Étymologie :
LUNE, subst. fém.
Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1100 « planète satellite de la terre » (Roland, éd. J. Bédier, 2512) ; 2. 1556 « mois lunaire » (Thevet, Cosmographie du Levant, p. 137 ds Delb. Notes mss) ; 3. 1686 « satellite d'une autre planète que la terre » (Fontenelle, Mondes, 6e soir ds Littré) ; 4. 1748 lune du miel (Voltaire, Zadig, chapitre 3, éd. G. Ascoli, t. 1, p. 13) ; 1818 (La Minerve Française, p. 253 d'apr. Barbier ds Mod. Lang. R. t. 16, 1921, p. 257 : le premier mois de cette union, ce mois précieux que les Anglais nomment énergiquement the honeymoon, la lune de miel). B. 1529 lune d'eau « nénuphar blanc » (J. et R. Parmentier, Disc. de la navigation, 56 ds Delb. Notes mss). C. 1. Ca 1495 tenir un quartier de lune « être un peu fou » (Jehan de Paris, éd. E. Wickersheimer, p. 47) ; 2. 1680 « folie, caprice » (Rich.) ; 1808 être dans sa bonne, mauvaise lune (Hautel). D. 1. 1640 pleine lune « gros visage » (Oudin, Recherches ital. et françoises, Paris) ; 2. 1872 « derrière » (Larch., p. 192). Du lat. luna « lune » et « mois lunaire » ; lune de miel est un calque de l'angl. honeymoon attesté dep. 1546 (v. NED).
Lire également la définition du nom lune afin d'amorcer la réflexion symbolique.
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Après avoir expérimenté l'éclipse lors du travail avec l'Arcane de l'Ombre, deux séances du cercle de tambour celtique consacrés logiquement aux arcanes de la Lune (juste avant le solstice) et du Soleil (ensuite)...
Identification :
Patrice Lajoye, "Le soleil a rendez-vous avec la lune... Grannos et Sirona", Histoire Antique n°67, 2005, pp. 66-69 =>
Symbolisme :
Antoine Court de Gébelin, auteur Du Jeu des Tarots (Extrait du Monde Primitif, Tome I, Huitième édition, 1787) nous donne sa vision de la carte :
N° XVIII. — LA LUNE
Ainsi la LUNE qui marche à la suite du Soleil est aussi accompagnée de larmes d’or et de perles, pour marquer également qui elle contribue pour sa part aux avantages de la terre.
PAUSANIAS nous apprend dans la Description de la Phocide, que, selon les Égyptiens, c’étaient les LARMES d’ISIS qui enflaient chaque année les eaux du Nil et qui rendaient ainsi fertiles les campagnes d’Égypte. Les relations de ce Pays parlent aussi d’une GOUTTE ou larme, qui tombe de la Lune au moment où les eaux du Nil doivent grossir.
Au bas de ce tableau, on voit une Écrevisse ou Cancer, soit pour marquer la marche rétrograde de la Lune, soit pour indiquer que c’est au moment où le Soleil et la Lune sortent du signe de Cancer qu’arrive l’inondation causée par leurs larmes au lever de la Canicule qu’on voit dans le tableau suivant.
On pourrait même réunir les deux motifs ; n’est-il pas très ordinaire de se déterminer par une foule de conséquences qui forment une masse qu’on serait souvent bien embarrassé à démêler ?
Le milieu du tableau est occupé par deux Tours, une à chaque extrémité pour désigner les deux fameuses colonnes d’Hercule, en-deçà et au-delà desquelles ne passèrent jamais ces deux grands luminaires.
Entre les deux colonnes sont deux Chiens qui semblent aboyer contre la Lune et la garder : idées parfaitement Égyptiennes. Ce Peuple unique pour les allégories, comparait les Tropiques à deux Palais gardés chacun par un chien, qui, semblables à des Portiers fidèles, retenaient ces Astres dans le milieu des Cieux sans permettre qu’ils se glissassent vers l’un ou l’autre Pôle.
Ce ne sont point visions de Commentateurs en us. CLÉMENT, lui-même Égyptien, puisqu’il était d’Alexandrie, et qui par conséquent devait en savoir quelque chose, nous assure dans les Tapisseries (1) que les Égyptiens représentaient les TROPIQUES sous sa figure de deux CHIENS, qui, semblables à des Portiers ou à des Gardiens fidèles, empêchaient le Soleil et la Lune de pénétrer plus loin, et d’aller jusqu’aux Pôles.
Note : 1) Ou Stromates, Liv. V.
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Voici la présentation du Tarot du Sepher de Moïse qui met en avant les lames du Livre de Thot :
Lame du nombre 18 - lettre hébraïque Tsadé - la Lune
Le Nombre Dix-Huit, la Lune dans le livre de Thoth, est le onzième signe Ham/Scorpion dans le Zodiaque sacré. Ce Nombre est en troisième position dans notre sixième ternaire (16-17-18), il est donc sous l’influence du Destin ce que confirme d’une part son addition théosophique (1+8 = 9) ; ce Nombre Neuf qui est lui même une déclinaison du Nombre Trois, et d’autre part l’addition théosophique des Dix-Huit premiers Nombres qui nous donne la somme de 171, qui par réduction théosophique nous donne à nouveau Neuf, la lame de l’Ermite, l’Initié par excellence, Nôah/Capricorne ce fils de Seth/Vierge. Mais il convient de ne pas négliger cette onzième position du Zodiaque sacré, qui place aussi ce Nombre Dix-Huit sous l’influence de la Conscience (11, la Force/Volonté = 1+1 = 2), ce qui se renforce par la présence du Nombre Huit (la Justice) entrant dans sa composition. Nous avons vu dans le déroulement de l’Enseignement des Tables de la Loi que Sem/Sagittaire, Ham/Scorpion et Japheth/Balance, sont en réalité les fils (voir principe de filiation) de Nôah/Capricorne. Ce Nombre Dix-Huit sera donc une nouvelle manifestation des facultés et pouvoirs de l’œuvrant dans sa pratique de la réalisation du Grand Œuvre. Et qui dit manifestation dit aussi épreuve avec de nouvelles possibilités offertes au libre arbitre dans notamment la faculté d’exercer ses pouvoirs, soit dans un but destructeur et mortel, soit dans une domination des influences néfastes de la Lune dans son aspect négatif, (l’inconscience, l’ignorance, la domination par les instincts, les ténèbres et l’obscurantisme, la passivité), ou encore en sublimant ces forces négatives pour parvenir à la sphère de Saturne éthique en réalisant, par un effort continu et soutenu, la synthèse de l’Intuition de la Foi et de l’Intelligence dans une analogie des contraires qui permettra le mariage de la Lune et du Soleil, pour donner naissance à l’enfant d’Hermès, but de la science Hermétique qu’est l’Alchimie.
Ce Nombre Dix-Huit est celui de la Puissante faculté de nos cinq sens spirituels qu’est l’Intuition ; celle qui fait intervenir dans la Conscience éveillée les énergies suprahumaines et cosmiques ; soit cette Intuition sera livrée à elle-même et étant sans vertu elle sombrera rapidement dans les délires, les superstitions, les idolâtries et les sorcelleries d’une nature égotique livrée à sa propre folie ; soit elle sera en harmonie avec les Dix-Sept Vertus et Puissances qui la composent et elle sera alors l’illumination intuitive de la Conscience dans la sphère du Destin, ce qui la mènera à la grâce d’une vision Juste et infiniment subtile. La maîtrise de cette faculté spirituelle qu’est l’Intuition confèrera à l’œuvrant, une morale qui fera résonner (mais aussi raisonner) sa Conscience en harmonie avec la noblesse de l’Œuvre de la Providence. Son absence de maîtrise l’entraînera dans les profondeurs du monde souterrain de l’involution de la sphère organique temporelle.
La lame de la Lune dans le livre de Thoth est à double facette comme le symbolise admirablement sa représentation hiéroglyphique. Sur cette lame on peut voir un lac avec un crustacé, dans lequel il faut y voir une analogie avec le signe du Scorpion et celui de l’Eau dont ce signe est la troisième manifestation dans le Zodiaque sacré ; il y a aussi un chemin qui serpente sur terre et qui sépare deux tours, édifices qu’il convient de rapprocher de celui du Nombre Seize, et aux pieds desquelles hurlent deux chiens l’un noir et l’autre blanc, symbolisant notre Lune sous forme de Diane Artémis, (chien blanc) vierge ombrageuse qui châtie cruellement quiconque manque d’égards envers elle, mais qui préside aussi à la naissance et au développement des êtres tant en ce qui concerne l’aspect physique que spirituel ; ou Hécate (chien noir) déesse lunaire des spectres et des terreurs nocturnes, des fantômes et des monstres terrifiants comme en produit un imaginaire débridé ; magicienne par excellence, elle est la maîtresse de la sorcellerie, elle est aussi la déesse des carrefours, ce qu’il convient d’entendre analogiquement par le fait qu’elle est présente à chaque décision du libre arbitre dont elle est la direction horizontale et terrestre en opposition avec la direction verticale et céleste de Diane. Ce Nombre Dix-Huit, la Lune, l’Intuition spirituelle, offre par sa maîtrise soit la vie dans la renaissance de l’inconscient à la Conscience, lors des épreuves dans la sphère du Destin, soit la mort par retour aux cycles de réincarnation pour cause de patrimoine karmique impur. Dans les Tablettes de Thoth, nous retrouvons un passage qui me semble illustrer admirablement ce Nombre Dix-Huit :
TABLETTE VI : LA CLÉ DE LA MAGIE
C’est à cause de son ignorance que l’homme les attire d’en dessous.
Les frères des ténèbres voyagent à l’intérieur d’une obscurité qui n’est pas celle de la nuit. Ils utilisent les pouvoirs obscurs et mystérieux qui proviennent des ténèbres pour attirer d’autres habitants de leur royaume. Leur savoir interdit est redoutable parce qu’il provient des forces de la nuit.
Ils se déplacent sur la terre à travers les rêves des hommes où ils peuvent faire irruption dans leur espace mental pour les enfermer dans le voile de la nuit. S’ils se laissent faire, leur âme sera enfermée dans les chaînes des ténèbres pour le reste de leur vie.
Écoute moi ô Homme et sois attentif à mon avertissement pour te libérer des griffes de la nuit. Ne laisse pas ton âme capituler devant les frères de l’obscurité. Tourne ton visage vers la lumière éternelle. Sache que la misère provient du voile de la nuit. Écoute mon avertissement et sois constant dans tes efforts pour monter et tourner ton âme vers la lumière.
Sache que les frères des ténèbres veulent recruter ceux qui ont voyager sur le sentier de la lumière. Ils savent très bien que ceux qui dans leur quête de lumière se sont approchés du Soleil disposent en fait de pouvoirs encore plus grand pour enfermer les autres enfants de la lumière dans l’obscurité.
Écoute celui qui vient vers toi ô Homme. Évalue soigneusement si mes paroles sont celles de la lumière. Il y en a beaucoup qui sont brillants dans leur obscurité et qui pourtant ne sont pas des enfants de la lumière. Leur sentier est facile à suivre. Ils montrent tous la voie de la facilité attirante.
Alors écoute bien mon avertissement ô Homme, parce que la lumière vient seulement à celui qui fait des efforts et qui persévère. Il est difficile le sentier qui conduit à la sagesse et qui mène à la lumière. Plusieurs pierres obstruent ce sentier. Il y a plusieurs montagnes à gravir vers la lumière. Ne te laisses pas tromper par l’illusion de l’effort matérialiste en vue de se procurer des biens. Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Nous parlons de l’effort en vue d’intensifier sa lumière intérieure et de pouvoir traverser le voile de la nuit comme un Soleil de lumière.
Regarde les étoiles et les soleils du Cosmos et tu comprendras qu’ils voyagent depuis toujours à travers les grandes ténèbres de l’espace infini. Et pourtant ils demeurent intacts et brillants. Voilà l’effort demandé, rester brillant et lumineux tout en traversant les ténèbres les plus obscures. Et ce n’est pas une mince tâche. Voilà pourquoi les Soleils de lumière durent de toute éternité ; "parce qu’ils sont constants dans leurs efforts".
Sache, ô homme, que celui qui ira jusqu’au bout du sentier de lumière sera libre.
Ne suis jamais le sentier de la facilité que te proposent les frères de l’obscurité. Parce que ce sentier te conduira à la diminution et à l’extinction de ta lumière.
La sentence du Tao-Tô-King qui illustre cette lame du livre de Thoth est la suivante :
On gouverne un Etat comme on cuit un petit poisson : avec précaution. Si l’empire est gouverné selon le Tao, les démons invisibles perdent leurs armes. Non qu’ils ne soient puissants, mais ils ne nuiront pas aux hommes. Non qu’ils ne puissent nuire aux hommes, mais parce que le Sage, lui, ne nuit pas aux hommes. Les forces des entités invisibles et celles du Sage ne nuisent pas aux hommes ni ne se nuisent mutuellement. Cet état de chose est une manifestation de la vertu qui est à l’œuvre dans le monde. Et le monde, par elle, sera meilleur.
Le Nombre Dix-Huit a pour lettre hébraïque Tsadé, nom divin Tsedek (Juste).
Vocabulaire radical de La langue hébraïque restituée : Ce caractère appartient, en qualité de consonne, à la touche sifflante, et peint, comme moyen onomatopée, tous les objets qui ont des rapports avec l’air et le vent. Comme image symbolique, il représente l’asile de l’homme, et le terme où il tend. C’est le signe final et terminatif, se rapportant à toutes les idées de scission, de terme, de solution, de but. Placé au commencement des mots, il indique le mouvement qui porte vers le terme dont il est le signe ; placé à la fin, il marque le terme même où il a tendu. Son nombre arithmétique est 90.
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Georges Saint-Bonnet, auteur de Le tarot des Rose-Croix (Éditions A.G.I., 1976) propose également son interprétation de la lame 18 :
LA LUNE (Cœur)
Appellation égyptienne : LE CREPUSCULE
Appellations diverses : L’Ecrevisse ; les deux Chiens ; le Cloaque.
DESCRIPTION : Deux chiens, ou un chien et un loup, aboient à la lune que l’on voit entre deux tours, symbole des deux pôles qui déterminent le flux et le reflux. Une écrevisse se trouve au premier plan, dans une espèce de mare. De la lune pleuvent des gouttes de sang.
CORRESPONDANCES :
90 Tzadé
Verseau. Cancer.
Le mois de janvier.
Les toits.
La matière, spécialement fluidique.
Le magma.
Le corps et ses passions.
Apparences.
Lémures, larves, vampires.
Fantasmes et fantômes.
Les abîmes.
Philtres et malédictions.
Les lumières troubles.
Les instincts et les ténèbres.
Les influences négatives.
Peu importe que la nuit du monde t’enveloppe si la lumière de la conscience est au dedans de toi... Fantômes et vampires dansent autour de ton âme une sarabande éperdue ? Et tu as peur ?
Rentre au dedans de toi. Elargis ta conscience. Comprends mieux. Et tu verras qu’il n ’y a ni fantômes ni vampires, ou plutôt, s’il y en a, que c’est toi qui les crée... Il y a des choses, autour de toi, beaucoup de choses qui te troublent. C e sont tes idées, tes interprétations, tes opinions...
Il en est de la peur comme du plaisir. La première comme la deuxième naissent de l’illusion. Or, si tu détruis l’illusion — et il suffit pour cela de n’avoir plus d’opinion — que se passera-t-il ?
Tu détruiras du même coup la peur et le plaisir, ces deux fantômes, mais tu ouvriras les portes au bonheur, qui ne naît pas de l’illusion, lui, mais de la vérité...
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La vraie, la seule nuit, c’est la souffrance. La vraie, la seule lumière, c ’est la joie...
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Pardon : n ’est-ce pas la conscience ?
Certes... La joie vient après la conscience. Et si justement elle rayonne, c’est que déjà la conscience brille...
La vraie lumière est celle qui brille aussi pour les aveugles...
Tu dis : « Fantômes, illusions et peurs naissent de la nuit et s’en nourrissent »...
Soit.
Mais qui donc est responsable de la nuit ?
« Eclaire » ton âme...
Si tu ne sais ni ne peux l’éclairer, place-la sous le signe de l’Etoile, tends-la comme une coupe vers l’Amante Céleste...
Et la flamme, dit la tradition, « te descendra toute seule du ciel ».
Tout ce qui est grand s’accomplit dans la nuit et le silence. Ecoute le silence. Contemple la nuit.
Le silence te parlera. La nuit t’enseignera la lumière.
Et tu connaîtras ainsi tous les secrets de Dieu.
Trouves-tu la nuit lorsque tu fermes les yeux et rentres au dedans de toi ?
Tu trouves la vraie lumière, celle sans quoi tu ne percevrais aucune des choses de la terre, même si cent soleils brillaient au firmament.
Que t’importent la nuit, les illusions, les mirages, les fantômes et les peurs si tu as la joie ?
Avoir la joie... c’est être au-delà...
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Déceptions. Illusions et désillusions.
Dangers. Ennemis cachés et faux amis. Pièges.
Mensonges. Félonies. Duplicité. Equivoques. Délation. Calomnie. Lettres anonymes.
Sorcellerie. Envoûtements. Magie noire. Morts suspectes ou anormales.
Influences négatives.
Crédulité. Instincts douteux ou pervers. Passivité et mollesse. Tristesse morbide.
Frayeurs. Hantises. Refoulements. Complexes.
Irrésolution. Caprices. Imprévoyance. Instabilité.
Délires imaginatifs. Hallucinations. Persécution. Fanatisme.
Vol (généralement par des proches ou des domestiques). Escroquerie. Chantage.
Abîmes et gouffres. Avortement. Humeurs. Abcès.
Tout ce qui est trouble, sournois, maléficié, tout ce qui échappe et glisse, tout ce qui est indéfinissable...
Venin s et poisons. Reptiles.
Orgies. Sabbats.
Pollutions. Vieillesse solitaire.
PRATIQUEMENT : Veiller aux atteintes extérieures, mais, surtout, aux ennemis du dedans. Gare à l’imagination, aux entraînements morbides, aux obsessions, aux refoulements et aux complexes.
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Marie-Claire a la gentillesse de partager avec nous son travail de condensation par extraits choisis des Méditations sur les 22 Arcanes Majeures du Tarot d'un auteur qui a préféré garder l'anonymat (Éditions Aubier, 1980, 1984) :
Arcane XVIIII : La Lune
« Dieu défendit à Lot et à sa famille de regarder en arrière. La femme de Lot regarda en arrière et devint une statue de sel. » (Genèse, 19, 26). Au lieu du fleuve qui coule et des arbustes verdoyants de l’Etoile, nous trouvons dans le dix-huitième Arcane, l’eau stagnante du marécage et deux tours rigides. Au lieu de la Femme nue qui fait couler l’eau de deux vases dans un même fleuve, nous trouvons dans le bassin marécageux l’écrevisse et deux chiens (ou un chien et un loup) qui aboient vers le Haut. Au lieu de la constellation rayonnante de huit étoiles, nous trouvons l’obscurité de l’éclipse complète de la Lune. Ce dix-huitième Arcane nous invite à une méditation sur ce qui arrête le mouvement évolutif et tend à inverser son évolution.
Il s’agit de l’agent spécial de la décroissance, du principe de l’éclipse qui serait présent et actif même si le Diable et tous les démons avaient démissionné et si tous les hommes avaient appris la leçon de l’humilité et avaient abandonné le désir de bâtir des tours de Babel. La Lune de l’Arcane est frangée des rayons réfléchis de la lumière solaire tandis que sa surface réfléchit le profil d’un visage humain. Les autres détails de la Lame - les gouttes colorées qui tombent d’en haut, les deux tours, les deux chiens qui aboient, l’eau stagnante du marécage - ne font que spécifier les aspects du courant « intellectualité-matérialité » contraire au courant de l’évolution créatrice.
La conscience humaine est le champ où se manifestent trois espèces de lumières ; la lumière créatrice de l’œuvre de la création du monde que nous appelons « évolution créatrice », la lumière réfléchie qui éclaire le champ obscur de la volonté humaine que nous appelons « matière » et la lumière révélée qui nous oriente vers des valeurs et des vérités transcendantes. Cet Arcane lunaire est celui du couple inséparable de la Terre et de son satellite «la Lune» ou, pour le microcosme, de la matérialité (l’aspect matériel et mécanique du monde) et de l’intelligence (la faculté de la conscience qui procède des effets aux causes par induction et par déduction).
Il faut signaler que l’aspect répétition des choses que l’intelligence cherche en premier lieu correspond à son penchant quasi inné de réduire le mouvement à l’immobilité et de transformer le temps en espace. Quand nous parlons du cycle des saisons de l’année, nous transformons le mouvement du temps en espace, nous remplaçons le mouvement par la représentation d’un cercle dans l’espace. « Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. S’il est une chose dont on dise ; vois, ceci c’est nouveau, cette chose existait déjà dans les siècles qui nous ont précédés. On ne se souvient pas de ce qui est ancien et ce qui arrivera dans la suite ne laissera pas de souvenir chez ceux qui vivront plus tard. » (Eccl. 1, 9-11).
Le temps ne crée rien, il ne fait que combiner et recombiner ce qui est donné à jamais dans l’espace. Le temps est comme le vent et l’espace est comme la mer ; le vent produit la répétition infinie des vagues sur la surface de la mer mais la mer reste la même, elle ne change point. L’Arcane « la Lune », en tant qu’exercice spirituel, n’a d’autre but que d’intimer le désir conscient à aller plus loin que l’intelligence. L’axiome selon lequel le tout est plus grand que la partie est valable s’il s’agit d’un corps solide et d’un liquide mesuré ; la moitié d’une pierre est évidemment plus petite qu’une pierre entière, un demi verre d’eau signifie moins qu’un verre entier... S’il s’agit d’un organisme vivant, cet axiome serait à modifier de sorte, au point de vue du fonctionnement, le tout peut être égal à la partie ; la fonction du coeur est plus essentielle à la vie de l’organisme entier que la jambe...
Le même axiome, appliqué au domaine moral, devrait subir une modification qui va encore plus loin ; « Si un homme a cent brebis et que l’une d’elles s’égare, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? Et, s’il la retrouve, je vous le dis en vérité, elle lui cause plus de joie que les quatre-vingt-dix-neuf qui ne se sont pas égarées.» (Matthieu XVII, 12, 13). En donnant l’ordre de compter le peuple d’Israël, David commit le péché de réduire les êtres humains vivants et animés aux choses mortes et inanimées. Et ce fut sous le signe de l’intelligence vierge éclipsée par l’intelligence humaine terrestre, que la Nativité eut lieu ; temps d’hiver en ce qui concerne le Soleil et temps de l’éclipse en ce qui concerne la Lune...
« L’intelligence ne se représente clairement que le discontinu ». (Bergson, Evolution créatrice). Non seulement la science décompose les objets en substances chimiques, molécules, atomes, électrons mais encore, la science dite occulte décompose l’être humain en trois principes - esprit, âme et corps - s’il s’agit de la place que l’homme occupe entre Dieu et la nature, en neuf principes - trois principes corporels, trois psychiques et trois spirituels - s’il s’agit du rapport entre le microcosme et le macrocosme... On peut ajouter que la théologie chrétienne divise l’homme en deux principes - le corps et l’âme -, la Kabbale en cinq principes alors qu’il est des kabbalistes qui la divisent en dix principes - les dix séphiroths - que certains astrologues la divisent en douze principes - les douze signes zodiacaux -
« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Toutes choses ont été faites par lui, et rien de ce qui a été fait n’a été fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ». C’est le commencement, le printemps des choses du monde que vise l’Evangile selon St Jean, et c’est le Verbe créateur, la mobilité même au fond de la vie et de la lumière de la conscience, qu’il proclame comme point de départ de tout. Il s’agit ici de mettre plus clairement en relief, par contraste, le principe lunaire et automnal de l’intelligence de l’Arcane « la Lune » en l’opposant au principe de l’intuition créatrice du printemps de l’Arcane « le Soleil ».
L’Evangile selon Saint Jean propose à l’âme humaine de rajeunir son intelligence en la plaçant dans le domaine de la créativité au lieu de celui du créé. Si le postulat de l’intelligence est « qu’il y a rien de nouveau sous le soleil », celle-ci est invitée à s’adapter à la créativité pure et simple exprimée dans la formule « Au commencement était le Verbe ». Elle le fera non pas afin de comprendre ce qui est mais bien afin d’accomplir la naissance de ce qui n’est pas c'est-à-dire participer au devenir de ce qui sera. « A ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés , non du sang, ni de la volonté de la chair , ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu. » (Jean, 1, 12, 13). Abraham lorsqu’il quitta Ur agissait en homme de printemps ou homme de foi, Salomon lorsqu’il résuma dans l’Ecclésiaste tout ce qu’il avait appris agissait en homme d’automne ou homme d’intelligence.
L’Hermétisme est l’histoire de l’effort continu et soutenu pour aboutir à l’alliance de l’intuition de la foi et de l’intelligence, au mariage alchimique du Soleil et de la Lune. La pratique constante du disciple envisage de rendre l’instinct désintéressé (voie de la purification), le devenir de l’instinct conscient de lui-même (voie de l’illumination) enfin que l’instinct devienne capable de réfléchir sur son objet et de l’élargir indéfiniment tout en étant complètement uni à lui (voie de l’union dont les fruits sont la Gnose (où l’instinct est capable de réfléchir sur son objet) et la Mystique contemplative (où l’instinct est capable de l’élargir indéfiniment).
La méthode à suivre pour que l’intelligence s’unisse à l’instinct afin de développer l’intuition est la pratique de la méditation profonde. La méditation est l’effort de l’intelligence ayant pour but de se plonger dans les profondeurs de l’obscurité auxquelles elle trouve accès au moyen de l’intuition au lieu de l’exercice de ses facultés logiques, analytiques et critiques. Il s’agit du mariage du principe de l’intelligence et du principe de la sagesse dans « la colonne du milieu » de l’arbre Séphirotique qui comporte 22 canaux reliant les dix Séphiroth. Outre les Séphiroth, on attache une signification particulière aux trois points de croisements des canaux horizontaux avec les canaux verticaux de la « colonne du milieu ». Ces trois croisements indiquent les lieux métaphysiques et psychologiques où les trois tâches dites Grands Arcanes sont à réaliser.
Avec le premier Grand Arcane, il s’agit de réaliser le mariage du feu créateur de l’imagination avec la clarté limpide des eaux de la pensée. Avec le deuxième Grand Arcane, il s’agit de réaliser le mariage de la charité qui pardonne tout à tous avec le jugement de la justice stricte. Avec le troisième Grand Arcane qui est au centre de la croix, il s’agit de la réalisation de la révélation d’en-haut avec l’intelligence argumentative basée sur l’expérience. C’est pourquoi la triple croix est le symbole traditionnel de l’initiation complète et, c’est pourquoi on attribue à l’auteur de la Table d’Emeraude, le titre de « Trismégiste », le Trois fois Grand. Les trois Grands Arcanes de la Tradition ne sont à vrai dire que les trois aspects d’un seul et même Grand Arcane.
Le mariage des opposés du Grand Arcane est donc la transmutation de l’intelligence qui s’occupe du «comment» des choses en organe intuitif qui s’occupe du «quoi» des choses. Cela n’a lieu qu’après l’expérience plus ou moins longue et douloureuse de la crucifixion de la conscience sur la croix formée par quatre opposés ; subjectivité - objectivité, intelligence - sagesse inconsciente. C’est en cette croix que le rapprochement graduel, l’alliance puis l’union de l’intelligence et de la sagesse inconsciente s’opèrent. Au commencement, la communication entre elles est réduite aux songes puis elle s’étend aux symboles. Enfin, l’intelligence et la sagesse - non plus inconsciente - arrivent à se comprendre directement sans l’intermédiaire des songes et des symboles. C’est alors que leur union est achevée càd que l’état de conscience que Bergson appelle intuition est atteint.
La conscience est la porte - la seule légitime et saine - d’un monde, au moins aussi vaste et beaucoup plus profond que le monde que nous percevons avec les sens. Celui qui ne pouvait pas supporter la vérité sur lui-même, révélée par « le Gardien du seuil » reculait et se décidait à se contenter du « monde de surface » de l’intelligence argumentative tandis que celui qui avait le courage et l’humilité nécessaires pour supporter la révélation de la vérité sur lui-même, passait le seuil et était admis dans le « monde des profondeurs ». Le Gardien du seuil est le Grand Juge chargé de la préservation de l’équilibre de ce qui est en haut et de ce qui est en bas. « Payez vos dettes, payez les dettes de votre prochain ! Chacun paiera sa dette et il n’importe qu’elle se paie dans ce monde ou dans l’autre pourvu qu’elle se paie ». (Maître Philippe de Lyon).
Saint Jean de la Croix ne se lasse pas de répéter que c’est la Présence divine dont l’âme est éprise qui effectue le silence complet de l’intelligence, de l’imagination et de la volonté personnelle et de tous les mouvements mentaux. Cet état de silence se présente dans l’âme embrasée par l’amour de Dieu. Il n’y a aucune technologie psycho-spirituelle ; c’est l’amour entre Dieu et l’âme qui fait tout. « ... Il n’y a personne d’ailleurs qui soit capable par ses seules forces de se dégager de toutes ses tendances pour aller vers Dieu ». Qu’en est-il alors de la récitation du rosaire, des psaumes répétés, des litanies et de la répétition ininterrompue avec le battement du cœur de la prière : Kyrié, Jesou Christe eleison ?
Le rythme fait passer la prière du domaine psychologique à celui de la vie, du domaine des tendances et des humeurs personnelles à celui des impulsions fondamentales et universelles de la Vie elle-même. Il s’agit de porter la prière du « corps astral » au « corps éthérique » c'est-à-dire de faire en sorte que la prière emploie le langage de la vie au lieu du langage des sentiments et des désirs personnels. De même que la vie coule sans arrêt comme un fleuve, de même la prière du rosaire coule sans arrêt et sans fatigue parce que ce qui vit est vivifiant et que, la prière calme et rythmique ne fatigue pas mais donne au contraire des forces à celui qui prie. Les cent cinquante Ave et les quinze Pater du rosaire introduisent l’homme qui prie dans le fleuve universel de la vie spirituelle, qui s’avère prière universelle. Loin de mécaniser la prière, ils la spiritualisent.
Le dix-huitième Arcane est celui du savoir-faire pour passer de l’intelligence éclipsée par la technicité terrestre à l’intelligence illuminée par le Soleil spirituel c'est-à-dire l’intuition. L’intelligence recule dans son eau stagnante devant l’antinomie du psychisme mental de l’obéissance crédule et de la révolte critique et l’antinomie intellectuelle de la thèse et de l’antithèse, antinomies qui s’élèvent devant elle comme deux tours de pierres inébranlables dans leur opposition. Bien que la Lune - l’intelligence illuminée par le Soleil - soit éclipsée, elle exerce une influence constante sur l’intelligence par une sorte de pluie dont les gouttes produisent un mouvement et un bruit confus et inquiétant dans le subconscient de l’individu.
L’Arcane « la Lune » nous dit : « Etant confronté aux deux antinomies, l’animique et l’intellectuelle, tu n’as pas d’autre choix que d’avancer c'est-à-dire de t’élever ou de reculer et de t’enfoncer dans l’élément stagnant ! ». L’Arcane de l’intelligence avec la conscience éclipsée est l’Arcane du mécanisme magique qui s’efforce d’expliquer le mouvement par l’immobile, le vivant par le non-vivant, la conscience par l’inconscient, le moral par l’amoral. Comment l’intelligence humaine finit-elle par se trouver dans l’état d’éclipse métaphysique ? C’est la magie de l’envoûtement, le XVIIIème Arcane du Tarot qui peut nous donner la réponse càd, dans ce cas précis, « faire voir » ou « ouvrir les yeux ». L’Arcane n’est pas une doctrine, il s’agit de l’épanouissement d’un sens intérieur qui permet de voir les choses d’une manière nouvelle.
L’intelligence humaine a subi les effets de ce qui est ni plus ni moins qu’un envoûtement magique. Pour en sortir, il fallait, soit reculer dans la région du sous-intelligent, soit avancer dans celle du super-intelligent. Reculer à la manière de l’écrevisse dans son bassin, avancer en se surpassant soi-même, en s’élevant au moyen du saut ou du vol et, non par la construction de tours de Babel, par l’aboiement plaintif ou le hurlement furieux. Or, c’est le recul qui a été choisi par beaucoup de représentants de l’intelligence humaine. D’autres ne font que soupirer sur le passé, tonner contre les erreurs et foudroyer les péchés du passé avec son dogmatisme et son autoritarisme.
Pendant ce temps, la conscience révélatrice et directrice s’éclipse ! La Lune éclipsée avec une face humaine, la Lune qui ne réfléchit plus la lumière solaire, la plaine aride avec deux tours et deux chiens hurlant vers le ciel, le bassin avec l’eau stagnante... « Le luminaire nocturne s’est éclipsé ! Vous y trouvez la face de l’homme au lieu de la lumière pure de la vérité objective cosmique ! On ne peut sortir de la prison de cette éclipse qu’en se tournant vers la conscience morale du Soi transcendant ! ». Le but est que l’intelligence sorte de sa prison et s’élève à la connaissance objective au moyen de l’intuition intellectuelle.
La technique d’envoûtement dont l’intelligence s’est trouvée la victime est le doute càd l’état de conscience en face de deux thèses qui semblent également fondées et qui se contredisent. Kant formule quatre antinomies fondamentales dont « le monde a un commencement dans le temps et une limite dans l’espace, le monde n’a pas de commencement dans le temps et est infini dans l’espace »... Une fois prise dans le piège du doute, l’intelligence ne voit - et ne peut voir - dans les lumières d’en-haut que la manifestation des éléments de psychologie humaine : « la face de l’homme dans la Lune ».
L’opération d’envoûtement a atteint son but en faisant reculer l’intelligence devant le ciel et même dans un région située au-dessous de la surface de la Terre, une région sous-jacente aux données des sens symbolisée par le bassin avec l’écrevisse. L’intelligence cherche dans le moins développé, dans le plus primitif, la cause et l’explication de ce qui est le plus développé et le plus avancé dans le processus de l’évolution. Elle cherche la cause efficiente du monde, non pas aux sommets de la conscience créatrice mais bien dans les profondeurs de l’inconscient ; au lieu d’avancer et de s’élever vers Dieu, elle recule dans la matière. Elle explique le monde par les matériaux dont il est constitué au lieu du style, de la contexture, du sens et de l’intention qui s’y révèlent.
L’Arcane « La Lune » demande à la volonté humaine : « Veux-tu choisir la voie de l’aigle qui s’élève au-dessus des antinomies ou la voie de l’écrevisse qui recule devant elles jusqu’à l’absurde complet c'est-à-dire jusqu’au suicide de l’intelligence ? »
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Sur le site de Philippe Camoin, on peut trouver un petit fascicule intitulé Le Tarot de Marseille restauré ou "L'Art du Tarot" par Alexandro Jodorowsky qui propose une liste de mots clefs impressionnante, glanés selon les œuvres de différents auteurs :
XVIIII. LA LVNE
Exaltation - Perfection sur le plan des réalisations - Voie de l'imagination - Lumière qui doit sortir des ténèbres - Retour à l'unité et dématérialisation de la matière - Combat entre frères pour la possession de la mère - Long travail que l'homme doit accomplir pour fondre son esprit en Dieu - Exaltation - Perfection sur le plan des réalisations - Voie de l'imagination - Lumière qui doit sortir des ténèbres - Retour à l'unité et dématérialisation de la matière - Combat entre frères pour la possession de la mère - Long travail que l'homme doit accomplir pour
fondre son esprit en Dieu - Esprit soumis aux instincts - L'Inconscient et ses manifestations et attributs - Vie affective obéissant à des facteurs inconscients - Enfant qui a été séparé de sa mère - Déception - Intelligence corporelle - Hystérie - Prison - Folie - Crise - Erreur - Heure la plus noire avant l'aube - Annonce d'un changement important - Intuition extrême - Tristesse amoureuse - Scandale pour un secret révélé - Désir de retourner au ventre maternel - Âme - Montée de l'Inconscient vers la renaissance - Ultime passage de la descente de l'esprit dans la matière - Fin de la matérialisation divine - Ennemis cachés - Traîtres dangereux - Sentiments qui changent l'existence - Éternel désir d'un adulte de rechercher à conquérir une mère qui enfant le repoussa - Sentiment de culpabilité - Superstition - Terreur - L'intangible - Sensation de s'échapper de son propre corps - Toute la féminité - Peur de la stérilité - Ne pas vouloir passer de l'état de petite fille à celui de mère - Passer en secret d'un monde dans un autre - Éternel va-et-vient - Source de vie- En haut comme en bas - Douleur de la naissance - Conception par l'esprit - Épuration des corps subtils dont chaque être est composé - Pièges sur le chemin - Situation dans laquelle nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes - Crise de nerfs - Dépression - Se rendre de la nécessité de se conformer à l'attendu et à l'habitude - Ambition folle - Foi triomphante - Désirer l'impossible et faire tout son possible pour l'obtenir -Chimère - Quelqu'un ne pouvant vivre sa propre vie - Mère éduquant ses enfants pour qu'ils reproduisent ses propres frustrations - Imiter la mère pour s'attirer les bonnes grâces du père - Passions désordonnées - Hypocondrie - Jaloux - Colère - Délation - Maladies du système lymphatique - Désir de castrer le père - Le verbe vivant dans l'homme et sommeillant dans la matière dite inanimée - Lumière n'étant fixée que lorsque la dernière cellule est éclairée - Rapport entre l'externe et l'interne - Tristesse d'une femme enceinte affectée par la formation du fœtus - Chantage - Clandestinité - Maison hantée - Inondation - Déménagement - Vol - Amour secret - Liaison dans laquelle l'attirance de l'un vers l'autre n'est motivée que par le sexe - Amoureux de sa mère - Préjugés séparant deux êtres qui s'aiment - Dépravation - Oralisme - Pédophilie - Gérontophilie - Sodomie - Masochisme - Déception amoureuse - Fantasmes sexuels devenant réalité - Victoire de la conscience sur la passion animale et la perversité sexuelle - Peur de la pénétration virile - Envie du phallus - Il est bon de changer d'atmosphère - Finir par obtenir ce que l'on désire vraiment - Ne pas réprimer ses désirs et les affronter sans peur - Lumière primordiale coordinatrice du chaos - Clarté spirituelle qui dissipe l'obscurité au sein de laquelle nous nous débattons - Maître féminin se substituant à la mère - Mère cosmique - Artiste génial - Fraternité - Bonne entente - Célébrité - Attachement à ce qui brille - Vanité - Besoin de se faire admirer - Artiste qui vit dans la misère et dont le mérite ne sera reconnu qu'après sa mort - Susceptibilité - Voyage sur mer - Maladie de la mère - Mourir par étouffement ou d'une attaque cardiaque - Expérimentations - Adulation - Visionnaire - Corps humain et ses passions - Malédictions - Influences négatives - Lettres anonymes - Sorcellerie - Hallucinations - Effet des drogues hallucinogènes qui devient chronique - Avortement - Abcès - Vieillesse solitaire - Venins et poisons -
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Symbolisme celte :
Laura Tuan, autrice d'un livret d'accompagnement intitulé Les Tarots celtiques (Éditions De Vecchi S.A., 1998) propose un article sur Sirona, qu'elle fait néanmoins correspondre à l'Arcane XVII :
Déesse lunaire du panthéon gaulois, Sirona revêt l'apparence d'une belle jeune fille dont les longs cheveux sont retenus par un croissant de Lune en guise de barrette. Elle porte un panier contenant trois œufs, symbole de fécondité et de renaissance, accentué par la force du chiffre trois.
Il n'est pas non plus exclu que la divinité, vêtue de lin blanc comme une prêtresse, ait quelque chose à voir avec les prêtresses druidiques spécialisées dans l'art de la magie et de la divination (d'où le nom Sirona, du germanique stern, au sens d'étoile, de destin) qui, selon César et Strabon, vivaient toutes ensembles, à l'embouchure de la Seine, dans un temple circulaire démoli et reconstruit rituellement chaque année.
Pendant les travaux de reconstruction, les prêtresses transportaient dans leurs bras de grosses charges de matériaux, mais il suffisait que l'une d'elles en laisse tomber un seul fragment pour que toutes ses compagnes se jettent sur elle en la lacérant, selon les principes d'une coutume barbare et sanguinaire d'origine extatique. [1]
Dans le mythe gallois, Sirona peut être assimilée à Arianrhod [2], déesse de la Lune et de la roue du destin, contrainte de prendre la place d'une vierge qui servait de repose-pied au dieu Math, et démasquée par la naissance de son fils Lleu auquel, par mesure de rétorsion, elle infligea plusieurs gessa.
Son auxiliaire magique, la chouette au regard songeur, était à l'origine une déesse, Blodeuwedd, que le magicien Gwydion avait justement crée pour sn fils Lleu à partir d'un buisson d'aubépine, afin de remédier à la malédiction qui empêchait ce dernier d'avoir une épouse. Née d'une espèce végétale et donc privée de la morale humaine, Blodeuwedd avait trahi et tué son mari : en punition, elle avait été changée en chouette.
La carte : Longue chevelure dorée, regard rêveur et visage aux traits parfaits, Sirona évoque un croissant de Lune par l'attitude de son corps souple. L'étoile qui orne son front rappelle son nom. Une chouette l'accompagne, maîtresse de la nuit, du rêve et du mystère.
Signification ésotérique : Impossible de perdre espoir tant que la beauté de la nature réconforte l'œil et que l'harmonie de la création console des pensées les plus tristes.
Entrer en syntonie avec le ou les autres, vibrer à l'unisson sur la même fréquence : telle est l'expérience de l'amour qui atténue les désaccords et concilie les contrastes.
Mots-clés : Espoir - Amour - Beauté - Art - Guérison - Régénération - Musique.
A l'endroit : Moment propice, bonnes perspectives, chance, protection divine - Espoir, sérénité, réussite dangers et obstacles surmontés - Confiance, optimisme, idéalisme, sincérité, altruisme - Renouvellement, contacts sociaux - Magie blanche, astrologie - Dédommagement des efforts accomplis, satisfaction, conclusion, récompense - Nouvel amour romantique, fiançailles, mariage - Charme, coopération, amitié, aventure - Naissance - Passion artistique, créativité, profession ésotérique, rapports avec le public - Prospérité, longévité, constructivité - Énergie féminine, intuition.
A l'envers : Espoirs déçus, manque d'affection, d'ouverture et d'intuition - Fin d'une période heureuse, difficultés, contretemps, occasions ratées, malchance - Méfiance, frustration, incertitude, obstination, doutes - Aridité, mensonges, attitude fuyante ou peu claire - Sensualité excessive, manque d'affection entre les partenaires, trahisons - Complications dans le travail, gains dilapidés, affaires qui se terminent ma - Déséquilibre physique, asthénie, accidents, drogue, intoxication, maladies infantiles, grossesse à risque - Inimitiés et rivalité avec une femme.
Le temps : Vendredi - Cœur du printemps - Début de l'automne.
Le conseil : Ayez des pensées positives, ouvrez la porte aux espoirs et petit à petit, presque sans vous en apercevoir, les événements commenceront à aller dans le sens de vos désirs : il y a toujours un temps parfait pour chaque chose ; il en vous reste plus qu'à attendre et à espérer.
Note personnelle (Anne) : 1) Ce rituel rappelle de manière très précise celui des Bacchantes grecques.
2) Argantorota chez les Gaulois, selon Jean-Pierre Savignac.
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Ainsi l'autrice précédente a fait le choix d'associer l'Arcane XVIII à une autre divinité celte, Borvo ou Manannan :
Borvo, comme Grannus et Maponos, figure parmi les épithètes d'Apollon. De l'irlandais berbainn (cuire, bouillir), Borvo préside aux cours d'eau, aux courants et plus particulièrement aux eaux bouillonnantes des stations thermales.
Chez les Gaulois, nombreuses étaient les divinités préposées à la surveillance des cours d'eau : sources, ruisseaux, rivières, tous avaient un dieu protecteur. Les Celtes continentaux n'ont en revanche aucun véritable dieu de la mer, qui leur est inconnue. S'agissant de ceux installés dans les territoires insulaires, en Irlande et au pays de Galles, la tradition irlandaise par exemple, cire plusieurs fois Ler (qui devient Mac Llyr au pays de Galles) et Manannan, qualifié de fils de la mer, à savoir pêcheur, navigateur.
Dans le mythe, cependant, Manannan ne fait pas partie des Tuatha De Danaan et ne combat donc pas aux côtés des dieux dans la bataille de Mag Tured. Mais on parle de lui comme du meilleur marin du monde, capable de prédire le temps et de gérer avec beaucoup d'expérience le commerce entre l'Irlande, l'Ecosse et l'île de Man (à laquelle se rattache son nom). Il semble par ailleurs doté d'un cheval extrêmement rapide à la crinière flottante. Ce qui fait dire, quand les vagues écumantes se brisent avec fracas sur les rochers, que les chevaux de Mac Llyr sont arrivés. Dans le cycle irlandais, Manannan est également le seigneur des îles des bienheureux : gardien, par conséquent, de l'au-delà, il possède entre autres deux vaches enchantées qui produisent continuellement du lait, une épée infaillible appelée Fragarach (celle qui répond), un manteau magique de la couleur de la mer et un chaudron, lui aussi magique, toujours rempli de nourriture à ras bord.
C'est Manannan, toujours, qui rend les dieux invisibles et qui les nourrit avec la soupe de l'immortalité, comparable à l'ambroisie des Grecs et au soma des Indiens.
Et comme si cela ne suffisait pas, il garde dans ses domaines des coffres pleins de trésors, de bijoux et de pierres précieuses, qu'il offre de temps en temps aux pêcheurs.
La carte : Le dieu des sources et des eaux, comme celui des profondeurs marines, a de longs cheveux bouclés et des yeux très clairs, presque cristallins. Il émerge ici des transparences aquatiques, au milieu des poissons, des libellules et des nénuphars, avec sa chevelure parsemée de coquillages.
Signification ésotérique : L'eau est la mère qui régénère l'homme, qui le purifie et le guérit. mais c'est aussi le miroir dans lequel se reflètent les intuitions de l'inconscient, la mer où s'agitent les flots des sentiments, l'étang où se cachent les souvenirs, les complexes, les peurs, ce petit côté trouble, en somme, présent dans de nombreuses vies.
Entre en contact avec l'eau
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Dans le livret accompagnant le jeu de cartes du Tarot des Druides de Philip et Stephanie Carr-Gomm (Édition originale 2004 ; traduction française : Édition Véga, 2014), on trouve le petit texte explicatif suivant :
Le Message : La peur est un maître et un allié puissant. Si vous pouvez franchir les portes de la peur, vous entrerez dans le royaume de la Déesse, qui vous octroiera une vision intérieure.
Mots-clefs : Éveil psychique - Rêves - Révélation profonde des mystères féminins - Retrait - Affronter ses peurs.
Signification : Changement - Imagination - Créativité
- Un difficile voyage émotionnel vous attend ;
- La solitude ou la confusion que vous ressentez passera à mesure que cette phase arrive à sa fin naturelle ;
- Prise de conscience du matériau venant de l'inconscient ; cela bouleverse mais aide aussi votre processus créatif ;
- Laissez-vous guider par la confiance et vous traverserez votre peur pour en sortir plus fort ;
- Imagination, fantasme, vision et travail créatif ;
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Mots-clefs : Confusion - Fantasme - Dépression - Consommation de drogues - Difficultés cachées.
Sens inversé : - Graves problèmes émergeant des troubles de votre psyché ;
- Vous ou d'autres avez menti ;
- Implication dans une relation entachée de fantasmes ;
- Si vous devez prendre des décisions importantes ou des engagements fermes, soyez très prudent.
M.-A. Wiedehen et M. Kasprzyk,« Au fil de Sirona…la déesse de Mediolanum / Mâlain. Nouvelles données
épigraphique et iconographique », (In : Archéopages, 43, 2016, pp. 28-33) =>
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Kristoffer Hugues, dans Les secrets du tarot celtique (Llewellyn Publications, 2017 ; Éditions De Vinci, 2021) présente ainsi l'Arcane XVIII :
XVIII. La Lune
Est-ce vous ou un autre qui vous fait briller ?
Affirmation : L'imagination est le précurseur de la réalité.
Mots-clés : Imagination - Illusion - Peur.
C'est par le biais de mon pouvoir et de ce que j'évoque que vous percevez l'éternité. Je ne brille pas de mon propre pouvoir : je ne fais que réfléchir la lumère d'un autre qui 'nest pas encore arrivé : le Soleil dans toute sa splendeur. Je suis un portail, la clé de l'imagination humaine, car tout ce qui est réel dans votre monde a pris naissance dans mes royaumes. Ce qui est imaginé est-il moins réel que toutes les choses tangibles de votre unviers ? Vous craignez mon pouvoir de création, de transformation, de destruction ; vous craignez les démons qui se cachent dans l'obscurité, fécondés par les graines de votre imagination.
Je suis la Reine de la nuit. Je gouverne et scintille. Je peux ouvrir la voie qui mène à vos désirs les plus intimes et à vos peurs les plus paralysantes. Je vous oblige à vous désinhiber, à m'appeler en hurlant, à chanter pour moi et à danser nu sous mes rayons d'argent, car je suis la puissance de vos rêves et l'éradication de vos cauchemars. Voyez le chemin qui s'étire devant moi, entre les piliers de la transformation, osez avancer et reconnaissez-moi.
Interprétation : Les deux arbres qui forment le portail sous la Lune peuvent être aperçus dans une autre lame des arcanes majeurs : la Mort, où ils se dressent au-dessus de l'océan, car c'est là que mène le chemin qui part de la Lune. Nous savons désormais que la peur et les insécurités que la Lune peut provoquer conduisent conduisent à un grand changement et à une transformation. Quand la Lune apparaît lors d'un tirage, cela signifie que les choses ne sont pas ce qu'elles paraissent être, et que le consultant est probablement dépassé par la situation. Un changement est imminent, et il se doit d'être accepté, de crainte que le chemin soit instable et vous fasse vaciller. Il y a fort à parier que vous souffriez d'un mauvais sommeil et que vos rêves et vos cauchemars aggravent une situation déjà complexe, ou apportent au contraire des réponses. Ne doutez surtout pas du pouvoir de votre imagination ; les gens vous reprocheront peut-être de trop vous y fier, d'être trop fantaisiste. Balayer ces remarques ; votre imagination peut déplacer des montagnes.
Inversée, la Lune souligne des problèmes de confiance. Quelque chose est perturbé ce qui peut s'exprimer par le biais de mécanismes de défense inappropriés, une léthargie, une fatigue et le désir de passer le plus de temps possible à dormir, dans le souci d'oublier. Il est inutile de s'inquiéter... mais essayez de dire cela à quelqu'un qui s'inquiète. La Lune inversée demande au liseur de trouver la racine de la perturbation en observant attentivement les lames qui l'entourent.
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Dans L'Oracle de la sagesse gauloise (Éditions Le Courrier du Livre, 2021) Caroline Duban et Lawrence Rasson propose une carte dédiée à Đirona, La « Déesse étoile » :
La première lettre, appelée « tau gaulois », donne encore beaucoup de grain à moudre aux linguistes (1). Dans certaines graphies, on retrouve un double tau gaulois, sans dote pour marquer la sonorité « ss », parfois écrite SS. On peut aussi citer les graphies modernisées Sirona ou Thirona qui renvoient toutes à la même déesse. La valeur du « st » initial est soulignée avec l'étymologie gauloise *stir-, *sir- ou *dir- d'où serait notamment issu le *ster breton, et qui signifie « étoile », comme le prénom Sterenn.
Le culte de Đirona est surtout attesté dans l'est de la France et le bassin danubien. Associée à Diane par les Romains, Đirona est représentée portant un croissant de lune, pointes dirigées vers le bas, à la manière des lunules, talismans de fertilité portés par les Scandinaves. Il en est ainsi de la Đirona de Saint-Avold, dont on ne dispose que du moulage d'après un original détruit en 1870. Dans les sanctuaires, Đirona a pour parèdre Grannos, équivalent d'Apollon. La Lune et le Soleil sont alors indissociables et complémentaires dans les temples qui leur sont dédiés et vers lesquels on se tourne pour demander la guérison ; car la déesse de la Lune préside aux soins. Les dédicaces qu'on lui a faites le précisent, ainsi que les attributs dont elle est dotée dans la statuaire ou les figurines de bronze qui la figurent. Elle guide la tête d'un serpent, enroulé autour de l'un de ses bras, pour le diriger vers une patère qu'elle tient dans l'autre main. Ce vase sacré était utilisé pour les libations destinées aux dieux. Il est comme un intermédiaire entre la divinité, l'offrande et le consultant. Sur la statue de Hochscheid (Allemagne), la parère contient vraisemblablement des œufs de serpent. Les Romains ont vu en Đirona leur déesse Hygea, patronne de la médecine préventive et qui a donné le mot hygiène. Toutes deux ont, en effet, des attributs similaires et sont invoquées pour apporter le rétablissement. De plus, le serpent est, dans les deux cultures, un symbole de régénération et de guérison.
Sur cette carte, l'artiste a ajouté aux croissants de lune quelques fleurs dont le nom est équivoque : des lunaires.
Interprétation : Đirona apparaît dans votre tirage parce qu'elle souhaite vous initier à la magie lunaire, celle de l'intuition, siège de l'âme d'après Plutarque. Dans un premier temps, la déesse vous réconforte et vous rassure sur des points qui vous tracassent et vous empêchent peut-être de trouver un sommeil profond, sans cauchemars ou nuits blanches. Si l'on en croit ce que les Romains ont su saisir du rôle de cette divinité, Đirona vous pousse à changer votre hygiène de vie. Heures de sommeil, horaires des repas et du coucher, alimentation ingérée, quantité absorbée, toxines en excès (caféine, alcool, nicotine ou tout autre poison pour l'organisme), tout ce qui est décalé ou déconnecté de vos besoin doit être rééquilibré. Les troubles physiques et psychosomatiques que vous ressentez sont en grande partie basés sur votre hygiène de vie. Afin de débusquer les mauvaises habitudes que vous avez pu prendre, dressez une liste de tout ce qui peut conduire aux malaises ressentis au quotidien. Une fois que vous les aurez identifiés, il vous sera plus facile de redresser votre ligne de conduite.
L'équilibre est aussi induit dans le fait que Đirona est sise près de Grannos, son opposé et complémentaire élémentaire. Elle suggère qu'avant chaque action, il y ait un moment de réflexion, d'introspection. Travailler sur soi permet de modifier l'image que l'on se renvoie, elle-même perçue par le regard des autres. Avant de vouloir modifier la pensée ou le jugement d'autrui, voyez en vous-même ce qui et être amélioré, adouci, guéri. Grâce à cela, une première métamorphose peut s'opérer : celle de votre propre rayonnement. Ne vous épuisez pas à vouloir prouver votre valeur aux autres qui, au fond, n'en ont pas vraiment cure. On peut vous apprécier, mais ne pas vous comprendre. Est-ce si important que cela d'être aimé pour ce que vous faites plutôt que pour ce que vous êtes ? Ceux qui vous acceptent et vous aiment tel que vous vous êtes construit n'ont besoin d'aucune preuve. Ils vous garderont près d'eux sans avoir à vous soumettre à des épreuves ou des défis dans lesquels vous pourrez vous perdre, ou perdre du temps et de l'énergie.
Dans ces circonstances, acceptez-vous, avec vos qualités et vos défauts, avec vos tendances et vos préférences, quelles qu'elles soient, et votre petit monde autour de vous résonnera juste en fonction de la vérité que vous vous accordez. Du ménage se fera peut-être parmi les faux-semblants, mais n'est-ce pas préférable d'avoir près de soi les sincères et d'observer de loin l'hypocrisie ? Ne soyez pas triste et ne craignez pas ce ménage, il est nécessaire et très favorable. Il est la preuve que vous déployez vos ailes et que vous exprimez votre vérité.
Le serpent que tient Đirona est la marque de ses pouvoirs guérisseurs, mais la guérison peut demander de cicatriser une blessure. Comme toutes les cicatrices, elle démange, tiraille ou est douloureuse. Plus elle est profonde, plus elle nécessite de patience, et la morsure du serpent, dispensatrice du sérum, peut également être vive et brûlante. mais ce mauvais moment physique ou psychologique n'est que passager. Gardez votre moral tourné vers l'horizon, vers l'avenir. ayez des projets, nourrissez les passions et prenez votre mal en patience. Đirona dispense ses soins aux doses justes par rapport à votre mal, votre mal-être, ou vos inquiétudes.
En fonction de votre question, il se peut qu'une personne, incarnant les vertus de la déesse gauloise de la Lune, vous propose son aide, à moins que l'on ne vous pousse à vous livrer, à cœur ouvert, auprès de cette personne. Il n'est pas impératif qu'il s'agisse d'une femme, un homme peut très bien représenter ces qualités. Amis, famille, spécialiste, en songeant à vos angoisses, vous saurez vers qui vous tourner, ou du moins où chercher le soutien dont vous avez besoin. Car il s'agit bien de soutien, Đirona étant apparemment l'équivalent de la déesse Hygea, gardienne de la médecine préventive. La guérison peut être profonde, mais elle vient pour l'essentiel de vous, de votre moral et des bons soins que vous vous accordez au quotidien. Ne bloquez rien par des impératifs, des objectifs que vous voulez atteindre à tout prix, ni par des pensées émettant un doute sous-entendu dans les espoirs qui vous tiennent à cœur. Restez confiant, le croissant que Đirona arbore vous assure que votre désir sera fertile, à condition que vous lâchiez prise et demeuriez paisible.
Note : 1) Đ ; cette lettre particulière a été inventée par les Gaulois parce qu'aucun des alphabtes qu'ils empruntèrent ne comportait ce son. On l'appelle « tau gaulois »et il semble correspondre à « ts » ou « ss » s'il est inclus dans un mot, ou « st » s'il se trouve au début de celui-ci. Ainsi, la déesse Đirona ne nommait-elle [Stirona].
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Voir aussi : La Lune ;