est le Dieu de vérité ; le Saint-Esprit, planant sur sa tête, redit la même pensée ; le manteau bistre du Seigneur témoigne qu'il est descendu sur cette terre pour vaincre l'esprit du mal. Satan est quelquefois dessiné avec quatre faces sur les peintures du moyen-âge ; j'en vois deux exemples dans les emblèmes bibliques, manuscrit de la Bibliothèque Royale du treizième siècle ; les vitraux de Chartres doivent remonter à peu près à cette époque. Ainsi le dessin et la couleur de Brahma se rapportent au génie infernal.

La cathédrale de Chartres offre l'emploi fréquent du brun-rouge ou bistre avec cette acception ; sur la première ogive de la nef latérale du choeur, à droite, on voit une sainte cene : à gauche du Christ, deux personnages, vêtus d'un costume bistre ou tanné, semblent se disputer, Jésus les désigne de la main ; ne serait -ce pas Judas qui trahit son waitre et Pierre qui le renia. La tradition donne des cheveux roux à Judas.

Au bas de cette scène paraît le diable, sa peau est bistre, son museau est rouge, il est vêtu d'une sorte de tunique ou jupon vert. A droite, Jésus est tenté, il porte un manteau bistre ; la peau du diable est rouge et sa tunique blanche ; ce changement de costume prouve l'action de la tentation : Satan emprunte le langage du maître de l'univers, les rôles sont changés comme les couleurs. A gauche de ce sujet, un autre vitrail représente de même la tentation de Jésus ; il est encore vêtu d'un manteau bistre ; la peau de Satan est verte, il a de gros yeux verts ; sa tête et sont jupon sont rouges .

Dans la partie supérieure de cette ogive, paraît la Vierge drapée de bleu ; sur ses genoux repose l'enfant Jésus vêtu de bistre. Cette couleur marque ici que l'enfant divin naquit dans le péché comme les autres hommes, et pour les sauver s'associa à toutes leurs misères.

Un manuscrit du huitième siècle, un des plus curieux que possède la Bibliothèque Royale, offre la preuve qu'à cette époque le rouge-noir était le symbole du génie infernal ; deux diables de cette couleur s'emparent de l'âme d'un homme qui se précipite du haut d'une tour ; cette miniature rappelle une des figures du jeu des tarots, expliqué par Court de Gebelin. Sur la même page, on voit la descente de Croix ; la Croix est d'un rouge sombre, car Jésus a dompté les enfers par cette dernière tentation. Enfin, le même manuscrit représente saint Michel terrassant un dragon rouge-sombre, qui rappelle évidemment le dragon roux de l’Apocalypse.

La symbolique chrétienne, comme celle des anciens peuples, affectait à la couleur de la feuille morte la signification de mort spirituelle. « Nous voyons par expérience, dit La Colombière, que quand les herbes ou les feuilles des arbres viennent à se dessécher, elles rétrogradent de leur verdeur en jaune, vu que le bleu de couleur céleste qui leur donnait vie, s'évaporant hors du mixte, elles deviennent d'un jaune obscur, que nous appelons pour cette raison feuille morte. »

Les prairies même de Nimrim, dit Isaie, manqueront d'eau, elles ne donneront plus de foin, l'herbe séchera et il n'y aura plus de verdure.

La feuille verte était le symbole de la régénération et la feuille morte de la dégradation morale. L'univers matériel apparaissait comme le hiéroglyphe du monde spirituel ; si cette doctrine est fausse, elle ne manque ni de poésie ni de grandeur. Le mysticisme de toutes les époques emprunte partout la même langue. Les visions de la seur Emmerich en offrent ici la preuve ; elle voit l'enfer comme une sphère d'un feu sonbre. Décrivant la passion, elle dit : « Caïphe était un homme d'apparence grave ; son visage était enflammé et menaçant ; il portait un long manteau d'un rouge sombr , orné de fleurs et de franges d'or. »

La couleur tannée ou brune était encore, dans l'antiquité et le moyen-âge, un signe de deuil. Les Juifs portaient des cilices noirs ou bruns. Sur les anciennes peintures qui représentent la passion du Christ, on voit souvent des personnages vêtus de robes brunes. Plusieurs ordres religieux adoptèrent ce costume comme le symbole de la renonciation au monde et du combat qu'ils devaient livrer contre l'enfer.

Les Maures attachaient les mêmes idées à cette couleur ; elle était l'emblème de tout ce qui est mal, alliée aux autres nuances elle leur donnait un sens néfaste, comme on le remarque dans cette liste.


Blanc et tanné : Suffisance.

Rouge et tanné : Toute force perdue.

Vert et tanné : Rire et pleurer.

Noir et tanné : Tristesse, la plus grande douleur.

Bleu et tanné : Patience en l'adversité.

Incarnat et tanné : Bonheur et malheur.

Violet et tanné : Amour non permanent.

Gris et tanné : Espérance incertaine, patiencé par force, confort en douleur.

Tanné et blanc : Repentir, innocence simulée, justice troublée et joie feinte.

Tanné et rouge : Courage feint, souci trop âpre, douleur trop furieuse .

Tanné et violet : Amour troublé, loyauté menteuse.

Gris, tanné et violet : Déloyauté ou espoir en dolentes amours.


Le tanné se compose, d'après l'art héraldique, de gueules et de sable, c'est-à dire de rouge et de noir ; il n'était pas employé dans le blason de la France, mais il fut adopté par quelques nations étrangères et particulièrement par les Anglais.

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Selon Audrey Mauret, autrice de l'article intitulé "Vierge Marie : la symbolique des couleurs" (paru le 6 mai 2021 sur le site Monde Libre, le guide lifestyle pour femme) :

Le marron (tanné)

Le tanné a souvent remplacé le cendré dans la liturgie. Cette couleur est en effet présente sur les vêtements des Carmes et des Franciscains qui font pénitence.

 

Gérard Gros, dans un article intitulé "De vair et de quelques couleurs : Note sur une page du manuscrit de Paris, bibl. nat., fr. 24315" (In : Les couleurs au Moyen Âge [en ligne]. Aix-en-Provence : Presses universitaires de Provence, 1988) explicite l'emploi de la couleur tannée à l'époque médiévale :


Tanné / Ennuy


La langue de la fin du Moyen Âge et de la Renaissance ne connaît pas encore l'adjectif de couleur marron, apparu tardivement : au XVIIIe siècle, semble-t-il. Elle emploie, substantivement ou adjectivement : tanné, c'est-à-dire brun comme le tan. Tanner est synonyme d'ennuyer, de tourmenter, lasser, fatiguer : il est naturel que la signification du tanné se résume à l'ennuy.

13L'aide-mémoire ci-dessus reproduit mentionne douze teintes, sans être pour autant un blason des mois de l'année. En fait ce nuancier sommaire interprète les couleurs "selon les vertus mondaines" (1) et, plus précisément, compose un lexique des emblèmes amoureux.

Certaines des significations qu'il regroupe sont communes. Ainsi du vert qui, déchiffré, désigne l'espérance : c'est la teinte dont se pare la livrée du printemps. D'autres équivalences perpétuent des figures attestées dans la poésie lyrique du XVe siècle, comme le vert sombre ou le tanné dont se vêt un cœur qu'abandonne l'espérance.

[...]

Dans l'Elégie I (3), l'anniversaire de la rencontre et l'annonce du congé (au mois de mai) suscitent la crainte de voir l'espérance et la joie tourner en deuil et en peine :


"S'ainsi n'advient, à tel moys de l'année Bien me duyra couleur noire ou tannée. A ung tel moys, qu'on doibt dancer et rire, Raison vouldra que d'ennuy je souspire, Veu qu'en ce temps fut faicte l'alliance Dont je perdray la totalle fiance." v. 31-36.


[...] Clément Marot compose encore un rondeau sur le langage de "ces trois tristes couleurs, / Gris, tanné, noir" (4), dont les valeurs sont énumérées dans le couplet central :


"Car le noir dit la fermeté des cueurs, Gris le travail, et tanné les langueurs ; Par ainsi c'est langueur en travail ferme, Gris, tanné, noir." (5).


Notes : 1) L'expression est du héraut Sicille ; éd. Cocheris, p. 56.

2) Voir Le Blason des couleurs, éd. c., p. 66, 110 et 118.

3) Éd. Y. Giraud, Garnier-Flammarion, 1973, p. 253-255. Élégie II dans le recueil de 1534 ; voir V.-L. Saulnier, Les Élégies de Clément Marot, nouvelle éd. augmentée, S.E.D.E.S., Paris, 1966, p. 145.

4) Rondeau XIX. Éd. Y. Giraud, o. c., p. 321.

5) v. 6-9. Les trois teintes sont mentionnées dans l'ordre même de la liste présentée par le manuscrit présentée par le manuscrit d'Urfé. Huguet, à l'article Tanné, cite quelques vers d'un Bugnyon :


"Voyla pourquoy je tien pour les couleurs

Gris et tanné, tesmoins des grans doleurs

Cruellement que ma vie supporte..." (Erotasmes, sonnet 9).

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Symbolisme héraldique :


Selon Wikipédia, le site encyclopédique :


Tanné, Tenné : Émail secondaire de couleur ambigüe, orange foncé ou marron. Le tanné tire son nom de la couleur naturelle du cuir tanné. Est souvent confondu ou donné synonyme de brun ou d'orangé.

 

Sur le site Noblesse et Art de l'écu, on peut lire le poème suivant dédié à la couleur de tanné, ou de tenné :


De tanné est de douceur car couleur de terre,

Maternelle et rassurante ; ni triste, ni joyeux,

Il apaise et neutralise ; son côté austère

L'a fait choisir par beaucoup d'ordres religieux.

Couleur fort répandue dans le monde animal

Et végétal, l'on se sent bien en sa présence ;

Bien qu'étant sans attrait, elle n'inspire pas le mal ;

On ne se lasse pas de son omniprésence.


La voie de tanné est celle d'une douceur tranquille

Et d'un rapprochement avec la terre fertile.

Sur l'écu, elle se marie aussi bien à l'or


Qu'à l'argent, ainsi qu'au pourpre et au vieux rose ;

Sa discrétion peut mettre en valeur plus d'une chose ;

Telle est cette noble voie ; que puis-je en dire encore ?


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